Chaîne d'irresponsabilités environnementales dans la ville de Tours |
Comment en est-on arrivé à ces saccages environnementaux ? En toile de fond il y a la pression constante des puissances d'argent, nous verrons lesquelles. Mais c’est au sein des édiles que s'est formée au fil des années une véritable collusion politique à l’origine du drame, avec d'une part des éléments moteurs et dévastateurs et d'autre part des éléments passifs, complices et aussi coupables par leur silence persistant. Ces derniers interpellés par les habitants et les associations environnementalistes, n'ont pas su ou voulu jouer leur rôle de contrôle et de frein.
7.1 La culture anti-environnementale du service urbanisme 7.1.1 Un arbitraire souverain et tout puissant Après les multiples saccages sur le passage du tramway, on peut attribuer au service urbanisme de la ville au sens large (inclus par exemple l'Atelier d'Urbanisme de la ville) un rôle moteur dans la dégradation environnementale que nous vivons. C'est lui qui pilote les opérations de rénovation et hiérarchise les priorités, à sens unique, au service de la culture technique dans laquelle il baigne. Il est le premier responsable de ces opérations de rénovation où tous les arbres sont détruits avant que des jeunes sujets soient plantés à sa façon qui est toujours formidable… en particulier pour le large champ de vision des actuelles et futures caméras de vidéosurveillance (avec les exemples au Sanitas, voir page 109). C'est ce que j'appelle dans ce livre la méthode Germain* ˜ tant le maire assume ces crimes environnementaux et sait assurer leur bon déroulement par le bénéfice du "système Germain", avec son vaste réseau souterrain de complicités dans la classe politique, économique et médiatique. C'est donc ce service qui, pour telle ou telle raison, sans tenir compte de ce qui est en place, va "bouger" (abattre et planter) des arbres, les "remettre à neuf", bien calibrés satisfaire les exigences esthétiques inhérentes au nouvelles options urbanistiques. Pour lui il ne s’agit que de déplacement de mobilier vert et il le fait toujours dans le même sens, celui de la diminution de la biomasse, il déblaie le terrain pour faire de la place à un plus grand bétonnage. Il pourrait être rebaptisé "le service de la minéralisation". Hélas ce service est considéré comme compétent, son bagout et sa maîtrise de la comm' lui permettent d'avoir une aura d'expert tout puissant dont on ne discute pas les choix. Il arrive à faire avaler de sacrées couleuvres. Abattre les tilleuls de la place Choiseul (page 81) pour en replanter au même endroit et maintenir cette volonté contre tous les appels au bon sens, il faut "en avoir une sacrée couche", comme on dit, même si l'ABF* allait aussi en ce sens. L'intérêt général se trouve bafoué avec de telles méthodes arbitraires et autoritaires. 7.1.2 Le matraquage d'un discours fleuri de propagande Les dossiers d'enquête du tramway et du PLU sont imprégnés de l'esbroufe déployée par le service Urbanisme et ses alliés, davantage privés, comme le Sitcat* / CitéTram* (lesquels, je le rappelle, ont le même patron, le maire, qui est aussi le président de l'Opac*, de l'agglomération, etc.). Les formules pompeuses et dithyrambiques, les phrases incompréhensibles et vides de sens parasitent sans cesse les dossiers techniques. En juillet 2010, dans sa déposition à l'enquête sur le tramway, Bruno Dewailly, un géographe-urbaniste, montrait quelques exemples de la formulation employée et c’est à croire qu’il existe un département spécialisé en charge de la phraséologie, comme le ministère de la "novlangue" dans "1984" d'Orwell :
7.1.3 Le béton pousse beaucoup mieux que les arbres... Rue Edouard Vaillant, du côté Beaujardin, juste avant la construction en 2004 et après en 2007 (photo Google Street) Cinéma "Studio", rue des Ursulines, avant et après. Que sont devenus les quatre arbres ? Plan d'architecte présenté dans la NR du 10 décembre 2003 et photo 2011. Les lames en bois de la façade ont très mal vieilli. Rétrospectivement, l'Aquavit* avait bien raison de s'opposer à cette construction… Le 1er juillet 2009, à propos du nouveau quartier des Deux Lions, et notamment de son centre commercial (voir page 140), j'avais mis l'accent sur le rôle du service Urbanisme. Dans la création de ce quartier bâti sur des gravas de remblayage d'une zone inondable, l’image qui m’était apparue était celle d'une "zone commerciale où on aurait construit les habitations directement sur les parkings des supermarchés". J'y soulignais le rôle des permis de construire. Sur mon blog, j'avais ajouté :
Les élus Verts ont brassé de l'air, rien de concret ne fut fait en ce sens, ce qui ne les empêcha pas d'approuver le PLU*. C'est pourtant bien à ce niveau, réglementant la validation des permis de construire, qu'il aurait fallu intervenir. Le 22 décembre 2009, toujours sur mon blog, j'écrivais ce chapitre relatif au bétonnage progressif de la ville.
7.1.4 Le prétexte des rénovations La place centrale du quartier de Montjoyeux, a été rénovée ˜. Quelques buissons, des arbrisseaux voire arbustes, pas de bancs. Le sol est aseptisé, mais ni bétonné ni bitumé. Ca viendra ? (2010) Ce même 24 mars 2010, toujours sur la page "Grands arbres" de mon blog, ma prise de conscience des méthodes municipales prenait de la consistance et pointait une fois de plus le service Urbanisme. Mon regard n'était pourtant pas encore assez sévère, car je n'extrapolais pas l'aggravation à venir sous prétexte de tramway.
Ce n'était pas toujours mieux avant, mais il y eu là de très nombreuses occasions perdues d'améliorer la trame verte. Et le service qui est aux commandes pour de telles opérations gâchées, c'est le service Urbanisme. 7.1.5 Le déracinement des habitants Ce service urbanisme dessine la ville de demain, son activisme anti-environnemental est donc très lourd de conséquences. J'ai déjà souligné que déraciner les arbres d'un quartier déracine aussi ses habitants en les privant de repères et de compagnons végétaux de vie. La méthode Germain* ˜ fait table rase pour effacer un espace et en remodeler un nouveau. C'est une méthode de type totalitaire, très tôt repérée par George Orwell quand il écrit dans son célèbre roman "1984" : "Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent". Rue Dublineau, trois arbustes pour une vingtaine d'autos (2009) Jean-Marc Sérékian dénonce aussi cette évolution suspecte et sombre, notamment dans ce texte :
7.2 La dérive du service des parcs et jardins 7.2.1 Un rôle difficile à cerner Le service que j'appelle souvent "Service des espaces verts" a actuellement pour intitulé exact "Service des parcs et jardins". Ce libellé restrictif laisserait penser qu'il est chargé de protéger le seul patrimoine des lieux dévolus à la nature. On ne pourrait donc pas le mettre en cause dans l'actuelle dégradation des arbres sur les artères et places de la ville ou dans les cours d'école. Ce n'est pas exact. Son rôle d'expertise technique est souvent instrumentalisé à sens unique et s’inscrit dans la conquête de l’espace à bâtir ou à requalifier. Par exemple il décide si un arbre est dangereux et à abattre. Il en est de même pour l'entretien d'élagage des alignements d'un boulevard. Ou, de façon moins évidente, pour d'autres actions que je ne sais pas vraiment cerner. J'ai seulement lieu de croire que ce service censé protéger notre patrimoine arboré donne trop souvent et trop facilement son aval ou apporte sa caution technique pour des abattages irraisonnés et trop systématiques. Ainsi pour le mail du Sanitas, on peut estimer qu'il a soutenu l'expertise commanditée au dernier moment par la municipalité. Elle condamnait les arbres et ne proposait pas de plan d'entretien. Je doute toutefois qu'il ait validé certaines opérations parmi les plus absurdes, comme la disparition voulue des jardins Saint Lazare (page 134) ou le remplacement des tilleuls de la place Choiseul par des tilleuls au même endroit (page 81) [ou ici]. D'un point de vue général, j'estime que le service Parcs et Jardins n'a pas pleinement conscience des bienfaits de l'arbre en ville et plus particulièrement des grands arbres âgés. Pourtant ce sont eux qui abritent une bonne part de la biodiversité urbaine. On entend souvent mettre en avant que les arbres jeunes lutteraient mieux que les arbres âgés contre les gaz à effet de serre. D'une part ce n'est pas vraiment juste (voir page 8). D'autre part, ce n'est là qu'une vision très partielle et limitative, car c’est faire l’impasse sur la biodiversité qui croît avec l'âge des essences implantées. Ca sonne aussi comme une excuse et une absolution face aux dégâts effectués par le service Urbanisme. A Tours on ne laisse pas grandir les arbres, là est le grave problème du point de vue de l’écologie. Les écosystèmes se construisent dans la durée. Par ailleurs, il arrive que le service des Parcs et Jardins ait un rôle moteur dans l'aseptisation qui s'opère. C'est clair pour le square François Sicard (voir page 32), où la responsable du service, Christine Chasseguet, donnait le "la" à la politique d'éclaircissement régulièrement menée depuis dans nos jardins (page 146). 7.2.2 Des chiffrages incomplets et peu significatifs Le 19 juin 2009, je présente sur mon blog les premiers chiffres d'abattages et plantations communiqués par le service des Espaces Verts :
Ces chiffres ont le grave défaut de ne pas mettre en évidence le cas très particulier de Tours Centre. Car il est à craindre qu'on abat davantage qu'on y plante, comme je l'ai mis en évidence pour le tramway (voir page 104). Les arbustes remplacent de grands arbres, les arbres en pot s’y multiplient et les nouvelles plantations se font plus en périphérie. J'ai donc demandé des chiffres correspondant au CVL* Est, je les présentais le 4 novembre 2009 :
Un an et demi plus tard, je demandais des chiffres du même type et je les présentais sur mon blog dans le chapitre du 25 avril 2011 :
Ces chiffrages sont importants, notamment dans le fait qu'ils existent et sont communiqués, mais il n'est pas facile d'en avoir une vision claire. En particulier pour les grands arbres en centre-ville, les deux chiffrages délivrés en 2009 et 2011 ne sont pas vraiment comparables… Et avec le tramway, ça va se compliquer. Je ne pense pas que ce soit une volonté de cacher les choses, peut-être de les compliquer un peu, peut-être aussi une gêne d'être ainsi suivi. Ce qui est le plus gênant, finalement, c'est qu'il n'y a pas eu un véritable dialogue avec un service qui ait envie d'avoir des chiffrages significatifs. Je n'ai pas senti une volonté d'aller en ce sens, ou alors elle est combattue par une volonté supérieure, je pense à celle du maire. J'ai tout de même eu certaines réponses à mes interrogations, je pense qu'elles sont correctes, et c'est déjà très appréciable. Le meilleur révélateur serait sûrement la "surface foliaire par habitant et par quartier", mais nulle part il ne semble que l'on ne soit arrivé à calculer cet indice. Mais, je découvre en fin de rédaction de ce livre que dans "Regards sur l'aggloméraion tourangelle", en 1982, René Perrin présente un autre indicateur :
Il serait intéressant d'avoir le détail par quartier en 2011… 7.2.3 Les méfaits de l'esthétisme paysager A gauche, presque pas d'abeilles sur ce joli massif, degré presque nul d'écosystème. (place Jean Jaurès, 2009). A droite, l'arbre du milieu de la place Loiseau d'Entraigues n'est plus là, la soi-disant "vibration musicale des lignes de fleurs" n'attire personne (2009). Le 7 mars 2009, j'abordais sur mon blog un reproche fondamental à l'égard de la gestion des espaces verts à Tours, un reproche qui est ancien, c'est la notion de "nature sage" et disciplinée développée sous Jean Royer et accentuée par son successeur.
Cet entretien intensif des massifs et pelouses nuit à l'écosystème, notamment en n'étant pas favorable à l'existence de petits mammifères. Huit mois plus tard, le 5 novembre 2009, je revenais sur la priorité donnée à l'esthétisme. Depuis que je tiens ce journal sur les arbres de Tours, les choses ont évolué sur plusieurs plans. Au niveau de la municipalité, la démagogie se donne les apparence de la pédagogie en jouant sur la technicité, les évitements et dégagements. Mais sur le fond, les grands arbres ne sont toujours pas les bienvenus.
A relire cet article de Tours Infos, en août 2011, je suis frappé par les deux sous-titres qui sonnent comme un avertissement de ce qui ne sera pas fait : "L'abattage n'est jamais hâtif" et "Sauvegarder un patrimoine ancien". Cynisme ou inconscience ? Par ailleurs, je souligne que cette priorité donnée à l'esthétisme, dénoncée à plusieurs autres reprises dans cet ouvrage, est une cause importante d'abattages. Il suffit que quelques arbres doivent être coupés parce qu'ils sont jugés dangereux, ou pour un prétexte quelconque, et c'est tout l'alignement qui se trouve supprimé pour qu'il reste régulier. Même si d'autre causes s'y ajoutent, c'est notamment le cas des platanes du boulevard Tonnellé (page 39), celui des peupliers de l'avenue St Lazare (page 112), et aussi celui des arbres du mail du Sanitas (page 49). En forçant le trait, n'y a-t-il pas là une dictature de l'esthétisme ? Oui, n'y a-t-il pas un totalitarisme à vouloir que tout soit bien cadré, normé, calibré dans un alignement ? Et n'est-ce pas parce que ce calibrage ne résiste pas au temps qu'il faut interdire aux arbres de grandir et régulièrement tout raser pour tout replanter de façon impeccable ? Comment lutter contre cette tendance de plus en plus forte ? C'est ce que nous allons voir maintenant. 7.2.4 Le manque d'entretien et de planification Avoir une vision de l'arbre à long terme, avoir un bon inventaire des arbres, savoir planifier les entretiens d'alignements, cette vieille revendication de l'Aquavit est toujours d'actualité, car je ne crois pas que le service des Espaces Verts procède à de telles planifications. Tout juste lui arrive-t-il, au cas par cas, de boucher quelques vides. C'est ainsi que j'ai vu Boulevard Béranger trois jeunes platanes plantés récemment, début 2011. L'Aquavit* a pointé ce problème à de nombreuses reprises. La NR* s'en fait l'écho le 8 janvier 1999, l'association répondait aux propos de Jean-Patrick Gille, futur député, alors premier adjoint, qui indiquait que l'association s'était opposée à l'abattage d'arbres place Rabelais, trois d'entre eux ayant été déracinés par une récente tornade :
En ce qui concerne les platanes du boulevard Tonnellé, je considère que le refus de s'en préoccuper correspondait à une volonté de s'en débarrasser (voir page 39). Hors du centre-ville, sur Tours Sud, il y a toutefois une exception de taille pour un ensemble d'arbres plus conséquent qu'un alignement, les bois de Montjoyeux, on l'a vu page 127. 7.2.5 La tour d'ivoire municipale Mes rapports avec le services Parcs et Jardins ont été contrastés, il y eut des épisodes plutôt positifs, comme les plantations situées derrière l'école Raspail (page 161), comme les indications de données chiffrées (page 180), d'autres mitigés (notamment à propos de la régénération du bois de Grandmont, page 127). Il y en eut d'autres négatifs, ceux nombreux à base de silence et d'opacité, ou celui que voilà. Le 23 décembre 2010, je constate qu'une occasion de se concerter sur les arbres a été gâchée :
J'ai retrouvé un vieux courriel du 20 septembre 2009 où je faisais ma proposition :
La personne invitée devait être Caroline Mollié, auteur de l'ouvrage "Des arbres dans la ville". J'avais même compris que la réunion avait été décalée une fois à cause de son indisponibilité. Je voulais aussi sélectionner des photos à commenter. Tout ça a été balayé d'un revers de main... Cela montre la difficulté d'un dialogue, le citoyen se sent rabaissé face à ceux qui se considèrent comme des experts. Trônant dans leur tour d'ivoire, ils acceptent parfois, avec la condescendance liée à leur rang, de nous éclairer et supportent mal qu'on les conteste. Pourtant, j'estime avoir toujours voulu éviter les procès d'intentions en me basant sur l'étude de faits. Mais les interrogations sont telles face à une opacité, non systématique certes, mais entretenue, et les constats sont si souvent surprenants, que je ne peux que faire preuve d'une grande méfiance, laquelle peut être facilement considérée comme un procès d'intention, j'en suis conscient. Et comme je préfère la franchise à la diplomatie, cela ne facilite pas le dialogue aussi. Mais en dehors de ma personne, qui est certes souvent montée à l'assaut de la tour d'ivoire, ce que j'ai pu constater lorsque j'étais un citoyen sage parmi les autres, ne m'amène pas à trouver des excuses au service des Espaces Verts, comme à celui de l'Urbanisme. Les exemples de dialogue instaurés très orientés que j'ai décrits à propos de la place Velpeau (page 25) ou de la place Jolivet (page 132) en font foi. 7.2.6 Le rôle ambigu du responsable du patrimoine arboré Le 19 juin 2009, je signalais comme suit pour la première fois l'existence d'un responsable du patrimoine arboré de la ville.
L'année suivante, le 25 mars 2010, je m'interrogeais sur son rôle :
Le 19 juin 2011, j'ajoutais au chapitre un post-scriptum qui reste valable quelques mois plus tard, à l'écriture de ce livre :
"La notion du temps n'est pas la même pour nous et pour les arbres : les arbres adultes d'aujourd'hui ont été plantés par nos ancêtres. La responsabilité de les faire perdurer et de les transmettre aux générations futures nous incombe". Ces propos tenus dans Rustica du 5 octobre 2011 par le "gestionnaire du patrimoine arboré de la ville de Tours" n'ont pas été entendus à Tours même… 7.2.7 Le rôle ambigu du responsable du patrimoine arboré 7.2.7 Grandeur et décadence des arbres remarquables Est-il convenable de célébrer la beauté de nos arbres quand on en abat de façon abusive et arbitraire ? C'est la question que je me suis posée le 17 juin 2011.
Notez que l'association aussi appelée A.R.B.R.E.S. à Nîmes (page 205) n'est pas la même. Ce jour-là, à Tours, un séquoia pleureur fut aussi intronisé "arbre remarquable". Dix ans plus tôt, il avait échappé de peu à l'abattage (voir page 36). Jardin des Prébendes 2011. Au fond les pneumatophores, racines à l'air libre, telles des stalagmites, des cyprès chauves.
7.2.8 Galerie de photos de beaux arbres de nos jardins Pour le plaisir, et oublier un peu les trop nombreux abattages que nous avons subi, voici ou revoici quelques uns des beaux arbres des parcs et jardins de Tours-centre. Ces photos datent, pour la plupart, de 2003 et 2004, lorsque bénéficiant de mon premier appareil photo numérique, j'ai figé quelques arbres de ma ville. ==> Cette galerie, un peu augmentée, est présentée en ces deux sous-pages : 1, 2 7.2.9 Des espaces verts à usage saisonnier jetable La gestion des espaces verts de la ville de Tours atteint des dimensions surréalistes, que l'on n'aurait pas imaginées il y a vingt ans. Jean-Marc Sérékian nous présente le cas de la place de la place Anatole France, et ce n'est pas le seul, on pourrait parler aussi de la place du Palais (Jean Jaurès), de la place de la Liberté (anciennement place Thiers) ou de la place de la Gare (maréchal Leclerc) :
Arbrisseaux en pot au jardin des Prébendes (2011). Ils ne remplaceront jamais les marronniers abattus ci-dessous (2003) J'ai consacré un chapitre aux méfaits de l'esthétisme paysager (page 182). En s'appuyant sur ses effets les plus artificiels, Jean-Marc Sérékian dresse un tableau très noir :
Effectivement, l’hyper-centre ville de Tours est une caricature de ce qu’il ne faut pas faire, tant l’esthétisme est ici poussé à son paroxysme anti-écologique. Il reste encore des plantes vivaces dans les quartiers de Tours, des arbres en terre. La pelleteuse n'a pas partout remplacé la bêche mais les bouleversements que nous vivons actuellement sous prétexte de tramway ne semblent qu'accélérer et élargir la dérive… Qu'on mette des arbrisseaux en pot sur une place, dans une rue, devant un monument, on peut l'attribuer à un service Urbanisme qui n'a pas vocation à avoir une conscience environnementale, mais que l'on voit des arbrisseaux en pot jusque dans nos plus prestigieux jardins, les Prébendes d'Oé et le Botanique (voir page 0), on tombe bien bas et c'est le service des Parcs et Jardins qui est directement en cause. Y verra-t-on bientôt de faux arbres ? Ces deux services travaillent de plus en plus ensemble, l'un perd son identité et, sans réticence apparente, s'efface au profit de celui qui aseptise à notre cité. Il lui arrive même d'être moteur, comme dans l'exemple qui suit. 7.2.10 Début de privatisation de l'espace public des jardins S'il est possible que le service des Parcs et Jardins ne soit pas directement responsable de l'ouverture à des intérêts privés du jardin des Prébendes d'Oé, que je constate en cet automne 2011, il est toutefois directement concerné par cette altération d'un espace vert sous sa responsabilité. Avant (photo Google Street 2007) et après (novembre 2011) En 2011, une buvette et un restaurant se mettent en place à l'entrée nord. Il y avait déjà un lieu de rafraîchissement, c'était un premier pas, mais la structure était légère, comme on en trouve à Paris, au jardin des Plantes. Les bâtiments étaient deux cabanes, couvertes d'ardoises, selon la tradition tourangelle, c'était assez discret. On vient de franchir un nouveau pas. Les deux cabanes ont été supprimées, un ou deux arbres ont disparu (d'après un habitué des lieux, et à comparer les photos avant et après) et un bâtiment d'une surface bien plus importante a été construit, à la mode nordique, sur un large socle en béton. La buvette était sans doute trop ringarde, voici carrément le restaurant. Même si ses murs sont la propriété de la ville, la société de consommation s'installe dans le jardin. "Les papilles d'Oé", "Salon de café", "Restaurant". Outre le bâtiment et une large surface bétonnée, une vaste zone publique est mise à disposition de ce bâtiment à gestion privée (novembre 2011) 7.2.11 Des jardins normés pour ne pas avoir peur de la nature Il apparaît indéniable que la première mandature de Jean Germain, 1995-2001, a marqué une rupture, un tournant, dans la politique des parcs et jardins dans la ville de Tours. Ces lieux plutôt fermés qui permettaient un certain repli hors des bruits et de l'animation de la ville sont devenus ouverts sur les artères passantes. La vue s'est trouvée dégagée, des terrains de sports bruyants ont été aménagés (Mirabeau, Velpeau, Beaujardin...). Le calme et la tranquillité de jadis ont en bonne partie disparu. Plus d'intimité, on en arrive même à une vidéosurveillance généralisée (Theuriet). Les clochards, du coup, ont disparu, on devine que c'était un des buts. J'ai déjà présenté ces effets dans le chapitre "Des jardins répondant à des normes sécuritaires", page 146. Des Tourangeaux s'en sont rendu compte "Regardez là, ils ont arraché les haies, nous sommes directement en vis-à-vis avec la rue, c'est incroyable !" (Sicard, 1999), certains se sont opposés à cette évolution rétrograde pour notre environnement, mais une "machinerie" municipale s'est mise en branle. Oui, l'incroyable est bien arrivé et s'est progressivement généralisé, les jardins d'antan disparaissent au fur et à mesure des rénovations. Rétrospectivement, quand il analyse les luttes passées, Hervé Buisson, l'ancien président de l'Aquavit*, acquiesce :
Cette transformation touche, à un degré moindre mais graduellement accrue, jusqu'aux Prébendes et au Botanique, lieux pourtant conçus pour s'isoler en ayant l'impression de sortir de la ville, effectivement comme en "apesanteur". L'installation d'un restaurant en dur posé sur une large dalle de béton au sein même du jardin des Prébendes d'Oé apparaît comme un nouveau pas franchi. Comment a-t-on pu en arriver là ? Les éléments que j'ai pu rassembler m'amènent à émettre l'hypothèse qui suit. D'abord, ce n'est pas un phénomène propre à la ville de Tours, on retrouve cette évolution ailleurs, mais pas partout. Il y a une culture urbanistique qui conduit à ce comportement, celle qui, notamment, sait utiliser la prévention situationnelle. Car derrière cela, il y a une peur, peur des sombres buissons touffus, peur d'une nature trop envahissante, peur des personnes qui ne peuvent que s'y cacher, peur surtout de ne pas tout contrôler. L'ouverture des jardins à la rue est un moyen de combattre cette peur, si facilement communicable aux habitants, qui généralement ne se rendent pas compte des incidences perverses d'un tel système. Je me suis interrogé sur le rôle respectif de Christine Chasseguet, responsable du service Parcs et Jardins, de Sylvie Roux, adjoint au maire chargée de l'urbanisme, parcs et jardins, patrimoine, enseignes, publicité, et du maire Jean Germain. Sylvie Roux ne semble avoir été qu'une exécutante, s'accrochant aux principes convenus en plus haut lieu, probablement au niveau du maire, lequel sait bien s'entourer de tels lieutenants dévoués à sa cause. Même si elle est restée adjointe jusqu'en 2008, Sylvie Roux s'est trouvée moins exposée à partir de 2000. Il semble que Jean Germain soit alors allé chercher une technicienne plus discrète, apportant une aura d'experte davantage bluffante. Christine Chassseguet, de formation paysagiste, semble avoir eu un rôle moteur dans l'extension de la culture sécuritaire et dans sa promotion auprès des élus, des services techniques et aussi de la population. Elle a aussi accentué la politique prestigieuse de fleurissement basée sur un continuel renouvellement du court terme, au détriment d'une gestion à long terme. En parallèle à cette exposition technique, le maire a un peu temporisé et a appliqué une omerta sur les abattages plus politiques, comme ceux du tramway. Hervé Buisson, l'ancien président de l'Aquavit*, s'était intéressé à cette dérive :
Cette peur actuelle de la nature dangereuse et sale en plein XXIème siècle, alors qu'elle régresse partout, a été analysée et développée dans les trois ouvrages de François Terrasson. Le premier, "La peur de la nature", de 1988, a été réédité en 2007 aux éditions "Sang de la terre" avec des compléments, dont cet extrait d'entretien de 2005 où l'auteur déclare :
Les anti-naturalistes sont au pouvoir à Tours. Pour longtemps ? |
7.3 Une ABF grande prêtresse de la minéralisation L'ABF, l'Architecte des Bâtiments de France, a un rôle primordial dans tous les aménagements du secteur historique de la ville. Malheureusement, la personne investie de ce titre enviable a visiblement une conscience environnementale quasi nulle pour ne pas dire délibérément anti-écologique. Les vieilles pierres, oui, et même quand elles ne sont guère vieilles (comme rue Nationale), là ça reste sa préoccupation conservatrice primordiale. En cela, on ne peut pas lui donner tort. Par contre elle ne semble pas capable de concevoir le mariage entre pierre et nature pour la mise en valeur des bâtiments anciens. Pour elle la nature apparaît inutile, elle a même tendance à nuire à l’esthétique des monuments. Sa disparition ou son confinement dans des pots amovibles à volonté au gré des saisons est le modèle à suivre. Si elle sait apprécier la pierre tourangelle, elle n'apprécie pas la nature tourangelle. La notion historique de "Jardin de la France" lui échappe totalement, puisque massifs et arbrisseaux exotiques ont sa préférence. Pour cet ABF, le patrimoine ne peut pas être arboré. Une architecture végétale héritée des générations passées ne semble pas appartenir à son domaine de compétence. Les pierres reconstruites de la rue Nationale il y a 60 ans lui sont précieuses au point de ne pas tolérer les fils aériens du tramway, par contre les arbres plantés à la même époque ne lui sont d'aucun intérêt. Cette étroitesse d'esprit de l’ABF en poste sur Tours donne toute liberté d'action pour les projets de "rénovation" de la municipalité. Celle-ci peut même se permettre d'accentuer encore la dérive. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer dans le PLU* les parts faites à chacun des deux patrimoines, bâti et végétal, et les considérations avec lesquelles ils sont traités (voir page 168). La responsabilité de l'ABF* me semble avérée pour la "bétonnisation" de la place Choiseul. C'est un mot plus juste que la pompeuse "minéralisation" (j'en parle longuement en page 81). Pour la place Anatole France, cette dame ABF* n'était pas encore en poste, mais son prédécesseur avait des idées assez proches (voir page 155). Il est possible qu'elle soit aussi intervenue pour l'abattage des platanes de la station Jean Jaurès (page 86) et il est sûr qu'elle aurait refusé que la rue Nationale soit arborée (page 101) si on le lui avait demandé. Dans tout son domaine de compétence du centre historique de la ville, elle s’est pliée au fait du Prince et a même pu l'inspirer pour encore plus dégrader le patrimoine végétal. On pourrait donc considérer qu'elle est la grande prêtresse de la minéralisation. Mais ce n'est pas elle qui décide. Rien n'obligeait la mairie à passer sous ses fourches caudines (sauf probablement rue Nationale). Le projet consiste à faire passer un tramway, ce qui ne nécessitait pas de nombreux aménagements annexes, comme sur la place Choiseul ou à la station Jean Jaurès. La mairie pouvait y renoncer. Je pense qu'on n'a jamais vu un ABF* empêcher un projet de tramway pour des à-côtés non nécessaires et dispendieuses. J'ai remarqué, aussi bien du côté des Verts que des Socialistes, que des conseillers municipaux ont tendance à se décharger des abattages en les attribuant à l'ABF*. C'est une façon non recevable de ne pas assumer ses responsabilités. Le témoignage qui suit d'un militant de la Sepant*, en date du 11 juillet 2011, montre bien dans quelle bulle évolue l'ABF*.
Cet échange permet de savoir qu'une étude aurait déterminé que les arbres de la place Choiseul étaient "malades". Cest la première fois que j'en entends parler (comme quoi il y de grosses cachotteries dans le dos des citoyens). Pour avoir vu ces arbres de près, ils me semblaient en bonne santé. Une fois de plus je ne puis que penser à l'adage "Quand on veut tuer son chien, on prétend qu'il a la rage". En 2011 et 2012, la rue Nationale est mise sens dessus dessous pour supprimer ses trottoirs à l'occasion du passage du tramway. Ils avaient pourtant été refaits quelques années plus tôt sous le même prétexte d'arrivée future du tramway et d'abord de TCSP*. Le 21 janvier 2010, la NR* montrait le rôle de l'ABF dans ce gaspillage :
Ben voyons, 3 % ce n'est rien ! D'abord le coût total officiel du tramway était de 367,7 millions en juin 2010, et non 400. Ensuite 3 % ça fait 11 millions, ce qui est énorme et suffit largement, par exemple, à payer la reconstruction de la passerelle Fournier que la mairie avait promise et qu'elle dit ne peut plus pouvoir financer. Le 30 septembre 2011, sous la plume de Christophe Gendry, en une pleine page titrée "Madame l'architecte en chef défend sa vision de la ville", la NR* a dressé un portrait très élogieux de Sybille Madelain-Beau. Madame l'ABF prétend défendre l'intérêt général, qu'elle connaît bien sûr mieux que les Tourangeaux eux-mêmes, par exemple quand ils se sont exprimés dans l'enquête publique sur le PLU*. Fenêtre ouverte, elle pose devant un bel arbre qu'elle n'a pas encore promis à l'abattage. Sans évoquer les palmiers et oliviers en pot, elle pérore en estimant qu'il faut "retrouver une véritable identité ligérienne". Mais c'est en matière immobilière qu'elle se découvre un peu :
Quelle considération pour les projets immobiliers de toutes sortes ! Même pour ce qui est hors de son périmètre (le Sanitas). Les bâtisseurs de béton sont les bienvenus dans la cité. De sa tour d'ivoire loin du bas peuple, sous le vernis de sa très haute considération, madame l'ABF se dévoue aux intérêts privés et à ses serviteurs municipaux. Cela n'a pas nuit, au contraire, à sa promotion à l'ordre du Mérite, belle occasion pour ajouter un article à la propagande municipale. 7.4 Un maire autocrate délinquant environnemental 7.4.1 Les dégâts de la "méthode Germain" Déjà le 24 mars 2010, en m'interrogeant sur la diminution des arbres dans les cours d'école (page 134) je me demandais qui décide. Peu importe que ce soit le service urbanisme ou le service des espaces verts, peu importe si ailleurs c'est l'Opac* ou le Sitcat*, voire le Centre Hospitalier Universitaire. Le maire en personne chapeaute tout ça, il assume une façon d'agir qui est partout la même, destructrice de notre environnement arboré. Je ne peux donc que ramener le rôle moteur sur lui et la petite sphère décisionnelle, politique et administrative, qui l'entoure. Jean Germain vu par Hervé Buisson (2000) De toute évidence ce n’est pas la fibre écologique qui anime notre maire, tout reste dans l’exubérance verte des apparences extérieures avec lesquelles il aime se draper. Il a abusé à souhait de l'aura verte du tramway, pour anesthésier les oppositions naturelles. Les Verts s'y sont volontiers soumis, les associations environnementalistes n'ont pas été dupes. Son "écologie" à lui est uniquement marketing, faisant ronfler des jolis mots et formules magiques comme "écoquartier", "normes HQE", "trame verte et bleue", "haut niveau d'énergie". En définitive, avec ce fatras démagogique, il suit et impose une ligne politique d'aseptisation de la ville. Détenant les leviers du pouvoir, financiers, politiques, culturels, il s’active pour réduire la place de la nature, transformant les arbres en mobilier vert amovible et imposant de hautes tours énergivores. Revenons à nouveau sur ce que j'ai appelé la méthode Germain* ˜, consistant à abattre tous les arbres, ou presque, des espaces que l'on veut rénover, je la décris plus précisément dans le lexique (page 5). Elle est entrée en action dès sa nomination et a conduit à plusieurs milliers d'abattages dont certains incompréhensibles et totalement inutiles. Probablement quelques milliers d’arbres sont tombés, avec une efficacité impressionnante. Jean Germain est président du conseil d'administration du Centre Hospitalier Universitaire. A l'hôpital de Clocheville, il ne reste que le majestueux platane. Place à la minéralisation, aux arbres en pot et à des espèces horticoles basses. Les relecteurs de ce livre ont été marqués par cette méthode Germain, ils la considèrent comme la révélation d'un vice caché, si bien qu'ils m'ont incité à la mettre en exergue. Je l'ai fait en lui associant le symbole d'un tronc coupé : [ce signe symbolique nest pas repris dans l'adaption du livre au Web]. La lecture de la table des matières s'en trouve confondante quand on considère que cette méthode n'était pas employée à Tours avant 1995. Chacun des chapitres marqués de ce symbole correspond à des abattages pour la plupart abusifs. J'ai aussi utilisé ce symbole dans les légendes de photos, pour signifier "Voyez les dégâts de la méthode Germain ˜". Ces abattages apparaissent particulièrement injustes, car injustifiés et injustifiables, pour le moins très contestables. D'autres villes ont-elles autant utilisé ce procédé barbare, sous son air policé de propagande ? Oui, bien sûr, mais le cas de Tours est assez accablant pour attribuer le nom de son maire à cette façon de détruire le patrimoine arboré d'une ville. De belles déclarations et intentions, beaucoup de cosmétique, oui. Il est étonnant, que de 1995 à 2008, à l'exception notable de l'Aquavit* aux alentours de l'an 2000, pratiquement personne ne se soit rendu compte des dégâts provoqués, sous les effets soporifiques du fameux refrain appliquant le baume des replantations. De cette époque là, nous ne connaissons que la partie visible de l'iceberg. Si Google Street avait existé en 1995 et si nous faisions maintenant une comparaison précise des arbres de l'espace public de cette époque avec ceux d'aujourd'hui, le bilan serait terrible. Il est terrible. Toutefois, c'est bien ces 3 dernières années, de 2009 à 2011, que la méthode a été poussée à son paroxysme avec une obstination presque sans faille, au point que les Tourangeaux ont bien été obligés de se rendre compte des dégâts. 7.4.2 L'emprise du "système Germain" Alors qu'à l'occasion de la rédaction du présent livre, je suis l'auteur de l'expression "méthode Germain*", je ne le suis pas pour le "système Germain". Ce réseau caché et cloisonné de relations politiques du maire, tout à son service autocratique derrière le multipartisme de façade, est dénoncé et caricaturé tant en local qu’au niveau national. L'Express du 14 septembre 2006, a décortiqué en quatre articles les principales ramifications du réseau souterrain du maire. On y trouve ce témoignage du secrétaire général de la CGT d'Indre et Loire, très révélateur par sa dernière phrase :
La Tribune de Tours du 1er septembre 2011 est plus précise :
Notre autocrate local, vice-président de la région Centre, président de l'agglo Tours Plus, a donc tissé sa toile au point de se sentir tout puissant. Ses multiples fonctions et son vaste réseau de relations lui permettent de mettre dans sa poche ceux qui pourraient le contrecarrer. Ses services et conseillers municipaux lui sont dévoués. Il ne suit la loi que lorsqu'il se trouve contraint ou que le risque est trop grand, mais il n'hésite pas à forcer cette loi quand c'est tangent et qu'il n'est pas évident de l'en empêcher. On l'a vu avec le début anticipé des travaux de voirie du tramway (page 53) ou avec son reniement à sauver les tilleuls de la place Choiseul (page 85). La Charte de l'environnement a été de multiples fois bafouée sans le moindre scrupule (voir l'appel solennel en page 218). Jean Germain, avec en guise d'oreilles des "sucettes Decaux" vantant "Tours, la ville où coule la sève", par Hervé Buisson (2000) Plusieurs personnes hautement placées à la mairie et autour ont eu de hautes fonctions au Tribunal Administratif d'Orléans. Je ne crois pas que leur embauche soit un hasard et il m'apparaît probable qu'une cellule a été constituée pour déterminer les "maillons faibles" permettant de contourner la loi et d'agir au mieux à Orléans. Que ce tribunal rejette les référés-suspensions de TCSP 37 (avril 2011) puis de François Louault (octobre 2011) sur le pont du Cher en estimant qu'il n'y a pas urgence alors que le pont se construit est une pitoyable mascarade de Justice. Le réseau est puissant et nous sommes aujourd’hui, nous habitants de la ville, confrontés à une véritable délinquance environnementale en col blanc, avec constitution de bande organisée infiltrant même des institutions publiques. Comme tout voyou de haut vol, l’homme sûr de son maillage et fier de ses titres et fonctions, n'hésite pas à se gausser d'éthique et à donner des leçons de morale. En cela, l’élu omni-président de tout à Tours est aussi responsable de l'écoblanchiment dans lequel nous baignons et étouffons. Il dispose d'escouades disciplinées de journalistes, de graphistes et d’artistes à sa solde dans les divers médias locaux, NR, Tours Infos, et les publications spécifiques du Sitcat/Cité Tram... C'est lui qui a affublé un conseiller municipal Vert du titre ronflant de "adjoint à l'exemplarité environnementale". Sans doute est-ce lui aussi qui a voulu nommer un puis deux responsables du patrimoine arboré. J'y vois là sa volonté de masquer un manque permanent d'exemplarité et de responsabilité. C'est à un point tel que Jean-Marc Sérékian assimile sa gouvernance à une tyrannie militaire :
Le patrimoine arboré n'est qu'un des terrains de bataille du commandant en chef, son saccage lui importe peu… Hors du domaine environnemental, il y a beaucoup à dire sur Jean Germain, sa façon de reporter à plus tard la dette, son emploi grassement payé pour peu de travail, reproché par la cour des comptes, et j'en passe, je l'ai fait plus précisément dans le chapitre 14 du livre "Tours et son tramway rouleau-compresseur". 7.5 Un préfet inconsistant jusqu'à tout laisser passer [Reprise du chapitre 20 du livre "Tours et son tramway rouleau-compresseur"] Son rôle n'a eu d'importance que pour le projet de tramway, mais ce fut un rôle primordial. Face au rouleau compresseur municipal, il n'y avait que la commission d'enquête et le préfet pour arrêter le projet ou du moins atténuer significativement ses principaux défauts. Une fois l'accord de la commission, il ne restait que le préfet d'Indre et Loire, Joël Fily. Son rôle était donc essentiel, sa personnalité aussi, son indépendance d'esprit, sa volonté de faire respecter la loi, bref sa capacité à assumer sa fonction, à prendre le dossier en main, à savoir écouter, comprendre, peser... Il a fait la démonstration que les codes et règlements d'urbanisme ne servaient à rien. Avant même les conclusions de la commission d’enquête publique, j'ai eu l'occasion de l'alerter car des travaux dits de "dévoiement de réseau" débutaient dans l'illégalité au Sanitas. Ce passage en force visait à condamner notre demande de modification du tracé. Ma première impression fut plutôt positive, j'ai cru qu'on était enfin écouté. Il m'a en effet écrit le 13 septembre 2010 : "Je comprends tout à fait votre démarche et je demande" à ce que ça soit étudié et à ce que j'en sois informé. Puis ce fut me black-out. Je ne sais pas ce qui s'est passé, ce qui l'a fait changer d'avis, car il ne m'a plus jamais contacté. On peut facilement supposer aujourd’hui que le "système Germain" était passé par là… Ce silence prolongé nous a beaucoup mis dans l'embarras. Arrivé fin septembre, le doute s’est installé, il nous semblait que le préfet laissait "pourrir la situation" en espérant que l'on se découragerait. Le temps passait, les engins de chantier étaient déjà positionnés, le massacre se préparait. J'ai alors compris que ce n'était pas clair et que l'issue de notre démarche serait probablement négative. J'espérais tout de même encore un changement d'orientation. Ses conseillers pourraient-ils l'y amener, avec la pertinence de nos arguments ? Dans notre premier document de convergence nous avions précisé de nombreux points que la commission d'enquête avait mal traités ou n'avait pas traités du tout. Le préfet pouvait notamment demander une étude indépendante sur certains d'entre eux. Aucun n'a retenu son attention. Nos cinq propositions ont ensuite été pareillement ignorées. C'était désormais peine perdue, lui aussi faisait partie intégrante du rouleau compresseur. Il fit sans cesse la sourde oreille à l'action de notre Front de Convergence* (avec pourtant deux associations environnementales agréées). Par deux fois le ministère de l'écologie l'a chargé d'étudier nos arguments et de nous apporter une réponse, il ne l'a pas fait. Il n'a laissé passer qu'une réunion où sa secrétaire générale nous a écouté. Il y eut bien une seconde réunion où nous devions argumenter devant sa secrétaire générale pour qu'il repousse de quelques mois la Déclaration d'Utilité Publique (DUP) afin de corriger le projet de façon significative. En fait cette invitation était d'une rare impolitesse, un camouflet, puisque cinq heures avant la rencontre, il a fait savoir qu'il accordait la DUP. Cette réunion du 21 décembre perdait tout objectif. Nous y sommes tout de même allés, d'abord pour montrer que nous étions davantage polis, ensuite pour savoir ce qu'on avait à nous dire. Pas grand chose, notre dossier de convergence ne semblait même pas avoir été étudié par l'équipe préfectorale, il a été confié à la mairie et au maître d'ouvrage qui ont répondu, et même pas de manière écrite à notre attention. Bref, j'estime que toute notre action, pourtant très sérieusement argumentée, a été balayée d'un revers de main de façon encore plus expéditive qu'avec les commissaires-enquêteurs. Sa réponse du 11 janvier 2011 adoucit certes un peu la manière, a posteriori, mais les résultats restent inchangés. Cette tardive justification confirme sa partialité et son manque d'implication. Comment l'autorité préfectorale a-t-elle pu valider un projet si mal bâti dès le départ ? Pourquoi a-t-elle fermé les yeux devant toutes les inconséquences techniques et urbanistiques révélées ? Pourquoi en définitive la préfecture est elle allé jusqu'à la forfaiture (voir page 56) ? Je n’ose pas me prononcer car les raisons m'apparaissent trop opaques et incompréhensibles pour être saines. [J'y reviens tout de même un peu plus loin, page 199] La NR rapporte dans son édition du 6 janvier 2011 : "Un préfet que le maire de Tours a remercié à plusieurs reprises, notamment pour sa célérité à signer la déclaration d'utilité publique". Pourquoi n'atil pas remercié le Sitcat et CitéTram pour la très grande qualité de leur projet qui présente si peu de défauts que le préfet l'a rapidement accepté ? Il fallait effectivement un très gros effort du préfet, il lui fallait être très attentionné aux désirs du maire, ces grands remerciements sont amplement justifiés. 7.6 Des élus incapables de défendre l'intérêt public [Reprise partielle des chapitres 17 et 19 du livre "Tours et son tramway rouleau-compresseur", avec complément] Ainsi le maire et le maître d'ouvrage ont foncé aux commandes d'un rouleau compresseur. A défaut de pouvoir l'arrêter, car ils sont du même bord, certains conseillers municipaux de la majorité socialiste, communiste, verte et un peu centriste auraient pu prendre conscience de quelques problèmes ou du moins tenir compte des inquiétudes exprimées par les habitants. Ils auraient pu agir diplomatiquement pour améliorer certains aspects très contestés du projet. C'est ce que je me suis dit au début. Non seulement, ils ont été incapables d’atténuer le désastre, mais en plus ils n'ont pas pris la mesure des problèmes et, pire encore, ils n'ont pas su en prendre connaissance par eux-mêmes ! Les conseillers municipaux présents à la réunion du 2 juin 2010 ont appris en même temps que moi l'abattage de tous les arbres du mail. Ils ont fait comme s'ils savaient et ont noyé le poisson en affirmant péremptoirement que le projet était exemplaire. Aveuglement ? Stupidité ? Inconscience ? Je ne sais pas, je trouve seulement que c'est un mépris des citoyens que de leur faire avaler des balivernes en se montrant incapable de parler avec pertinence du sujet controversé. Par leur passivité, eux aussi ont fait partie intégrante du rouleau compresseur. D'ailleurs aucun élu n'a jamais su me dire pourquoi sur une artère très large comportant 6 à 8 voies pour les voitures (stationnements inclus), le tramway ne pouvait passer que sur la promenade arborée. Tel n’était pas leur problème. Je crois aussi que la plupart des conseillers municipaux de la majorité considère que le tramway n'est pas leur préoccupation parce qu'il est la "chasse gardée" du maire et de quelques autres personnes qui lui sont très inféodées. Toutes les affaires sensibles, sont traitées seulement par le cabinet du maire ! C'est perdre le sens des responsabilités et n'assumer que piteusement leurs rôles de représentants du peuple, car tout cela est bien sûr essentiel pour notre cité de demain. Avant de devenir présidente du conseil général, Claude Roiron, alors adjointe à la sécurité, déclarait en 2007 (Le Point du 17 janvier) "Je suis socialiste et Big Brother, ce n’est pas ma valeur. Je suis contre la vidéosurveillance, sauf dans quelques endroits sensibles". Bien plus tôt, avant qu'il devienne adjoint au maire, Pierre Texier (Parti Communiste) déclarait le 3 novembre 1994 à la NR* sur le même sujet : "Il s'agit d'une intolérable atteinte aux libertés que pas un démocrate ne peut admettre". En 2009 l'atteinte est devenue tolérable, la valeur anti Big Brother a été perdue, Pierre Texier et Claude Roiron ont collaboré avec un maire qui a imposé la pire des "vidéosurveillances", celle en temps réel 24 heures sur 24. Il est vrai qu'entre temps, sa dénomination était devenue "vidéoprotection" dans la nouvelle rhétorique du pouvoir. Ce maire de droite étiqueté socialiste a trompé les siens, il a transformé les élus de son camp en moutons obéissants. Les dix conseillers municipaux d'opposition UMP et en partie centriste ont bien sûr moins de pouvoir que ceux de la majorité, mais ils peuvent influer, notamment, agir sur les médias, avoir du crédit auprès de l'Etat, du préfet. Ils se sont rangés en trois attitudes, une première de retrait et silence (ou absence), une deuxième d'approbation du projet et de soutien au maire, le plus dévoué étant Bruno Lavillatte, proche du patron UMP du département Philippe Briand, et une troisième en opposition marquée avec trois conseillers, Khadra Mouri, Pascal Ménage ancien bras droit de Renaud Donnedieu de Vabres, et Françoise Amiot, la présidente de TCSP37*. Cette dernière fut la plus constante et la plus en pointe, sur tous les fronts, que ce soit sur le mail du Sanitas, sur le pont du Cher, sur les pavés de granit achetés en Chine ou sur le cabinet "RCP Design Global", lequel s'est vu confié le design du tramway alors qu'il est dirigé par la conseillère municipale Régine Charvet-Pello. Ainsi, au sein du conseil municipal, l'opposition au projet de tramway, pourtant puissante en 2007, s'est réduite comme peau de chagrin en 2010, alors que, paradoxalement, il y avait bien plus de raisons de s'opposer. Donc, même sur le versant des élus de Droite, le maire de Tours a réussi à bâillonner en bonne partie la contestation. Comment a-t-il procédé pour aplatir autant de monde ? "L'Express", hebdomadaire national, donne une explication dans un article du 14 septembre 2006. On y apprend en particulier qu'il est difficile de comprendre "les rouages de la politique locale" sans tenir compte du fait que la ville de Tours a une "très forte tradition maçonnique". "Le réseau fonctionne et reste influent", on y trouve assurément plusieurs des acteurs essentiels de cet ouvrage, quelque soit la couleur politique. L'article, sur-titré "Le système Germain", précise que c'est "là que trouverait sa source" la "complicité" entre Jean Germain, le maire socialiste de Tours (fils d'un "frère du Grand Orient"), et celui de la commune voisine de Saint Cyr sur Loire, Philippe Briand, personne aussi très influente, président du puissant réseau d'administration de biens Citya Immobilier et patron de l'UMP sur le département. Complicité, hé oui c'est dit... et elle agit et décide très discrètement, dans les coulisses. Je mets à part l'adversaire du maire de Tours aux deux dernières élections municipales, ancien député de Tours, ancien ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres. S'il n'a pas été présent lors de ces derniers mois, s'écartant de la vie politique tourangelle, il a été le premier à s'opposer, et vigoureusement, à ce projet qui dès le départ était mal parti. En 2008, il s'interrogeait "Pour qui roule la NR* ?" et déclarait : "Le peuple est seul souverain. Il est adulte et n’est pas dupe lorsqu’il voit se mettre en place un vrai rouleau compresseur". Aux élections de 2008, sa présence plombée par son action ministérielle liberticide sur Internet, n'avait pas aidé à ce que les électeurs perçoivent les dangers, il est vrai bien cachés et très minorés, du projet de tramway de son adversaire. Je me suis rendu compte que la problématique écologique perverse posée par ce tramway si peu écologique était comprise de façon très diverse, mieux à droite qu'à gauche finalement, avec parfois un hermétisme complet (du côté communiste, en particulier), avec souvent un aveu d'impuissance ou une compréhension passagère se terminant par un silence gêné. Impossible de stopper ou seulement dévier le rouleau compresseur… Sur son passage, une autoroute a été grande ouverte pour le tramway et la spéculation immobilière. 7.7 Le cas des élus Verts écolos-traitres Le cas des trois élus conseillers municipaux Verts, François Lafourcade (adjoint à "l'exemplarité environnementale"), Caroline Deforge et David Chollet est à part et doit être explicité. Elus pour défendre l'écologie dans notre cité, ils ont activement collaboré à une municipalité qui a provoqué un saccage écologique local avec des centaines d'arbres abattus inutilement en centre ville. Ils ont, à l'évidence, trahi leurs électeurs en donnant leur caution "verte" au maire. En février 2011, j'écrivais dans mon livre "Tours et son tramway rouleau compresseur" (chapitre 18) :
Leur attitude ensuite, lors des abattages de mars et avril 2011 a consisté à collaborer complètement avec le maire, allant jusqu’à lui servir spontanément de porte voix pour justifier la destruction du mail du Sanitas (voir page 69), ce qui m'a amené à les nommer "écolos-traitres". Jean-Marc Sérékian développe ce point de vue :
Enfin pour le PLU*, ils ont poursuivi leur soutien au maire en approuvant sans réserve une densification qui réduit une trame verte censée être développée. Tout cela mène à un fiasco. Ils semblent maintenant le reconnaître en partie, en dénonçant ce qu’ils ont eux-mêmes provoqué (voir page 173). Comme un point d'orgue, le 17 novembre 2011, la NR* présentait les propos effarants d'un élu municipal Vert qui justifiait que les pavés de la minéralisation-aseptisation du tramway soient achetés et acheminés de Chine, et pour la somme de 6,5 millions d'euros… Pour Europe Ecologie Les Verts, il ne s'est rien passé à Tours en avril 2011, aucune catastrophe écologique, aucun dégât de quelque ampleur. Cette reproduction est extraite de la page des communiqués de leur site verts-touraine.org. 7.8 Un média dominant servile et sans éthique En notre ville de Tours, le quotidien local "La Nouvelle République du Centre-Ouest" (NR), est en position dominante de monopole. Cette omniprésence est notamment renforcée par sa télévision alliée TV Tours et son site web, dont les articles sont souvent repris sur le site tours.maville.com. Ce journal né après guerre, d'inspiration radicale-socialiste, avait eu un rôle de contre-pouvoir à la fin du règne de Jean Royer l'ancien maire. Après plus d’un tiers de siècle au pouvoir, l’homme, jugé trop à droite dans ses certitudes et méthodes, s’était taillé une mauvaise réputation d’autocrate indéboulonnable. La ligne politique de ce journal n’était certes pas très incisive, mais elle a permis à la contestation de se développer contre un pouvoir devenu étouffant pour un grand nombre de tourangeaux. Et même lors de la première mandature de son successeur, la contestation arrivait encore à s'exprimer, je l'ai montré précisément dans un exemple de 1998, en page 27. Toutefois, même sous Jean Royer, les rouspétances des administrés et les récriminations de l'Aquavit* n'étaient reprises par le journal que pour les modérer et les vider en bonne partie de leur substance. Le schéma classique d'un article sur une détérioration du patrimoine arboré suit presque toujours ce schéma en trois temps :
Jamais, de tous les nombreux articles que j'ai lus, je n'ai vu le schéma inverse montrant une municipalité rassurante, dont les arguments sont démontés pour finir par exposer les récriminations des habitants ou d'une association. Sous le règne de Jean Germain, d'inspiration radicale-socialiste aussi, on est arrive à sortir des limites que je viens de présenter, qui avaient au moins l'avantage de montrer l'existence d'une contestation. Le comportement de la NR* s'est progressivement sérieusement ramolli, même sur les autres sujets que les arbres, d'ailleurs. Pour exprimer l’état de déliquescence servile et dégradante de ce journal, des tourangeaux de divers bords politiques en sont même arrivés à la surnommer "La Nouvelle Répugnante". Tout au long de cet ouvrage, j'ai trop souvent eu l'occasion de dénoncer un positionnement très orienté, sous le vernis d'une neutralité de complaisance, laissant de temps en temps percer quelques contestations, soigneusement contenues ensuite quand elle dérangent le pouvoir en place. J'en ai notamment parlé à propos de la perverse promesse (page 10), à propos du voisin de ses locaux, le cèdre de Verdun (page 87), et dans le chapitre "Le rôle très ambigu des médias locaux" (page 71). Dans ce même chapitre, j'avais présenté les autres médias, les journaux d'information des collectivités, les télévisions locales TV Tours et FR3, l'hebdomadaire gratuit "La Tribune de Tours", des radios locales. Je n'y reviens pas, leur rôle est accessoire et je vais ici me concentrer sur la NR*. Indépendamment de nous, engagés dans la préservation du patrimoine végétal de la ville, la fonction de désinformation de la NR* au service du maire a été pointée par "La Tribune de Tours". Dans un article du 1er septembre 2011, il est question de la "clé de voute" de la gouvernance Germain qu'est le "soutien sans faille – ou presque – assuré par le quotidien régional local", et des "très bons rapports entretenus par Jean Germain et son entourage avec les représentants du groupe de presse de la Nouvelle République" lui "garantissant en local un traitement privilégié". L'article décrit deux affaires louches de "gros sous", la première entre Jean Germain, Philippe Briand (maire de St Cyr, chef UMP du département, dirigeant de Cytia Immobilier) et le PDG du groupe NR*, pour une subvention de TV Tours, contrôlée par la NR, la seconde pour la vente des terrains de la NR (voir page 145) entre les mêmes, Bouygues Immobilier et la société SCI Cocoon dont l'actionnaire principal est Cytia Immobilier. Poursuivons par l'opinion de Jean-Marc Sérékian :
Dans mon livre "Tours et son tramway rouleau compresseur" chapitre), j'ai énuméré quelques unes des méthodes de la NR :
Avant l'installation du "système Germain" (voir page 193), dont il est un rouage essentiel, ce journal n'usait pas à ce point de telles méthodes. En cette fin d'année 2011, il semble un peu plus critique, il est vrai qu'il devenait difficile de continuer alors que monte le mécontentement. Puisse-t-il retrouver d'avantage de neutralité et d'éthique. Je reparlerai de la NR*, sous l'angle du rôle de ses correspondants, dans le chapitre sur les communes environnantes (page 201). 7.9 Une concertation dévoyée La méthode de rouleau-compresseur employée par la municipalité oblige à circonscrire au maximum toutes les concertations. C'est effectué avec une terrible efficacité. Les réunions d'information sont intitulées réunions de concertation et lorsque la concertation est vraiment obligatoire, lorsque les citoyens peuvent vraiment s'exprimer, tout est fait pour que leurs demandes ne soient pas prises en compte, elles passent à travers un "laminoir participatif". Ce fut exactement le cas pour le tramway et le PLU*. Nous allons en analyser les rouages. 7.9.1 L'échec des Conseils de la Vie Locale Depuis 2003, les CVL, Conseils de la Vie Locale - il en existe quatre sur Tours Nord, Est, Ouest, Sud - sont les instances de la démocratie participative de notre cité. Par la création de groupes de travail (ou commissions), ils permettent d'établir une concertation avec les services techniques de la ville. La mairie a refusé une telle création, elle a donc écarté la concertation. Il n'y eut pour chaque CVL qu'une réunion d'information, avec à la fin quelques questions. Les informations généreusement délivrées avaient pour fonction d’éluder les nombreux problèmes épineux et sensibles pour les habitants, notamment les incompréhensibles abattages d'arbres. J'étais présent à une de ces réunions et je n'avais pas pensé à soulever le sujet, tant je n'imaginais pas qu'on pouvait abattre au delà du tracé lui-même. Il n'était pas alors question de rénovations le long du trajet. J'ai ensuite essayé d'agir dans le cadre du CVL Est lorsque j'ai appris la destruction programmée du mail du Sanitas. Sans aucun succès, personne, du côté municipal, n'a voulu se pencher sur le sujet, encore moins en discuter avec les habitants. Voilà pour le tramway. Pour le PLU*, précisément le PADD*, il y eut aussi une réunion inter-CVL* où la municipalité, du haut de son estrade, a déployé son diaporama puis a répondu aux questions. Il y eut deux autres réunions de ce type avec très peu d'habitants présents. Le projet n'en fut pas du tout modifié. fin 2009, le collège des citoyens du CVL Est décida de travailler sur le PLU et le devenir de la ville. La municipalité tenta au maximum d'empêcher la création d'un groupe de travail sur ce thème. D'évitements en évitements, elle finit par accepter une seule réunion avec le service urbanisme qui fut reportée jusqu'à début juillet 2010. J'en parle dans le chapitre "Une parodie de concertation, surdité et déni" (page 136) à propos des jardins St Lazare. Je n'ai jamais vu une réunion de concertation aussi stérile. Le dialogue avec le service Urbanisme fut nul. En dehors de ces deux gros projets, le thème des arbres a été abordé à plusieurs reprises au CVL Est auquel j'ai participé. J'en ai parlé dans le chapitre sur le service des Espaces Verts (pages 180). Le dialogue n'a pas été facile, mais il a existé et il y eut la réalisation des plantations situées derrière l'école Raspail (page 161). C'est un maigre résultat à considérer comme assez bon dans le contexte de la municipalité que nous subissons en matière environnementale, une sorte d’exception qui confirme la règle de la méthode Germain*. Ainsi donc les CVL ne permettent guère aux citoyens de modifier l'attitude de la municipalité. Par contre celle-ci sait manipuler les habitants pour les amener à conforter sa politique urbanistique. En voici un exemple dont je ne connaît pas l'issue. Il n'y a pas de verdure rue Colbert, rue très commerçante du vieux Tours. Quatre bougainvilliers en pot y ont été installés en juillet 2011 "en conformité avec les exigences de l'ABF* attachée au caractère minéral du quartier" (NR* du 13 juillet). Ca ne suffit pas, un habitant travaillant à la mairie a proposé d'en acheter cinq autres lors de la réunion du CVL-Est du 8 décembre 2011. Cette proposition a seulement été évoquée, sans rencontrer ni assentiment ni réprobation, comme une réflexion à venir. Certains habitants ont tout de même été étonnés de la démarche, tant le coût est élevé. Et, surprise, le surlendemain, la NR* présente cette proposition comme un projet, sous-entendu bien avancé. Sous la plume du fidèle Christophe Gendry, elle se fait la porte-parole de la satisfaction du conseiller municipal qui pousse en ce sens :
Quelle ambition pour une nature aseptisée, pas du tout ligérienne, au bilan carbone très négatif et en plus très onéreuse (3.500 euros l'unité, sans compter les futurs coûts de transport au bois des Hâtes chaque hiver) ! Si, rue Colbert, il n'y a probablement guère de place pour des arbres ou arbustes, pourquoi refuser de trouer la chaussée pour y planter des arbrisseaux de chez nous ? Doit-on passer sous les fourches caudines d'un(e) ABF* anti-naturaliste ? Doit-on continuer à se laisser berner par une municipalité qui transforme la nature en mobilier vert ? 7.9.2 Les dés pipés des commissions d'enquête J'ai participé très activement aux deux commissions d'enquête, sur le tramway puis sur le PLU*, ce qui m’a permis de constater le parti-pris indécent des commissaires-enquêteurs. Je l’ai souligné à plusieurs reprises (pages 55, 136 et 171). D’emblée leur rôle était biaisé car ils s’étaient inscrits dans l'optique d'approuver le projet. Cet "a priori" suspect a été clairement exprimé pour le PLU. Et en conséquence logique ils se sont attachés à raboter les remarques épineuses des habitants. Le peu qu'il en restait a ensuite été arbitrairement supprimé par la mairie qui n'a conservé que quelques "recommandations" mineures pour faire illusion. Pour les centaines d'arbres inutilement tués, la commission d'enquête du tramway n'en sauva que 14 (place Choiseul, page 81), qui furent quand même abattus ! Elle ne pouvait pas faire pire. Avec une telle méthode de prélavage au service du maire, hormis une exception, AUCUNE des nombreuses demandes de la population exprimées dans ces deux enquêtes publiques ne fut prise en compte. L' exception est celle des jardins St Lazare où la mairie céda au dernier moment, surprise par une forte contestation populaire exprimée sur le terrain, donc en dehors de l’enquête publique. Celle-ci n'avait pas permis de corriger un projet aussi véreux, pourtant clairement dénoncé (voir page 134 et suivantes). Ces deux dénis de démocratie furent une véritable humiliation citoyenne que Jean-Marc Sérékian décrit ainsi (pour le tramway) :
Je signale tout de même une autre enquête, de bien moindre envergure, intitulée "concertation publique" sur le tracé du tramway, en 2009. Elle se passa un peu mieux, puisqu'elle permit de sauver l'alignement des cèdres de l'avenue de l'Europe, dans les faits en partie seulement puisqu'il fut ensuite rogné de presque un tiers, en y ajoutant l'abattage non prévu des arbres voisins (page 46). C'est une exception bien maigrichonne… Pour terminer ce déplorable bilan des enquêtes publiques, il convient de rappeler qu'elles peuvent indirectement être contestées par un recours sur l'acceptation du projet. Les revers de l'Aquavit* il y a une dizaine d'années et de TCSP37* plus récemment montrent qu'il s'agit là encore d'une combat difficile avec une issue qui ne peut être que rarement positive (comme à Nîmes, page 205). 7.9.3 Un si fort mépris des citoyens En dehors des CVL* et des enquêtes publiques, en quoi la population a-t-elle pu s'exprimer ? En quoi ses demandes ont-elles été prises en compte ? Je ne connais pas le détail des rencontres entre la mairie et les habitants, j'en ai un certain aperçu à travers les articles de la NR* et mes divers contacts. J'ai aussi lu le document du Sitcat* en 2007 titré "Bilan de la concertation" sur les réunions d'information tenues dans divers quartiers, servant principalement à propager la bonne parole municipale. Elles n'ont pas permis aux habitants de faire des propositions structurées, il n'y eut, comme pour les réunions avec le CVL, que des questions individuelles éparses. Cela ne modifia pas le projet. On pouvait seulement deviner quelques points controversés : "Le choix des variantes de tracé pour la liaison Deux Lions - Rives du Cher et Boulevard De Lattre de Tassigny [donc mail du Sanitas, sujet déjà soulevé à l'époque] sera arrêté à l'issue d'études plus approfondies menées lors des avant-projets". A ma connaissance, il n'y eut qu'une seule prise en compte de l'avis des habitants, elle se fit par consultation sur Internet. Il s'agissait de choisir le design du nez du tramway, sujet ô combien important dans un tel projet. Il fallait choisir entre trois réponses, comme dans un jeu télévisé, et c'est le nez "Curseur sur la ligne" qui l'a emporté. Voilà où en est réduite notre démocratie locale. Quant aux abattages ponctuels, en dehors des grands projets, la population n'en est pratiquement jamais informée. La NR en montre un exemple le 22 octobre 2011 où les riverains de la promenade de Florence ont eu la surprise de constater l'abattage d'une douzaine d'arbres. La mairie a délivré un permis l'autorisant, pour l'extension de la chaufferie des immeubles des Rives du Cher. Il était seulement précisé sur le tract d'information "qu'à l'issue du chantier, l'espace vert serait reconstitué avec un traitement paysager spécifique élaboré avec les services de la mairie" ˜. Il y a lieu de s'interroger sur les droits des citoyens, c'est ce que fait Jean-Marc Sérékian :
Ce dédain envers les citoyens n'est pas récent à Tours. Déjà, dans la NR* du 11 juillet 2002, D. Lemoine, candidat aux législatives du mouvement de Corinne Lepage Cap 21, s'en plaignait :
Pourtant, en cette actualité 2002 de la place Rabelais, Sylvie Roux l'adjointe au maire clamait "Alors là non ! La mairie a consulté régulièrement un groupe de travail constitué de vingt personnes ! Des riverains !". Le problème est toujours le même, ce genre de "consultation" n'est que de la comm', même pas de l'information, seulement de la propagande pour ne présenter que le côté rose des choses en gommant tout ce qui dérange, donc sans dire clairement que tous les arbres seront abattus (confirmé par Tours Infos n°31, mai 2002). Que ce soit en 2002 ou en 2010, les municipalités de Jean Germain ont toujours pratiqué de tels simulacres de concertation. Voir aussi le chapitre "Améliorer la démocratie locale", p 214. 7.10 La gentrification de la ville J'ai déjà présenté ce qu'est la gentrification, dans le chapitre "Embourgeoisement du quartier" (page 118), à propos du Sanitas. Le 1er octobre 2011, dans un article de son blog, Vélorution Tours y revient en étendant le sujet sur toute la ville :
7.11 Les intérêts financiers en arrière-fond Considérer que le maire tire les ficelles, que les commissions d'enquêtes et le préfet n'ont pas assumé leur rôle et se sont aplatis devant la volonté municipale, n'est là qu'une vision partielle de ce que cache l'implacable machinerie mise en marche avec ce tramway et ce PLU*. Jean-Marc Sérékian élargit le champ de vision :
7.12 Les grands projets inutiles du partenariat public-privé Le 10 septembre 2011, sous le titre "La lutte contre les grands projets inutiles s'organise en Europe", le site reporterre.net a ainsi repris un communiqué de presse de l'ACIPA, Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d'Aéroport de Notre Dame des Landes :
Peut-être le projet de tramway de Tours n'était-il pas à la base, en 2007, un "grand projet inutile", même s'il était alors déjà très bancal. Il l'est devenu, avec un budget augmenté de 40% et de nombreux "à côtés" inutiles pour un tramway, on l'a vu avec les abattages très excessifs d'arbres, les rénovations de places (Choiseul, Tranchée), de carrefours (St Paul, Verdun, palais des Sports), les dégâts de densification excessive du PLU* (gare, Anatole France, Casernes, etc.). Ici comme ailleurs, les élus ont cédé à l'emprise des multinationales géantes, principalement Vinci, Bouyghes, Alstom. L'intérêt privé a primé sur l'intérêt public. En France, en 2011, le refus d'un nouvel aéroport à Nantes cristallise les mécontentements contre les grands projets inutiles (ACIPA 2008) C'est en dehors du milieu urbain, mais c'est un cas d'école. Quand la machinerie implacable est en marche, les atteintes à la démocratie et les méthodes d'intimidation semblent sans borne. En 2011, 9 habitants de Montigny le Bretonneux (78) sont assignés en Justice pour un montant de 3,7 millions d'euros. Le "grand projet inutile" en cause est un ensemble de vélodrome, hôtels de luxe et logements sur 15 hectares à l'origine en bonne partie boisés. (photos velodrame.org) Ce mélange des genres public et privé est dénoncé par le site stopvinci.noblogs.org quand il met en cause le "PPP" :
A Tours, l'entreprise Eurovia, filiale de Vinci, fut très diligente pour aider les forces policières à juguler la résistance, notamment le 11 avril 2011 en tentant de forcer le blocus des défenseurs du mail du Sanitas (voir page 60 ou suivante). |