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    Risque d'inondation : les experts dans leur bulle

    Voici le courriel que j'ai envoyé le 29 avril 2015 à la préfecture d'Indre et Loire sur sa page consacrée au PPRI du Val de Tours. PPRI signifie Plan de protection contre les Risques d'Inondation. Sa dernière version date de 2001, il est en cours de révision. Depuis 2008, date de publication de nouvelles cartes des risques d'inondation, le PPRI de 2001 est devenu obsolète à Tours, le risque passant de faible à fort ou très fort. Des mesures transitoires ont été mises en place, plus ou moins bien suivies, pour prendre en compte cette augmentation sensible du risque. A ce propos, on pourra se référer à la pages du site AQUAVIT sur les Protections contre les crues dans le val de Tours.


    Tours, le 29 avril 2015

    Suite à mon courrier du 20 janvier dernier et à la récente réunion publique du 23 avril, non seulement le mot "concertation" (qui est censé caractériser la période dans laquelle nous sommes) est inapproprié, mais il ne semble même pas y avoir une "écoute". Je vais donc parler plus fort et reprendre ce courriel sur mon blog, sous le titre "Les experts dans leur bulle". 

    Déjà en janvier, le simple fait de vous envoyer un message email en demandant un "accusé de réception" et de ne rien recevoir était significatif. La récente réunion a montré qu'en plus il n'y a pas eu de prise en compte des sujets que j'ai soulevés et que je reprends, en les étayant davantage.

    Les ruisseaux enterrés de la Dolve et de l'Archevêché

    Comment se fait-il donc qu'en 1999 la présence de ces ruisseaux était un élément indispensable d'un permis de construire et que maintenant, alors que le danger est réévalué et estimé plus précisément, ce n'est pas mentionné ? 

    Pourtant la cinétique de l'inondation de 1856, présentée le 23 avril, montre que l'inondation se répand en suivant le ruisseau de l'Archevêché du quartier Velpeau au jardin des Prébendes. Pourtant de fortes pluies, comme en 1910, sans débordement de la Loire et du Cher, ont provoqué des inondations dans le quartier Velpeau, notamment autour du ruisseau de l'Archevêché. Comme je l'ai déjà signalé : "J'habite à côté du ruisseau de l'Archevêché et des caves ont été inondées par deux fois ces six dernières années, alors qu'il n'y a eu aucune inondation et qu'il y a, pas loin, un grand bassin de rétention d'eau. En hydrologie, cela s'appelle des thalweg et quel que soit la façon dont ces cours d'eau ont été corsetés ou détournés, il reprennent leur position d'origine en cas de grosses crues".

    Va-t-on signaler ces ruisseaux sur les cartes de risques d'inondation ? Va-ton continuer à délivrer à Tours des permis de construire sans signaler la présence d'un ruisseau enterré ? Des cartes très précises sur d'autres aspects ont été élaborées, cet oubli est incompréhensible. 

    La digue de l'autoroute A10 (digue du canal)

    Le 23 avril, je me suis exprimé sur de la digue de l'autoroute, anciennement digue du canal. Je savais que son déclassement est en cours d'être acté. J'ai reconnu que cette digue apparaissait fragile (encore faudrait-il le prouver…) et que compter sur elle s'avèrerait dangereux pas la création de forts remous lors de sa rupture. Mais toutes les crues n'en arriveraient pas là, certaines moins fortes pourraient être arrêtées. Entre garder la digue et la supprimer, une demi-mesure pourrait éviter, comme en 1866, l'inondation des quartiers Est de Tours. J'ai donc demandé que des simulations soient faites pour trouver la hauteur la plus efficace à conserver. La digue fait 5 mètres de hauteur, retenir 2 ou 3 m d'eau permettrait d'éviter de grands dégâts dans les caves, sans s'exposer pour autant à de forts remous. C'est maintenant, avant l'enquête publique, qu'il faut effectuer ces simulations. D’ailleurs, compte-tenu de l’enfoncement du lit mineur de la Loire, la probabilité d’une surverse et même d’une rupture de cette digue n’est-elle pas sensiblement réduite ?

    La réponse de M. Bresson, directeur de la DDT, n'a consisté qu'à expliquer pourquoi la digue est dangereuse et doit être supprimée, sans parlé sur la demi-mesure que je souhaite. Puis, ensuite, sur un autre sujet, il a parlé d'autres digues où sont mises en place des "surverses programmées" qui semblent correspondre à ce que j'ai exprimé : garder la digue, mais ne pas laisser monter l'eau jusqu’en haut de la digue et la déverser à partir d'une certaine hauteur de remplissage. Pourquoi ne le ferait-on pas là ? 

    L'invalidité de certains permis de construire délivrés par la mairie de Tours

    La mairie de Tours délivre des permis de construire sans prendre en compte toutes les contraintes liées aux risques d'inondation, nonobstant les contraintes du SDAGE et les mises en garde du préfet de région. Ainsi, quartier Velpeau, au 31 rue du Dr Fournier, elle a délivré, fin 2012, un permis de construire qui cumule les anomalies. Il s'agit de construire un immeuble et trois maisons de ville :
    • en un endroit le plus bas de la ville de Tours (avec le jardin des Prébendes, 4 mètres de submersion en 1856)
    • en une zone de dissipation d'énergie (remous),
    • avec passage du ruisseau de l'Archevêché (non signalé),
    • les maisons de ville sont de plain-pied (à une hauteur théorique de 47,30 m NGF au dessus de la mer)
    • le promoteur a, sur le plan, hors de toute réalité, surélevé le niveau du sol des maisons de ville de plus d'un mètre, voire 1,50 mètres. En dehors de tout remblaiement (avec les risques que cela entraine pour les écoulements dans les propriétés voisines), les maisons de villes seraient à une hauteur de 46 mètres NGF, soit 4,80 mètres d'immersion en 1856.

    Depuis la délivrance de ce permis de construire, il y a davantage de contrôles, notamment par la vérification de la DDT et l'application de ses consignes. Toutefois, si un tel permis de construire était attribué aujourd'hui, il pourrait encore comporter deux graves anomalies :
    • la non indication du ruisseau de l'archevêché
    • la non-vérification des cotes fournies par le promoteur. Aucun agent municipal ne vient sur place pour vérifier et les hauteur des terrains du voisinage ne sont pas notées, alors qu'une surélévation du terrain peut provoquer d'importants dégâts alentour.

    Les consignes de prévention du PPRI permettront-elles d'éviter de telles anomalies ?

    Elles peuvent être dénoncées lors d'un recours contre le permis de construire. Cela apparaît toutefois très difficile puisque la mairie, par son avocat, dénie alors aux riverains et aux associations environnementales le droit de diligenter un tel recours. Et elle n'admet pas l'existence de ces anomalies, et donc refuse de les repérer. Je l'ai signalé au M. Babary, le maire de Tours, à la réunion du 23 avril, en concluant que refuser de reconnaître une erreur et de la réparer devient une faute. Il n'a pas voulu répondre, disant seulement que j'exposais un problème personnel, et il a quitté la salle. Sur un tel sujet de protection des biens et des personnes, quand donc regardera-t-il la réalité en face ?.

    Cet exemple, qui concerne chaque habitant en zone inondable, peut d'ailleurs être poussé plus loin. Supposons qu'un promoteur triche ou se trompe avec les cotes (1,50 mètres d'écart !) et que ni la mairie, ni les riverains ne s'en rendent compte à temps dans le délai de déclenchement d'un recours, mais seulement au moment des travaux. Comment réagirait la mairie ? Est-il possible encore d'annuler le permis de construire des logements très vulnérables ?

    Les experts dans leur bulle, sans contact avec la population

    Dans cette réunion du 23 avril, on nous a vanté la grande expertise des personnes qui travaillent sur le PPRI. Je ne remets pas cela en cause, mais pourquoi ignorent-ils - jusqu'à preuve du contraire - les remarques qui viennent des habitants ? Pourquoi ne pas avoir consulté les associations environnementales, les universitaires, ceux qui pratiquent le fleuve… comme cela se faisait il y a vingt ans ? Pourquoi fonctionner en vase clos, de manière bureaucratique ?

    Pourquoi ne pas prendre en compte les anomalies d'aujourd'hui pour qu'elles ne se reproduisent pas demain ? Et, pour la mairie, pourquoi ne pas les corriger puisqu'il est encore temps ? Ces experts peuvent-ils imaginer qu’ils habitent le quartier Velpeau avec une cave  ? Ne devraient-ils pas en tirer toutes les conséquences ?

    Avant l'enquête publique, sans parler de l'absence de concertation (pourtant possible dans un groupe de travail du CVL), je crains que la toute petite fenêtre d'information et de questions de cette unique réunion sur Tours, ne soit refermée. J'ose espèrer que les problèmes concrets soulevés (auxquels je peux apporter tout complément) seront véritablement étudiés.

    Alain Beyrand


    Il est à noter que la réunion du 23 mai 2015 a été présenté par La Nouvelle République dans un article indigent ignorant les questions posées par le public et insistant sur le fait que ça n'intéresse personne et que le risque est très faible.

    Je signale aussi qu'une personne a posé une question technique sur la protection de St Avertin (Les Granges-Galland), qui aurait probablement mérité une petite étude plutôt que de rester suspendue.


    Prébendes (B) et quartier Velpeau (A) : les endroits les plus bas de Tours


    Permis de construire rue Gounod (quartier Beaujardin) (C) 1er étage à 50,80 m NGC (sur demande de la DDT)
    et, un peu plus en amont de la Loire, rue du Dr Fournier (quartier Velpeau) (A) 1er étage à 50,50 m,
    inférieur aux 50,80 mètres requis (DDT non consultée)

    En complément, voici ma déposition à le 2ème phase de concertation de la révision du PPRI.

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