Le génie des aménageurs tourangeaux
pour abattre les arbres de la cité
Partie 2 Ont-ils enfin trouvé l'arme fatale ?
Sommaire
1) Partie 1 : rappel du contexte tourangeau (sur une page introductive)
Avant d'analyser dans sa spécificité le cas particulier des abattages du jardin François 1er, il convient de présenter le contexte tourangeau aux lecteurs ne le connaissant pas. Les autres pourront sauter cette première partie ou n'en retenir que la partie traitant du rôle du Tribunal Administratif d'Orléans, que j'ai déjà souligné, mais qui, avec le recul, apparaît primordial.
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2) Partie 2 : le cas du jardin François 1er
Nous sommes au début du mois d'octobre 2014 avec un grand chantier en perspective l'aménagement du "Haut de la rue Nationale", massivement critiqué par les tourangeaux. Le jardin François 1er est menacé car comme d'habitude, tous les arbres doivent être abattus. Comment en est-on arrivé là ?
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Compléments (en d'autres pages) sur le projet du Haut de la rue Nationale:
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2) Partie 2 : le cas du jardin François 1er
Nous sommes au début du mois d'octobre 2014 avec un grand chantier en perspective l'aménagement du "Haut de la rue Nationale", massivement critiqué par les tourangeaux. Le jardin François 1er est menacé car comme d'habitude, tous les arbres doivent être abattus. Pour une fois, une réunion d'explication a permis de comprendre les véritables raisons.
Un érable de la zone B, blessé par les pare-chocs
2A) 2013, ils font sauter la protection des arbres
Remontons à 1940, l'arrivée des troupes allemandes provoque un immense incendie qui détruit une grande partie du vieux Tours, dont le haut de la rue Nationale, où seule l'église Saint Julien est miraculeusement sauvée. Après-guerre, c'est la reconstruction pour cette entrée de la ville par la Loire. Si du côté de la place Anatole France les espaces verts sont conséquents, le cœur des deux îlots de maisons est envahi par de grandes aires de stationnement pour une star qui se démocratise, la bagnole. Elle est bichonée au point d'être protégée de la surchauffe en plein été par des alignements d'érables planes. Ils permettent de nommer jardins ces parkings : jardin Prosper Mérimée à l'Est, derrière St Julien et jardin François 1er à l'ouest.
En 2010, tout cela a bien sûr fort mal vieilli et aux yeux des édiles un réaménagement d’"embellissement" s'impose, acté par trois enquêtes publiques se terminant en 2014. Seul le jardin Prosper Mérimée est provisoirement épargné. Trois objectifs sont définis. Les deux premiers consistent à dégager l'église St Julien avec un parvis, et transformer l'école des Beaux-Arts en Centre de Création Contemporaine (CCC). Ils font consensus. Le troisième, ériger deux tours-hôtels, provoque une vive et massive opposition, j'y reviens dans un autre article.
Et il y a un quatrième objectif, qui n'est pas énoncé : abattre les 70 érables planes du jardin François 1er. Or il y a un gros obstacle, comme pour tous les espaces arborés du vieux Tours, ils sont considérés comme Espaces Boisés Classé (EBC) dans le Plan de Sauvegarde et de Mise en valeur du Secteur Sauvegardé (PSMV). Donc impossibles à abattre.
Il faut donc supprimer ce label EBC pour avoir les mains libres de faire carburer les tronçonneuses. C'est un des points clés de la révision 2013 du PSMV. L'argument est simple : comment voulez-vous aménager et construire si on ne peut pas abattre les arbres qui gênent ? Comment faisait-on donc avant ? Ce PSMV a magnifiquement fonctionné à Tours durant une cinquantaine d'années sans que la protection EBC ne l'empêche. Considérer que le patrimoine végétal n'est plus protégé signifie que le secteur n'est plus vraiment sauvegardé.
Ces gens là ont tous les culots, on le voit dans le "Bilan de la procédure de débat public", quand des habitants se plaignent de la disparition des EBC, ils répondent : "La suppression de la légende EBC est compensée par 3 niveaux de protection des espaces végétalisés publics ou privés". C'est scandaleux, on dupe les habitants, on les roule dans la farine avec de tels propos et de telles protections bidon dont on voit aujourd'hui l'efficacité.
2B) 2014, l'appui du Tribunal d'Orléans
Les 70 érables planes ne peuvent qui être abattus que parce qu'ils n'ont plus la protection EBC. Or l'association pour la qualité de la vie dans l'agglomération tourangelle, AQUAVIT, a déposé auprès du TA d'Orléans un recours contre le PSMV, pour de multiples raisons, notamment parce que les conseillers municipaux ont voté le projet les yeux bandés, sans même avoir pris connaissance des conclusions (pourtant très favorables) du commissaires enquêteur.
Dans ma déposition à l'enquête publique de juin 2014, la dernière validant le projet du Haut de la rue Nationale, j'écrivais : "Tant que le recours auprès du TA d'Orléans lancé par l'association AQUAVIT contre le nouveau PSMV n'est pas traité, ne convient-il pas de considérer que ces êtres végétaux sont encore protégés ?". L'AQUAVIT le soulignait aussi et le disait au commissaire-enquêteur lors d'un entretien en milieu d'enquête. Une semaine plus tard le recours est rejeté. Il ne fait aucun doute que le zélé commissaire-enquêteur en a référé à ses supérieurs du TA. Ceux-ci ont décidé de supprimer au plus vite cette épine qui risquait de bloquer le projet (pas seulement à cause des arbres, d'ailleurs). Et revoilà le tout puissant juge Mésognon, celui qui n'aime pas les arbres (voir le chapitre 1B). Il a sorti de sa panoplie le joker qui lui permet tout. Hop, le recours est rejeté en quatrième vitesse sans le moindre débat contradictoire. Quel beau métier que le sien où l'on dispose de telles armes pour repousser les méchants contestataires…
Par ailleurs, le commissaire-enquêteur de la dernière enquête s'est révélé être un béni-oui-oui acceptant tout du projet et ne prenant pas en compte les critiques pourtant nombreuses et fermes des habitants et associations. Or il est nommé par le TA d'Orléans. Quand il écrit en page 25 de son rapport : "Il n’est pas question de revenir sur les précédentes enquêtes publiques", il y a lieu de croire que cela ne vient pas de sa propre initiative mais qu'il s'agit d'une consigne du TA. A quoi sert une enquête quand le résultat est connu d'avance ? Les dés sont pipés.
2C) 26 septembre 2014, l'opération transparence
Tout ce projet du Haut de la Rue Nationale a été ficelé par l'ancienne municipalité de Jean Germain, battue le 30 mars 2014. La dernière enquête publique devait avoir lieu juste après, en avril. La nouvelle équipe n'a fait que la reporter de deux mois, sans modifier son contenu, lequel était conforme à la première enquête de 2011/2012 et à celle du PSMV de 2013. Les commissaires-enquêteurs de ces trois enquêtes ont tous été étrangement indifférents aux remarques de la population, notamment en ce qui concerne la conservation des arbres en place. Ils se sont contentés de reprendre les propos des experts disant qu'ils étaient malades, propos qui ne convainquaient pas grand monde.
A l'approche des abattages, le mécontentement montait. L'AQUAVIT et la Vélorution organisaient une manifestation début septembre. Pour marquer leur attachement aux arbres, des cœurs blancs ont été dessinés sur leur tronc. On se remémorait les mobilisations passées quand il fallait sauver les platanes menacés sur l'avenue de Grammont ou les arbres du mail du Sanitas. A défaut de faire preuve de courage politique et de donner un grand coup de balais dans les mauvaises habitudes passées, il apparaît que la nouvelle municipalité a voulu faire une opération de transparence, probablement pour convaincre du bien fondé des prochains abattages. Une rencontre fut organisée dans le jardin François 1er entre les aménageurs, Tours, Tours Plus, SET, et les trois associations environnementales agréées de la ville, SEPANT, AQUAVIT et ASPIE, le collectif Vélorution aussi. J'avais la double casquette AQUAVIT - Vélorution.
Extrait du dossier d'enquête. Les indications A, B, C, D, en bleu, sont ajoutées
On a donc parlé des 70 arbres en place, que l'on peut classer en 4 zones, A le double alignement Est (côté rue Nationale), le mail côté nord avec l'alignement B au nord et C au sud, puis en D à l'ouest ce qu'on peut appeler un bosquet.
Tout le monde a d'abord admis qu'on ne pouvait pas garder le double alignement A puisqu'il est en plein dans la percée qui doit être faite devant l'église St Julien et elle fait consensus. Par contre, pour B, C et D le futur aménagement permet a priori de les conserver, et d'autant plus facilement que les places de stationnement vont disparaître.
Pour l'alignement B, on nous a doctement expliqué que ces arbres sont malades à force d'avoir été percutés par des pare-chocs. Et puis ils ont un gros défaut, énorme défaut même qui leur est fatal : ils sont ordinaires. Pas d'insectes protégés, pas d'oiseau rare. Peut-être des chauve-souris, mais qu'est-ce que ça aurait changé ? Ces érables planes que les experts ont confondu avec des platanes n'ont aucune raison d'être conservés tant ils sont ordinaires et malades. Pour l'alignement B longeant le bâtiment B, les sujets sont pareillement ordinaires mais moins malades.
A mon sens, déjà, les deux alignements B et C ne doivent pas être dissociés car ils forment un mail dont les Tourangeaux n'ont jamais profité puisqu'ils n'abritaient que des automobiles. Alors qu'on enlève enfin ces autos et que ce lieu de fraîcheur pourrait devenir précieux en été quand les pavés de la rue Nationale voisine sont surchauffés, ça serait le moment de le mettre en valeur et de le régénérer avec des apports de bonne terre, en remplaçant le corset de bitume par des plantations basses. Quel chances pour ces arbres et pour les habitants ! Hé bien non, on préfère tout abattre… Pourtant quand on compare ce que serait ce mail par rapport aux deux autres voisins de la place Anatole France, piètre survivances des mails d'autrefois, sans même un banc pour s'asseoir, on ne devrait pas hésiter…
2D) Les pompiers à la rescousse des aménageurs
Il est devenu secondaire de sauver l'alignement B quand on a appris qu'on devait aussi abattre C. A cause des pompiers. Oui, c'est terrible, même les pompiers s'y mettent. Figurez-vous qu'une fois que tous les plans ont été finis, un pompier est passé par là et a dit que ça ne permettait pas de faire passer la grande échelle en cas d'incendie du CCC. Il faut un passage de huit mètres pour faire passer la grande échelle et les troncs sont justement à huit mètres. La nouvelle norme était inconnue quand on a planté les arbres…
Comme explication, ça ne fait quand même pas sérieux, un architecte devrait connaître cette contrainte et puisque le bâtiment en question est reconstruit, il était facile de positionner son mur deux mètres en retrait. Si les arbres étaient restés en EBC, il aurait bien fallu le faire ! Le problème est toujours le même, il est chronique : les aménageurs procèdent en ignorant la présence d'un patrimoine arboré. L'arbre est d'emblée nié. Ce n'est qu'après qu'on se dit qu'on pourrait en garder.
Autant dire que pour revenir là dessus, maintenant que le projet est presque entériné, c'est impossible. A ce stade de la réunion, j'ai alors posé le problème ainsi : les arbres A doivent être abattus à cause de l'ouverture, ceux B sont à l'agonie et ceux C dérangent les pompiers. Il reste encore les D, le bosquet, que va-t-il se passer pour eux ?
Je l'ai demandé poliment, en essayant de ne pas laisser pointer une pointe d'ironie. En réalité j'avais envie de dire "Qu'avez vous donc inventé pour ceux qui peuvent encore être sauvés ? Quelle nouvelle fable allez-vous encore sortir de votre escarcelle à prétextes ?". Je ne pensais pas à ce point avoir vu juste.
Ce que l'on nous a alors présenté nous a pétrifié. On a beau être blasé, on venait de subir le coup des pompiers, on ne se doutait pas que ce n'était qu'un hors d'œuvre. Ces gens là ont une inventivité folle, le génie du prétexte. Là, ils ont trouvé l'arme fatale… Elle nous a même rendu muet. Quand on arrive à un tel point, à quoi sert de discuter ?
2E) L'arme fatale, le champ de mine à abattre les arbres
On nous a expliqué que pour le nouveau grand bâtiment du CCC, il était nécessaire de faire des économies d'énergie. Il faut vivre avec son temps, chacun le comprend. Et en matière d'économie, la géothermie est un des procédés les plus efficaces. Mais là où on est, de la façon dont sont situées les nappes d'eau, on ne peut pas utiliser la géothermie classique, mais une nouvelle forme appelée "géothermie sèche". A Tours, ville d'avenir et de pointe, on est à l'avant-garde pour employer ces nouveaux procédés. La chaleur des roches chaudes du sous-sol est récupérée en injectant de l’eau froide sous pression à travers des sondes verticales. L’eau s’infiltre entre les fissures de la roche et se réchauffe. C'est beau, le progrès. Et on ne peut que le comprendre puisqu'on est de sensibilité écologiste. Qui voudrait s'opposer à une géoscience pour une terre durable ?
Hum, venons-en aux faits, en quoi cela concerne-t-il les arbres ? Il a été calculé qu'il faut planter à côté de du CCC, donc dans le jardin François 1er, 22 sondes espacées d'au moins 10 mètres l'une de l'autre, chacune d'entre elles étant éloignée d'au moins 5 mètres de l'arbre le plus proche.
[http://sigesmpy.brgm.fr/IMG/pdf/6_gth_forum_10_07_14_pr_siges.pdf]
Et c'est ainsi que notre jardin François 1er va devenir un champ de mines hérissé de sondes de plusieurs dizaines de mètres de profondeur, ne laissant en place que… quoi ?
Sur le coup, on s'est dit qu'on pourrait peut-être sauver 2 ou 3 sujets. J'ai même demandé qu'on garde les plus abîmés par les pare-chocs de voitures, les plus boursouflés, pas trop malades quand même, pouvant servir de vestige remémorant la présence d'un parking du XXème siècle… Et, c'est bizarre, mon vœu a presque aussitôt été exaucé, comme si l'on était soulagé de me faire un petit peu plaisir…
Avec du recul, je ne vois même pas comment ça sera possible. Imaginez ce que sera le chantier, avec de gros engins manœuvrant dans tous les sens et creusant à qui mieux-mieux un gruyère recouvrant tout le terrain non bâti, avec aussi des conduites horizontaux souterrains à mettre en place : tous les érables seront éliminés. Les aménageurs tourangeaux ont réussi à trouver l'arme fatale qui élimine tous les arbres aux alentours d'un nouvel aménagement.
2F) La fracturation hydraulique en plein cœur de la ville ? Non, mais...
Cette réunion du 26 septembre envoie d'une part un signal positif avec une transparence qui jusqu'à présent nous était refusée et d'autre part un signal négatif avec un asservissement aveugle à une expertise qui m'apparaît contestable. Que sait-on en effet de cette nouvelle technologie de géothermie sèche ? Les recherches que j'ai effectuées sur la Toile ne m'ont pas permis de trouver un autre exemple en centre ville, encore moins en secteur sauvegardé. Se rend-on compte ce que représente le creusement de 22 sondes de plus de 50 mètres atteignant la couche de craie ? Les riverains supporteront-ils le bruit de creusement ? Celui des pompes à chaleur ? Les bâtiments d'alentour seront-ils ébranlés ? Cette technique de géothermie "sèche" n'est-elle pas pour la géothermie classique ce qu'est le forage de gaz de schiste pour le forage classique de pétrole ?
Une recherche sur Internet confirme ces craintes.
Sur cette page de 2006 : "La géothermie sèche consiste à injecter un fluide froid dans un réseau fracturé de roches chaudes. On peut accélérer la fracturation en injectant le liquide sous pression. Ce type de géothermie est encore expérimental et est principalement limité aux zones à fort gradient géothermique".
Sur cette page de 2012, à propos de centrales à géothermie sèche : "on creuse à grande profondeur (3000 à 5000 mètres) jusqu’à atteindre des roches à haute température (dans ce dernier cas on injecte de l’eau). La vapeur récupérée sert à produire de l’électricité. En France cette technique n’est utilisée qu’en Guadeloupe. Une centrale de 16 Mw assure 10% de la production de l’île. Cette technique est utilisée dans 15 pays (Etats Unis, Philippines, Indonésie...). En Islande, 20% de l’électricité est produite de cette façon, 1,5% en Italie".
Sur une page depuis peu disparue du site aventurier.eu, Maud Fontenoy, pourtant modérément engagée, s'étant même récemment montrée favorable aux gaz de schiste, déclarait le 15 octobre 2013 : "La géothermie est une utopie que je connais très bien pour y avoir travaillé et utilisé les même méthodes de forage que le gaz de schiste avec les même produits, la géothermie sèche dans les roches dures nécessite une fracturation à très forte pression pour pouvoir faire circuler l'eau que l'on injecte dans les puits ; ceci avec un résultat très faible !".
Sur cette page de 2014: "Une nouvelle forme de géothermie dite « géothermie sèche » est en cours d’expérimentation à Soultz-sous-Forêts (Alsace). La chaleur des roches chaudes du sous-sol est récupérée en injectant de l’eau froide sous pression à travers un puits. L’eau s’infiltre entre les fissures de la roche et se réchauffe".
Wikipédia indique que : "Géothermie des roches chaudes sèches (Hot Dry Rock ou HDR pour les anglophones), basée sur la fracturation et la création d'un « échangeur thermique profond » qu'il faut périodiquement décolmater".
Si leur intention première n’était pas d’abattre les arbres, je crains que les élus aient approuvé béatement cette usine à gaz high-tech au nom d'un progrès triomphant pour son allure "énergie durable", sans s'interroger sur le revers de la médaille. Les a-t-on seulement informés ? L'abattage de tous les arbres d'alentour n'est que le premier de ces effets négatifs que nous percevons, quels sont les autres ? Un centre ville historique peut-il faire l’objet d’une expérimentation en géo-ingénierie sans que ses habitants soient prévenus ? Nos si clairvoyants élus et décideurs se sont-ils au moins posés cette question ? J'en doute quand je me remémore la réunion du 26 septembre. Et c'est inquiétant, très inquiétant et pas seulement pour les arbres…
Post-scriptum important du 16 octobre 2014. Il s'avère que, contrairement à ce qu'on nous a annoncé (et que le maire lui-même à repris...), ce n'est pas la "géothermie sèche" (expérimentale, à base de fracturation hydraulique) qui doit être employée, mais la "géothermie à sonde sèche", procédé devenu commun, en circuit fermé. Cela dissipe la grosse inquiétude que j'avais exprimée. Toutefois il n'est pas neutre de percer 22 puits de 80 mètres de profondeur. Et l'interdiction de la présence d'un arbre à moins de 5 mètres apparaît surprenante, sans similitude ailleurs. De plus, quels sont les risques lors du forage, comment cela évolue-t-il ? Une étude d'impact aurait certainement été nécessaire. Et la population aurait dû être informée, c'est sûr. Au contraire, le dossier d'enquête allait jusqu'à affirmer que la géothermie n'était pas adaptée au site...
J'avais auparavant écrit : "En effectuant une recherche sur la Toile avec "géothermie sèche", il n'y a trace en France que d'un seul système de géothermie sèche opérationnel, pour une école de Millau dans l'Aveyron, inaugurée en septembre 2011 (14 forages à 80 mètres de profondeur)". Ce n'était finalement que le seul exemple où la géothermie à sonde sèche était nommée "géothermie sèche", ce qui montre que cette confusion est exceptionnelle et donc très inattendue ...
La zone D du jardin François 1er
Pour le maire les 70 arbres sont "dans un état phytosanitaire déplorable"
(conseil municipal du 13 septembre 2014)
2G) Un refus de la participation démocratique
Au delà de ce qui vient d'être dit, cette réunion de transparence est riche d'enseignements car elle nous éclaire sur l'importance du non-dit. Il y a eu trois enquêtes publiques, jamais il n'a été écrit que tous les arbres allaient être abattus, tout juste le devenait-on à travers la compréhension de quelques schémas. Surtout aucune explication n'a été donnée. Nous sommes tombés des nues avec ces explications sur les pompiers et la géothermie sèche. Quels élus le savent d'ailleurs ? Le maire lui-même le sait-il ? Je n'en suis pas sûr…
Or dans son principe, si elle n’est pas une simple formalité de démocratie administrative, une enquête publique a pour rôle d'expliquer aux citoyens les choix opérés et les raisons qui ont amené à ces choix. Visiblement, il y eu là un détournement de nature de l'enquête pour qu'elle se transforme en formalité sans qu'on prenne attention à l'expression citoyenne, d'autant plus qu'elle n'était pas informée sur les véritables raisons des choix, et pas seulement sur celui-là. Il y a notamment lieu de s'interroger sur la nécessité de construire des tours-hôtels alors qu'on a déjà tant de mal à remplir les hôtels de la ville.
Il y a donc un vice de forme dans le déroulement de l'enquête publique, ce qui fournit matière à un recours auprès du TA d'Orléans. Sauf qu'avec le président Mésognon, le jugement est connu d'avance.
On se rend donc compte que c'est l'alliance entre les experts-aménageurs et le système juridique qui impose ce projet aux citoyens. Je laisse au lecteur le soin d'imaginer ce qui peut relier ainsi dans des intérêts communs ces deux pouvoirs. Je peux juste l'aider en évoquant la pression du BTP, mais c'est tellement opaque que je n'en sais pas plus.
Du côté politique, il nous reste à espérer un changement qui enfin marque des différences, des ruptures. On s'en rendra compte sur le prochain projet, celui du quartier de casernes. 120 platanes et tilleuls sont en passe d'être abattus en une zone inondable qui ne devrait pas être densifiée aussi fortement. Les associations souhaitent une remise à plat avec remplacement de l'actuel projet sur la base de celui nommé A, rejeté sans la moindre consultation démocratique. Seront-elles entendues ?
Le 8 octobre, l'AQUAVIT, l'ASPIE et Vélorution Tours ont publié un Appel solennel aux conseillers municipaux pour qu'ils rejettent le projet lors du conseil municipal du 13 octobre. Dans un communiqué, l'AQUAVIT demande aussi qu'une enquête interne soit diligentée afin de déterminer les responsabilités de ce dysfonctionnement et de faire en sorte qu'il ne se reproduise pas.
Cela montre finalement que ne pas respecter les arbres de la cité signifie aussi ne pas respecter les citoyens.
Alain Beyrand, le 8 octobre 2014
Passage à la partie 1 : Rappel du contexte tourangeau
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