L'opportunité imposée d'une seconde ligne de tramway
Métropole de Tours - Concertation sur la 2ème ligne de tramway |
Alain Beyrand
Est-il vraiment opportun de lancer une nouvelle ligne de tramway ? Je sais bien qu'il est plus facile de poursuivre dans la voie tracée par la municipalité précédente que d'oser remettre en cause des raisonnements vieux de trente ans. Mais, de mon point de vue, il est encore temps de mener une nouvelle réflexion sur le sujet et je suggère aux élus d'être assez sages pour corriger le tir. La France paraît être aujourd'hui un peu plus attirée par le changement. Pourquoi n'en serait-il pas de même à Tours ? Est-il indispensable de se cramponner à des concepts dépassés qui commencent à être abandonnés dans les villes dynamiques. Il me paraît important en effet important de rappeler le fait que le tramway est une invention du 19ème siècle qui, au vu des évolutions actuelles incroyablement rapides des techniques de transport, ne peut qu'apparaître archaïque au 21ème siècle. Il n'est pas de semaine sans que des progrès surprenants soient annoncés. En se remémorant tous les changements technologiques dont nous avons bénéficié ces dix dernières années, nulle personne raisonnable ne peut prétendre connaître ou même entrevoir les évolutions des dix prochaines années. Nul ne peut imaginer ce qui aura été inventé dans la technique du transport dans dix ans, quand le tramway proposé à Tours serait éventuellement mis en service... ! Il faut donc se préparer à être souple pour nous adapter aux évolutions technologiques inévitables. Or notre choix d'un tramway fige aujourd'hui le schéma de transport de la ville pour des décennies alors que, autour de nous, tout évolue à une rapidité incroyable. Personne ne songe à relancer en France le minitel à l'époque des outils informatiques hautement performants et de Google. Car, même si elle peut encore plaire aux esprits nostalgiques, la solution tramway est d'évidence obsolète ; elle nécessite un montant énorme d'investissement ; elle impose une durée d'amortissement de plusieurs dizaines d'années ; elle se traduit par une rigidité d'usage qui ne serait tolérée sur aucun autre moyen de déplacement moderne et innovant ; elle est totalement inesthétique avec des caténaires d'un autre âge ; elle introduit des spécificités et obligations d'entretien et de dépannages qui conduisent à multiplier inutilement les métiers. Par comparaison, l'option bus est peu coûteuse, rapide à mettre en œuvre et non traumatisante pour la ville en raison de l'absence de besoin d'infrastructure lourde. Elle est facile et classique au niveau de l'entretien, très souple à l'usage puisque les trajets peuvent être temporairement modifiés sans difficulté et, surtout, c'est une solution évolutive qui permettra aux responsables d'adapter dans l'avenir proche ou plus lointain leurs plans de transport aux nouvelles possibilités technologiques. Le bus est par ailleurs plus rapide que le tramway si on le fait circuler lui aussi en site propre, tout aussi écologique pour la qualité de l'air avec des motorisations électriques aux performances qui progressent de façon exponentielle et même plus satisfaisant en ce qui concerne les nuisances sonores puisque le tramway reste pénalisé par le frottement métal sur métal. En outre, alors que la municipalité parle en permanence du «mur de la dette», est-il vraiment opportun d'y rajouter un investissement qui dépasse largement nos moyens financiers ? Comment oser envisager et accepter que la situation empire encore ? En écoutant les séances du Conseil Municipal, chacun peut voir à quel point notre capacité à préparer l'avenir de la ville est bridée en raison d'un manque de marges de manœuvre en termes financiers. Et si nous avons encore quelques possibilités de nous endetter, n'y aurait-t-il pas d'autres dépenses beaucoup plus utiles et aptes non pas à créer des progrès fantasmés, mais plutôt à insuffler plus de dynamisme, plus d'activité et une plus grande attractivité de la ville ? Décidément, je ne peux que constater que ce projet est très pénalisant pour Tours, et que seule la volonté de ne rien changer, la crainte de provoquer des «vagues» et la peur de quelques conflits transitoires avec des partis en perte de vitesse peuvent conduire les élus à l'entériner. D'ailleurs les autres villes se posent la question. Et la ville d'Amiens vient même de décider d'annuler son projet de tramway et de proposer en échange à ses résidents un service à haute fréquence de bus électriques... Bayonne-Biarritz-Anglet ont pris la même option avec le «tram-bus». Les Amiénois et les Basques ont bien de la chance. Fasse que cela serve d'exemple pour la Métropole de Tours.... Concernant le choix du parcours Dans l'hypothèse où le projet est confirmé, le schéma d'un circuit passant par le Boulevard Béranger paraît étonnant. Et il faut souligner que ces deux derniers «effets induits» asséneraient alors le coup de grâce au centre ville et, ceci, à une époque où toutes les villes moyennes cherchent à redynamiser le leur ! Souvenez-vous des dégâts occasionnés par la petite incertitude sur les tarifs de stationnement. Le choix du Boulevard Béranger par la métropole conduirait ainsi à déshabituer encore un peu plus les habitants de la banlieue de venir jusqu'au centre de la ville. On entend partout des personnes qui constatent que, désormais, elles ont pris leurs habitudes d'achat dans les magasins de la périphérie. La télévision nous informe régulièrement que des villes songent à réduire les coûts de stationnement, voire même à les supprimer, pour ramener le public vers leurs centres. S'ils acceptaient ce projet de parcours, les élus de Tours prendraient la position exactement inverse et afficheraient leur désamour pour notre centre ville. Je pense donc avec force qu'il serait inacceptable que la Métropole réussisse à imposer à un corps d'élus de Tours déterminés et volontaristes un choix si contraire à nos intérêts. Il est vrai qu'une léthargie commerciale du centre de Tours favorise alors les commerçants de la périphérie, ceux de Saint Cyr par exemple.... et cela n'est peut-être pas totalement neutre. Pour moi, si le projet de tramway est malheureusement maintenu, il faut à minima faire preuve d'un peu de sagesse et retenir la variante du parcours passant par la rue Jean Royer.
Un habitant de Tours,
|
Complément de commentaires à propos de ce projet inutile, dispendieux et dangereux pour le centre ville Une concertation ne devrait pas se limiter à une séance d'endoctrinement, mais apporter des éléments concrets, des considérations précises et non discutables. La réunion du 23 Mai n'en a pas été un exemple probant. Des précisions auraient du être apportées par les orateurs, mais ce ne fut pas le cas. Et la procédure de concertation, qui empêchait de reprendre la parole après une réponse incomplète ou fort éloignée de la problématique soulevée, ne permettait pas de relancer les intervenants, lesquels se sont d'ailleurs montrés très compétents dans l'art de l'esquive. En bref, les responsables se sont évertués à repousser toute velléité de remise en cause de leurs décisions. Et tous les participants ont désormais bien compris, que, contrairement aux déclarations de principe exposées en préambule, la décision était déjà irrévocablement prise : la ville de Tours doit accepter un tramway et ce tramway passera par le Boulevard Béranger. Pour créer les conditions d'une vraie et honnête concertation, il aurait fallu que la présentation qui a été faite ne se soit pas limitée à rabâcher les quelques avantages du tramway sans évoquer aucun des arguments contradictoires qui mériteraient pourtant d'être pris en considération. Pour échapper à ce manichéisme, il faudrait que les conclusions de l'enquête en cours obligent enfin les responsables à mieux étayer leurs affirmations parfois étonnantes. Il est probable, heureusement, que certaines des études ont déjà été conduites avec le sérieux souhaitable ; mais, qu'elles soient déjà effectuées ou encore à réaliser, les résultats devraient impérativement en être communiqués aux habitants avant toute décision irrémédiable. On nous a dit qu'il n'y avait pas de problème de financement car on fera appel à des subventions... Le mur de la dette annoncé par la municipalité de Tours aurait donc disparu à l'occasion de son changement de portage vers la Métropole ! C'est miraculeux, sauf à sacrifier d'autres projets, pourtant sans doute mieux placés en termes de valeur ajoutée sociale. Mais, que l'argent vienne de l'Europe, du Gouvernement, de la Région ou de la ville,.... c'est toujours le contribuable qui paie... C'est donc bien nous qui auront des problèmes de financement ! Que dit la Cour des Comptes ? Mais, plus grave, cette vision administrative minimise le vrai coût de l'opération et ses répercussions sur les habitants : à l'estimation initiale de l'investissement, il faut ajouter, pendant les travaux, les pertes d'exploitation des commerces, les milliers d'heures perdues par des travailleurs et cadres productifs devant se déplacer dans les embouteillages, ceci se chiffrant en millions d'Euros qui restent à leur charge.... sans oublier le coût des très nombreux fonctionnaires qui vont être investis dans cette opération à tous les étages du mille feuilles administratif (frais de déplacement, frais de réceptions, reports de certaines autres opérations qui auraient pu avoir un impact beaucoup plus positif pour la Métropole.....). On nous a affirmé que le tramway était la meilleure solution économique pour la ville... Il faudrait à minima présenter au public l'analyse technico-économique comparant la solution tramway et les options alternatives comme les bus électriques modernes à grande capacité, et justifiant que cette solution irréversible restera très longtemps la meilleure. A l'évocation du contexte totalement évolutif, le Président de la Métropole a dit que « si des progrès étaient avérés sur la technologie du tramway (solution sans rails et caténaires en particuliers), Tours pourrait en profiter... ». Mais il faudrait faire vite, car le projet technique définitif sera clos dans peu de temps ; aussi, si le saut technologique actuellement en cours d'expérimentation n'est pas validé à très court terme, tant pis, nous aurons une mauvaise solution pendant cinquante ans ! Et pas question pour M. le Président d'envisager les nouveaux bus qui ne seraient, d'après lui, pas compétitifs ! Pourtant la comparaison des coûts d'investissement et d'exploitation ne parait pas aller intuitivement dans ce sens, mais des études approfondies et sans parti pris ont peut-être été menées. Qu'elles soient publiées ! De mon point de vue, l'important serait de s'interdire toute solution figée et non évolutive, car l'avenir est à la souplesse et on ne doit pas ignorer les derniers progrès déjà enregistrés en matière de transports modernes et les projections de développement à court terme (comme la conduite autonome, l'annonce de Tesla proposant son camion lourd ayant une autonomie de 800km...). Comment oser affirmer et comment prouver que, dans seulement dix ans, le tramway aura encore un sens? Des municipalités lucides, entrevoyant déjà les évolutions innovantes dans le transport et constatant la rapidité du progrès, abandonnent les techniques anciennes du déplacement citadin sur rail, une solution décidément beaucoup trop rigide. Les orateurs ont reconnu que, lorsque des hôpitaux Clocheville et Bretonneau auront disparu, l'avenir des besoins en déplacements ne peut pas être anticipé C'est vraiment le problème, car un engagement aussi conséquent doit s'appuyer sur des probabilités fortes. D'ores et déjà, il n'y a pas foule aux arrêts des nombreuses lignes empruntant le Boulevard Béranger. Quelles études ont-elles permis de justifier que la solution tramway permettra encore de s'adapter dans l'avenir aux évolutions de ces besoins quels que soient ceux-ci ? Alors que les volumes de clientèle risquent d'évoluer fortement en fonction du type de réutilisation des espaces ainsi libérés, comment prouver que les espoirs de rentabilité avancés ne seront pas déçus en refusant d'opter pour un schéma de transport souple et en s'obstinant sur une solution de transport totalement rigide et non adaptable ? M. le Maire nous a demandé de lui faire confiance, car l'expérience acquise avec la première ligne sera prise en compte et qu'il fera attention à ne pas renouveler, pour le Boulevard Béranger, les erreurs urbanistiques que l'on déplore sur la première ligne. Or, cette ambition louable exprimée par M. le Maire est quasi impossible à respecter ; en particulier comment faire que le boulevard Béranger reste un axe de promenade apprécié par tous les visiteurs et les touristes quand le mail sera enserré par des voies ferrées et que le touriste ne pourra plus y accéder par manque de parking? que restera-t-il de la place du Palais quand elle sera transformée en poste d'aiguillage de jonction entre les deux lignes ? Comment respecter le défi de conserver la quantité d'arbres sauf à en planter, pour en garder comptablement le nombre, à d'autres endroits de la ville ? Comment éviter que le magnifique décor de verdure propre à cet axe ne soit pas sacrifié ? Quelle autre ville disposant d'un tel écrin serait prête à en perdre avec autant de légèreté une partie de l'attrait ? M. le Maire, très engagé pour le parcours par le Boulevard Béranger, a promis d'apporter plus de soin que précédemment à la conduite de l'opération afin de minimiser pour les commerçants du centre ville les inconvénients des travaux et aider au retour des clients après remise en état. Les orateurs ont prétendu que l'impact de la première ligne avait été faible, alors que la plupart des commerçants qui s'expriment ont un sentiment contraire. La compensation financière pendant les travaux ne garantit pas que la clientèle reviendra après les travaux ; le contraire aurait même été constaté à Tours comme dans certaines villes ayant fait l'objet des mêmes bouleversements. La clientèle est volatile et prend rapidement de nouvelles habitudes lorsque des solutions de facilité se présentent. De plus, en parcourant la ville, l'impression est que les magasins de standing sont maintenant moins nombreux qu'avant la première ligne ou se sont éloignés de la rue Nationale ; et les passants paraissent désormais plus promeneurs qu'acheteurs. Mais tout cela mérite d'être confirmé. Il semblerait donc indispensable qu'une enquête sincère (on l'espère déjà disponible dans les services de la ville) sur l'évolution des commerces pendant et après les travaux de la première ligne soit maintenant complétée par le recueil des expériences d'autres villes et surtout par une analyse prospective indépendante de ce qui arrivera à nos commerces de centre ville après la disparition des parkings du Boulevard Béranger (une conséquence d'abord dissimulée et enfin avouée, parait-il, par les responsables du projet qui reconnaîtraient ainsi que les places de stationnement de remplacement ne peuvent être imaginées que dans les parkings de dissuasion) et mise en service de la seconde ligne : En attendant que soient rendues publiques ces études sérieuses qui pourraient peut-être nous détromper, je reste convaincu que cette opération détruira encore un peu plus l'attractivité du centre ville. Le choix du parcours par le Boulevard Béranger serait vraiment une marque de désamour de la part de nos élus.
Un habitant de Tours,
|