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    Le 22 février 2010 - Conseil de la Vie Locale de Tours Est

    Sanitas Page 1
    Un blockhaus au Sanitas !

    Cette réunion pleinière du CVL-Est a montré, pour la première fois de façon aussi nette, que les habitants ne veulent plus se laisser enfermer dans une structure d'approbation d'une politique municipale imposée. Nous devrions être en un lieu de démocratie participative, nous devrions nous concerter, nous ne sommes que consultés, c'est très différent. Les principaux thèmes de ce blog ont donc été défendus par les habitants-citoyens :
    • la démocratie locale bafouée
    • la passerelle Fournier : pour la première fois depuis 2008, la municipalité en a parlé et a accepté la création d'un groupe de travail, même si ce n'est que pour le mois de juin.
    • le PLU/PADD : là aussi, sous la pression de l'assistance, un groupe "Urbanisme" est créé pour, avant juillet, étudier le PLU dans le cadre de Tours-Est.
    • l'aseptisation de notre environnement, sujet qui devrait être abordé dans le groupe Urbanisation

    En espérant que ces améliorations se concrètiseront...



    Cette réunion a, de plus, été un peu bousculée par un groupe de jeunes habitants du Sanitas, "Comité Populaire des Nouveaux Malgré Nous", qui s'est élevé contre ce qu'il appelle la militarisation de leur quartier, avec notamment la généralisation de la vidéo-surveillance et la mise en place de divers dispositifs jugés répressifs. La création d'un bâtiment-blockhaus a été présentée comme un point d'orgue d'une politique de défiance envers les habitants.

    Pour mieux comprendre, je suis ensuite allé sur le site de ce comité : ici.



    Je constate que leur refus du "normaliser-sécuriser" de la municipalité rejoint mon refus du "normaliser-aseptiser", ils mettent l'accent sur le répression-sécurisation, je mets l'accent sur la bétonnisation et le recul de notre environnement vert. On se sent devenir étouffés dans une structure qui devient de plus en plus oppressante. Et la façon dont la municipalité nous fait "avaler la pilule" avec la soi-disant prise en compte de la volonté des habitants, est très irritante et je comprends qu'elle puisse être considérée comme révoltante.

    Cette représentativité de la population était à la fois revendiquée par les jeunes et par une conseillère municipale qui a répondu. C'est parce qu'au Sanitas il y a plusieurs populations, surtout deux, et qu'il est faux de croire qu'elles ont les mêmes préoccupations. La municipalité a privilégié le dialogue avec l'une, certes plus accessible, en négligeant l'autre. La priorité ne serait-elle pas de les faire dialoguer ensemble pour éviter qu'elles continuent à s'écarter ?

    Sur le coup, je me suis tout de même dit qu'il y avait une exagération à propos de ce "blockhaus" qui sera, dans les faits, une pépinière d'entreprises aux normes écologiques poussées. A priori, il n'y a là que du positif, amener de l'activité au coeur du quartier et développer un habitat économe en énergie, que ne devrions-nous pas tous applaudir ? Hé bien, après réflexion, je rejoins l'opinion de ce comité et je vais expliquer pourquoi.

    Voyons d'abord plus précisément ce qu'il en est. Les faits sont reportés dans cette page du journal municipal "Tours Infos" de début 2010, avec les photos avant et après ci-dessous.

        


    Je reviens sur une réunion du 15 décembre au Centre de vie du Sanitas, qui présentait un intéressant historique du quartier. J'avais été frappé par une étrange dissonance entre une opinion suggérée en toile de fond et l'opinion à mon sens bien différente des habitants. Ce qui était suggéré, c'est que ce quartier aux tours staliniennes dignes de Sarcelle a une belle architecture. Allons donc ! L'intérêt ne se trouve que dans les à-côtés plus libérés comme le palais des sports et les îlots de verdure. Quelques courbes et quelques libertés d'une nature qui se trouve souvent trop circonscrite, notamment avec l'abattage des peupliers (voir dans la page Grands arbres l'ajout du 1er février 2010). Très peu d'améliorations ont été apportées en 50 ans, je vois surtout l'ajout de toits en ardoise sur quelques immeubles, permettant de rompre un peu avec l'allure "parallélipèdique"... L'ajout du jardin Theuriet est à mon sens râté avec des plantations trop basses, car cela répond à des normes non-dites de sécurisation. Je rejoins le comité quand il dit que la municipalité refuse les espaces intimes pour que la convivialité ne puisse être que surveillée. C'est une raison importante de la régression des grands arbres, ils sont les ennemis de la vidéo surveillance (cf. l'ajout du 24 mars 2009 sur la page précédemment indiquée).

    On est donc dans un très fort contexte de normalisation appuyée par un discours réducteur et répété dont la page municipale présentée est un bon exemple. Rendez-vous compte, même Nicolas Hulot sera content, vous avez une sacrée chance, habitants du Sanitas... Et crac on vous refile un parallélipipède en plus !

    Aurait-on osé une telle architecture réductrice dans le quartier des Halles ? Bien sûr que non. Pourquoi veut-on enfoncer ce quartier dans ses défauts, pourquoi ne pas en profiter pour l'aérer de courbes et de lignes libérées ? Un toit en pente ne serait-il pas écologique ? Pourquoi donc l'ajout d'activités et la prise en compte d'une économie énergétiques doivent-ils se décliner avec la notion de blockhaus, employée par la municipalité elle-même sur sa page ? Ajouter des activités, ça pourrait être joyeux, gaspiller moins d'énergie, ça pourrait être festif, pourquoi la municipalité souille-t-elle ces notions à les réduisant au pire d'une normalisation bétonnée ?
    Complément du 8 mars 2010.

    J'envoie, ce jour, la "question diverse" suivante pour la prochaîne séance du CVL-Est.

    La pépinière d'entreprises qui doit être construite au Sanitas choque une partie des habitants du quartier par son architecture très ramassée qualifiée de blockhaus. L'on ne connaît que trop, hélas, la puissance langagière de ce genre de terme connoté péjorativement et stigmatisant. Il est très probable que ce qualificatif marquera négativement à jamais ce bâtiment, qui pourtant a des grandes qualités. L'image du quartier s'en trouvera même affectée. Par ailleurs, l'architecture proposée est martiale. Ainsi, plutôt que de se recroqueviller sur elle-même, cette pépinière ne devrait-elle pas être un lieu ouvert avec des lignes rondes ou élancées qui rompent avec la sévérité de l'architecture environnante ? (comme le font le palais des sports ou l'église) La municipalité est-elle disposée à renoncer à l'appellation blockhaus ainsi qu'à une architecture recluse pour rechercher une appellation et une forme qui invitent à l'épanouissement et qui n'évoquent pas la guerre ?

    Ce texte est signé :
    • d'une part, à titre collectif, par Le Comité Populaire des Nouveaux Malgré Nous du Sanitas
    • d'autre part, à titre individuel, par six membres et participants du Conseil de Vie Locale de Tours Est



    Réponse de la municipalité

    La municipalité a répondu à notre question en deux temps. D'abord dans "Tours Plus le mag" d'avril, "le magazine de l'agglomération" distribué gratuitement dans toutes les boîtes aux lettres, avec l'article suivant :



    Pauvre Picasso, s'il savait... On constate que le mot blockhaus est répété, et que le propos allambiqué n'arrive pas à effacer le côté "épais et cubique" du bâtiment, puisqu'il est épais et cubique comme un blockhaus.

    Dans un second temps, à la séance plenière du Conseil de la Vie Locale de Tours Est du 28 avril 2010, le directeur de l'OPAC (Office des HLM gérant la plupart des immeubles du Sanitas) a répondu. L'essentiel de son propos était hors sujet, vantant les mérites d'une pépinière d'entreprise et ceux d'une construction écologique, mérites nullement remis en cause, au contraire, par notre question. Contrairement aux propos des deux magazines municipaux, il a réfuté le terme de blockhaus et a ignoré qu'il pouvait devenir un boulet qui marquera négativement le bâtiment.

    Quant à demander l'avis du CVL ou des habitants eux-mêmes, il n'en a pas du tout été question. Amen.

    Alain Beyrand
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