Tours, le 8 février 2010
Ce n'est pas qu'il soit très vieux ce cèdre du Liban, il a été planté il y a une quarantaine d'années avec son symétrique, en face des deux tours de la "résidence du lac", carrefour de Verdun. Tous deux sont partis pour devenir très beaux. Le plan ci-dessus (origine NR) montre que le tramway est sur son trajet (le cèdre n'est pas représenté). Il y a pourtant de la place pour passer à côté, en négociant le virage différemment.
Alors que faire ? Interpeller l'architecte des bâtiments de France qui tient à garder une symétrie autour de cet axe ? Interpeller une mairie très peu attentive sur un tel sujet ?
Un peu plus loin, photo ci-contre, le tram passera entre les bâtiments et l'avenue Winston Churchill, proquant l'abattage d'une demi douzaine d'arbres. Mais là, il n'y a pas de choix. Je comprends que les travaux du tramway doivent parfois provoquer des abattages, mais quand on peut l'éviter en modifiant une courbe, pourquoi ne le fait-on pas ? Et cette station d'arrêt, ne serait-elle pas plus belle et agréable si elle était située à côté de ce bel arbre ?
Ajout du 30 mars : il semble que le cèdre soit épargné (d'après le service des Espaces Verts), mais ce n'est pas encore tout à fait sûr...
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Le 26 juin 2010
Les plans précis du tramway ont hélas confirmé que le cèdre doit être abattu. Voyez ces deux plans, le cèdre est indiqué par un rond rouge (attention, contrairement à l'habitude le nord est en bas et le sud en haut) (cliquez pour agrandir).
En conséquence, voici ce que j'ai inscrit, aujourd'hui, sur le registre de l'enquête publique du tramway :
Requête pour garder le cèdre du carrefour de Verdun
Entre Loire et Cher, ils sont 4 cèdres du Liban à marquer l'entrée de la ville sur l'axe Paris-Bordeaux. L'un d'entre eux doit être abattu. Côté Loire, ils sont deux à l'entrée du pont de pierre. Côté Cher, ils sont deux symboles végétaux dans un ensemble symétrique (la résidence du lac) comportant aussi deux tours, deux barres horizontales, deux plans d'eaux, deux lignées de magnolias à grandes fleurs. L'architecte des bâtiments de France est très attentif à la symétrie sur l'entrée côté Loire, il y a de quoi l'être aussi du côté Cher, même si les aménagements sont plus récents (1967 environ).
Le tracé précis du tramway est difficile à lire pour son traitement des arbres. Un cèdre ou un arbre remarquable restant en place est indiqué par un symbole spécifique, mais s'il est abattu, il est représenté par un seul symbole, une croix rouge, le même qu'un arbrisseau abattu. Il est donc difficile de se rendre compte que l'un des 4 cèdres est abattu par le tracé du tramway lorsqu'il tourne au carrefour de Verdun et il m'a fallu faire une comparaison précise avec les photos aériennes de Google-Earth. Cela explique, peut-être, pourquoi, il y a 6 mois, le service des Espaces Verts de la ville m'avait dit qu'il croyait que le cèdre était sauvegardé, sans en être sûr.
Or il est possible de sauver cet arbre-symbole. Il suffit d'infléchir un peu plus tôt la courbe du tracé allant de l'avenue de Grammont au Boulevard Winston Chuchill ou de l'infléchir davantage un peu après. Cela peut être accompagné d'une restructuration de la station d'arrêt Verdun (par exemple une encoche), puisqu'actuellement le cèdre se situe sur la station à la limite du tracé.
Ce beau cèdre peut donc être sauvé, de plusieurs façons possibles, et il donnera une majesté toute particulière à la station Verdun et au tramway qui y passera.
Plus de détails (avec plan et reconnaissance du cèdre) en www.pressibus.org/verdun.
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Faisons un détour par l'arrivée du côté de la Loire, avec les deux autres cèdres gardiens de la ville
Revenons carrefour de Verdun où les deux cèdres gardiens pointent aussi fièrement leur cime vers le nord (le Cher est juste derrière)
Comment peut-on représenter sur un plan d'une même croix rouge cet arbre remarquable et les arbrisseaux à son pied ?
Le 3 juillet,
L'aspect emblématique de ce cèdre rappelle, à un échelon moindre bien sûr, le cèdre que l'autoroute du nord et la voie ferrée de desserte de Roissy ont contourné, seul signal vertical dans ce secteur de la plaine de France. Le contournement ici sera plus léger. Jugez-en par le schéma ci-dessous (cliquez pour agrandir) :
La station ne change pratiquement de place. Le passage piéton est à décaler sur la droite, l'arbre placé devant est en pot et est donc facilement déplaçable, comme les deux autres. Et la courbe du tram est plus douce. Seul défaut, me semble-t-il, l'emprise du tram sur la chaussée automobile est un peu plus importante.
Le 12 octobre 2010,
La commission d'enquête a remis ses conclusions, dont le détail n'est pas encore connu. Elle y conseille "de transplanter les arbres isolés à proximité de leur implantation actuelle". Cela pourrait concerner le cèdre. Est-il vraiment impossible de changer la courbure ? (pourquoi n'y-a-t-il pas d'explication dans le dossier d'enquête ?) Une transplantation est-elle réellement possible ? Le cèdre y survivrait-t-il ? La documentation sur Internet, très limitée sur ce sujet, me montre que les transplantations sont des opérations rares en France. Je doute donc que pour un arbre de plus de 40 ans d'âge, ça puisse être efficace... Mais j'attends d'en savoir plus...
Le 14 octobre 2010,
La lecture des conclusions de la commission n'apporte aucune réponse ou précision sur le cèdre du carrefour de Verdun. Le pire est donc à craindre.
Le 10 juillet 2011,
Ils l'ont exécuté ! Arbitraire et omerta...
Ils ont fait ça en catimini au matin du mercredi 6 juillet 2011. Ils l'ont fait par surprise en profitant du retard des abattages de Jean-Jaurès (ici). Tous les appels pour que ce jeune cèdre déjà si beau soit gracié ont échoué, tous se sont heurtés à un silence implacable. Pas la moindre justification n'est venue publiquement expliquer la culpabilité du condamné à mort. En quoi se trouvait-il au mauvais endroit d'un trajet que le bon sens ne peut que dévier un petit peu pour l'épargner ? Voyez à nouveau cette courbe qui aurait pu démarrer un peu plus tôt et l'épargner :
Et c'est sans parler du fait que cette station est très mal placée. Nous avons demandé à ce qu'elle soit située le long de la voie SNCF afin d'avoir une bonne correspondance avec la future "gare Verdun" évoquée par le maire et faisant apparemment consensus. Cela évite de traverser deux voies routières très passantes pour une très mauvaise correspondance. Mais là aussi, nous n'avons pas eu la moindre réponse.
Nous nous sommes trouvés devant un mur. Le Sitcat s'est tû, la mairie s'est tue, les commissaires-enquêteurs se sont tus, le préfet s'est tû, tous ont refusé de répondre, ils ont tous refusé la moindre explication. Ils avaient décidé, leur volonté était souveraine, ils ne pouvaient qu'avoir raison et peu importe que les deux associations naturalistes les plus importantes de la ville aient demandé sa grâce, peu importe qu'on leur prouve que la courbe pouvait être déviée, peu importe qu'on leur ait montré une Charte de l'Environnement censée nous préserver d'une telle destruction, ils avaient décidé et le bas peuple devait se courber, s'aplatir sous leur implacable volonté. Ils ne nous devaient aucun explication, c'était la volonté du Prince. Nous ne sommes plus en démocratie, nous retournons à la féodalité.
J'avais rencontré trois ou quatre habitants des immeubles voisins en janvier, j'en ai rencontré deux autres aujourd'hui, tous sont effarés par la brutalité de cette exécution implacable et par le refus d'entendre quoique ce soit. Pas de révolte, mais une rancoeur fataliste. Ils sont les maîtres tous puissants, que pouvons-nous contre eux ?
La NR
Quant à la NR, notre quotidien local en situation de monopole, une fois de plus elle a été en dessous de tout, se comportant comme l'alliée servile de ses Maîtres. Oh, pas de propagande là, non, c'est pire : une omerta complète. C'est d'autant plus indigne que le siège de ce journal se trouve en face des deux cèdres. Chaque jour en venant travailler, les journalistes pouvaient voir le condamné à mort. Mercredi matin, ils ont pu constater qu'il manquait. Silence complet. Degré zéro de conscience environnementale ou asservissement complet au Seigneur Prince, peu importe, ce journal est en dessous de tout en ce qui concerne le respect de notre patrimoine arboré (et bien plus largement, hélas... Voir ici).
Sur la moitié centrale du parcours, en plein centre ville, 600 des 700 arbres qui bordent le tracé du maudit corbillard disparaissent (cf. page voisine à cette même date du 10 juillet). Si la cause en avait été une tornade, la NR en aurait rempli des pages, présenté de nombreuses photos d'abattages et d'alignements rasés, sorti un numéro spécial sur la plus grande catastrophe écologique du centre-ville. Mais la tornade s'appelle Jean Germain, le très vénéré Maître de la cité, alors c'est le silence presque complet, ne laissant passer que quelques protestations de lecteurs ou de militants montant aux branches.
Comment notre journalisme local a-t-il pu tomber si bas ? Comment peut-il être à ce point décérébré, incapable de penser par lui-même, incapable de rendre compte de la catastrophe qui bouleverse les habitants, incapable d'en analyser la raison, incapable même de dire que c'est en très grande partie inutile, d'ailleurs c'est la chose à ne surtout pas dire...
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Comme on dit, "j'ai la rage" en écrivant ces lignes, la rage contre ces techniciens sans aucune conscience environnementale, la rage contre ces élus qui n'ont rien fait, refusant d'assumer leur mission de représentants du peuple, la rage contre les élus Verts soumis qui ont abandonné l'éthique écologiste, la rage contre ce maire omnipotent aseptiseur rétrograde, la rage contre cette commission d'enquête bidon qui n'a rien entendu, la rage contre ce préfet transparent incapable d'appliquer la Constitution de notre République, la rage contre ces journalistes vendus qui ne sont les courroies de transmission de leur Maîtres, la rage de voir ma ville esquintée par des barbares sans foi ni loi, la rage que l'on se soit trouvé sous leur rouleau-compresseur, la rage de voir ces voyous se draper d'auréoles vertes en se gaussant de planter plein d'arbres et d'écoblanchiment à tout va...
Je le dis pour ce cèdre de Verdun, mais c'est aussi vrai pour les centaines d'autres arbres abattus tout aussi injustement. Ce cèdre était sans doute le plus beau d'entre eux, pas le plus vieux ni le plus imposant ni le plus haut, mais le plus beau, élégamment perché sur sa petite colline, il était un symbole très fort. Il avait été placé là pour vivre des centaines d'années. Ils étaient quatre comme lui, il en reste trois, comme il reste peut-être le trois quarts des arbres en centre-ville, un quart étant tombé récemment sous l'arbitraire féodal...
Quelle barbarie... Je me rappelle dans ma déposition finale à la commission d'enquête avoir écrit : "L'aspect emblématique de ce cèdre rappelle, à un échelon moindre bien sûr, le cèdre que l'autoroute du nord et la voie ferrée de desserte de Roissy ont contourné, seul signal vertical dans ce secteur de la plaine de France". Le sauvetage était tellement plus facile qu'à Roissy... J'ai honte pour ma ville.
Un grand vide et des restes broyés...
Un crime
Nous avions le même âge mais il etait plus grand
J'arrivais de Provence, il venait du Liban.
Nous avions le même âge et nous étions voisins,
Je le voyais souvent, étant sur mon chemin.
Je lui disais bonjour, en passant, de la main.
J'en vins a lui parler, lui faire confidence
Lui parler du pays, des malheurs de la France.
Il était peu disert, son murmure discret.
Mais savait écouter et garder un secret.
Sur ses bras étendus se posaient les oiseaux.
Les amoureux souvent y faisaient une halte
A l'abri des regards, du soleil et des eaux.
Mais ils l'ont abattu comme on abat un traitre.
Des traces de sa chute en la terre et l'asphalte,
De pierres et de boue il n'en reste qu'un tertre.
Et les ans passeront... il en faudra plus d'un
Pour me faire oublier qu'ici était un cèdre
Le grand cèdre abattu en place de Verdun
Qui marquait bellement l'entrée de notre ville,
L'aurait fait dans cent ans et peut être dans mille,
Pour y faire passer un tramway imbécile !
Frank Dardalhon
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Alain Beyrand
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