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Musée des Beaux-Arts - Don Cligman : des alternatives


Sur une page voisine, je me suis récemment indigné du saccage du jardin du Musée des Beaux, espace classé protégé. Le projet d'extension du Musée doit être pensé différemment et j'ai présenté sur cette page une solution alternative (sur la terrasse au dessus du jardin du Musée). J'en avais évoqué une autre proposée par un conseiller municipal (sur l'emplacement Mame). Une autre solution avait aussi été envisagée voilà quelques années, au nord de l'actuel musée, du côté cathédrale. Il y a aussi celle du bâtiment, non protégé, qui abrite l'éléphant Fritz. Jacques Lhomet vient d'en présenter trois autres aux époux Cligman, à l'origine du projet actuel, par la lettre ouverte qui suit.



Madame, Monsieur, Vous avez fait part à la Ville de Tours votre intention de lui faire donation de vos œuvres d'art de manière à compléter les collections du Musée des Beaux Arts à Tours. Donation que le Conseil Municipal de la Ville a acceptée à vos conditions, qui incluent la construction d'une aile nouvelle de ce Musée dans ce qui constitue aujourd'hui ses parc et jardins. A la fin de voir réalisée cette condition, vous avez déposé en Mairie de Tours le 30 juin 2016 une demande de permis de construire enregistrée sous le n° 16123. Vous n'ignorez pas que cette édification suscite la plus vive réprobation de défenseurs de ce site, monument historique, et de son environnement végétal qui participe à la beauté du lieu et constitue par ailleurs un “poumon vert” privilégié au centre même de la Ville. Cette réprobation, croyez ou craignez le bien, se traduira par toutes actions susceptibles de faire échouer cette édification, discutable en ce lieu. Si, en amoureux de la Ville de Tours, comme vous le proclamez, vous daigniez respecter son patrimoine historique hérité de l'époque romaine (le mur d'enceinte du castrum romain clôt le parc du Musée), auriez vous alors eu à cœur d'étudier d'autres alternatives pour l'exposition de vos œuvres au cœur même de la Ville qui ne mettent pas en péril une partie de son héritage historique. Sans que cette liste soit limitative, voici trois autres possibilités qui s'offriraient à vous quant au lieu où pourrait être hébergée votre collection: jouxtant le Musée, mais hors ses murs, séparé de son parc par une seule rue pavée à l'antique (rue du Général Meusnier), se trouve la chapelle des Lazaristes. Étant dans un état de délabrement indigne, aucune solution financière n'a encore été trouvée (ni peut-être même recherchée !) pour assurer sa restauration Cette église a été construite vers 1860 par Gustave Guerin d'après un projet approuvé en 1857 qui fut réalisé avec de légères variantes concernant les sculptures du tympan et la statue de saint Vincent-de-Paul attribuée au sculpteur Trodoux ; le lanternon au- dessus de la croisée a été détruit vers 1940. Elle se situe donc 12 rue du Général Meusnier à Tours. Elle figure à l'inventaire général du patrimoine culturel au titre de l'époque du 3ème quart du 19ème siècle. Une porte actuellement murée dans le mur d'enceinte du parc du Musée des Beaux Arts, lui faisant face pourrait être ré-ouverte, assurant un passage piétons à l'église de 5 mètres seulement ! loin du musée mais toujours dans le cœur de la Ville, en son quartier populaire dit du Sanitas, tout près de la gare, avec une desserte directe par le tramway, se trouve l'ancien bâtiment de la chaufferie collective de ce quartier, aujourd'hui à l’arrêt (définitivement). Un permis de démolir a été demandé. Proposer l'accès à des œuvres d'art à tous les habitants de la Ville et pas uniquement à ceux des “quartiers favorisés” pourrait faire autant sens que l'édification du Louvre de Lens. Seriez-vous insensible à cet aspect social, vous qui, à travers vos activités de capitaine d'industrie, avez toujours été en contact avec le monde ouvrier ? au Plessis lès Tours, le château où régna le roi Louis XI nécessiterait de tels travaux de restauration que la Ville de Tours a entrepris de le mettre en vente ! Sans succès à ce jour et bien heureusement. Il est par ailleurs entouré d'un très vaste et superbe parc susceptible d'abriter un édifice nouveau, tel que celui que vous envisagiez de faire réaliser au Musée des Beaux Arts, et qui pourrait être d'une architecture moderne sans dénaturer le lieu. Je ne peux imaginer que vous soyez insensible à l'urgence absolue de sauver cet édifice à la porte de la Ville de Tours et de lui redonner une vocation d'animation tant historique que culturelle. .wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Plessis-l%C3%A8z-Tours (photo Wikimedia Commons) Telles sont trois des alternatives possibles à la réalisation de votre projet et à l'affectation de votre don. J'espère que vous daignerez y prêter quelque attention car, au sens commun, elles se comparent au mieux au projet pour lequel vous avez déposé une demande de permis de construire. Il n'est pas indigne de se dédire d'un projet initialement trop rapidement esquissé sans mesurer toutes ses implications tant historiques que naturelles et culturelles. Vous souhaitant bonne réception de ce courrier et comptant sur une prompte réponse de votre part, je vous prie d'agréer Madame, Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs. Jacques Lhomet, le 10 septembre 2016


Alors que les questions dérangeantes posées par Didier Rykner n'ont pas reçu de réponses, alors que la mairie de Tours semble faire le forcing pour imposer une solution de plus en plus contestée, alors que le quotidien La Nouvelle République, informé en sens unique, s'était enflammé sur le projet et se livre maintenant à un lourd silence gêné, le moment n'est-il pas venu de cesser cette fuite en avant irraisonnée et de réfléchir à une solution, qui permette un large consensus ?

P.-S. : autres propositions par Philippe Le Leyzour, ancien directeur du Musées des Beaux-Arts, un opposant de plus à à l'emplacement du projet, alors que la mairie fait le forcing en court-circuitant la commission nationale des secteurs sauvegardés (cf. article Tribune de l'Art).

Alain Beyrand, le 12 septembre 2016
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