Concertation inondations : l'Etat met en danger la population du val de Tours
Ma déposition à la seconde phase de concertation de la révision du Plan de Protection contre les Risques d'Inondation (PPRI) du val de Tours - val de Luynes |
Un PPRI incohérent
Le préfet d'Indre et Loire a déclassé la digue du Canal le 19 janvier 2016, sans aucune consultation de la population. Toutes les cartes du PPRI prennent en compte l'existence de la digue du Canal, notamment pour les zones de dissipation d'énergie. L'avant-projet présenté est donc gravement incohérent. Pour rétablir sa cohérence, la finalisation ne peut se faire que dans les deux hypothèses suivantes :
Il est incompréhensible qu'un tel déclassement survienne de la sorte, lors de la finalisation de la révision. A la rigueur, à défaut de choisir, il aurait été possible de présenter à l'enquête publique sur le PPRI deux hypothèses à la population : avec ou sans digue du Canal. Là, l'Etat impose de façon précipitée et invalide une mesure essentielle très lourde de conséquences. Un PPRI qui accroît lourdement le danger d'inondation Ce déclassement à lui seul augmente lourdement les risques d'inondation du val de Tours. Il ne repose sur aucune base scientifique. Aucun expert n'a validé le risque insensé qui est pris. L'évaluation très précise qu'a faite l'association AQUAVIT de l'étude de dangers de 2013 (http://aquavit37.fr/2015digue/rapport2.html) montre même que le risque d'inondation par l'amont de la ville de Tours serait multiplié par 10. Cette décision a été prise par des aménageurs ("Atelier National") qui ne se sont pas préoccupés de la sécurité des habitants et qui n'ont aucune existence juridique et administrative. Le dossier présenté sur le site Agoravox ("Quand l’Etat accroît les risques d’inondation !", pages http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/quand-l-etat-accroit-les-risques-d-178462 et http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/quand-l-etat-accroit-les-risques-d-178481) est accablant pour l'Etat qui veut se désengager, de façon très cavalière, de son rôle protecteur de la population. Un PPRI juridiquement invalide Dans l'état actuel de l'avant-projet, le déclassement de la digue et donc le PPRI révisé ne peuvent résister au recours que ne manqueront pas de lancer les populations, puisque leurs biens sont directement mis arbitrairement en danger par le déclassement. Voici quelques unes des anomalies, en commençant par celles citées précédemment :
Digue du canal : les défaillances de l'avant-projet A la lumière de l'évaluation précédemment citée de l'étude de dangers de 2013, la note de présentation de l'avant-projet du PPRI (en ses pages 66 et 67) souffre de sévères défaillances en ce qui concerne la digue du Canal :
Doit-on craindre qu'une digue cède à 51,80 mètres quand la hauteur des plus hautes eaux connues est de 51 mètres ? (et quand il y aurait probablement auparavant une surverse vers le Cher !) [document étude de dangers 2013, page 13 de l'annexe 2, sur, parait-il (on ne sait pas pourquoi...), le point le plus fragile de l'ouvrage] En pages 31/32 de l'avant-projet, le niveau de sécurité de la digue du Canal n'est pas indiqué, contrairement à celui des autres digues. Serait-il trop haut pour justifier la "mise en transparence" ? C'est une rétention d'information. L'argumentaire développé dans l'avant-projet PPRI est donc gravement vicié. Les conséquences d'un tel déclassement seraient énormes pour toute la population du val de Tours, s'il y a brèche ou surverse d'une digue de premier rang, qu'elle vienne de l'amont (100.000 habitants inondés en plus) ou de l'aval (20.000 habitants et 3 sites Sévéso inondés en plus). L'évaluation déjà citée de l'AQUAVIT, montre en s'appuyant sur le rapport de l'étude de dangers 2013, qu'avec la digue du Canal, la vile de Tours serait probablement inondée tous les 500 ans et que sans digue du Canal, ce serait tous les 40 ans. Cela signifie que la digue est utile et protectrice, alors qu'ai mépris de la sécutité, un Atelier National de 2014 a prétendu qu'elle est "inutile er dangereuse". Et le déclassement s'appuie sur un tel prétexte fallacieux. L'évaluation de l'AQUAVIT montre, en s'appuyant sur les indications de l'étude de dangers 2013, qu'avec la digue du Canal, la ville de Tours serait inondée tous les 500 ans et qu'avec sa mise en transparence, elle le serait tous les 40 ans. Pour la sécurité des biens de dizaines de milliers de personnes habitant au rez-de-chaussée (voire au 1er étage) ou ayant une cave, il est indispensable que le déclassement de la digue du Canal soit annulé et que le PPRI garde la digue classée intacte. Oui au renforcement des contraintes Alors que cette révision du PPRI est porteuse de risques exagérés (on l'a vu, 1 mètre au-dessus du niveau le plus haut connu pour la digue du Canal !), il souligne quand même l'existence d'un danger que sous-estimait largement le PPRI précédent de 2001. Oui, il y a des risques forts d'inondation du val de Tours, même si sa probabilité est faible. Pour la ville de Tours, à supposer que la digue du Canal reste en place, il apparaît même que le risque le plus fort ne vient plus d'une rupture de la digue de Loire en amont à Conneuil ou Montlouis (elle a été renforcée, le lit de la Loire est plus profond, il y des barrages écrêteurs en amont...) mais d'une inondation en aval de la Loire (vers le pont Mirabeau) ou du Cher, voire de plus loin, la digue du Canal protégeant alors St Pierre des Corps. Pour la commune de Tours, ça pourrait être là le risque majeur, qui n'était pas pris en compte en 2001. Le danger étant présent, il convient donc de mettre en place des contraintes pour le contenir autant que possible. En cela le règlement plus sévère qu'impose l'avant-projet est justifié. Il convient toutefois de faire preuve de mesure, ni exagérer les risques (notamment, on l'a vu, avec une trop large zone de dissipation d'énergie autour de la digue du Canal), ni les minimiser, comme dans les cas qui suivent. Zonage à ajouter : le long des ruisseaux souterrains Comme l'indique un article la la Nouvelle République du 5 mars 2016 (http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Communes/Tours/n/Contenus/Articles/2016/03/05/Le-ruisseau-de-l-Archeveque-serpente-toujours-sous-la-ville-2642978), la ville de Tours est parcourue par des ruisseaux souterrains. Il est incompréhensible que l'avant-projet de révision du PPRI les ignore, alors qu'ils sont une source de danger supplémentaire. Ils sont notamment des "talweg", cours d'eau débordant, voire reprenant leur lit d'origine en cas d'inondation. Dans la cinétique de l'inondation de 1856, on voit bien que la pénétration des flots se fait en suivant le ruisseau de l'Archevêché. Des règles renforcées devraient être imposées le long de ces cours d'eau, liées à un zonage spécifique (zone d'écoulement préférentiel). Contraintes à renforcer : le contrôle des permis de construire A quoi sert de renforcer les contraintes si aucun contrôle n'est effectué pour vérifier leur mise en application ? Il est si facile de falsifier une cote... L'avant-projet semble muet sur cette nécessité. Il serait pourtant facile d'ajouter les contraintes suivantes :
Refuser le laxisme de la mairie de Tours Depuis longtemps la mairie de Tours fait preuve d'un grand laxisme à mettre en place les règles de protection contre les risques d'inondation. Il a fallu qu'un nouveau directeur de la DDT prenne son poste début 2013 pour que les choses commencent à bouger. Le changement de municipalité en 2013, n'a rien changé, les élus persistant dans les mauvaises habitudes. J'en parle en connaissance de cause, puisque je m'oppose avec d'autres riverains à un permis de construire (rue du Dr Fournier). Ce permis accepté entre Noël 2013 et Nouvel An, sans contrôle de la DDT, repose sur des données erronées de cotes : 30 cm en dessous du niveau de référence de 1856 pour le 1er étage, 40 cm d'erreur de niveau de terrain, et encore 80 cm sur les bords Est et Ouest. Avec trois maisons de ville de plain-pied sur un terrain où passe le ruisseau de l'Archevêché, où il est prévu un remblai de plus de 500 m3, comblant une petite zone d'expansion des eaux perturbant l'axe d'écoulement préférentiel et mettant en danger le voisinage. Malgré ces conditions extrêmes de vulnérabilité, la mairie de Tours s'entête à défendre ce permis de construire en s'opposant aux riverains dans le recours en Justice. Ma défiance est complète face à cette volonté de construire coûte que coûte quelque soit le danger. En cela, je souhaite vivement que les infléchissement de contraintes que demande la mairie, en s'appuyant apparemment sur divers prétextes, ne soient pas pris en compte. Notamment sa contestation du refus parkings souterrains. En résumé, cette révision du PPRI aurait été bienvenue si, pour des raisons fallacieuses, elle ne reposait pas sur une lourde mise en dangers de tout le val en se basant sur la suppression de la digue du Canal.. Comme le dit l'AQUAVIT dans sa lettre ouverte à la Ministre de l'Ecologie du 24 février dernier, le nouveau PPRI serait "à la fois plus contraignant et moins protecteur" que l'ancien. On veut bien plus de contraintes, on refuse d'être moins protégé ! Alain Beyrand, les 8 et 12 mars 2016 |