Linus Torvalds, de la Finlande à la Silicon Valley
Voici des extraits d'un article d'Edouard Launet, paru dans Libération le 13 mars. L'article entier se trouve sur le site Multimédia de Libération. (Vous trouvez
sur le site personnel de Yann Forget, un autre article en français présentant Linus Torvalds
et la façon dont il a lancé Linux) (Et, sur le site de KDE, un entretien avec Linus Torvalds,
en anglais) (et, sur le site O'Reilly, la traduction française d'un dialogue entre Linus et le créateur de Minix, Linux est dépassé, en janvier 1992)
Linus Torvalds, l'anti Bill Gates
La semaine dernière, Ben Spade a eu l'émotion de sa vie. Animateur d'un groupe de passionnés de la programmation résidant dans la Silicon Valley, cet Américain
présidait, le 4 mars, dans la banlieue de San Jose (Californie), la réunion mensuelle de ses troupes. Il n'attendait, comme à l'habitude, qu'une petite
cinquantaine de participants. Mais ce mercredi-là, il en a vu débarquer près d'un demi-millier. Tout cela parce qu'un obscur Finlandais du nom de Linus Torvalds
était l'orateur de la soirée.
Pétrifié de trac, Ben Spade a bredouillé quelques mots de présentation avant d'appeler son invité à le rejoindre. De l'assistance - curieux mélange
d'étudiants, de cadres et de vieux hippies - s'est alors élevée une formidable ovation. Très serein, le jeune Linus (28 ans) s'est emparé du micro pour
improviser, dans un anglais quasi parfait, un speech de près d'une heure. L'ambiance? Proche de la ferveur. Résumons le sentiment général: il y a eu Jean-Paul
Sartre à Saint-Germain-des-Prés. Il y a désormais Linus Torvalds dans la Silicon Valley, et la face du monde pourrait s'en trouver changée.
Un obscur Finlandais qui pourrait changer la face du monde
Torvalds est l'anti-Bill Gates. Si l'affreux grippe-sou de Microsoft fait figure de diable dans la communauté Internet, le jeune Finlandais a gagné
depuis peu une réputation d'archange. A l'âge de 21 ans, alors qu'il était étudiant à l'université d'Helsinki, Linus a commencé à écrire un logiciel baptisé
Linux. Aujourd'hui, sept ans plus tard, ce programme fait tourner les ordinateurs - entre trois et huit millions selon les recensements - des informaticiens les
plus exigeants de la planète.
(...)
Torvalds lui-même n'a écrit que 50 000 lignes de code sur un total d'environ 1 million. La règle est simple: n'importe qui d'un peu calé peut améliorer ou compléter Linux, pour autant qu'il remette au pot commun le fruit de son travail. Tout au long du processus, un groupe informel d'experts se charge de coopter les ajouts jugés dignes d'être intégrés dans l'ensemble. Délicate entreprise qui consiste à bâtir une cathédrale sans architecte, tout en évitant les scissions parmi les ouvriers (c'est-à-dire l'apparition de versions divergentes du logiciel). Mais le projet Linux a démontré que la chose était possible. Mieux: cette alliance de la programmation «ouverte» et de l'Internet a fait naître un modèle de développement logiciel, à mille lieues de celui de Microsoft, et qui se révèle plus performant. De l'avis des experts, en effet, Windows est un assez mauvais programme («bourré de tonnes de bugs», relève Linus), tandis que Linux est unanimement jugé élégant et bien conçu.
Critique du livre autobiographique de Linus Torvalds, en 2001 : sur le site de ToolLinux