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    Tours, le 26 novembre 2012
    La courte vue de la politique cycliste tourangelle
    Adresse courte : pressibus.org/velos

    Pages voisines :
    • Quand la mairie organise l'insécurité cycliste (rues Jolivet et de la Fuye)
    • Les vols de vélos sur l'agglomération tourangelle
    • La passerelle Fournier

    Sommaire :
    • Préliminaire
    • L'échec de la politique cycliste tourangelle
    • De bons objectifs non suivis d'application
    • Le leurre du mauvais objectif
    • Un exemple accablant, la rue Edouard Vaillant
    • La courte vue des segmentations
    • Les cataplasmes cyclistes du tramway tourangeau
    • L'inconséquence des confusions générées
    • Piétons et vélos font mauvais ménage
    • Les dégradations des mauvaises améliorations
    • Un manque de considération pour les piétons
    • Un déni des réalités
    • Une représentation cycliste déficiente
    • Le vélo et l'écologie urbaine
    • Pour une véritable politique de conquête cycliste
    • La Justice s'oppose aux voies mixtes, Tours en crée et détruit des pistes cyclables (7 février 2013)
    • Rire à l'évocation d'un "guidon d'or" attribué au maire de Tours (16 mars 2013)
    • La jurisprudence sur les voies mixtes s'appliquera-t-elle à Tours ? (17 mars 2013)
    • Après le bidon d'or, un PDU de bon augure ? (6 juillet 2013)
    • Un PDU sans véritables contraintes (17 octobre 2013)


    Préliminaire

    Voilà 40 ans que je fais du vélo à Tours, voilà 8 ans que je gère ce blog d'écologie urbaine, voilà 4 ans que je participe aux réunions mensuelles de "Vélorution", mais je ne m'étais pas prononcé ouvertement sur la question globale de la politique cycliste à Tours. Jusqu'à présent, je n'avais abordé sur ce blog que des points particuliers : le problème chronique des vols de vélos, que je considère toujours comme un handicap majeur à l'utilisation de la bicyclette en ville, et surtout je m'étais investi sur la question de la la passerelle Fournier. Le redéfinition de cet axe majeur de circulation douce entre deux quartiers est sans cesse reportée par une municipalité qui refuse d'en faire une priorité, enterrant ses promesses sous les atermoiements, préférant, semble-t-il, un rafistolage à la mise en place d'un lien fort de mobilité douce. En face de cette inertie, la municipalité avait des actions favorisant la circulation des cyclistes, notamment l'augmentation des couloirs cyclables. Mon opinion était donc mitigée, je n'y voyais pas clair.

    Ces derniers mois m'ont amené à rédiger deux pages sur le vélo, l'une sur la rampe cycliste du bout de la rue Marcel Sembat, l'autre sur le double sens des rues Jolivet et de la Fuye, une bonne mesure et une mauvaise. Cela m'a conduit à participer le 19 septembre dernier à une réunion municipale sur l'insécurité cycliste puis le 15 novembre à une réunion du "Comité de Suivi Vélo", entre municipalité et cyclistes. J'ai aussi échangé les opinions avec plusieurs cyclistes. J'ai désormais sur la politique cycliste municipale une vue plus claire de la complexité des choses, que je vais présenter sur cette page. J'espère que, malgré la longueur du propos, le lecteur en retiendra les principaux axes et en comprendra les nuances.


    L'échec de la politique cycliste tourangelle

    Avant même d'aborder le pourquoi, je présente le résultat ou plus exactement le constat des faits et la tendance qui s'en dégage. J’ai eu l’occasion d'en discuter avec d'autres personnes ayant connu les années 70. Nous sommes d'accord pour dire que malgré un ajout pourtant conséquent de voies cyclables et des améliorations sensibles dans les années 90, la circulation des cyclistes est plus compliquée et dangereuse. Et ça a tendance à empirer...

    Ayant été à Paris récemment, j'ai fait le constat du nombre important de vélos en circulation alors qu'il y en avait très peu dans les années 1970. Il semble même moins dangereux de faire du vélo à Paris qu'à Tours, ce qui est tout de même étonnant. Ainsi, à Paris, il arrive qu'il y ait une séparation nette entre les voies dédiées aux vélos et celle pour les voitures, matérialisée par un petit muret de quelques cms de haut (mini terre-plein). C'est plus sécurisant qu'une simple bande blanche pointillée. A Tours je ne connais pas de tels cas, au contraire on mélange les cheminements cyclistes avec les cheminements voitures ou piétons.

    Y-a-t-il plus de cyclistes à Tours que dans les années 1970 ? Un peu plus, je pense, avec une amélioration provenant des années 1990, mais depuis ça stagne voire ça diminuerait peut-être... L’emprise automobile reste massivement dominante. Cet état de fait est pourtant paradoxal. Avec un centre-ville entre Loire et Cher très plat et propice aux cyclistes, dans une conjoncture de crise économique et de crise écologique d’aggravation durable, on imaginerait bien le vélo prendre de plus en plus de place.


    De bons objectifs non suivis d'application

    Ce constat décevant est à mettre en parallèe avec les projets que la municipalité a énoncés dans les documents d'urbanisme. Deux d'entre eux permettent de définir la politique cycliste. L'un au niveau de l'agglomération, est le Plan de Déplacement Urbain (PDU). Pour l'agglo Tours-Plus, il date de 2003, il aurait dû être révisé en 2008 et n'aura une nouvelle mouture qu'en 2013 au plus tôt, on peut donc le considérer comme obsolète, surtout qu'il n'a pas été suivi sur plusieurs points (transport en commun en site propre, passerelle Fournier...). Plus récent et donc d'actualité, le Plan Local d'Urbanisme (PLU) de la ville de Tours date de 2011. Ses objectifs définis dans le PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable) prônent des "modes doux" de déplacement basés sur l'"apaisement", en particulier "des liaisons plus directes, plus sécurisées et plus confortables pour les piétons et les cyclistes". Comment avec de tels objectifs, louables auxquels tout le monde peut adhérer pleinement, en est-on arrivé à une dégradation permanente de la situation avec, comme je l’ai dit, une circulation cycliste "plus compliquée et dangereuse" ?

    Lors du "Comité de Suivi Vélo", j'ai rappelé ces objectifs, j'ai montré sur des exemples qu'ils n'étaient pas suivi, mais c'est comme si j'étais hors sujet. Quelle idée de vouloir suivre de tels préceptes, n'est-ce pas ? Il faut croire qu’ils ne sont là que comme rhétorique pour épater la galerie... Ou alors la mise en application est indigente et produit des effets néfastes. C'est ce que nous allons analyser.


    Le leurre du mauvais objectif

    Il y a donc lieu de se demander ce qui guide la politique cycliste municipale, puisque ce ne sont pas les objectifs du PLU, ou alors de façon très déviée.

    Le but est beaucoup plus "terre à terre", ménager la chèvre et le chou, faire croire que l’on peut faire passer les cyclistes partout, accumuler les kms de voie cyclable, sans tenir compte du contexte, tout en gardant la part belle à l’automobile. C'est oublier que le cycliste est en danger face aux voitures et que le piéton l'est face aux cyclistes. C'est oublier aussi qu'un cycliste peut d'ores et déjà aller partout puisqu'il peut mettre pied à terre ou avancer très lentement. Que l'on ait le soucis de tracer des parcours plus nombreux et directs est compréhensible, mais seulement quand cela ne se fait pas au détriment de la sécurité et du confort, au détriment de l'apaisement avec les piétons et les automobilistes.

    Accumuler les décamètres sur la chaussée pour présenter des kilomètres de voies cyclables sur le papier est efficace en matière de démagogie : cette politique du chiffre est très bonne pour les statistiques et pour l’image du maire et de sa ville. "Tours, c'est aujourd'hui plus de 170 km de voies cyclables" titre la page municipale "Le vélo à Tours". Sur ces bases, notre ville est bien classée dans celles de son importance, elle est référencée comme "ville cyclable". Cet objectif là est considéré comme plus valorisant que la sécurité et le confort des cyclistes, qui ne sont pas autant mesurables. C'est un leurre de considérer que la qualité d'une politique cycliste est proportionnelle au kilométrage des voies cyclables. Nous allons en voir les effets pervers.


    Un exemple accablant, la rue Edouard Vaillant

    Pour illustrer mon propos, voici un exemple. Je le présentais ainsi en page 133 de mon livre sur les arbres :
    Sur la longueur de 1,4 km de la première moitié de cette rue, on se retrouve avec un cheminement chaotique pour les vélos qui, du nord au sud, ont, tenez-vous bien, successivement : aucune bande cyclable, puis deux sur la chaussée, puis une seule sur la chaussée, puis aucune, puis une sur le trottoir, puis une sur la chaussée, puis deux sur la chaussée, puis aucune, puis deux sur la chaussée, puis deux dont une sur la chaussée et l'autre sur le trottoir, puis une sur la chaussée. Visiblement, c'est du "n'importe quoi", cela a été pensé dans le très court terme, au fur et à mesure de la mise en place des tranches immobilières.

    11 changements de circulation cycliste en 1400 mètres, cela fait en moyenne un changement tous les 130 mètres, sur une voie très passante. Une voie cyclable doit s'installer dans la longueur pour être reconnue comme telle. L'incohérence des trajets est cause d'inattentions, de confusions, d'insécurités, cela décourage d'utiliser le vélo.


    Un segment cyclable d'une cinquantaine de mètres rue Edouard Vaillant



    A gauche, sur le plan vélo de la ville,
    la rue Edouard Vaillant a 3 discontinuités.
    Ci-dessus, sur un document tramway de l'agglo,
    il n'y a aucune discontinuité, on laisse croire
    qu'il y a 1,4 km de liaison cyclable.

    En réalité, il y a 11 discontinuités,
    ces deux documents sont donc incorrects.
    Ils enjolivent une circulation cycliste chaotique.

    Cet exemple est certes extrême, mais à un degré moindre on trouve un peu partout les mêmes défauts de liaisons cyclabes discontinues, segmentées. Même dans un quartier neuf, comme les Deux Lions, le cycliste peut se retrouver au milieu de la circulation automobile parce qu'il ne s'est pas rendu compte que la bande cyclable n'est plus sur la chaussée... C'est compliqué de faire du vélo à Tours.


    La courte vue des segmentations

    A la réunion du 25 novembre, le "Comité de Suivi Vélo" a travaillé presque exclusivement sur la mise en oeuvre de nouveaux segments cyclables, chacun ayant sa particularité, en simple ou double sens, avec ou sans bande... Aucun plan d'ensemble à long terme n'est apparu pour travailler à la mise en place de véritables axes cyclistes apaisés permettant d'aller de quartier en quartier.

    Heureusement, certains de ces segments sont pertinents, beaucoup le sont pris indépendamment. Mais, comme on l'a vu, la pertinence disparaît trop souvent quand les nombreuses discontinuités rendent le trajet peu pratique et source de confusions. Les intersections sont aussi sources de discontinuités (par exemple à la sortie du pont Napoléon). C'est aussi ce que je dénonce rues Jolivet et de la Fuye avec de continuels changements de côté de stationnement et avec des cyclistes qui sont instrumentalisés pour ralentir les voitures.

    Dans les aménagements à venir de 2013 et 2014, j'ai noté tout de même une exception à cette segmentation, c'est la traversée des bois de Grandmont, depuis le bas de l'Alouette jusqu'à la route de Loches. Là, oui, sur un trajet long, il semble y avoir la volonté de définir un parcours cyclable sécurisé, confortable, bien plus tranquille qu'avec l'ex Nationale 10, même s'il est moins direct pour certaines directions (Joué lès Tours notamment).

    Quand donc une telle préoccupation sera-t-elle généralisée pour mettre en place de tels parcours cyclables inter-quartiers ? Par exemple, un parcours qui aille du centre-ville au quartier des Deux Lions. J'y reviens en fin de cette page.


    Les cataplasmes cyclistes du tramway tourangeau

    L'arrivée du tramway se fait sous le signe de cette segmentation. La page du site officiel "Tramway et vélo" met en exergue que "19.3 Km de pistes seront aménagées pour les vélos". Le tapage médiatique autour de ces créations de bouts de parcours cyclables inquiéte par ses non dits. Les très vieux cyclistes de la ville ont un mauvais souvenir du tramway d'avant guerre, avec ses rails dangereux. Le Tourangeau Jean-Marc Sérékian a écrit sur le site Carfree l'article "Surprise du Tramway, Désastre sur le domaine cyclable", où il dénonce les orientations municipales. Certes toutes ne sont pas encore avérées, notamment l'interdiction du pont Wilson aux vélos. mais les hésitations officielles ont de quoi inquiéter. La prise en compte de la circulation cycliste n'a pas été pensée dans les bases du projet, elle a été traitée trop tardivement, comme des cataplasmes, à coup de segments cyclables ajoutés et autres mesures.

    Derrière le "tout sera mieux pour les vélos" de la comm' municipale, le tramway amènera sans doute quelques progrés, mais aussi de sérieuses dégradations pour la circulation cycliste. L'axe majeur nord-sud Tranchée - Nationale - Grammont, si fluide il y a 20 ans, qui est déjà fragmenté (notamment avec les dangereuses contre-allées de l'avenue de Grammont), le sera encore plus. La rue Nationale ne sera-t-elle pas un "bazar" mélangeant dangereusement piétons, cyclistes, tramways, véhicules prioritaires ? Pareil pour l'avenue Maginot avec davantage de véhicules (Jean-Marc Sérékian en parle dans son article). Pour le pont de pierre, voir ci-dessous. Tout cela se traduira par des parcours à vélo plus longs en temps, parce qu'on sera obligé de rouler moins vite qu'avant le tramway. Et n'oublions pas, la mairie se garde d'en parler, que si des segments cyclables sont ajoutés, d'autres ont été supprimés.


    Piste cyclable supprimée par l'arrivée du tramway (tracé au sol en vert et bleu), boulevard Churchill
    Cette photo illustre l'article "Anachronisme aggravé du Tramway tourangeau" sur le site Carfree.
    Jean-Marc Sérékian y développe ce qui devrait être la primauté du vélo sur le tramway.
    Sur Tours et son agglo, le budget Vélo est beaucoup plus faible que le budget Tramway...


    La rue Nationale va devenir mixte tramways, piétons, vélos, véhicules de service.
    Etant donné le grand nombre de piétons, c'est comme si on interdisait cette rue aux cyclistes.
    Aucun itinéraire de délestage ne semble prévu.

    L'intermodularité vélo-tramway apparaît aussi artificiellement ajoutée. Pour le long terme, les 8 abris prévus apparaissent restreints, par leur capacité, leur accès et leur nombre (rien n'est prévu par exemple au Palais des Sports pour l'intersection avec l'axe est-ouest de la passerelle Fournier). La question importante de monter dans les rames avec son vélo a reçu la réponse étonnnante d'une acceptation durant les heures creuses et d'un refus dans les heures pleines. Voilà qui décourage d'aller travailler en vélo-tramway-vélo. Bref, globalement, si l'arrivée du tramway ne se fait pas au détriment de la voiture, ou peu, elle se fera au détriment du vélo, sauf peut-être en périphérie où l'ajout de pistes cyclables sera plus appréciable.


    L'inconséquence des confusions générées

    La réunion du "Comité de Suivi Vélo" du 15 novembre a mis en évidence une politique des usages cycliste qui génère des confusions multiples. Elle autorise les passages cyclables en des lieux inadaptés : on multiplie les confusions autos-vélos et vélos-piétons, plutôt que de garder séparés les flux autos, vélos, piétons et privilégier des axes de circulation simples et apaisés. Je l'ai montré (sur cette page) pour les rues Jolivet et de la Fuye, axes de transit où on met un double-sens cycliste en dégradant la sécurité. Voici un autre exemple caractéristique.

    Avenue de Grammont, entre le carrefour de Verdun et le bas de l'Alouette, voilà plus de 40 ans que l'on a une circulation simple, les piétons sur les voies piétonnes, les cyclistes sur les pistes cyclables, les voitures sur la chaussée. Cela va être cassé. Sur une portion (que j'ai crue courte mais qui semble longue, à voir le schéma ci-dessous), la piste cyclable et la voie piétonne ne feront qu'une seule voie, où les piétons croiseront des cyclistes autorisés à aller dans les deux sens. Sous prétexte que certains cyclistes habitant aux Fontaines n'ont pas le courage de traverser la chaussée pour aller dans le bon sens... Il est vrai qu'il y a de temps en temps des cyclistes en contre-sens sur cette portion. Ils font profil bas, savent qu'ils sont en tort et ne gênent pas vraiment. Leur donner la même priorité que ceux qui sont dans le bon sens changera leur comportement et provoquera une augmentation de l'insécurité et de l'inconfort.

    Le confort cycliste et piéton vu par la mairie
    [extrait du compte-rendu de la réunion du 15 novembre]
    La phrase préliminaire indique que plus on mélange les piétons et les cyclistes, plus c'est confortable
    (cet emploi vicié du mot "confort" est peut-être un écho à cet objectif du PLU que j'avais rappelé).
    L'exemple indique que le mélange des piétons avec les cyclistes dans les deux sens donne de l'aisance aux piétons.
    Ainsi, nous vivons au pays d'Ubu, là où les piétons n'aiment pas les voies piétonnes
    et préfèrent se déplacer sur des pistes cyclistes à double sens,
    là où les vélos n'aiment pas rouler vite sur des pistes protégées mais préfèrent slalomer avec les piétons
    .
    Remarquez que le remplacement de la haie par un petit terre-plein permet d'élargir la voie pour piétons,
    et n'empêche nullement de réhausser et stabiliser les deux voies pour éviter les racines
    (qui ne sont génantes sur une petite partie du parcours)
    (voir aussi les photos ci-dessous du 7 février 2013)

    Plus on autorise les comportements portant à confusions, plus on génère de nouvelles confusions. Certes interdire aux vélos d'aller sur des cheminement piétons n'empêche pas quelques passages de cyclistes, mais ils restent très prudents, se sachant en tort. Alors que la mixité piétons-cyclistes amène certains cyclistes à être imprudents vis à vis des piétons.

    Un autre nouveau participant au "Comité de Suivi Vélo" s'est adressé à la mairie pour exprimer le même sentiment : "La multiplication des réglementations nuit à mon avis à leur lisibilité et à leur clarté. Il en est de même des dispositifs mis en place pour faciliter les déplacements à vélo : bande cyclable, piste cyclable, unidirectionnelles ou bidirectionnelles, zones 30, zones de rencontre, permission de circuler sur certains trottoirs (Avenue André Malraux, par exemple)… trop de systèmes différents, sur des courtes distances parfois, qui sont sources de confusion et engendrent, notamment sur les trottoirs, des comportements interdits et à risque."


    Piétons et vélos font mauvais ménage

    Je reviens sur la mixité piétons-cyclistes par un exemple caractéristique. Boulevard Heurteloup, les personnes âgées sont particulièrement mécontentes du passage des cyclistes, qui, même s'ils sont assez prudents, les surprennent trop souvent en les dépassant sans bruit et trop près. Le risque est plus important quand les piétons, notamment des enfants [P.-S., NR du 5/8/2013 : "Un enfant a été légèrement blessé samedi vers 22 h, lors d'une collision avec un vélo, rue Nationale. Il a été transporté à Clocheville], ont des déplacements imprévisibles en un lieu qui leur semble réservé (les cyclistes étant tout de même assez rares). Se promener sur le mail, c'est se relacher, ne s'en tenir qu'à la seule dimension humaine en dehors de toute mécanique. Le passage de vélos brise cette décontraction et génère du stress. Le mail du boulevard Béranger va être autorisé aux cyclistes, comme l'est celui du boulevard Heurteloup. Si encore il y avait une bande réservée aux cyclistes, ça serait mieux. Réponse de la mairie : ah, mais alors les vélos rouleraient trop vite ! Les piétons sont donc instrumentalisés pour ralentir les vélos...

    Le boulevard Richard Wagner qui avait une voie piétonne et une piste cyclable bien séparées a été réaménagé avec une seule voie commune piétons-cyclistes. On régresse...

    On peut citer aussi le cas du boulevard Tonnellé ou soixante cinq platanes centenaires ont été abattus. La reconfiguration de la chaussée c’est faite au profit du parking automobile et la circulation des vélos a été reportée sur le trottoir. La part belle a été faite à la voiture, piétons et cycliste doivent, pour leurs parts, cohabiter.

    Une passerelle pour piétons et cyclistes a été construite sur le Cher il y a une quinzaine d'années. On peut comprendre que les voies, cycliste et piétonne, soient confondues sur le tablier, mais du côté nord il n'y a pas de facilité d'accès pour les cyclistes et du côté sud, là où il y avait vraiment de la place, cyclistes et piétons partagent encore un passage commun. Les exemples de cohabitation forcée des piétons et des cyclistes ne manquent pas. Et visiblement, la mairie veut continuer dans ce sens, les cas se multiplient, voici le tout dernier.


    Les dégradations des mauvaises améliorations


    Une seule voie prévue pour piétons et cyclistes sur le pont de pierre du côté Est (à droite)
    [article NR du 1er décembre 2012]

    L’absence de politique de développement des voies cyclables dans une ville peut être identifiée par la multiplication des voies mixtes cyclistes-piétons. La mairie fait ainsi d'une pierre deux coups, tout en bottant en touche : elle compte deux fois la même chose en voies piétonnes et en voies cyclistes, elle assure son image de "ville verte" et le fait avec des demi-mesures. Le choix final sur la traversée de la Loire par le pont Wilson est un cas particulièrement révélateur puisqu’on est censé être sur un axe de circulation majeur d’entrée et de sortie du centre ville. A l’origine ce pont avait deux trottoirs et 4 voies pour les véhicules automobiles, les 2 centrales ayant été réservées aux bus depuis 10 ans. Avec l’appareillage de la ville par un tramway, les deux voies centrales lui seront réservées. Le trottoir côté Ouest restera réservé aux piétons, la voie côté Ouest sera réservée aux voitures entrant dans la ville (vers le grand parking Vinci sous la place Anatole France). Du côté Est, l'ancienne voie des voitures et vélos sera fusionnée avec l'ancien trottoir pour faire un seul double-sens commun vélos-piétons. Après les ratés initiaux ayant interdit le pont aux vélos et généré quelques rattrapages bancals, il y a une nette amélioration. Mais il aurait été bien plus simple de garder le trottoir existant pour les piétons et de séparer la voie voiture en deux par une bande blanche pointillée pour que les vélos et eux seuls circulent dans chacun des sens. Il n'y avait aucune nécessité de mélanger piétons et cyclistes et la mairie s'est forcée à le faire ! C'est dommage car la suppression de la voie sortante des voitures est, à mon sens, une bonne initiative qui ne mérite pas d'être ainsi gâchée. Du coup, à choisir, je préfère l'ancien système des deux voies voitures-vélos à ce double sens vélos-piétons. Les piétons, eux, auront encore la chance de marcher sur le trottoir Ouest sans être dérangés par les vélos.

    De façon plus flagrante que dans les autres cas, on voit qu'il y a derrière cet artifice la volonté de réduire la vitesse des vélos, en utilisant les piétons comme des ralentisseurs. La plupart des cyclistes prennent leur vélos pour se déplacer, pas pour se balader, et en conséquence ils souhaitent atteindre la vitesse optimale de leur moyen de déplacement, pas celle d'un piéton... A choisir, ils préfèrent rouler avec les voitures qu'avec les piétons. Quel besoin y-a-t-il de les ralentir ? C'est nier la spécificité du vélo. Avec la multiplication de ces voix mixtes imposant le ralenti pour les cyclistes on se retrouve donc en face d’une politique anti-vélo. La pertinence des déplacements cyclistes sur de grandes distances à travers la ville est niée par ces complications et ces ralentissements incessants. De toute évidence ce qui oriente cette logique des voix mixtes c’est de débarrasser la chaussée des cyclistes. Face à cette adversité on peut donc comprendre que l'usage du vélo ne se développe pas à Tours.

    Avant le tram, quand je traversais le pont de pierre à vélo, je roulais rapidement sur la voie des voitures, et, comme pour tous les cyclistes, ça se passait bien puisque les automobilistes savaient que nous étions prioritaires. De plus la voie était tellement étroite que l'automobiliste qui doublait était obligé de passer sur la voie du milieu et il le faisait largement sans frôler le cycliste. Pour moi, c'était une circulation "pépère" à bonne vitesse de croisière, sur une chaussée de qualité. C'était presque mieux qu'une piste cyclable (dont le revêtement est bien souvent dégradé). Après le tram, si cette configuration est conservée, je serai contraint d'aller sur une voie comptabilisée dans les kms cyclables, mais où il me faudra être sur mes gardes et au ralenti pour doubler des piétons qui peuvent être inattentifs et qui sont prioritaires. Et sur une chaussée probablement pavée qui s'abimera au fil du temps, alors que la voie des voitures aura un bitume bien entretenu. Il y a bien là dégradation de la circulation cycliste et c'est ainsi dans bien des endroits en ville, quand on fait zizaguer les cyclistes (par exemple avenue de Grammont sur les voies de dégagement), et même lorsque l'on ajoute des pistes cyclables.

    J'explique tout ça, parce que je me doute que des lecteurs, surtout non cyclistes, seront choqués de m'entendre dire que, malgré tous les kms cyclables et malgré toute la comm' pro-vélo, la politique pratiquée est "anti-vélo". Mais c'est une conséquence du constat que je fais de la difficulté accrue de circuler à vélo dans notre cité. Maintenant il y a peut-être deux genres de cyclistes, ceux qui veulent aller comme des piétons rapides, et ceux qui veulent se déplacer rapidement, comme une voiture limitée par le 30 km/h et ralentie par les bouchons, en prenant moins de place, en ne polluant pas, en ne gaspillant pas d'énergie, en n'étant pas gênés par les bouchons, en faisant de l'exercice, en sachant affronter le vent et la pluie, peut-être parce qu'ils n'ont pas de voiture ou parce qu'ils ne veulent pas l'utiliser... Je fais partie de la seconde catégorie et j'ai tout lieu de croire qu'elle est plus importante que la première. Et c'est cette catégorie là qui, en se développant, fait une véritable ville cyclable.


    Un manque de considération pour les piétons

    En plus d'être cycliste, je suis piéton, et je n'aime pas être dérangé par les vélos quand je marche. C'est une opinion très répandue. A la réunion du 15 novembre, une dame s'est plainte de ces atteintes à la circulation piétonne et a rencontré une incompréhension presque généralisée. Il faudrait apprendre à vivre ensemble, lui a t'on répondu... Cyclistes et piétons ont toujours vécu ensemble, mais, je le répète, le comportement du cycliste est différent selon qu'il est sur une zone piétonne ou sur une zone mixte cycliste-piétonne. Dans le premier cas, il se sait en tort et se montre très prudent, le piéton est le maître des lieux. Dans le second cas, il se sait dans son droit, le piéton est une gêne pour trop de cyclistes. Il y a un certain angélisme, en fait un déni de réalité, de la municipalité à croire que les cyclistes roulent toujours de façon ralentie au rythme des piétons.

    La multiplication des zones mixtes piétons-vélos se fait au détriment des piétons. C'est d'autant plus grave que des cyclistes s'habituent à cette cohabitation et en arrivent à considérer que les zones piétonnes sont des zones mixtes non encore indiquées comme telles.

    Sur ce sujet, je recommande la lecture de la page "Aires piétonnes et zone 30" sur le site de l'Union Nationale des Moins Valides (UNMV), avec notamment cette remarque pleine de bon sens "Le CERTU part du principe que la mixité des déplacements des piétons et des véhicules obligera tout le monde à faire attention, c'est un doux rêve !", cela rejoint ma remarque précédente sur l'angélisme de la municipalité.

    Confortées par la confusion généralisée entretenue, les incivilités cyclistes se multiplient. Il y a 20 ans, il n'y avait pas besoin de "code la rue" (document ici) pour que chacun sache quoi faire, maintenant on rédige un tel document pour essayer de contenir les effets pervers d'une politique de confusion où les cyclistes sont instrumentalisés pour ralentir les voitures et les piétons pour ralentir les cyclistes. Et tout le monde est censé être prudent et consciencieux... Ce n'est pas le cas, il y a des comportements dangereux et cette politique de confusion les a multipliés.

    Cette confusion est telle actuellement (il est vrai aggravée par les travaux du tramway), qu'il ne me semble pas opportun de développer le "tourne-à-droite cycliste", alors qu'a priori je suis favorable à cette mesure.

    Contrairement aux cyclistes, les piétons ne sont pas organisés à Tours, c'est sans doute une des causes de la dégradation... L'atteinte la plus grave a été en 2011 la disparition d'un mail de 600 mètres de long en centre-ville alors que l'omniprésence des automobiles autour était préservée (voir cette page sur le mail du sanitas). A mon avis, s'il est légitime qu'on entende davantage les cyclistes que les automobilistes, il est aussi légitime qu'on entende davantage les piétons que les cyclistes. Plus généralement, outre les piétons et les cyclistes, il serait bon d'écouter les automobilistes, les deux roues motorisées, les conducteurs de bus, les personnes à mobilité réduite... Notez, au passage, que je suis à la fois piéton, cycliste et automobiliste.

    Cette politique laxiste de mélanges des circulations piétonnes et cyclistes nous mène sur une pente dangereuse de conflits qui se multiplient. Cela risque de conduire à un "retour de bâton", comme cela se passe à Strasbourg (voir cet article : Les vélos ne sont plus les rois à Strasbourg), où on essaye maintenant de rétablir les règles trop peu respectées de différenciation des modes de déplacement. Inciter piétons et cyclistes à utiliser les mêmes voies se fait au détriment des faibles piétons en donnant un sentiment de supériorité aux forts cyclistes qui prennent l'habitude de circuler au milieu des piétons, même là où ce n'est pas autorisé. Mieux vaut au contraire ne rien faire qui favorise ce mélange inégal, les cyclistes ne respecteront que mieux les piétons, sans qu'il y ait besoin de sévir.


    Un déni des réalités

    Il est difficile de discuter avec des personnes qu refusent de se baser sur des éléments concrets. Lors de cette réunion du "Comité de Suivi Vélo", je me suis trouvé face à un déni de la réalité sur ce qui se passe rues Jolivet et de la Fuye, rues de transit à forte circulation où le double sens cycliste s'avère inadapté (sur ce sujet, voir la page d'échanges entre l'AQUAVIT, la mairie et le CERTU, sur le site de l'AQUAVIT). Ce déni s'est exprimé de façon grossière chez certaines personnes qui connaissent mal les lieux (allant jusqu'à dire que les voitures ne prenaient pas le risque de doubler les vélos ou que les risques d'ouvertures intempestives de portières ne se faisaient que dans un seul sens) et de façon biaisée chez ceux qui les connaissent mieux. Dire que les automobiles doublent les cyclistes comme avant, comme s'il n'y avait pas de bande cyclable sur leur gauche, c'est trop souvent faux, c'est nier que la distance de sécurité d'un mètre n'est souvent pas respecté.


    Rue de la Fuye. Les voitures doublent le cycliste sans respecter le mètre d'écart à cause
    de la présence du contresens cycliste à gauche sur lequel elles ne mordent pas ou presque pas.
    Avant la présence de ce contresens, elles se déportaient davantage à gauche et respectaient
    la distance de sécurité (la bande cyclable étant alors matérialisée à droite) (et, avant, sur cette portion,
    les voitures étaient garées à gauche, sans le danger des portières ouvertes intempestivement).
    Dans le sens des voitures, c'est comme si on avait rétréci la chaussée de la largeur d'une bande
    cyclable, c'est pourtant simple à comprendre... La sécurité des cyclistes a été sensiblement dégradée.
    Dans d'autres villes, dans les mêmes circonstances, je pense que la bande cyclable serait restée à droite et
    aurait même été renforcée par un mini terre-plein empêchant la présence de voitures et sécurisant donc les cyclistes.
    Je souligne que la présence de rues parallèles n'occasionne pas un besoin de contresens.

    On nous a dit à la réunion du 15 novembre que d'habitude les changements de circulation à Tours ne provoquent aucune réaction à Tours, mais que pour les rues Jolivet et La Fuye il y a eu des protestations comme jamais il n'y en avait eues. Comme trois mois après, la mairie ne reçoit plus de protestation, c'est que tout se passerait bien ! C'est une façon cavalière de faire disparaître des insécurités inhérentes au nouvel aménagement, bien sûr toujours présentes. Les Tourangeaux sont certes fatalistes et peu réactifs, mais on voit sur cet exemple qu'un tel état d'esprit est entretenu par une politique permanente du "Cause toujours, c'est comme ça et pas autrement".

    Quant aux recommandations de l'organisme ministériel CERTU, elles étaient niées quand elles n'étaient pas respectées à l'évidence. Maintenant que leur interprétation est moins évidente, il est encore plus difficile de discuter... Pourtant le CERTU recommande d'adapter au contexte les règles générales de circulation en zone 30. A Tours, le contexte est censé être le même dans toutes les rues... A la réunion du 15 novembre, où de nouveaux quartiers ont été annoncés comme passant en zone 30 en 2013 et en 2014, aucune interrogation ou dérogation n'a été soulevée. On applique une règle sans discernement, car c'est celle qui permet d'augmenter le plus significativement le nombre de kms cyclables...


    Une représentation cycliste déficiente

    Le Comité Cycliste 37 (CC37) est une association qui ne craint pas, comme elle l'a faite le 19 septembre, de se présenter comme la représentante des cyclistes sur la ville. Peut-être cette prétention était-elle justifiée il y a quelques années, et il est vrai que la mairie la considère comme son unique interlocutrice. Ce que j'ai observé à la réunion du 15 novembre m'amène à dire que le CC37 est partie prenante des maladresses et du manque d'envergergure de la politique cycliste municipale. Comme la mairie, il raisonne par segments, sans soucis des discontinuités et des liaisons à long terme. Comme la mairie, il a un discours incohérent d'objectifs cherchant des apaisements contraires à des mises en place effectives d'insécurités et inconforts. Comme la mairie, il pratique le déni quand on essaye d'analyser ce qui se passe. Il y a une connivence. Il n'est sûrement pas insignifiant de signaler que la mairie subventionne l'association, mais c'est loin de tout expliquer. Quand son président considère la suppression d'un contresens cycliste comme une absurdité pour un défenseur du vélo, il montre qu'il est prêt à justifier un passage cycliste quelqu'en soit le prix à payer en insécurité et inconfort de circulation. Si vraiment il voulait une circulation apaisée, comme il le prétend, il n'agirait pas de façon aussi rigide. Cette mentalité est une des causes de l'échec de la politique cycliste tourangelle. Accumuler ainsi des passages cyclables à courte vue n'invite pas les habitants à prendre un vélo. Ils sont trop nombreux à considérer que c'est compliqué et dangereux.

    La visite du site du CC37, laisse l'impression que tout se passe bien à Tours... Aucun aménagement n'y est précisément critiqué, alors que la matière ne manque pas. Toutefois, la page sur les axes d'agglo, avec ses documents, montre que certains adhérents ont travaillé sérieusement sur une vue à long terme des axes cyclables à développer, comme je l'ai préconisé. Il est dommage que cette approche n'ait pas du tout été défendue à la réunion du 15 novembre. On peut dire pour résumer que le CC37 est la caisse de résonnance de la politique municipale et en assure bénévolement une sorte d'écoblanchissement.

    Pourtant, ça n'a pas toujours été aussi net. Notamment, lors de l'enquête publique sur le tramway à la mi 2010, le CC37 avait clairement refusé la "triple mixité tram voitures cyclistes" et avait prôné de faire circuler les vélos avec les voitures sur le pont de pierre. Il est permis d'espérer que ce collectif sortira de l'engourdissement dans lequel il est entré.


    Le vélo et l'écologie urbaine

    L'autre collectif cycliste sur la ville est Vélorution Tours. Sa démarche est ouverte, très différente de celle du CC37 guidée par le tricotage des décamètres cyclables. C'est un collectif informel lié à un mouvement tout aussi informel sur plus d'une vingtaine de ville en France (cf. Wikipédia et le site national de Vélorution), intervenant sur divers axes d’écologie urbaine ou de politique de la ville. A Tours, une manifestation (nommée "Vélorution") est effectuée chaque premier samedi du mois.

    Comme le montre le site de Vélorution Tours, les nombreuses carences ou inconséquences municipales sont pointées du doigt avec en particulier l’absence de passerelle cycliste à Fondettes (alors que le pont du périphérique est passé à deux fois deux voies) et la non reconstruction de la passerelle Fournier. Le nouvel aménagement des rues Jolivet et de la Fuye a récemment été critiqué. Comme dit précédemment et comme pour toutes les Vélorutions en France, les axes de combat débordent largement du seul sujet cycliste, avec notamment la défense du patrimoine arboré de la ville. Au départ sur ce sujet il y a eu l’opposition à l’abattage des arbres pour créer une piste cyclable sur le boulevard Tonnelé, comme signalé plus haut. D'ordinaire les cyclistes qui n’ont pas seulement le nez dans le guidon aiment les arbres dans leur ensemble, ils ne demandent pas qu'on les abatte par dizaines, même pour faciliter leur cheminement. Le CC37, comme la mairie est insensible à ce problème de d’écologie urbaine, la dégradation de la trame verte dans la ville ne l’a pas mobilisé, alors que la Vélorution en a fait un axe de lutte depuis l’année 2009. Vivre avec le vélo signifie aussi vivre autrement la ville.

    La mairie ne considère pas Vélorution Tours comme un interlocuteur. Cela peut se comprendre, par son côté informel, aléatoire et "manifestif", sans réalisation de dossiers approfondis. Mais est-ce une raison pour ne pas prendre en compte ses remarques et avis ? La docilité du CC37 est certes plus confortable.


    Pour une véritable politique de conquête cycliste

    Sur cette page, j'ai mis l'accent sur les points négatifs. C'est parce que pour améliorer une situation il ne faut pas agir sur les points positifs, sauf à les élargir, mais davantage sur les points négatifs et les améliorer. Mes critiques ne signifient donc pas qu'il n'y aurait pas d'éléments pertinents dans l'action de la mairie et du CC37. Il y a ceux que j'ai déjà signalés, en premier lieu le travail du CC37 sur les axes cyclistes. La mairie ne semble pas avoir travaillé sur une base semblable mais j'espère que l'agglo, avec le PDU, saura le faire. Il y a aussi, parfois, la volonté de traiter des segments cyclables dans un cadre plus large, j'ai cité le cas de la traversée des bois de Grandmont. Et sur ce site, à propos du PLU, j'ai eu l'occasion de signaler qu'une surface minimum de local cycliste est maintenant imposée pour les bâtiments neufs.

    Et il y a ce que je n'ai pas dit : l'existence même du CC37, celle du "Comité de Suivi vélo" (depuis 2003), l'extension des zones 30, la mise en place de double-sens cyclistes (ce n'est qu'exceptionnellement, sur des axes de transit, qu'ils génèrent insécurité et inconfort), le Vélociti (système municipal étendu à l'agglo de location de vélos), certains aménagements (j'ai cité la rampe cycliste au bout de la rue Marcel Sembat). Tout cela est positif. Avec un autre état d'esprit, avec d'autres personnes et avec d'autres moyens, cet engrenage pourrait bien fonctionner.

    Il conviendrait d'abandonner les dérives que j'ai dénoncées et de se donner des objectifs ambitieux, sur la base de ceux du PLU/PADD, en assurant une fluidité et une rapidité de déplacement pour les vélos, en définissant des axes privilégiés de circulation cycliste inter quartiers, avec une diminution de la présence automobile (notamment n'autoriser l'accès de certains axes qu'aux riverains par des inversions de sens interdits) et un respect des circulations piétonnes. Sur la base aussi d'une pédagogie et d'une exemplarité, jusqu'à ce qu'un maire et ses conseillers se déplacent en vélo par tous les temps. Au delà, il s'agit de mettre en place les conditions pour que les Tourangeaux aient enfin envie de se déplacer à vélo et à pieds.

    Les chapitres précédents ont été rédigés entre le 26 novembre et le 2 décembre 2012.


    Le 7 février 2013

    La Justice s'oppose aux voies mixtes, Tours en crée et détruit des pistes cyclables

    Le Tribunal Administratif de Strasbourg a demandé à la mairie de Strasbourg de modifier toutes ses voies mixtes piétons-cyclistes pour séparer les passages pour piétons des passages pour cyclistes. Un jugement du Tribunal Administratif de Marseille va dans le même sens. Cela conforte mes propos et ceux de l'AQUAVIT qui, en une seconde lettre au maire, lui demande instamment de cesser de créer de telles voies mixtes. Pas de réponse. Au contraire les travaux de destruction de la plus vieille piste cyclable de Tours, avenue de Grammont face au Lac de la Bergeonnnerie, ont débuté et se poursuivent.


    Côté ouest, à gauche, la piste cyclable a disparu, une voie mixte piétons-cyclistes en double sens se met en place,
    les arbres à droite, aux racines supérieures mises à nu, seront enrobés de bitume.
    Côté est, à droite, la piste cyclable et la voie piétonne à droite, vivent leurs derniers jours, la haie séparatrice aussi.
    (voir aussi les croquis ci-dessus)

    P.-S. du 9 février : puisque le maire ne répond pas aux lettres de l'AQUAVIT sur les voies mixtes, je lui ai directement posé la question en réunion publique. Je relate cela dans cette page intutulée La candeur (?!) irresponsable du maire de Tours.


    Le 16 mars 2013

    Rire à l'évocation d'un "guidon d'or" attribué au maire de Tours

    Par une participante au collectif Vélorution, j'avais reçu l'annonce de cette réunion de ce samedi 16 mars : M. Jean-Marie Beauvais, économiste, décortiquera les coûts des trois principales mobilités : auto, vélo et transports en commun et ceci nous conduira à imaginer des évolutions possibles dans nos déplacements, sous l'angle économique. Ouvert à tous. A 14h00, ateliers- débats sur la cohabitation vélos/piétons et sur le rôle des associations cyclistes dans la décennie présente.

    J'y suis donc allé, sans savoir que c'était organisé par le Collectif Cycliste 37 (CC37), et si je l'avais su, j'y serai allé tout de même puisque c'était "ouvert à tous". J'ai commencé à 14 h par la table ronde d'une vingtaine de personnes sur le thème des voies mixtes. Je devais être le seul à ne pas faire partie du CC37. Sans surprise, j'ai constaté que presque tous les participants partageaient mon point de vue, hostile en règle générale aux voies mixtes dans le centre-ville (entre Loire et Cher). La seule personne à vraiment défendre ces voies mixtes était celle qui dirigeait le débat et en a fait un résumé que j'ai trouvé peu fidèle. Bizarre, mais ce n'était qu'un début.

    Avant le débat, j'ai salué le président du CC37, et je me suis rendu compte qu'il me reproche encore ce que j'ai écrit sur le CC37 ci-dessus. C'était dans le chapitre Une représentation cycliste déficiente, et, à le relire, je trouve que j'avais été modéré en ne précisant pas le rôle de son président, ni même son nom, Gérard Rollin. J'ai essayé de l'orienter sur une petite remarque technique, du contresens cycliste inexistant de la rue Plantin, mais il n'écoutait pas, il revenait à ma soi-disant attitude de dénigrement permanent du CC37. Il n'aime pas mes critiques et m'a fait sentir que je devais me tenir à carreau. Cela m'a plutôt donné envie d'intervenir, j'ai déjà remarqué que je suis assez hermétique aux intimidations, c'est comme ça.

    La conférence était intéressante et a amené des réflexions diverses qui donnaient des pistes pour augmenter l'envie de faire du vélo. A juste titre Gérard Rollin a remarqué que la simplicité et le confort de circulation étaient des éléments majeurs pour aller en ce sens. J'ai dit que j'étais d'accord et, en m'adressant à M. Texier, conseiller municipal adjoint à la circulation, j'ai souligné qu'il était dommage que la circulation cycliste à Tours devienne plus compliquée et plus inconfortable.

    La présence d'un représentant de l'agglomération Tours Plus m'a permis de le questionner sur l'élaboration du Plan de Déplacement Urbain (PDU), en cours de finalisation. Plutôt que de savoir s'il y aura un "Monsieur Vélo" au niveau de l'agglomération, il me semble en effet important que les objectifs soient clairement redéfinis, pour qu'on aille dans une autre direction qu'actuellement. Cela m'a l'air possible, mais il faudra être vigilant au moment de l'enquête publique pour que des mots comme "simplicité" et "confort" ne deviennent pas des coquilles vides.

    En fin de réunion, Gérard Rollin parla des travaux du matin (apparemment réservés aux seuls adhérents du CC37). Il indiqua qu'il a été convenu que le CC37 proposerait à sa fédération nationale FUBICY (Fédération française des usagers de la bicyclette) que la ville de Tours soit élue "Guidon d'or" 2013 pour avoir mis en place une voie mixte sur le pont de pierre. Cela m'a effaré, le lecteur qui a lu ce qui précède sur le Pont Wilson et les voies mixtes le comprendra. Puis il a demandé à M. Texier si, à supposer que Tours l'emporte, le maire Jean Germain accepterait de recevoir ce "Guidon d'or". C'était le pompom, j'ai alors éclaté de rire...

    M. Rollin n'était pas content du tout, il a dit que je n'avais pas à être là pour sans cesse m'en prendre au CC37, qu'il allait m'expulser. Je suis resté bien sage, muet, je ne suis tout de même pas un rebelle et je ne voulais pas d'esclandre. Après tout, j'ai ce blog pour m'exprimer...

    Finalement, j'ai trouvé qu'il y a beaucoup de gens sympathiques au CC37, des cyclistes de tous les jours qui rencontrent les mêmes problèmes que moi. Dommage que la direction soit... disons... "spéciale"... Je vais un peu y revenir dans le chapitre suivant.


    Le 17 mars 2013

    La jurisprudence sur les voies mixtes s'appliquera-t-elle à Tours ?

    Le 7 février, dans le chapitre La Justice s'oppose aux voies mixtes, j'ai souligné ci-dessus l'importance du jugement du tribunal administratif de Strasbourg interdisant les voies mixtes dans cette ville. J'ai bien sûr signalé ce que je considérais comme une jurisprudence, appuyée par un autre jugement à Marseille à messieurs Texier, Germain et Rollin. Tous on fait la sourde oreille.

    Ce qui s'est passé hier à la réunion du CC37 est tout de même très surprenant. D'abord, j'ai constaté que les adhérents de cette association n'étaient pas du tout au courant du jugement de Strasbourg, pourtant très lourd, puisqu'il oblige la ville à réorganiser 114 voies mixtes. Ensuite considérer un aménagement anti-vélos (par rapport à des pistes cyclables séparées) et illégal (c'est donc le Tribunal Administratif de Strasbourg qui l'a dit pour des cas similaires) comme un exemple à couronner d'une récompense "Guidon d'or", cela est tout de même fort de café et mérite qu'on en rit et qu'on le raille, comme le Canard Enchaîné raille certains agissements de ce maire, professeur de droit de formation qui, en de multiples domaines, sait prendre des libertés avec les lois, avec de solides appuis et une propagande bien orchestrée.

    Hier soir, j'ai trouvé sur la Toile un document que je cherchais depuis quelques semaines : la Jurisprudence du Tribunal administratif de Strasbourg. D'abord c'est effectivement considéré comme une Jurisprudence pour une Justice qui est censée être nationale, nous ne sommes pas dans un état fédéral. Et, je le répète, un jugement à Marseille a été dans le même sens.

    Ensuite ce jugement concerne à l'évidence pas mal de voies mixtes créées à Tours, notamment le boulevard Heurteloup, le boulevard Richard Wagner, l'avenue de Grandmont (en face le lac). Pour le pont de pierre, c'est moins évident parce que la mairie a tracé une ligne séparatrice entre piétons et cyclistes, ce qui est tout de même appréciable. Mais comme l'avait souligné l'AQUAVIT dans sa lettre au maire du 5 février : Nous précisons que cette séparation entre cyclistes et piétons doit être physique, quand c'est possible. Une matérialisation est en effet nécessaire pour respecter la Loi Handicap de 2005, qui impose de rendre les pistes sur trottoirs repérables et détectables pour les aveugles et amblyopes. Une simple séparation par le tracé d'une bande, comme il semble prévu au Pont de Pierre, est donc insuffisante. Le jugement de Strasbourg précise effectivement que ça doit être "délimité matériellement" et si loi Handicap n'est pas évoquée dans ce jugement, elle aurait pu l'être (les arguments ne manquent pas, voir notamment cette page).



    Pont Wilson (de pierre). Sur ce document de la mairie, on voit que sur la voie mixte à droite (côté Est)
    piétons et cyclistes se mélangent sans tenir compte de la ligne séparatrice.
    Et quand il y aura des commerces ambulants, comme le prévoit le maire, ça sera pire...

    Faudra-t-il aller jusqu'à un jugement pour qu'à Tours on prenne "les mesures nécessaires pour respecter la réglementation en vigueur" ? Sans aller jusque là, il est à espérer que l'enquête publique sur le PDU et le débat sur les élections municipales de 2014 permettront un retour au bon sens et au respect de la loi républicaine.


    Le 6 juillet 2013

    Après le bidon d'or, un PDU de bon augure ?

    J'ai été le premier (ci-dessus le 16 mars) à rigoler du "Guidon d'or 2013" que voulaient décrocher les dirigeants du "Collectif Cycliste 37". Le ridicule ne tue pas et la farce s'est poursuivie jusqu'à l'obtention de ce titre devenu breloque par la Fédération des Usagers Cyclistes (FUB). Les réactions ont été vives. "C'est la première fois qu'il y a contestation du guidon d'or" s'est étonnée la présidente de la FUB (dans l'article de la NR du 30 avril titré Le guidon d'or crée la polémique). C'est sur le site carfree.fr que les critiques ont été les plus virulentes et les plus pertinentes, avec deux articles très commentés titrés La FUB se noierait-elle dans la propagande ? et Les erreurs de la Fubicy dans la remise du guidon d’or (je ne suis pas le "Alain" qui les signe). Et l'AQUAVIT a éclairé cette prestigieuse opération de comm' en révélant que la voie automobile sortante n'a pas été supprimée pour les beaux yeux des cyclistes mais pour alléger le pont et que la décision ne date pas d'il y a six mois mais d'il y deux ans (article Le pont Wilson supportera-t-il durablement le tramway ?). Joli bidonnage !...

    Le Plan de Déplacement Urbain (PDU) qui se pépare n'a bien sûr aucune difficulté à être beaucoup plus sérieux. Je traiterai le sujet plus tard, au moment de l'enquête publique (du 16 septembre au 17 octobre). Le site est déjà en place, avec la plupart des documents sur la page mobilite.agglo-tours.fr. Il n'est pas question de deuxième ligne de tram, les gros investissements routiers sont gelés. Il y a quelques surprises, comme la projet d'une ligne de bus en site propre rue Edouard Vaillant... Et le vélo y tient une place importante. Je n'en distingue pas encore les contours. Va-t-on continuer sur la voie bidonnante de ces dernières années ou va-t-on mettre en place les bases d'une nouvelle politique cycliste qui pourrait être mise en oeuvre après les élections municipales ? Un document préalable est sorti sur la pratique du vélo à Tours. La perspective proche d'une nouvelle passerelle Fournier pour 2015 et celle moins précise d'un passage cycliste de la Loire vers Fondettes (cf. cette page du site AQUAVIT), inscrit dans le PDU, sont de bon augure.


    Le 17 octobre2013

    Un PDU sans véritables contraintes

    Après étude des dossiers du PDU, j'en suis plutôt déçu, tant les objectifs légitimes sont si peu accompagnés de contraintes et d'action stangibles pour redreser l'actuelle situation. J'explique tout cela en détail dans ma déposition à l'enquête publique. Le 18 octobre 2013

    Ma déposition à l'enquête publique du PDU est ici, les remarques sur les conclusions suivront.

    Alain Beyrand
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