Dans sa troisième mandature, le maire de Tours dispose d'une grande expérience, il connaît tous les rouages, toutes les pratiques qui ont fait leurs preuves (clientélisme, affairisme, copinage…). Il est à deux autres postes clés, celui de président de la communauté de communes Tours Plus (c'est à dire l'agglomération de Tours) et celui de président du Sitcat (maître d'ouvrage du projet de tramway par CitéTram). Il est aussi trésorier et vice-président de la région. Par ses multiples casquettes (je n'ai cité que les principales, j'y ajoute notamment président de l'office d'HLM OPAC, président de l'hôpital CHU), il est directement responsable du projet, du fond et de la forme, responsable de la stratégie de rouleau compresseur qui bafoue la démocratie, responsable de la communication d'enfumage qui brouille les repères. Il est celui qui tire les ficelles. Pour quels intérêts ? Je ne m'aventurerai pas sur ce terrain... Pas pour l'intérêt public en tout cas.
Il est vrai que le temps très faible qu'il a passé à son poste professionnel d'Inspecteur Général de l'Education Nationale, lui a permis ces activités. C'est à un point tel que le 28 octobre 2010, il a été très sévèrement épinglé par le Président de la Cour des Comptes dans une lettre adressée au Premier Ministre. Le 22 janvier 2011, le site "Rue 89" révèle (ici) la lettre en estimant que c'est là "une dérive que l'on peut qualifier de système institutionnalisé d'emplois fictifs, ou partiellement fictif. [...] Ou comment certaines personnes, choisies à la discrétion du pouvoir exécutif, touchent entre 4 000 et 6 000 euros net mensuel. Sans rien faire, pour certaines d'entre elles. Aux frais des Français". Toucher environ un million d'euros en 18 ans pour (selon la Cour) "dix courtes notes manuscrites et un rapport" (rapport rédigé deux mois après le début de l'investigation de la Cour)), cela montre la dimension du personnage : on a un maire hyper fortiche ! Et, pour ses activités plus copieuses, il convient d'ajouter (d'après "le Journal du Net") 8.100 euros mensuels (brut, je suppose) qui constituent le plafond indemnitaire. Le 24 janvier, la NR affirme "L'accusation s'avère erronée", sans rien de consistant, d'ailleurs aucune plainte en diffamation ne semble devoir être déposée, ni même évoquée. Le même jour, TV Tours, moins servile que la NR, concluait en se demandant pourquoi il n'avait pas demandé un temps partiel... Le lendemain "Rue 89" démontait l'article de la NR, titrant sur "La fragile défense du maire" (ici).
Il a aussi noué un grand nombre de relations et d'affaires qui font que l'on vient lui picorer dans la main, car il vaut mieux ne pas se mettre en travers de sa route. Ainsi, la discipline est telle que dans sa majorité municipale ou au Sitcat ou ailleurs, les décisions se font presque toujours à l'unanimité. A ce sujet, le parallèle est frappant avec l'approbation des cinq dossiers d'enquête, tous à l'unanimité et tous sans réserve. Son habilité à marginaliser ses adversaires est remarquable. Ainsi en 2008, a-t-il réussi à transformer en adversaire du tramway son concurrent aux élections municipales, certes affaibli par son ancien poste ministre de la culture, alors que ce dernier était bien avant lui favorable au mode ferré et qu'il ne s'opposait qu'au projet présenté. Plus généralement la division de l'opposition municipale, qu'il a su entretenir, a facilité ses coups de force.
Le maire a beaucoup joué sur l'aura écologique du tramway, pour anesthésier les contradictions. Pourtant, j'estime que sa notion de l'écologie est uniquement marketing, faisant ronfler des jolis mots comme écoquartier, normes HQE, trame verte, mais dirigeant une politique d'aseptisation de la ville, réduisant la place de la nature, transformant les arbres en mobiliers verts qu'on déplace à son gré.
Sa notion de la démocratie locale est vide, distribuant aux Conseils de Vie Locale quelque argent pour ajouter des bancs ou acheter des décorations de Noël, mais prenant bien garde à ce que les citoyens ne viennent pas s'occuper de ce que sera la ville demain.
Il a utilisé la manne financière du tramway pour effectuer des travaux sans rapport direct avec celui-ci (comme la minéralisation de la place Choiseul) et, au delà, il entend s'en servir pour façonner la ville de façon bien plus dense avec une nature encore plus malmenée.
Le tram est même devenu son joujou et il n'a pas lésiné sur le bling-bling pour qu'il devienne une "attraction touristique", avec des gens qui viendront à Tours "uniquement pour le voir. C'est une oeuvre avec le design RCP et Buren". Ne soyons pas étonnés qu'avec de tels débordements, le budget ait augmenté de 40 % en trois ans, et ce n'est pas fini...
Bien sûr les sommes en jeu sont très importantes pour notre agglomération, 369,1 millions d'euros déclarés, plus 40 autres millions de dévoiement de réseaux, auxquels d'ajoutent de nombreux à-côtés, sans oublier le plus lourd, les intérêts de la lourde dette contractée… Il est hélas humain que de telles sommes génèrent des méthodes que je qualifie ici de louches. En voici quelques-unes, plus ou moins précisément car ces choses là ne sont jamais très claires. Le magazine "Capital" de février 2010 indique que Tours est la première de sa catégorie pour la durée d'amortissement de la dette. Toutes catégories confondues, elle est la sixième ville endettée française (3ème de sa catégorie) et surtout elle a la plus basse marge de manœuvre, 26,65 %. Le rapport 2010 de la Chambre Régionale des Comptes, qui épingle bien d'autres débordements de la gestion municipale, souligne que "fin 2008, la capacité de désendettement atteint presque 16 années, soit une durée généralement considérée comme critique". Dans ces conditions, ajouter 100 millions à un budget en trois ans, avec pratiquement pas d'améliorations significatives (le design…), n'est-ce pas de l'inconséquence ?
D'un côté 100 millions d'euros (Hors Taxes, ça fait moins cher) ajoutés pour on ne sait trop quoi et de l'autre côté, pour ne citer qu'un exemple, des conseillers municipaux qui pleurnichent parce qu'ils ne trouvent pas 7,5 millions (TTC, ça fait plus cher) pour financer la reconstruction, pourtant promise lors des dernières élections, de la passerelle Fournier, lien piétonnier et cycliste essentiel entre deux quartiers. Ca n'empêche pas le maire de se gausser de la priorité donnée aux circulations douces ou d'envisager une passerelle au dessus de la Loire, que personne ne demande, pour "illustrer" son "amitié" avec le maire de Saint Cyr (NR du 1/6/2010). On est très loin d'une gestion "en bon père de famille" !
L'inconséquence n'est pas que budgétaire, le manque d'ambition (sauf en tralala) est flagrant : "Le projet s’inscrit dans la logique des flux de déplacements observés aujourd’hui" (dossier d'enquête, page 19 tome 1 A1). Dans une ville située entre deux cours d'eau, congestionnée par la circulation automobile, ce maire omnipotent asphyxie l'avenir de la ville. Y compris en densifiant l'habitat, y compris en l'apauvrissant en chlorophylle, y compris par un système centralisé de vidéosurveillance, y compris par le traitement de la dette…
Comme l'a dit un de nos experts : "En conclusion, il n’est aucunement exprimé un projet ambitieux qui proposerait une toute autre façon de considérer l’espace urbain, les déplacements et les modes de vie. On ne propose qu’un aménagement parmi d’autres s’insérant dans l’existant sans en modifier le fonctionnement".
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15. La stratégie du rouleau compresseur |
Depuis 2007, date où le maire a présenté le projet de cette 1ère ligne de tramway, alors qu'on en savait presque rien avant, aucune réelle concertation démocratique n'a eu lieu. Les associations environnementales agréées l'ont demandé en vain durant trois ans, pour n'obtenir que quelques entrevues les derniers mois, quand tout était pratiquement figé. En dehors de tout bon sens, les erreurs commises ont été maintenues.
Par de nombreux détails dans les dossiers d'enquête, on se rend compte de la volonté de forcer les choses, d'accentuer les faits et prévisions. Prenons par exemple celles sur le trafic. Actuellement les lignes de bus qui sont dans l'axe nord-sud de la ligne de tramway véhiculent environ 13.000 voyageurs par an. Ce chiffre a légèrement diminué de 2008 à 2009. La fréquentation estimée sur la ligne de tramway (un peu plus longue que les trajets de bus) sera carrément quadruplée, 54.900 voyageurs par an (dossier d'enquête, tome 1 A1 page 74). Pour arriver à cet exploit (c'est un chiffre clé pour la rentabilité de la ligne), alors que le tramway n'apportera qu'un gain de temps faible par rapport aux bus, de gros moyens seront mis en œuvre. Le maître d'ouvrage déclare qu'il effectuera "Le rabattement de la plupart des lignes sur le tramway" (conclusions de la commission, page 49). Donc les bus seront chargés d'amener des clients au tramway, avec ce que cela implique de désagréments pour les usagers avec des allongements de temps de trajet et des ajouts de correspondances. Le Sitcat essaye de masquer cette réalité, comme avec ce propos (repris dans le n° spécial d'octobre 2010 de Ville-Rail) "Il n'y aura pas de rabattements systématiques sur le tram". Ainsi, en règle très générale, les voyageurs seront contraints de déguster le tramway, sauf quelques exceptionns. La plus notable serait le ligne de bus BHNS en concurrence avec le tram sur l'avenue de Grammont. Mais ça ne serait probablement que provisoire, car elle risque d'être à moitié supprimée lors de l'arrivée de la seconde ligne de tram...
J'ai pris conscience de ce rouleau-compresseur début juin 2010 quand j'ai essayé d'alerter ceux que je pouvais contacter pour que cesse le massacre des arbres du Sanitas. Pas de réaction municipale ou médiatique. L'omerta. Le démarrage de l'enquête publique le 15 juin a été marquant. Elle n'était vue que comme une formalité mineure qui ne pouvait qu'entériner le projet. Le rouleau compresseur avançait inexorablement. Seule la communication minimum exigée par la loi était faite, brouillée par l'inauguration de "La maison du tram".
C'est devenu particulièrement brutal, alors que les commissaires-enquêteurs n'avaient pas encore remis leurs conclusions, quand les travaux de dévoiement ont commencé sous prétexte qu'ils étaient sans rapport avec le tramway, ce qui est grotesque. C'est comme construire sans avoir le permis, c'est la politique du fait accompli, un comportement hors-la-loi. Avec l'appui tacite du préfet, les travaux au Sanitas (là où il y avait contestation), ont repris après trois semaines d'arrêt. A ce stade, sur le trajet, il y a déjà eu l'abattage de plus de 120 arbres, alors que la commission d'enquête n'a pas encore rendu ses conclusions et que la DUP peut encore être refusée. Il n'y eut finalement qu'un seul grain de sable, l'allongement de 2 semaines de l'enquête publique, du 16 au 30 juillet (en plein été...). Ensuite la commission électorale et le préfet sont passés sous le rouleau compresseur et voilà...
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Le maître d'ouvrage Cité Tram dépend directement de la régie intercommunale de transports Sitcat présidée par le maire de Tours. Sa façon d'agir a été guidée par la stratégie du rouleau compresseur et par une communication marketing intense.
La lecture d'un numéro spécial de la NR de 20 pages (consultable ici) est édifiante avec des arbres à profusion, de l'écomobilité, des vélos partout... La mise en place de la "maison du tram" va dans le même sens de comm' clinquante. Certaines actions étaient trompeuses, comme l'emplacement de certaines peintures au sol (au Sanitas). Sans cesse, le maître d'oeuvre a rabaché que son projet était inéluctable, en ne conditionnant jamais son calendrier, notamment au résultat de la DUP ou aux aléas des recherches archéologiques..
Je me souviens avoir parcouru pendant quelques mètres le mail du Sanitas avec le responsable du projet, alors que je venais d'apprendre que tous les arbres devaient être abattus et je m'en étonnais. Sa réponse m'avait laissé pantois, il considérait que ces arbres étaient moches, malades, mal alignés... Visiblement, il avait une logique complètement contraire à la mienne et il me fallait trouver un genre d'arbitre pour changer quelque chose.
Mais c'est dans tous les domaines que le maître d'ouvrage n'a considéré que sa propre logique en ne procédant à aucune véritable concertation, en refusant tout changement significatif, en biaisant, en usant de duplicité, d'enfumage. Voici trois cas très significatifs :
- Il a dit qu'il prendrait en compte toutes les recommandations de la commission d'enquête. Puis il est revenu en bonne partie sur ses positions initiales, que ce soit place Choiseul (voir le chapitre "13. L'enlaidissement de la ville" page 30) ou au Sanitas en ne déplaçant pas le tracé à l'ouest comme le préconisaient les commissaires. De ce fait, "l'espace de convivialité arboré" préconisé n'existera pas, il n'y aura que les deux rangées d'arbres autour du tram censées remplacer les deux rangées abattues.
- Dans les dossiers d'enquête "le bilan vert largement positif" est jugé par un double subterfuge, celui qui estime qu'un arbre planté est équivallent à un arbre abattu et celui qui consiste à abattre en centre-ville et à planter en périphérie.
- Quand on a appuyé auprès du préfet sur le besoin d'avoir une stratégie tram-train, on nous a rétorqué que c'était bien sûr celle du maire et du maître d'ouvrage. Et de parler (le maire en conseil municipal) de la ligne de Loches rejoignant celle du tramway, d'une ligne de tram-train allant de La Ville-aux-Dames à Mettray. Et de ne rien faire pour que la station de Verdun soit déplacée de quelques dizaines de mètres afin qu'elle jouxte une future gare à la jonction de ces deux lignes. Les voyageurs devront donc franchir deux voies routières...
Cette inflexibilité s'est avérée très handicapante, car, comme on le sait maintenant, la commission d'enquête et le préfet n'ont fait que s'appuyer sur le maître d'ouvrage... J'ajoute une propension au bluff et à la méthode Coué. Par exemple, dans les conclusions de la commission, le maître d'ouvrage n'hésite pas à affirmer qu'il s'est "attaché à conserver autant que possible les arbres existants" (page 60), alors qu'il n'a rien retenu des dossiers consistants que j'ai présentés. C'est partagé par la mairie, notamment le conseiller spécial chargé du tramway qui affirme carrément dans la NR du 29 septembre que la concertation est exemplaire et que le volet environnemental est aussi exemplaire. . On devine le sourire narquois, les sourcis froncés et les yeux fermés affichés en couverture de cet ouvrage...
La plupart des lecteurs avertis et la commission d'enquête elle-même, certes de façon trop peu appuyée, ont été étonnés par la piètre qualité des dossiers réalisés par le maître d'ouvrage (sauf du point de vue marketing...). Ils ne permettaient pas aux citoyens de comprendre les choix effectués et donc d'avoir un avis circonstancié. Notamment, le choix essentiel d'un tramway plutôt qu'un tram-train n'était pas justifié. Tous ces défauts permettaient de maquiller l'absence de structure d'un projet précipité bâti sans fondements solides.
Depuis, les modifications apportées on continué à révéler ce comportement de marketeur-usurpateur des pratiques démocratiques et du droit. Souvent mal informés et certains peu intéressés, les Tourangeaux se réveilleront peut-être demain à la réception de la facture : financière, environnementale, sociale, économique...
Dans les documents directement ou indirectement rédigés par la mairie, le Sitcat ou CitéTram, il est frappant de constater combien l'accent est mis sur l'aspect esthétique identitaire du tramway ("quatrième paysage", design "tram miroir" "navire amiral" "curseur glissant sur sa ligne"…), alors que l'aspect utilitaire, c'est-à-dire son utilisation comme moyen de transport (elle est là notre "Utilité Publique"), est réduit à la part congrue.
Il y a tout de même un domaine où le maître d'ouvrage me semble pouvoir être à la hauteur de son rôle, c'est dans la réalisation et le suivi des travaux, notamment dans les relations avec les habitants ("tram'bassadeurs", site web...). Je souhaite ne pas me tromper (ce n'est qu'une impression, je n'ai pas eu d'échos très négatifs, je n'ai pas approfondi le sujet).
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17. La majorité municipale |
Ainsi le maire et le maître d'ouvrage ont foncé comme un rouleau compresseur. A défaut de pouvoir l'arrêter, car ils sont du même bord, certains conseillers municipaux auraient pu prendre conscience de quelques problèmes et agir diplomatiquement pour améliorer le projet. C'est ce que je me suis dit au début. Non seulement, ils étaient incapables de mener la moindre action contrecarrant un tant soit peu le maire, mais en plus ils étaient incapables de prendre la mesure des problèmes et pire encore incapables d'en prendre connaissance par eux mêmes !
Ceux qui étaient à la réunion du 2 juin ont appris en même temps que moi l'abattage des 160 arbres du mail. Ils ont fait comme s'ils savaient et ont noyé le poisson en affirmant péremptoirement que le projet était exemplaire. Aveuglement ? Stupidité ? Inconscience ? Je ne sais pas, je trouve seulement que c'est un mépris des citoyens que de leur faire avaler des balivernes en se montrant incapable de parler avec pertinence du sujet controversé. D'ailleurs personne n'a jamais su me dire pourquoi sur une artère très large comportant 7 à 8 voies pour les voitures (stationnements inclus), le tramway ne pouvait passer que sur la promenade arborée.
Je crois aussi que la plupart des conseillers municipaux de la majorité considèrent que le tramway n'est pas leur préoccupation parce qu'il est la "chasse gardée" du maire et de quelques autres personnes qui lui sont très inféodées. C'est hélas perdre le sens des responsabilités et n'assumer que piteusement leurs rôles de représentants du peuple, même si ce n'est lié qu'à un domaine, mais il est essentiel pour notre cité de demain.
A titre personnel, par les divers contacts que j'ai eus, parce que je privilégie d'abord l'argumentation, je suis impressionné par la discipline de fer qui règne dans cette majorité municipale. Il est possible de discuter avec ceux qui sont conseillers généraux ou avec le député, on a une écoute et un certain impact sur les éléments qu'ils maitrisent. Les mêmes personnes dès qu'il s'agit d'affaires municipales deviennent aussi inaccessibles que leurs collègues. Jamais, je ne les entendus dire qu'il allaient marquer un temps d'arrêt, consulter la population ou faire une étude complémentaire neutre. Non cette municipalité reste sourde et dressée sur ses ergots, quitte à s'enfoncer dans les pires erreurs. Il n'y a qu'un moyen de l'arrêter : une action en Justice ou une solide menace en ce sens.
Il est révélateur que, lors de l'enquête publique, les dépositions les plus enthousiastes étaient celles de conseillers municipaux de la majorité, ne se présentant pas en tant que tels. Ils étaient au moins 17 à suivre une consigne qui s'apparente à du "bourrage d'urne", indice de quelque inquiétude… En contrepartie, il y avait certes 4 conseillers d'opposition et un de Joué lès Tours, mais au moins se présentaient-ils comme des conseillers municipaux…
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Et les conseillers municipaux Verts dans tout ça ? Les arbres et le tram-train, ils doivent sûrement les defendre ? Hé bien non, pas du tout, ou avec des circonvolutions sans effets... Certes ils sont dans la majorité municipale, mais ce n'est pas une raison pour perdre leur identité, laisser abattre 160 arbres cinquantenaires en centre ville, mettre en place une future correspondance bidon où il faudra traverser deux voies routières...
J'ai bien sûr insisté pour que ces trois élus Verts défendent nos valeurs communes. Rien à faire, du mutisme à la résignation, en passant par des justifications de replantations d'arbres et de futures remises en cause pour le tram-train (alors que dans leur déposition à la commission d'enquête le parti des Verts préconisait de remplacer le tramway par un tram-train de 265 cm de largeur... et de sauver le mail du Sanitas).
J'ai l'impression que suite à leur opposition au maire de Tours en juin 2009 pour la trouée dans les bois de Grandmont où ils s'étaient fait taper sur les doigts, il sont rentrés dans le rang le doigt sur la couture, soumis aux votes à l'unanimité, complètement inhibés (juste une timide abstention pour la vidéosurveillance)... au mépris, bien sûr, de ceux qui les ont élus. Et comment peuvent-ils se plier au discours marketing d'écoblanchiment du maire ?
En mettant en jeu leur participation à la majorité, ils auraient peut être réussi à modifier quelques unes des grosses anomalies du projet, surtout en matière environnementale. Ils ont failli.
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19. L'opposition municipale |
Les dix conseillers municipaux d'opposition ont bien sûr moins de pouvoir que ceux de la majorité, mais ils peuvent influer, notamment, agir sur les médias, avoir du crédit auprès de l'état, du préfet. Ils se sont surtout rangés en deux attitudes, l'une de retrait et silence (ou absence), l'autre d'approbation du projet et de soutien au maire. A cela, il n'y a guère eu qu'une seule exception marquante, la présidente de TCSP 37, faisant partie de notre "front de convergence" et deux autres exceptions, l'une active sur le mail du Sanitas et l'autre sur le cabinet "RCP Design". Ainsi, au sein du conseil municipal, l'opposition au projet, pourtant puissante en 2007, s'est réduite en peau de chagrin en 2010, alors que, paradoxalement, il y avait bien plus de raisons de s'opposer.
Donc même de ce côté là, le maire de Tours a réussi à baillonner presque toute contestation. Comment a-t-il procédé ? Le journal "L'Express" donne une explication dans un article du 14 septembre 2006 (ici). On y apprend en particulier qu'il est difficile de comprendre "les rouages de la politique locale" sans tenir compte du fait que la ville de Tours à une "très forte tradition maçonnique". "Le réseau fonctionne et reste influent", on y trouve assurément plusieurs des acteurs essentiels de cet ouvrage, quelque soit la couleur politique. L'article, sur-titré "Le système" du maire, précise que c'est "là que trouverait sa source" la "complicité" entre le maire socialiste de Tours (fils d'un "frère du Grand Orient") et celui UMP de la commune voisine de Saint Cyr sur Loire, personne aussi très influente qui est le patron de l'UMP sur le département. Complicité, hé oui c'est dit... et elle agit très discrétement.
Je mets à part l'adversaire du maire de Tours aux deux dernières élections municipales, ancien ministre de la culture. S'il n'a pas été présent lors de ces derniers mois, s'écartant de la vie politique tourangelle, il a été le premier à s'opposer, et vigoureusement, à ce projet qui dès le départ était mal parti. Il s'interrogeait "Pour qui roule la NR ?" et déclarait : "Le peuple est seul souverain. Il est adulte et n’est pas dupe lorsqu’il voit se mettre en place un vrai rouleau compresseur" (source ici). Je le découvre, quelques jours après avoir trouvé le titre de la présente page... Tout n'était-il pas écrit d'avance ?
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20. Le préfet d'Indre et Loire |
Face au rouleau compresseur municipal, il n'y avait que la commission d'enquête et le préfet pour arrêter le projet ou du moins atténuer significativement ses principaux défauts. Une fois l'accord de la commission, il ne restait que le préfet. Son rôle était donc essentiel, sa personnalité aussi, son indépendance d'esprit, sa volonté de faire respecter la loi, bref sa capacité à assumer sa fonction, à prendre le dossier en main, à savoir écouter, comprendre...
Avant même les conclusions de la commission, j'ai eu l'occasion de l'alerter sur le début des travaux de voierie qui, au Sanitas, ignorait notre demande de modification du tracé. Ma première impression fut bonne car il m'a écrit (le 13 septembre) "Je comprends tout à fait votre démarche et je demande" à ce que ça soit étudié et à ce que j'en sois informé. Et puis, je ne sais pas ce qui s'est passé, ce qui l'a fait changer d'avis, car il ne m'a jamais contacté, ce qui nous a beaucoup mis dans l'embarras. Arrivé fin septembre, il nous semblait laisser pourrir la situation en espérant que l'on se découragerait. J'ai alors compris que ce n'était pas clair et que l'issue serait probablement négative. J'espérais tout de même encore un changement d'orientation. Ses conseillers pourraient-ils l'y amener, avec la pertinence de nos arguments ?
Dans notre premier document de convergence nous avions précisé de nombreux points que la commission d'enquête avait mal traités ou n'avait pas traités du tout. Il pouvait demander une étude sur certains d'entre eux, aucun n'a retenu son attention. Nos cinq propositions ont ensuite été ignorées. C'était peine perdue, il était partie prenante du rouleau compresseur. Il fit sans cesse la sourde oreille à l'action de notre "front de convergence" (avec pourtant deux associations environnementales agréées). Par deux fois le ministère de l'écologie l'a chargé d'étudier nos arguments et de nous apporter une réponse, il ne l'a pas fait. Il n'a laissé passer qu'une réunion où sa secrétaire générale nous a écouté.
Il y eut bien une seconde réunion où nous devions argumenter devant sa secrétaire générale pour qu'il repousse de quelques mois la Déclaration d'Utilité Publique (DUP) afin de corriger le projet de façon significative. En fait cette invitation était d'une impolitesse rare, un camouflet, puisque cinq heures avant la rencontre, il a fait savoir qu'il accordait la DUP. Cette réunion du 21 décembre perdait tout objectif. Nous y sommes tout de même allés, d'abord pour montrer que nous étions davantage polis, ensuite pour savoir ce qu'on avait à nous dire. Pas grand chose, notre dossier de convergence ne semble même pas avoir été étudié par l'équipe préfectorale, il a été confié à la mairie et au maître d'ouvrage qui ont répondu, et même pas de manière écrite à notre attention. Bref, j'estime que toute notre action, pourtant très sérieusement argumentée, a été balayée d'un revers de main de façon encore plus expéditive que ne l'avaient fait les commissaires-enquêteurs. Sa réponse du 11 janvier adoucit certes un peu la manière, a posteriori, mais les résultats restent inchangés et cette tardive justification confirme sa partialité et son manque d'implication. Cette tardive justification confirme sa partialité et son manque d'implication.
Comment l'autorité préfectorale a-t-elle pu valider un projet si mal bâti ? Pourquoi a-t-elle fermé les yeux ? Je n'en sais rien, mais les raisons m'apparaissent trop opaques pour être saines.
La NR rapporte dans son édition du 6 janvier 2011 "Un préfet que le maire de Tours a remercié à plusieurs reprises, notamment pour sa célérité à signer la déclaration d'utilité publique". Pourquoi n'a-t-il pas remercié le Sitcat et Cité-Tram pour la très grande qualité de leur projet qui présente si peu de défauts que le préfet l'a rapidement accepté ? Il fallait effectivement un très gros effort du préfet, il lui fallait être très attentionné aux désirs du maire, ces grands remerciements sont amplement justifiés.
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21. La forfaiture du préfet |
Le représentant de l'état se doit, bien sûr, de respecter et faire respecter la Constitution Française et sa Charte de l'Environnement. Il ne l'a pas fait pour le mail du Sanitas et en cela je considère qu'il a commis une forfaiture, c'est ce que j'ai démontré sur cette page consacrée à la promenade arborée du Sanitas, le 23 décembre. Mais pourquoi met-on dans notre constitution des lois sans qu'il y ait moyen de les faire respecter ?
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22. La commission d'enquête |
La commission d'enquête réunit trois personnes (les commissaires-enquêteurs) chargées d'analyser les dépositions des habitants et de dégager des conclusions permettant d'amander, ou pas, le projet. Le 12 octobre, elle a accordé un avis favorable avec quelques recommandations et aucune réserve, si bien que le projet n'a pratiquement pas été modifié.
Comment les commissaires en sont-ils arrivés là ?
- Contrairement à ce qu'avait estimé la mairie considérant l'enquête publique comme une formalité, les Tourangeaux ont été nombreux à s'exprimer et il y eut plus de 500 contributions. C'était trop, les commissaires ont estimé qu'il leur fallait faire un tri et il fut drastique, laissant de côté des arguments importants. Ainsi pour mon étude sur les arbres, ils ont ignoré que le bilan en centre-ville était très négatif, que des centaines d'arbres étaient abattus pour rien, que seulement 4 des 29 stations étaient arborées.
- Ils ont été incompétents juridiquement et n'ont pas fait appel à des experts indépendants pour les aider en ce domaine, ainsi que la loi les y autorise. Ils ont même été jusqu'à écrire "Il conviendra de mettre en conformité le droit et le fait dans le document final de mise en conformité", ce qui laisse entendre que le droit pourrait devoir se plier au fait, alors que le contraire devrait en toute cohérence s'imposer.
- Ils ont été incompétents techniquement et n'ont fait appel à aucune expertise, en particulier pour la problématique du tram-train, alors que de nombreuses contributions allaient en ce sens. Comme dans d'autres domaines, ils se sont contentés d'interroger le maître d'ouvrage et d'opiner à ses propos. Il est ainsi facile d'être commissaire-enquêteur, pourquoi n'ont-il pas fait appel à des observateurs neutres pour se forger une opinion moins guidée ?
- Ils ont été incompétents budgétairement, ne relevant même pas l'erreur de 5 millions d'euros dans la totalisation du maître d'ouvrage et faisant une comparaison fausse avec le tramway d'Orléans, qui lui, contrairement à celui de Tours, intégrait le coût des dévoiements de voirie et alors même que le Président remplaçant de la commission d’enquête propre au projet de Tramway de Tours avait siègé dans celle d’Orléans. Alors que le Journal du Dimanche indiquait aussi le 19 septembre 2010 les côuts au km des tramway de Dijon, 16 millions d'euros au km, Toulouse, 19,5 M, Le Mans 20 M, Tours 24,9 M (aucune autre ville de province n'est citée), les commissaires dans leurs conclusions estiment que le coût est "dans la moyenne des projets similaires", ce dont se félicite le maire en conseil municipal, avec l'écho de la NR.
- Ils n'ont donc pas su ou voulu reconnaître les logiques qui guident le projet et n'ont pas du tout contrecarré les plus dangereuses, les plus contraires aux principes d'intérêt public. C'est le cas notamment de la logique anti-environnementale, pourtant contraire aux ambitions initiales et à la trame verte du Plan d'Aménagement et de Développement Durable de la ville de Tours. Que cette notion soit lettre morte pour une mairie qui ne l'a introduite que comme un faire-valoir, ce n'est pas étonnant. Que les commissaires-enquêteurs puis le préfet fassent pareil, c'est surprenant et je considère que c'est indigne de leur fonction, surtout que ce n'est pas un cas isolé, c'est ainsi sur bien d'autres plans comme l'ont montré nos dossiers de convergence.
- Les six recommandations qu'ils ont émises, sont pour la plupart ineptes. Recommander l'interdiction de la circulations des vélos sur le pont Wilson, savent-ils ce que ça veut dire ? En quoi cela favorise-t-il l'écomobilité ? Transplanter des arbres, avec tous les risques attenants, serait une solution au recul de patrimoine arboré et au refus de conquête végétale ? Quand à prendre des mesures plus ou moins vagues, notamment de publicité, ça ne mange pas de pain...
- Il est très réducteur de dire que la moitié des dépositions est favorable au projet (y compris celles des 17 conseillers municipaux de la majorité, dont l'action a pu être motivée par cet étrange comptage). Il est aussi étrange d'estimer que, dans l'enquête sur le sujet très technique du pont du Cher, 13 observations témoignent de peu d'intérêt, sans parler de la consistence et de la pertinence de ces dépositions. Cet aspect est d'autant plus regrettable qu'il y va de la sécurité des citoyens et de leurs biens.
- Par contre les commissaires n'ont pas eu l'idée de constater la demande conséquente de plus d'une quarantaine de personnes et associations pour garder le mail du Sanitas, souvent avec argumentaire, contre seulement 2 ou 3 dépositions acceptant qu'on replante. Bizarre…
- Quand les travaux ont commencé sur le mail du Sanitas avant les conclusions de la commission, j'ai interpellé celle-ci pour qu'elle énonce sa désapprobation. J'avais pour exemple la commission d'enquête de Brest qui en 2009 qui avait estimé regrettable que le maire annonce très tôt la date d'inauguration (cf. ici). Le maire de Tours en a fait autant (31 août 2013), sans être réprimandé. A Brest, la commission avait obligé que les travaux de voierie soient pris en compte dans le budget tram à un tiers de leur valeur. Rien de tel à Tours où d'ailleurs le Sitcat estime carrément trop compliqué de les estimer (NR du 8/1/2011).
- Enfin, le remplacement du président de la Commission, tombé malade après l’obtention de la prorogation de la durée de consultation publique, interroge, j'en reparle dans le chapitre suivant.
J'admets, bien sûr, qu'on peut avoir affaire à des enquêteurs qui n'ont pas la même conscience environnementale que notre front de convergence, mais notre désaccord porte sur de trop nombreux points et leur applatissement devant le rouleau compresseur est trop flagrant pour que nous ne puissions pas être très surpris d'une telle passivité. Ils n'ont pas du tout satisfait au rôle d'arbitre qui aurait dû être le leur. Le contenu de leur rapport laisse pour le moins songeur quant aux valeurs des intérêts public et général qu’ils sont censés défendre.
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A rédiger ce bilan, j'ai l'impression que nous n'avons pas eu de chance dans notre démarche en ayant eu en face de nous des hommes qui auraient dû jouer un rôle d'arbitre et qui ne l'ont pas fait par manque d'indépendance, de rigueur et de respect de l'intérêt public. C'est évident pour le préfet, tant, sur la fin, son comportement a été ouvertement partial.
C'est moins évident pour les commissaires qui avaient su dialoguer avec nous et semblaient plus réceptifs. Mais il faut savoir qu'il y a eu un important changement quand leur président est tombé malade et a été remplacé. Le remplaçant était de la Touraine alors que le premier président ne l'était pas. Il m'apparaît que le président avait de l'indépendance d'esprit et une conscience écologique pour avoir participé à la concertation publique de 2009 et avoir exigé que les cèdres de l'avenue de l'Europe ne soient pas abattus, alors que l'on était dans une configuration bien plus difficile que pour le mail de Sanitas. De plus c'est ce président qui a décidé du prolongement de 2 semaines de l'enquête publique, au dam de la mairie et du maître d'ouvrage. J'ai donc lieu de croire que son départ pour cause de maladie a été une malchance pour nous. Et si sa maladie avait été due à un excès de stress ?
Je signale aussi un autre fait qui m'a marqué, je le trouve très révélateur. Au tout début, je m'étais adressé au président de la commission pour lui demander comment faire pour sauver le mail du Sanitas, s'il fallait que je fasse une pétition. Il m'avait répondu que ça ne servait à rien, que le nombre d'arguments répétitifs n'avait pas de valeur et que ce qui avait de la valeur était la pertinence des arguments. J'avais donc orienté mon action en ce sens. Et que s'est-il passé finalement ? La pertinence de mes arguments et des autres dépositions a largement été ignorée et, en préambule de leurs conclusions, les commissaires-enquêteurs ont estimé que plus de la moitié des dépositions étaient "favorables" au projet, comme si l'enquête avait un volet référendaire. Et ils ont ajouté que parmi ces dépositions favorables, certaines "sont cependant souvent assorties de considérations qui peuvent parfois conduire à remettre en cause le projet". Je comprends qu'elle sont en réalité défavorables (notamment en préférant le tram-train), faisant probablement basculer la majorité. Pour le moins, cela montre qu'il n'y a pas consensus dans la population sur ce projet, ce que j'ai constaté maintes fois par ailleurs, notamment sur le forum de tours.maville.com ouvert par la NR. J'estime que le président qui est tombé malade n'aurait pas versé dans de telles considérations réductrices.
Le fait qu'avant la DUP il y ait eu changement de ministre de l'écologie et des transports a-t-il pu jouer ? Et, juste avant la DUP, le déplacement lointain du nouveau ministre, qui ainsi n'a pas vraiment eu le temps de traiter notre dernière lettre ? J'en doute, mais ça n'est pas impossible, nous avions eu de bons signes de ce côté...
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Bien sûr les sommes en jeu sont très importantes pour notre agglomération, 369,1 millions d'euros déclarés, plus 40 autres millions de dévoiement de réseaux, auxquels d'ajoutent de nombreux à-côtés, sans oublier le plus lourd, les intérêts de la lourde dette contractée… Il est hélas humain que de telles sommes génèrent des méthodes que je qualifie ici de louches. En voici quelques-unes, plus ou moins précisément car ces choses là ne sont jamais très claires.
- Le budget initial, en 2007, année de l'élection municipale était évalué entre 260 et 290 millions d'euros. C'est là dessus que les électeurs ont rééelu le maire. Cette sous-évaluation n'était pas neutre, car, étant en dessous de 300 millions, elle a permis au projet de ne pas faire l’objet d’un débat public national sous l’égide de la Commission du débat public (laquelle, en 2009, a tout de même demandé au Sitcat de publier les objectifs et caractéristiques de son projet, ce qui n'a pas été fait ou n'a donné lieu à aucune publicité).
- Le projet était divisé en cinq, ce qui apparaît normal. Ce qui l'est moins, c'est qu'ils aient tous été menés de front. Logiquement, par exemple, celui des expropriations aurait du suivre celui du tracé, puisqu'on ne peut connaître les expropriations qu'une fois le tracé accepté. Tout réunir permettait de montrer que c'était "tout ou rien" et donc forcer à ce que ce soit "tout".
- Une opération de l'ampleur de ce projet ne se fait pas à l'arrache-pied sans prendre en compte tout un environnement, notamment en matière de documents d'aménagement et d'urbanisme. Or ce cheminement a été chamboulé, notamment sans tenir compte d'un SCOT, d'un PLU, sans réactualisation du PDU (voir le chapitre dédié sur le 1er document de convergence).
- Un bilan et une révision du PDU ont été prévus pour 2010 dans le dossier d'enquête (page 8 du tome 3 H1). On peut considérer que c'était un mensonge, puisque cet engagement n'a pas été tenu.
- Longtemps, dans le déroulé et le calendrier des opérations, les recherches archéologiques ont été négligées. Or, à l'image d'autres villes, il est très probable qu'on trouve des vestiges sur le tracé. Cela peut entraîner plusieurs mois de retard, à condition de vraiment chercher. Apparemment, depuis peu, sans doute sous la pression des scientifiques et du préfet de région, le maître d'ouvrage semble mieux prendre en compte cette éventualité. A suivre.
- En préambule à leurs conclusions, les commissaires-enquêteurs précisent qu'ils répondent à un "avant-projet" et non pas à un projet. Est-ce une précaution (une ouverture de parapluie) parce qu'ils trouvent le dossier mal ficelé ? Est-ce un blanc-seing donné au maître d'ouvrage pour qu'il puisse encore modifier ce que bon lui semble ? Quoiqu'il en soit, c'est suspect car très inhabituel et étonnant dans le cadre d’une procédure devant mener à une Déclaration d’Utilité Publique.
- Le pont de Vendée, ayant été détruit durant la dernière guerre, gardant tout de même ses piles, le Cher ayant été élargi et endiqué dans les années 70, le maire précédent (Jean Royer, pourtant si imprudent en aval, sur la Gloriette) s'était bien gardé de le reconstruire. En effet, son tablier est proche du niveau de la grande crue de référence de 1856, seulement 12 cm, et si les digues ne rompent pas en amont. Que ce soient des blocs de glaces ou surtout des troncs d'arbre déracinés, le risque est grand que le pont soit très malmené… Sauf pour le dernier maire qui a fait mener des études à la hussarde (Cf. nos deux premiers documents de convergence).
- Le cabinet "RCP Design" retenu pour le désign du futur tramway par le Sitcat (dont le président est maire de Tours) a pour gérante une conseillère municipale, adjointe au maire à l'éducation. Il y a là un évident conflit d'intérêt, car même si la gérante n'est pas chargée du dossier tram, la loi ne permet pas "par un mandat électif public de prendre, recevoir ou conserver, directement ou indirectement un intérêt quelconque" dans une opération... Il est donc naturel qu'il y ait dépôt de plainte pour prise illégale d'intérêt, comme l'ont fait la présidente de TCSP 37 et un autre citoyen à titre personnel.
- Dans notre premier dossier de convergence, nous avons pointé des anomalies à propos du pont sur le Cher. Il est à souligner, circonstance aggravante, que l'étude d'impact hydraulique et la maîtrise d'ouvrage ont été confiés au même groupe Ingérop ("Ingérop Conseil & Ingénieries" pour l'étude, "Ingérop Strates" pour la maîtrise d'ouvrage). Là aussi, ce n'est pas clair...
- "La tribune de Tours" est un hebdomadaire gratuit permettant de réduire un peu l'impact monopolistique de la NR (il est légèrement orienté à droite, comme la NR l'est à gauche). Nous l'avons bien sûr contacté dans notre action. Si au début cela s'est bien passé, notamment pour le mail du Sanitas, la couverture de nos actions s'est progressivement amenuisée jusqu'à un étonnant article du 16 décembre tirant à boulets rouges (voir ici) sur la présidente de TCSP 37 à cause de sa plainte contre le cabinet RCP. Il y a eu un virage au mois d'octobre. Le rouleau compresseur était entré en action pour réduire ce lieu de résistance. Ce n'est pas la seule fois que j'ai eu l'impression qu'on trouvait un certain appui, et puis finalement il s'effritait…
- Le maire de St Cyr sur Loire préside le puissant réseau d'administration de biens Citya Immobilier très présent dans la ville de Tours, notamment là où le tramway apporterait une bonne plus value... Plus généralement, de grosses opérations immobilières se profilent le long du tracé avec une densification très forte promise (et donc probablement de nouveau reculs environnementaux). Cette personne a l'honneur de figurer dans le numéro 117 des "Dossiers du Canard Enchaîné" au titre évocateur de "Fric ou politique" (2010).
- Le nombre de conseils municipaux dans notre ville est réduit au minimum. C'est pourtant lors d'une de ces journées que, comme par hasard, les deux décisions importantes (conclusions de la commission et DUP) ont été rendues publiques par le préfet, ce qui a permis au maire de les annoncer avec un large sourire. Comme le rapporte la NR, l'adjointe au maire qui a décroché le marché du design a logiquement déclaré "C'est un beau cadeau de Noël !". Ce sont les amis qui offrent des cadeaux...
- Dans son communiqué de presse de décembre 2010, le Sitcat écrit "Ces deux dernières années auront été ponctuées de nombreux échanges entre les acteurs du projet et les services de l'état. Ce travail collectif de qualité a abouti à l'obtention de la déclaration d'Utilité Publique en 2 ans, fait suffisamment rare pour être souligné". On devine a travers ces propos les liens très étroits qui se sont tissés entre Sitcat / Mairie et Préfecture. On comprend pourquoi le préfet, qui inversement a refusé de travailler avec nous, n'a pas du tout joué son rôle d'arbitre.
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25. La presse locale (NR) |
"La Nouvelle République du Centre-Ouest" (NR en abrégé) est le seul quotidien du département. Son rôle est donc essentiel, sans véritable contrepoids médiatique. Je considère qu'il a été un rouage important du rouleau compresseur et je vais expliquer pourquoi.
- Imaginez n'importe quelle cité de province, imaginez qu'en son centre ville on abatte sur 600 mètres plus de 160 arbres, pour la plupart cinquantenaires, cela ferait du bruit, le quotidien régional en parlerait tout de suite, surtout si ce n'est pas justifié. A Tours, rien, silence absolu pendant presqu'un mois jusqu'à ce que les témoignages à la commission d'enquête commencent à s'accumuler pour refuser ce massacre gratuit.
- La rétention d'information s'est poursuivie sur bien d'autres sujets. Ainsi la suspension des travaux au Sanitas pendant trois semaines n'a été vaguement évoquée que lorsque les travaux ont repris. L'abattage des platanes à la station Jean Jaurès a été tu pendant des mois jusqu'à ce que ce la mairie annonce qu'il y aurait des replantations (ce qui permet d'entonner le refrain "C'est pas grave, on replantera !"). Le fait que le préfet doive intervenir, notamment à la demande du ministre, n'a jamais été évoqué... Au carrefour de Verdun, rien sur le cèdre abattu et la très mauvaise correspondance qui s'y dessine... Rien non plus sur le refus d'arborer la rue Nationale et les stations de tram. Comment peut-on mobiliser dans de telles conditions d'évitements et de marginalisation forcée ?
- Certes, de temps en temps, l'information passait, mais quand elle était vraiment pertinente, elle était plutôt comprimée en info secondaire, par exemple dans une colonne d'informations diverses.
- A une exception près (analyse des conclusions de la commission), les journalistes n'ont jamais fait la moindre investigation, n'ont jamais eu une réflexion personnelle, se contentant de rapporter les propos recueillis et les divers faits "convenables".
- Le 29 septembre, une page entière est consacrée au tram avec un semblant de neutralité. L'article est divisé en trois parties à peu près égales. Une pour les propos d'un expert membre de notre "front de convergence" qui expose ses arguments triés et présentés par la NR qui va jusqu'à prétendre qu'ils sont assénés. Une autre partie présente les propos de la municipalité qui ne fait que répondre aux précédents. La NR laisse alors publier de graves contre-vérités (une "concertation exemplaire", "un volet environnemental exemplaire" !!) sans que personne ne puisse répondre. Bien sûr, des sujets très gênants n'ont pas eu de réponse sans que ça se remarque vraiment. La troisième partie, introductive, présente la situation, vue par la NR et la mairie, allant jusqu'à dire que le préfet ne pourra que signer la DUP, sans signaler l'hypothèse d'un refus. Le rouleau compresseur était à l'oeuvre...
- J'ai subi la méthode qui montrait que mon action était celle d'un individu isolé, sans qu'il soit signalé que je le faisais dans le cadre d'une action d'ensemble avec quatre associations. Et me voilà "bouillant blogueur" "vert de rage" qui "ne décolère pas" présenté de façon gesticulatoire.
- A lire ce journal, ce que dit le maire est parole d'évangile. Il a toujours le dernier mot, il est brillant. Honte à ceux qui s'opposent à lui. Tiens, on se demande d'ailleurs pourquoi…
- Un vice-président d'une des associations, ancien conseiller municipal, s'en est ému et est intervenu fermement pour que soit publié un communiqué remettant les choses en place, en insistant pour qu'il soit publié in extenso. On le lui a promis, mais le communiqué a été transformé à la sauce NR. Je m'en suis aussi rendu compte : les "droits de réponse" ne sont pas publiés, ou à la sauce NR. Si bien qu'un représentant du projet peut énoncer une énormité, il n'est pas possible de la corriger.
- Il y a les pages entières consacrées à la propagande du projet, un numéro spécial de 20 pages... Et à côté les magazines municipaux et d'agglomération qui prolongent le matraquage... Et malgré ça, comme je l'ai expliqué ailleurs, il n'y a vraiment pas eu consensus autour du projet. Les Tourangeaux ne sont souvent pas dupes.
- Je ne parle là que ce qui a trait au tramway et que j'ai connu. Mais l'asservissement de ce journal va bien au delà, j'en ai déjà parlé dans le chapitre consacré au maire à propos de l'article du 24 janvier 2011.
La déontologie journalistique n'était visiblement pas au rendez-vous. Cela peut-il évoluer ? Je le crois, quand il soufflera une autre volonté... D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, le 30 mars 2010, la NR ne titrait-elle pas un article sur les enquêtes publiques dans le département "En général les dès sont pipés" (ici). Impensable, quelques mois plus tard... A ce propos, le maire savait-il que les dés pouvaient être pipés ?
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L'arrivée du tramway à Tours s'est faite très lentement et l'ADTT (Association pour le Développement des Transports en Touraine) y a beaucoup oeuvré, et notamment son président très actif. Intégrée dans la FNAUT Centre (Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports de la région Centre), elle a un prestige certain. Elle est très favorable au tram-train et à l'exploitation de l'étoile ferroviaire départementale. Dans sa déposition, elle disait même préférer le gabarit de 265 du tram-train à celui de 240 du tramway. Logiquement, quand notre front de convergence (avec plusieurs membres minoritaires de la FNAUT Centre) s'est formé en demandant la même chose, elle aurait dû être d'accord avec nous. Hé bien non. Je n'ai pas compris pourquoi, tant c'est incohérent. On m'a dit que c'était dû à la personnalité de son président. Je crois que le rouleau compresseur a aussi agi de ce côté là. Ca fait partie des choses étranges qui se sont passées...
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27. Le front de convergence |
Le front de convergence vers un tram-train est constitué de trois associations, la Sepant et l'Aquavit (deux associations environnementales agréées), TCSP 37 (dont la présidente est conseillère municipale d'opposition), d'un collectif, Vélorution Tours (dont la représentante était sur la liste des Verts aux élections municipales, première non élue), de trois experts (géographe, en environnement, géographe-urbaniste), et de diverses personnes (dont moi, blogueur, membre démissionnaire du Conseil de Vie Locale de Tours-Est).
Ce front réunit donc des personnes d'horizons très différents qui, pour la plupart, ne se connaissaient pas. Il s'est constitué en trois étapes. D'abord, de manière diffuse lors de la demande de prolongation d'enquête, début juillet, ensuite de façon concordante pour demander l'arrêt des travaux de réseaux au mail du Sanitas, en septembre, et enfin de façon soudée après la publication des conclusions de la commission d'enquête, à la mi octobre. Il a alors rédigé (voir ici) à l'attention du préfet deux dossiers et une feuille de cinq propositions, argumentant pour lui demander de refuser la DUP ou, pour le moins, de la retarder en exigeant des modifications significatives.
Cette convergence, je l'avais très fortement ressentie quand, fin juillet, j'avais lu toutes les dépositions de la commission d'enquête. je pensais alors que, naturellement, les commissaires enquêteurs la percevraient aussi et refuseraient le projet ou le réorienteraient. C'était compter sans le rouleau compresseur...
Pour avoir eu un certain rôle de catalyseur et de coordination dans la constitution de ce front, je me dois de signaler :
- la haute tenue du travail des trois experts, avec en commun une vision cohérente de la ville de demain et de ses déplacements intra et extra agglomération,
- l'esprit républicain, démocratique, au service de l'intérêt public, qui nous a tous rassemblé, loin de toute considération politicienne ou affective. En cela, je salue particulièrement les quatre responsables d'association, une véritable volonté d'aboutir à un projet consensuel tranchant avec l'arbitraire de celui imposé à la ville.
Malgré la consistance des argumentations que nous avons formulées, nous n'avons pratiquement pas eu de divergence, parfois sur la forme, jamais sur le fond. Auparavant, certains défendaient très fermement le tramway, d'autres étaient très réservés, nous avons su trouver une position commune, qui permettait d'aboutir à un consensus dans la population. Vraiment, la "convergence" est le mot qui caractérise le mieux notre action commune.
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Ailleurs, sur cette page, et presque toujours sur les autres pages, je présente les personnes par leur fonction plutôt que par leur nom. Cela veut certes dire que je les mets en cause dans leur fonction, mais je ne veux pas pour autant qu'elles restent cachées derrière, car ces fonctions auraient pu être servies tout autrement. Voici donc les noms de ces principaux acteurs, y compris quelques uns non directement en cause sur cette page mais agissant aussi dans un sens ou l'autre.
Le maire de Tours s'appelle Jean GERMAIN. Ses deux conseillers municipaux chargés du tramway sont Alain DEVINEAU, adjoint à l'urbanisme et Pierre TEXIER, adjoint aux transports. Son conseiller spécial chargé du tramway est Jean-Pierre LAPAIRE.
Le préfet d'Indre et Loire s'appelle Joël FILY. Les ministres de l'écologie et des transports ont été François BORLOO et (depuis novembre) Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET. Le maire de St Cyr sur Loire est Philippe BRIAND.
Régine CHARVET-PELLO (RCP) est la gérante du cabinet "RCP Design", conseillère municipale de la majorité. Au niveau du maître d'ouvrage, le responsable du projet est Jean-Luc PAROISSIEN. Le président de la FNAUT Centre est Jean-François TROIN. Pour la NR, Christophe GENDRY est responsable du pôle Tours et agglomération (il a réalisé la page du 29 septembre et l'article du 24 janvier).
La commission d'enquête était constituée de : Raymond HARO, président jusqu'à ce qu'il tombe malade, Guy SCHNOERING, nouveau président, après le 15 juillet, Jean-Daniel WOLTRAGER, Jean-Paul GODARD.
Les conseillers municipaux de la majorité (PS, PC, Centre, divers) sont (outre le maire) : Yvette BEAUPIED, Josette BLANCHET, Arlette BOSCH, Claude BOURDIN, Yolande BRIVES, Anne-Marie BRUNET-ORLIAC, Philippe CHALUMEAU, Régine CHARVET-PELLO, Claude-Pierre CHAUVEAU, Monique CHEVET, Michaël CORTOT, Clémence DAUPHIN, Alain DAYAN, Alain DEVINEAU, M. Jean-Michel DUBOIS, Jean-Luc DUTREIX, Marguerite FANTOVA, Nicolas GAUTREAU, Gérard GERNOT, Jean-Patrick GILLE, Colette GIRARD, Alain GOUDEAU, Nadia HAMOUDI, Cécile JONATHAN, Marie-Claude JOURDAIN, Marie-Pierre LECUIROT, Dominique LEMOINE, Eric LESAIN, Yannick LUCAS, Monique MAUPUY, Agnès MESTRE, Joëlle MONSIGNY, Marie-Hélène MOURIER-DUBOURG, Samira OUBLAL, Jean-Jacques PLACE, Claude ROIRON, Annie ROUSSEAU, Thierry SALMON, Pierre TEXIER, Frédéric THOMAS, Roselyne VERNEAU-TEXIER
Sont à y ajouter les conseillers municipaux Verts : David CHOLLET, Caroline DEFORGE, François LAFOURCADE.
Les conseillers municipaux d'opposition (UMP, Nouveau-Centre, Divers) sont : Sophie AUCONIE, Stéphane FRADET, Brigitte GARANGER, Laetitia JALLOT, Bruno LAVILLATTE, Benoît ROY.
Sont à y ajouter les seuls qui ont plus ou moins combattu le projet ces derniers mois (aussi UMP, Divers) : Françoise AMIOT, Pascal MÉNAGE, Khadra MOURI.
Et aussi l'ancien ministre de la culture, adversaire (UMP) du maire lors des deux dernières élections municipales, Renaud DONNEDIEU DE VABRES.
Du côté de notre front de convergence, les responsables d'associations sont Michel DURAND (Sepant), Françoise AMIOT (TCSP 37), Jean-Michel BOUILLET (Aquavit), Sophie ROBIN (Vélorution Tours), les experts sont Bruno DEWAILLY, Dominique BOUTIN, François LOUAULT. D'autres personnes y ont participé, notamment dans la délégation du 21 octobre, dont moi-même, Alain BEYRAND, avec un rôle d'animation et de coordination pour la rédaction des documents.
Bien sûr, ce n'est pas là un classement en gentils et en méchants, d'autant plus que, parmi les gens cités, certains ne se sont guère préoccupés du tramway. Parmi les personnes impliquées, certaines ont été, à mon sens, fort correctes. Je préfère ne pas les nommer ici, ça pourrait leur porter tort, sauf une qui me paraît assez indépendante. C'est Arnoul MAFFRE, blogueur (Un tram pour Tours) dont les messages étaient orientés pour le projet, dans un style proche de la NR, mais qui a laissé s'exprimer librement la contestation de notre front de convergence, son blog étant finalement le seul lieu où il y a eu des confrontations d'idées, avec même des acteurs du projet. J'y ai notamment écrit que je ne voyais pas de grosses divergences de fond, en matière de transport, et que, si ces échanges avaient été menés largement en amont, il aurait été possible d'avoir une position commune.
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29. La conclusion provisoire |
Il n'est pas encore sûr que ce projet de tramway se réalise. Il présente tant d'anomalies juridiques qu'un tribunal peut accepter un recours et casser la DUP. Il y a deux mois pour lancer un tel recours, je sais qu'il est sérieusement envisagé. Et s'il est lancé, tout dépendra de la rigueur des juges...
Peut-être penserez-vous en lisant cette page que je noircis les choses, que j'ai des opinions extrêmes et que ma vision est donc très subjective, personnelle et marginale. Je puis vous assurer qu'au sein de notre "front de convergence", il y a vraiment convergence et je reflète ici, certes avec la déformation de ma sensibilité et de mes mots, avec aussi mon indépendance et ma sévérité, l'opinion générale, comme elle est reflétée par les propos qui suivent d'une autre personne de notre front (en l'occurrence la représentante de Vélorution) :
"J'avoue ne pas être surprise par la décision du préfet, par les manoeuvres du maire et par son entourage proche (dont RCP) et de proximité (dont des gens de droite, des médias, de loges, et d'intérêts commun).
La solidarité chez ces gens-là prend le sens de se serrer les coudes pour se partager une ville, ses déplacements, ses espaces publics en toute impunité sous la fallacieuse justification d'une élection périodique.
Nous avons la chance, obtenue de hautes luttes, de vivre dans une démocratie où de tous petits groupes comme le nôtre, réunis pour défendre une cause générale, permettent de veiller, de guetter mais pas de les inquiéter. Ou bien seulement pour qu'ils verrouillent encore mieux les accès à la concertation et par cela même les renforcer dans leur appropriation du pouvoir.
Il nous faut continuer chacun avec ses moyens et en les unissant car c'est possible, il nous faut continuer à piquer le coche, à être le caillou dans leur chaussure, à démanger..."
Je pense qu'il y a dans l'opposition que nous avons développée le ferment d'une autre vision de la cité. D'un côté une chape technocratique, anti-démocratique et arbitraire qui nous enserre dans des lieux aseptisés, sous un langage factice et manipulateur, pour divers intérêts financiers. De l'autre côté une volonté de servir l'intérêt public, par la transparence et la participation citoyenne, dans une ville où se développe une nature vivifiante, pour que l'on y vive bien. Nous nous enfonçons dans la première direction, c'est vraiment dommage, mais notre flamme ne s'éteindra pas et se mêlera à d'autres pour de meilleures conclusions...
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