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En premier lieu, je tiens à dire que je suis un partisan du tramway. Je suis devenu progressivement un "opposant au projet de tram de la mairie". Ce n'est pas du tout pareil qu'être un "opposant au tram", sachant qu'opposants et partisans du tram sont bien sûr amenés à unir un grand nombre de leurs critiques, surtout qu'il y en a beaucoup !
J'ai déposé trois dossiers à la commission d'enquête sur la première ligne de tramway de l'agglomération tourangelle. Ils ont été préparés dans les pages voisines de ce blog. Les voici :
Etant donné que c'est développé dans les pages voisines et que c'est long, je ne reprends ici que la conclusion.
Je signale auparavant que dans ces dossiers, je fais un compte très précis des abattages d'arbres. Là où il est dit que 923 seront abattus et 1406 plantés, j'ai découvert que sur la moitié centrale du parcours 510 seront abattus et 370 plantés. Sur les 510, 374 pourraient être sauvés. Ainsi, la maitrise d'ouvrage a sabordé la notion développée en étude préliminaire d'un "quatrième paysage" amenant la nature tout le long du trajet, rejoignant en cela la notion de "trame verte" du PADD. Le tram ouvrait une opportunité de transformer notre ville depuis trop longtemps en regression environnementale. Cette chance a été gâchée.
Conclusion
Plus que la conquête du végétal, le tramway s'avère être la conquête d'un minéral gris qui n'a rien de tourangeau ni de ligérien. Ainsi, même pour le côté minéral, les principes du départ qui se voulaient respectueux de notre terroir ont été bafoués.
Avant de terminer, je ne saurais passer sous silence le défaut majeur de ce tramway, dont je m'aperçois que la population devient consciente, c'est la largeur de la "caisse" de 240 cm (et non 265), qui interdit une véritable intermodalité tram-train. Le projet s'en trouve très rigidifié, avec des dépenses accrues, avec une évolutivité très restreinte, gardant Tours isolé de la Touraine, et avec un confort très spartiate par rapport aux bus actuels, ce qui déplaira fortement aux usagers. A mon sens, ce "péché originel" mérite à lui seul que tout soit remis à plat (même s'il demande à corriger le tracé, les angles de virages devant être moins prononcés) et cela permettrait de bien mieux traiter d'autres points importants, dont celui que j'ai étudié, sur les arbres. Un projet induit de celui-ci, reposant sur des bases meilleures et correctement appliquées, pourrait alors être à nouveau soumis aux citoyens.
Dans mes trois dossiers, j'ai montré combien le maître d'œuvre avait réduit à la médiocrité, et à l'aseptisation des "rénovations" ambiantes, un projet qui, au départ, était ambitieux avec des bases saines, celui d'un quatrième paysage ligérien qui se veut "création d'une continuité verte", qui "permet la valorisation et la modernisation du patrimoine végétal existant", qui se veut une succession de "lieux jardins", qui veut s'appuyer sur le patrimoine arboré, le remettre en scène, qui se veut "conquête ou reconquête végétale".
La mise en oeuvre du tramway fait tout le contraire en centre-ville avec un évident recul du végétal (510 arbres abattus pour 370 plantés sur la moitié centrale du parcours). Au Sanitas, le maître d'œuvre estime que la structure végétale est confortée et créée, alors qu'en réalité 212 arbres doivent y être abattus et 122 plantés. En matière végétale, les dossiers sont constamment sous l'emprise d'une déformation des faits par des silences et imprécisions. Le bilan des arbres qui me semblait juste au début de mon enquête s'avère faussé (au moins 1047 arbres abattus au lieu de 923, 374 arbres plantés sur la moitié centrale du parcours loin de la moitié des 1406 arbres plantés sur l'ensemble).
S'il ne faut retenir qu'une chose de ces trois dossiers, c'est qu'ils demandent que le "quatrième paysage", tel qu'il est défini dans l'étude d'impact (E3 page 47 et suivantes) soit rétabli. Mais la tromperie est d'une telle ampleur, elle repose sur une culture municipale, si ancrée et si omniprésente, de "rénovation" qui n'a que trop la mauvaise habitude de faire reculer le végétal sous un discours trompeur, qu'il sera très difficile de faire émerger ce concept aujourd'hui trop révolutionnaire de conquête végétale en milieu urbain. Pourtant c'est ce que je demande à la commission d'enquête de promouvoir le plus énergiquement possible pour que notre agglomération entre dans un siècle qui permette d'entretenir une véritable trame verte où l'on vivra mieux.
Les ambitions originelles de ce tramway se sont étiolées, les faits le montrent de façon hélas très consistante, ils ne sauraient être cachés par la permanence de l'autosatisfaction municipale. Nombreux (tous ?) sont ceux parmi les partisans originels du tramway qui déplorent cette dérive qui sera très lourde de conséquences. Il reste une dernière chance pour repartir sur de meilleures bases, et probablement à coût un peu moindre, notamment en renonçant à quelques "à-côtés". Je crois que cela permettrait d'agglomérer dans la population un certain consensus qui n'a pas existé jusqu'à présent. Ce tramway, un peu plus modeste, porteur d'une nouvelle vision végétale, en interaction avec les autres déplacements ferroviaires, pourrait alors vraiment devenir celui des tourangeaux, ceux de la ville, ceux de l'agglomération et, à terme plus lointain, ceux de la Touraine. Une chance à ne pas laisser passer...
Alain Beyrand
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