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Cadran solaire et généalogie sur Loches, Cormery et Tours
Avec Michel Derouet [Société Astronomique de Touraine, michelderouet(at)orange.fr]
Un objet ancien peut être conservé longtemps dans un grenier ou un musée sans qu'on en ait conservé l'histoire et l'origine, jusqu'au jour où un chercheur / "trouveur" s'y intéresse et mène une solide enquête pour les révéler. Ici l'objet est un cadran solaire et son découvreur
Michel Derouet n'a résolu l'énigme de son emplacement initial que parce qu'il était aussi généalogiste amateur (son site Généanet : gw.geneanet.org/michelderouet). Il a résumé ses recherches en deux fichiers pdf (1 et 2), repris en parties 1 et 2 de la présente page.
Comme la généalogie du créateur de ce cadran rejoint la mienne, j'ai ajouté des digressions sur cette ascendance commune, et son lieu de vie, la commune de Cormery en Touraine.
Alain Beyrand, le 4 novembre 2021, alain(at)pressibus.org
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Sommaire
Partie 1 : Le cadran solaire sans domicile fixe, par Michel Derouet
A) Radioscopie d'un cadran
B) A la recherche d'André Berthon
C) Les cinq origines possibles du cadran
D) Trouver la seule origine plausible du cadran
Partie 2 : Le cadran retrouve son domicile, par Michel Derouet
E) La vie d'André Berthon
F) Le cadran rejoint son emplacement originel
Partie 3 : l'abbé Pillault, par Louis Dubreuil-Chambardel, Michel Derouet et Alain Beyrand
G) Henri-Nicolas Pillault, ses deux périodes lochoises, chanoine puis professeur
H) La vie de l'abbé Pillault bascule à Tours, lors de la Révolution en 1789-1793
I) Les Gouin et les Haincque, cousins de Henri-Nicolas Pillault
Partie 4 : Les Venier, ascendants de l'abbé Pillault, et Cormery, leur lieu de vie, par Alain Beyrand
J) Les Venier de Cormery
K) Cormery, son abbaye et son crime en préparation
L) Les Pigier de Cormery en préparation
M) Les Quétier de Cormery et de Tours en préparation
Partie 1 : Le cadran solaire sans domicile fixe, par Michel Derouet
A) Radioscopie du cadran |
Dernièrement, lors de la réalisation d'un cadran solaire au printemps 2019, un vieux souvenir
est remonté à la surface : un cadran gravé sur schiste, déposé et abandonné à l'observatoire
de Tauxigny au tout début de l'installation de la Société Astronomique de Touraine. J'en avais
fait des photos le lundi de Pentecôte 24 mai 1999, avec Martin Le Moal.
Le cadran fut d'abord entreposé sous la coupole ouest, dans un bric-à-brac où, victime de son
poids, il était bien souvent l'indésirable susceptible de subir de manipulations
malencontreuses. C'est ainsi qu'il y perdit son quatre horloger (IIII). La plaque de schiste avait
complètement disparu depuis une bonne décennie.
Avant de conclure à une évaporation définitive, il fallait vérifier auprès de celui qui, parmi
nous, avait un sens aigu de la sauvegarde patrimoniale : Michel Magat. Le cadran était bien
chez lui, sauvé d'un désintérêt qui faillit lui être fatal. Le 22 mai 2019, je récupérais le cadran.
Il est gravé sur un "pseudo quart de rond”
en schiste de 70 cm x 58 cm et de 35 mm
d'épaisseur et pèse 26,2 kg. Il sonne les
heures de 4 à 13.
On y retrouve l'emplacement du style à la
conjonction des lignes horaires et deux
stigmates des restes oxydés des fixations de
la plaque sur une ligne verticale, parallèle à
la ligne du midi. Il semble décroché de son
support depuis des lustres.
Commence alors le travail de scannage afin
d'obtenir une image haute définition avec
une mosaïque de onze photos.
L'informatique fera le reste.
Le logiciel ShadowsPro [élaboré par François Blateyron, shadowspro.com] possède une application discrète qui permet, à partir d'une photo,
d'estimer la latitude pour laquelle le cadran a été calculé, si tant est qu'il y ait eu calcul...
Il suffit de faire coïncider les trois lignes de couleurs avec obligatoirement le midi et deux
autres heures choisies. L'application calcule alors la latitude du lieu, la déclinaison du mur sur
lequel il était installé et l'angle de la sous-stylaire par rapport au midi.
Déclinaison : 41° 14' Est. C'est un cadran du matin !
Latitude estimée : 47° 02' Nord. Cette estimation, même approximative, est compatible avec
une latitude tourangelle (de 46° 74' à 47° 70'), voire lochoise (Loches est à 47° 16' Nord).
Nous n'avons là aucune précision sur la longitude... Avant de se lancer dans un tour du Monde
sur le 47ème parallèle Nord, il y a sur ce cadran des graffitis précieux, à condition de s'en tenir
au principe de parcimonie.
Révélé à la craie sèche :
André Berthon né à Chanceaux le 8 juin 1919.
Cette signature est-elle celle du créateur du cadran et cette date est-elle celle de sa création ? Non, on le verra plus loin. Ce sont tout de même de précieux indices pour démarrer l'enquête.
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Et d'autres moins explicites :
Le graffiti précise "né à Chanceaux”. André Berthon semble vouloir signifier qu'il n'est pas de
la commune où se trouve ce cadran. Il sera donc notre guide.
B) A la recherche d'André Berthon |
Après vérification aux Archives Départementales, il est bien né à Chanceaux-près-Loches, au
lieudit L'étang le 8 juin 1919, fils de Élise Berthon âgée de 17 ans, mère célibataire, de père
inconnu, déclaré par son grand-père Léopold Berthon. Deux ans plus tard, le 2 février 1921, sa
sœur Renée naîtra dans les mêmes conditions. Voici la famille au recensement de 1921 :
En 1926, le recensement montre que Léopold est décédé depuis le précédent. Le décès a eu
lieu le 23 octobre 1924 au 12 rue Jules Moineaux à Tours, adresse administrative de l'Hôpital
Saint-Gatien. Cette disparition a sans doute éparpillé la famille...
En 1931, toute la famille a disparu de Chanceaux-près-Loches et semble se rassembler à Saint–Jean–Saint–Germain.
Georgette, la tante d'André (née le 28-9-1911) se marie avec Alexandre Guenand (Betz-le-
Château 1904, Saint-Hippolyte 1963) et s'établit à Saint-Jean-Saint-Germain au lieudit Les
Denis.
Le 13 novembre 1937, Renée, la petite soeur d'André, cultivatrice domiciliée à Saint–Jean–
Saint–Germain se marie avec Albert Marteau né à Saint-Jean-Saint-Germain et cultivateur à Sennevières. Sur l'acte, on apprend que Élise, la mère de Renée et d'André, toujours
célibataire est maintenant cuisinière à Tours où elle habite 17 rue Jules Charpentier. Elle
décèdera à Saint-Benoît-la-Forêt le 7 août 1970.
Enfin, le 14 novembre 1939, André Berthon, cultivateur à Saint-Jean-Saint-Germain se marie
avec Madeleine Bouffeteau, cultivatrice.
C) Les cinq origines possibles du cadran |
Compte-tenu des convergences vers Saint-Jean-Saint-Germain, c'est sur cette commune, issue
de la fusion de Saint-Jean et de Saint-Germain en 1834, que commenceront les recherches de
bâtisses anciennes, manoirs ou châteaux. Ils sont au nombre de cinq.
Saint Jean Saint Germain
Au cours de la Révolution française, la commune, alors nommée simplement Saint-Jean, porta provisoirement le nom de Jean.
En 1834, Saint-Jean a absorbé la commune voisine de Saint-Germain et la commune a pris son nom actuel.
1) Le Rouvray
Château du XIXème siècle, transformé en
1863
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2) Le château de Saint-Germain
Du XVème siècle, restauré en 1902.
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3) Le Coudray
Château des XVIIIème et XIXème siècles.
La chapelle est bénie en 1794.
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4) Mont Félix
Château construit entre 1841 et 1843 par le propriétaire du Coudray pour son fils. Il est agrandi en 1862.
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5) La Roche
Manoir du XVIème siècle.
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[photos 3 et 4 : "Le patrimoine des communes d'Indre-et-Loire, Éditions Flohic, 2001"]
Le livre de Louis Dubreuil-Chambardel "Les cadrans solaires tourangeaux" Péricat, Tours, 1922, répertorie un cadran solaire pour deux de ces demeures :
2) Le château de Saint-Germain
En page 119, il est écrit que l'Inspecteur de l'Université Chaveneau lui avait signalé un cadran colonnaire qu'il ne retrouva pas.
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5) La Roche
En pages 110 et 111, il est écrit, au sujet d'un cadran connu, que l'abbé Pillault n'était pas dépourvu de connaissances en
gnomonique. C'est une piste si on suppose que Henri-Nicolas Pillault est le dernier possesseur de La Roche .
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D) Trouver la seule origine plausible du cadran |
Après avoir fait connaissance des cinq bâtisses de Saint-Jean-Saint-Germain susceptibles
d'arborer un cadran solaire, il faut maintenant les confronter à une donnée intangible : la
déclinaison Est de 41°. Pour cela, nous allons le vérifier sur le cadastre. Les coordonnées
affichent une latitude de 47° 04'...
La technique consiste à coller un ruban de scotch sur l'écran de l'ordinateur et à y tracer une
ligne à un angle de 41° (rapporteur numérique) tourné vers l'Est par rapport au sud.
5) La Roche
1) Rouvray
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2) Château de Saint-Germain
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3) Le Coudray
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4) Mont Félix
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Partie 2 : Le cadran retrouve son domicile, par Michel Derouet
E) La vie d'André Berthon |
Toujours à la recherche d'informations sur les Berthon, le vendredi 7 juin 2019 j'avais parcouru les
cimetières de Saint-Jean, de Saint-Germain et de Perrusson. Aucune trace mais les concessions
à terme du cimetière de Saint-Germain ont toutes été relevées...
Lundi 10 juin, cimetières de Verneuil-sur-Indre et de Chanceaux-près-Loches. Pas de Berthon.
Sur l'acte de naissance d'Élise, le
17 juillet 1901 à Chambourg, il y
avait la transcription de son
décès à Saint-Benoît-la-Forêt le
7 août 1970.
Le dimanche 16 juin, je pars à la
recherche de sa tombe dans ledit
cimetière. La concession arrive à
son terme mais Élise est là, bien
là, en photo dans son médaillon.
La plaque indique que ses deux
enfants, André et Renée étaient
encore en vie en 1970.
Pourquoi Élise est-elle décédée à
Saint-Benoît ? Y vivait-elle ou y avait-elle été seulement hospitalisée ?
Toujours sur la piste d'André, le mercredi 19 juin 2019, passage au lieudit "L'étang” où il est
né. C'est à 4 km du bourg de Chanceaux mais seulement à 500 m de Loches. C'est un écart
isolé, plaisant, constitué d'un très vieil habitat troglodytique et d'anciennes maisons
restaurées.
Le même jour, je vais à la mairie de Saint-Jean-Saint-Germain où il s'est marié en 1939 avec
Madeleine Bouffeteau. Sur l'acte de naissance de Madeleine le 30 octobre 1923, son décès est
transcrit : 27 août 1992 à Montlouis.
Bonne indication sur le lieu d'une possible implantation.
L'après-midi, je fais la même démarche à la mairie de Chanceaux-près-Loches où André
Berthon est né le 8 juin 1919. Son décès a bien été transcrit : 13 avril 1992 à Tours.
Avec ces deux informations, le décès d'André a peut-être eu lieu dans un hôpital de Tours et
celui de Madeleine à domicile ? Si c'est le cas, ils sont peut-être inhumés dans le cimetière de
Montlouis. La mairie contactée me donne rapidement l'emplacement de la concession : A 131.
En fin d'après-midi, il n'y a plus qu'à aller rencontrer André, le fil rouge de cette recherche.
D'après les plaques, ils ont eu des enfants et des petits enfants.
Peut-être y a-t-il des descendants sur
Montlouis ? Dans l'annuaire, j'en choisis un
avec un prénom "années 70”. Je laisse un
message sur le répondeur expliquant le
plus clairement possible cette démarche
inhabituelle. Aucune nouvelle à ce jour.
Samedi 22 juin, je tente une autre approche
de la famille Berthon. Toujours dans
l'annuaire, celui de 2013 (!), quelques
Berthon... J'en choisis un qui habite un
pavillon et je décide d'aller frapper à sa
porte. Là, je tombe sur le petit-fils d'André
qui ne connaît pas en détail l'histoire de son
grand-père. Il appelle son père au
téléphone et me le passe.
J'apprends alors qu'André Berthon a habité à La Roche et que lui, son fils, y est né !
C'est tout ce que je voulais savoir.
Au fil de notre conversation, il me précisera qu'André et Madeleine ont eu quatre garçons
dont les deux aînés sont encore en vie. Ils se sont beaucoup déplacés sur Bridoré, Rivière,
Anché (d'où la présence d'Élise à Saint-Benoît ?) et enfin Montlouis. Je laisse mes coordonnées
dans l'espoir d'en apprendre ultérieurement un peu plus sur André...
Mardi 25 juin, Éric Bérault, membre de la Société Astronomique de Touraine m'informe que si
les Berthon semblent avoir habité à La Roche jusque vers 1948, ils ont été remplacés par les
Manceau, puis, en 1959, par les Allouard, ses cousins, et qu'il est allé plusieurs fois à La Roche
dans son enfance. Ils y sont restés jusqu'au début des années 1980.
Le monde est petit, surtout dans le Lochois...
F) Le cadran rejoint son emplacement originel |
Ce même mardi, lettre de John Bullard attestant d'une présence ancienne d'un cadran solaire
sur le manoir de La Roche.
Le cadran ne sera donc plus sans domicile fixe.
Nous nous sommes rencontrés à La Roche samedi 29 juin. Il faudra recentrer le cadran sur le
corps de logis pour éviter l'imposante glycine qui maintenant occupe son emplacement
d'origine.
Michel Doucet remettra un style à l'emplacement dédié sur le cadran. Mercredi 21 août nous
mesurerons la déclinaison du nouvel emplacement de façon à introduire une légère
correction sur le support du cadran.
Il a été posé en septembre 2019.
Un bâtiment agricole du Coudray sensiblement orienté dans la bonne direction ne répond pas au critère d'ancienneté.
Seul, sur la commune de Saint-Jean-Saint-Germain, le
manoir de La Roche présente son bâtiment principal
orienté à 41° vers l'Est... à 400 mètres des Denis, le
hameau où a habité la tante d'André Berthon.
Cette adresse est celle de Mr John Bullard.
Le 14 juin 2019, j'envoyais une lettre à Monsieur John Bullard reprenant ce qui précède.
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Le cadran a été posé en septembre 2019.
Un article publié en mai 2020 dans le n°41 de la revue “Cadran infos” de la Société Astronomique de France, fait une présentaton technique du cadran. En voici les trois premières pages, qui présentent une biographie de son très probable créateur, l'abbé Pillault :
1
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3.
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Henri-Nicolas Pillault fut aussi, vraisemblablement, l’auteur d’un autre cadran solaire aujourd’hui disparu sur la commune de Tauxigny. Il était cousin avec le propriétaire et il l'aurait calculé entre 1790 et 1810. En 2021, il apparaît possible que Michel Derouet et Michel Doucet puissent le reconstituer...
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Partie 3 : l'abbé Pillault, par Louis Dubreuil-Chambardel, Michel Derouet et Alain Beyrand, présenté par Alain Beyrand
G) Henri-Nicolas Pillault, ses deux périodes lochoises, chanoine puis professeur |
Puisque le cadran solaire était sur le le manoir de la Roche, c'est donc, comme on l'a vu succinctement, l'abbé Pillault qui l'a créé, d'après Louis Dubreuil-Chambardel en son livre "Les cadrans solaires tourangeaux".
La biographie qui suit reprend celle présentée en trois pages de ce livre
(1
2
3), augmentée des compléments de Michel Derouet dans "Cadrans Infos" n°41 (cf. fin du chapitre précédent) et sur la fiche généalogique qu'il a établi sur Généanet avec plusieurs actes d'état civil.
Avant la Révolution
Henri-Nicolas Pillault est né le 8 juillet 1756 à Loches, d'une vieille famille de la bourgeoisie Lochoise. Son père, Nicolas-François Pillault, était avocat du roi au baillage et siège royal de Loches. Il fut maire de Loches du 28 août 1765 au 8 août 1769. En 1789, il fut conseiller vétéran du baillage de Loches et décéda le 23 février 1795 à Loches. Sa mère Marie-Jeanne Haincque, fille d'un notaire lochois, avait épousé son père à l'âge de 26 ans en 1748. Ils eurent six enfants de 1749 à 1758, dont trois parvinrent à l'âge adulte, Henri-Nicolas (aussi orhographié Henry-Nicolas) étant le dernier. Son frère aîné Nicolas-Adrien fut lieutenant général de police à Loches en 1789, alors qu'il était maire de cette ville, du 22 novembre 1780 au 20 janvier 1790. Son second frère, marié et décédé à Saint Jean Saint Germain, fut avocat à la Cour de cassation.
Son acte de baptème indique que Henri-Nicolas a pour parrain Nicolas-Adrien, son grand frère alors écolier et pour marraine sa tante Denise-Marthe Pineau, veuve du sieur Charles-Florent Pillault de La Roche. Ce surnom de La Roche, ou Laroche, venait de la terre que la famille possédait près de Loches, on l'a présentée, dans la paroisse de Saint Germain, et fut porté par plusieurs personnages, dont le dernier fut l'auteur du cadran qui nous occupe.
Henri-Nicolas a 33 ans quand éclate la révolution en 1789. Il est alors chanoine de la collégiales de Loches. Il y a signé pour la première fois sur le registre des délibérations le 3 décembre 1781. Le 2 janvier 1782, le Chapitre général l'autorisa à se retirer au séminaire pour s'y préparer à recevoir les ordres sacrés, et en conséquence le dispensa d'assistance aux offices du Chapitre. Il ne figure pas dans la liste des membres du Chapitre le 27 avril 1783.
Pendant la Révolution
Sa vie jusque là très réglée va être bouleversée car, avec une partie conséquente du clergé, il embrasse en grande partie les idées révolutionnaires. Cela l'amène dans un premier temps à remplir les fonctions de vicaire de la paroisse Saint Martin de Tours en 1791, on y reviendra dans le chapitre suivant. C'est en cette qualité qu'il prête le serment prescrit par la loi di 26 décembre 1790. Puis il prête à Loches le serment de liberté - égalité prescrit par la loi du 14 août 1792. Et le 2 vendémiaire an II (23 septembre 1797), il prête le serment de la haine à la royauté et à l'anarchie, prescrit par la loi du 19 fructidor an VI.
Il jouissait alors d'une pension de 800 livres en qualité de "cy-devant chanoine de Loches du cy-devant chapitre de Loches". On trouve dans son dossier le signalement suivant : "Ledit citoyen Pillault, taille de cinq pieds et un pouce, cheveux et sourcils chatains, yeux bleus, nez long, bouche moyenne, menton rond, front élevé, visage ovale". A cette époque, le pied valait 32,5 cm et le pouce 2,7 cm, il mesurait donc 1,65 m, légèrement en dessous de la taille moyenne des adultes français en 1760, établie à 1,66 m (tableau).
L'adhésion aux idées révolutionnaires de l'ancien abbé fut tout de même mesurée puisqu'il fut dénoncé par la municipalité de Loches comme disant la messe et comme réfractaire.
Son mariage et ses enfants
Sa vie fut d'autant plus bouleversée qu'il jette sa soutane aux orties et se marie à Tours le 17 frimaire an II (7 décembre 1793) avec Anne Léonore Rocher, fille d'un tisserand de Châtellerault. Il a 38 ans, elle a 22 ans, ils habitent alors rue de la Longue Echelle, donnant place du Grand Marché. L'acte de mariage est signé par les mariés et deux des quatre "témoins et amis", du faubourg La Riche, les deux autres ne sachant pas signer. Aucun des parents des mariés, aucune personne de leur famille n'est présent.
Neuf mois et deux jours après le mariage, Bérénice Henriette naît à Loches le 23 fructidor an II (9 septembre 1794). L'acte de naissance nous apprend que Henry Nicolas Pillault est revenu en sa commune natale. il est devenu cultivateur au hameau de La Fontaine. L'enfant a pour parrain Paul Nicolas Pillault, cousin issu de germain du père, et pour marraine Marie Josèphe Philippine Charluchet, epouse du notaire François Ambroise Pescheraud, parent au même degré du père.
La signature de Henri-Nicolas Pillault à la naissance de son premier enfant.
Le second enfant, une fille prénommée Aspasie Sapho, a une vie extrêmement courte, de deux jours, du 15 au 17 décembre 1796 (25 au 27 frimaire an V) à Loches. L'acte de naissance est signé par le père de l’enfant sous le nom Pillault Rocher.
Henri-Nicolas Pillault n'a été cultivateur que brièvement, de façon transitoire, il est maintenant professeur de mathématiques. La famille habite dans la citadelle de Loches. Le citoyen René Germain Pottier, qui certifie la naissance, est conservateur des hypothèques et neveu de François Pottier, évêque d’Agathopolis, missionnaire apostolique en Chine. Il est aussi le neveu d'Anne Pottier, soeur de l’évêque et accessoirement ancêtre de Michel Derouet...
Plus tard. Un garçon naîtra le 25 octobre 1799 (13 brumaire an VIII) et décèdera le même jour. Seule sa mort est enregistrée, sans prénom. L"acte de naissance-décès désigne le père comme institeur.
Un deuxième garçon prénommé Charles Henry naît à Loches le 8 avril 1807 et décède deux jours plus tard le 10 avril 1807.
Après la révolution
Sur la fin de sa vie, Henri-Nicolas allait souvent à Saint Germain voir son frère aîné, François-Urbain qui se faisait appeler Pillault-Sabardière. Celui-ci, avocat à la cour de Cassation, aimait à se retirer dans cette commune, dont, depuis le 14 décembre 1812, il était maire et où il mourut le 19 septembre 1827 à l'aĝe de 75 ans.
1816, plans de Henri-Nicolas Pillault-Laroche, s'appuyant sur la gnomonique,
l'art de construire des cadrans solaires,
requérant sur une bonne connaissance de la trigonométrie, telle qu'on l'apprenait alors en cours de mathématiques.
"C'est dans un jardin dépendant des propriétés de son frère François-Urbain que l'abbé Henri-Nicolas Pillault
disposa l'ardoise solaire dont Madame Quenard nous a très aimablement autorisé à prendre le décalque".
Le seul enfant à grandir du couple, Bérénice Henriette se marie une première fois à Loches, le 20 octobre 1812, avec Pierre Besançon, professeur de
mathématiques spéciales au lycée impérial d’Orléans. Ce dernier décède à Paris le 5 novembre 1819. Elle se remarie le 19 juillet 1823 à Loches avec Auguste Alizard, âgé de 27 ans, notaire royal, né à Villers-lès-Guise département de l’Aisne, demeurant à Montmorillon dans la Vienne.
L'acte de mariage est l’occasion de constater que les parents de l’épouse sont encore vivants et présents, le père étant désigné comme propriétaire et signant encore Pillault-Rocher. Il ne semble pas que Bérénice ait eu un enfant.
La signature de Henri-Nicolas Pillault au second mariage de sa fille.
Rocher est le nom de son épouse, rappelant celui du domaine de la Roche à Saint Jean Saint Germain.
La rue des Ponts à Loches traverse l'Indre. Au fond le donjon de Foulques Nerra et la collégiale Saint Ours.
Le couple Pillault habitait peut-être une des maisons que l'on voit au début de la rue...
Henry Nicolas Pillault décède à l’âge de 76 ans, le 8 mai 1832 à Loches. Sur l'acte de décès, désigné comme propriétaire, il habite alors rue des Ponts à Loches avec son épouse.
Anne Léonore Rocher (ici prénommée Eléonore) décède cinq ans plus tard, le 2 janvier 1837, à l’âge de 65 ans, en ce même domicile. Le gendre, Auguste Alizard, sera l’héritier, des biens de Anne Léonore Rocher (en 1790, la Révolution avait donné les mêmes droits à la femme qu’aux enfants de sexe masculin ; en 1804, le Code Napoléon a considéré la femme comme mineure, sous la tutelle de ses parents ou de son conjoint). Il n’est pas fait mention de propriétés à Saint-Jean-Saint-Germain mais de biens immeubles à Dolus. Ceux d’Azay et Loches qu’elle avait hérité de son mari, ne figurent plus à la succession.
H) La vie de l'abbé Pillault bascule à Tours, lors de la Révolution en 1789-1793 |
Ce chapitre est une reprise partielle adaptée et complétée du chapitre sur la Révolution de la page voisine "Martin & Tours" (on s'y reportera pour connaître les origines précises des citations).
Vicaire de la paroisse saint Martin de Tours
En 1790, l'abbé Henri-Nicolas Pillault n'est plus chanoine à Loches mais vicaire de la paroisse Saint Martin de Tours. C'est à coup sûr une montée en grade, tant la collégiale Saint Martin de Tours est prestigieuse et depuis plusieurs siècles. Il a aussi pu être aidé par deux cousins bien placés, on le verra au chapitre suivant. Dans sa version gothique, elle date de 1180 et a été à plusieurs reprises réaménagée. Mais l'aĝe d'or est terminé et l'imposant édifice a mal vieilli, il est en mauvais état.
La basilique (ou collégiale) Saint Martin, à gauche vue du sud au XVème siècle, à droite vue du nord au XVIIIème siècle.
La roue tourne est le culte de Saint Martin, deuxième évêque de Tours (316-397) n'est plus ce qu'il était. "Au XVIIIème siècle, le pèlerinage sur le tombeau semble être limité aux campagnes tourangelles. Ce déclin radical du pèlerinage est aussi l'arrière-plan des difficultés financières des chanoines qui ne pouvaient plus entretenir l'immense basilique héritée du Moyen-âge. Il reste que la destruction de ce monument répondait à un dessein politique : éliminer les symboles de la monarchie et de la tyrannie" [Bruno Judic, 2016]
Effectivement, le monument de 1180 est dans un état délabré, avec des fondations fragiles. Il est souvent jugé trop vaste et obscur, n'ayant d'intéressant que son chevet. Des mesures urgentes d'entretien sont entreprises en 1788, mais les troubles révolutionnaires y mettent un terme à l'été 1789. Des réparations sont toutefois effectuées autour de janvier 1792. Mais l'édifice commence à gravement se dégrader quand, en février 1794, les flèches sont rasées et les cloches sont déposées pour être fondues. La couverture est abîmée, il pleut sous les voûtes. Transformé en écurie en 1794 et pillé par les sans-culottes. Le 2 novembre 1797, les voûtes du choeur s'effondrent, le 5 novembre, la municipalité ordonne la démolition, le bâtiment est détruit pour l'essentiel le 10 novembre 1798. Il ne subsiste, encore aujourd'hui, que la tour de l'horloge et la tour Charlemagne.
La basilique en 1798, avec à gauche et à droite les tours de l'horloge et Charlemagne.
Ensuite les deux mêmes tours au XXIème siècle, la tour Charlemagne ayant été en partie reconstruite après un effondrement en 1928.
Deux clergés et deux archevêques
L'abbé Pillault remplit donc son office de vicaire dans la paroisse entourant cet immense monument. On peut supposer qu'il y est arrivé fin 1789 après les premiers événements révolutionnaires parce que, comme une bonne partie du clergé, il était acquis aux idées nouvelles et pouvait être l'homme de la situation. Qu'est ce qu'un vicaire à cette époque ? La page Wikipédia répond : "Le vicaire est un prêtre qui assiste le curé dans une paroisse catholique. Il est nommé par l'évêque. Sous l'Ancien Régime, il était habituellement choisi par le curé, son choix devant être approuvé par l'évêque. Un vicaire était rémunéré par le curé sur le revenu qui lui était attribué".
En 1790, la municipalité de Tours a encore un grand respect à l'égard du clergé puisque l'historien de Tours Eugène Giraudet écrit : "La municipalité s'associe au chapitre pour demander une dérogation lors de la suppression des ordres religieux : Saint Martin est le patron de la Nation. L'apôtre des Gaules ne doit pas être indifférent aux représentants de la Nation".
1790 premier serment de fidélité, 1794 la Terreur [extraits du "Magazine de la Touraine" n°49 (1994)]
1790 est en effet une année charnière. Si, depuis le 14 juillet 1789, les révolutionaires ont gardé une révérence polie à l'égard d'un clergé qui, à sa base, les soutenait, il n'en est plus de même à l'automne 1790. Giraudet : "En octobre 1790, l'assemblée constituante enjoignit tout le clergé du royaume de prêter serment de fidélité à la constitution, sous peine d'être déchu des fonctions qui lui étaient dévolues. Tous les prêtres qui se refusèrent à cet ordre furent mis hors la loi et qualifiés du nom de "prètres réfractaires", tandis que l'on flétrit ceux qui s'y soumirent du nom de "prêtres sermentaires" ou jureurs. La pape Pie VI les mit au ban de l'Eglise et déclara nuls les mariages bénis par eux et païens les enfants qu'il sauraient baptisés. A dater de cet instant, le plus grand nombre des prêtres qui s'étaient contentés jusque là de se tenir sur la défensive, conspirèrent ouvertement contre la Révolution. Bien que l'archevêque de Tours François de Conzié, ex-député à l'Assemblée nationale, eut quitté la France pour donner à son diocèse l'exemple de la résistance, 44 prêtres et religieuses se soumirent à la loi". C'est ainsi que fut élu en 1791 l'évêque constitutionnel Pierre Suzor qui exerça jusqu'en 1794, puis en 1797 de façon amoindrie sans disposer de la cathédrale. Les prêtres refusant de se plier sont persécutés.
L'abbé Pillault fut donc un "prêtre sermentaire", puisque, on l'a vu, il se soumit aux serments révolutionnaire, y compris en 1797, à celui de "haine à la royauté. Il est donc un des électeurs du nouvel archevêque Pierre Suzor, considéré comme ursupateur par le Pape et son archevêque en titre, Mgr Conzié et ses prêtres réfarctaires qui continuent leur action dans la clandestinité. En 1791, l'Indre et Loire comptait, pour les curés seuls, 157 jureurs, 150 réfractaires et 34 douteux, la proportion était la même chez les 100 à 130 vicaires et une douzaine des 109 chanoines de Tours (St Gatien et St Martin) avaient prêté serment [Pierre Leveel 1988].
Pierre Suzor, Claude-Alexandre Ysabeau et François-Joseph Guillaume Bruslon
Pierre Suzor (1733-1801) (sa page wikipédia), avant d'être élu, un peu malgré lui, archevêque de Tours le 13 mars 1791, était curé de la paroisse d'Ecueillé. "Il dut braver l'hostilité de nombreux prêtres insermentés et les remontrances de certains curés constitutionnels, tel Claude-Alexandre Ysabeau, qui lui reprochaient trop de modération dans son engagement révolutionnaire, notamment sur la question sensible du mariage des prêtres, exacerbé par l'attitude du curé Bruslon. Lequel provocateur avait épousé en 1792 une jeune fille de dix-sept ans et inondé le diocèse de brochures vilipendant les réfractaires et faisant l'apologie du mariage des prêtres. Tentant de ménager les uns et les autres, alors que le culte de l'être suprême se substituait au catholicisme, le citoyen Suzor resta toutefois fidèle à la République une et indivisible" [Nikto 1987].
Pierre Suzor et Claude-Alexandre Ysabeau
Revenons maintenant sur les deux personnages qui viennent d'être cités, les curés Ysabeau et Bruslon. L'abbé Pillault les a connus, on comprendra aisément pourquoi.
Claude-Alexandre Ysabeau (1754-1831). Sa page Wikipédia : "Ysabeau est prêtre d'abord (oratorien), puis professeur à l'École militaire de Vendôme et au collège de Tours en 1789, puis curé constitutionnel de Saint-Martin de Tours en 1792. Il est élu député à la Convention par le département d'Indre-et-Loire1. Il vote la mort de Louis XVI. Envoyé en mission, en septembre 1793 avec Jean-Lambert Tallien, il réprime la révolte fédéraliste de Bordeaux (300 condamnations à mort environ), puis en 1794, organise l'armée des Pyrénées-Orientales. C'est lui qui, le 9 Thermidor (27 juillet 1794), lance la célèbre apostrophe à Robespierre : « Oui, tyran, tu es le plus scélérat des hommes, l'heure de ton trépas a sonné ! »". C'est le 5 juillet 1792 qu'il fut installé curé de Saint martin lors d'une cérémonie où il prononça un discours, le maire de Tours aussi. il était alors le supérieur direct de l'abbé Pillault. Il fut l'un des cinq députés d'Indre et Loire, sur huit, à voter la condamnation à mort de Louis XVI.
François-Joseph Guillaume Bruslon. "La loi autorisant le mariage des prêtres avait été promulguée le 20 septembre ; aussitôt le curé constitutionnel de Faye-la-Vineuse, l'abbé Bruslon, passant outre à l'interdiction de l'évêque Suzor, contracta mariage à Langeais devant l'officier d'état-civil (24 octobre) ; puis il prétendit obliger l'abbé Mousset, curé de Langeais, à lui donner la bénédiction nuptiale.
L'évêque constitutionnel publia le 2 novembre un mandement contre la loi, mais Ysabeau, son plus proche collaborateur, devenu député à la Convention, se maria à son tour; il fut imité par l'abbé Desplantes, ancien curé de Saint-Cyr; plusieurs libelles injurieux furent composés contre le mandement épiscopal; parmi les prêtres mariés il y eut l'abbé Prenant, curé de Noyant de Touraine, les abbés Boulay, Orsa, Granger..." [Guy-Marie Oury 1991, "Dans les prisons de Loches"]. En janvier 1793, Bruslon publia un livre de 168 pages "Réfutation du livre intitulé: Discipline de l'Eglise sur le mariage des prêtres, pour servir d'addition à la première lettre ou Réfutation au mandement anticivique et anticonstitutionnel de Pierre Suzor sur le mariage des prêtres et le divorce" (disponible en lien Gallica). La polémique est alors devenue nationale.
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La conclusion du livre de François-Joseph Guillaume Bruslon ne plaidait pas pour la possibilité que les prêtres puissent se marier. Elle allait bien au-delà, pour que tous les prêtres soient obligatoirement mariés ! Car Dieu le voulait...
L'étude de Denis Ghiraldi "Les serments au temps de la Révolution et la lutte antireligieuse" (1985) montre les difficultés rencontrées par Pierre Suzor et l'évêque de Poitiers Montaut qu'il avait nommé (extrait).
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C'est donc dans ce contexte, on l'a vu, que l'abbé Pillault se marie avec la jeune Anne Léonore Rocher à Tours le 7 décembre 1793. L'acte de mariage ne précise pas les métiers mais indique que les deux époux habitent la même rue de la longue échelle, rue très courte située près de la collégiale Saint Martin. On peut donc supposer que Henri-Nicolas y est encore vicaire, encore sous l'autorité de son curé Ysabeau, lui aussi marié. C'est ensuite, en 1794, qu'il revient à Loches.
L'abbé Pillault était donc présent à Tours quand se déroulèrent ces deux scènes d'avril 1793.
Sur la première case, l'élu portant l'écharpe tricolore à la ceinture serait le député Ysabeau.
En fond de la dernière case, on distingue les deux tours de la cathédrale Saint Gatien où exerce l'archevêque Suzor.
Les condamnés n'arrivèrent jamais en Guyane, leur périple se termina à Provins, avant d'être
relâchés en mai 1997. Mais la persécution fut relancée quatre mois plus tard...
La suite de ce récit en trois planches de bande dessinée :
1
2
3
[Nikto - Kline 1987]
Les reliques de Saint Martin aux mains des Révolutionnaires
L'abbé Pillault était encore là fin 1793 quand eut lieu le sauvetage des reliques de Saint Martin, ou plutôt le peu qu'il en restait après le pillage des protestants en avril 1562. "Le culte à la basilique, sous la conduite du curé constitutionnel René Grignon puis de l'Oratorien Claude-Alexandre Ysabeau à partir de juillet 1792, député régicide à la Convention, se maintient tant bien que mal jusqi'à novembre 1793. La basilique est ensuite dépuillée de ses objets précieux. Le 24 décembre 1793 [deux semaines après le mariage de l'abbé Pillault], les sans-culottes chassent les fidèles, brisent les autels, les croix, les statues et jettent au feu les confessionnaux et les chaises. Auparavant, le 21 novembre 1793, André Fournier, orfèvre de la ville, assisté d'un autre orfèvre, avait procédé à l'ouverture des châsses pour retirer trois ossements de crâne conservés dans un reliquaire-buste en vermeil et un radius placé dans un reliquaire en forme de pyramide. Ils remlirent ces reliques à Martin Lhommais, maître sonneur et portier de la basilique [Pillault le connaissait donc] et à Marie Madeleine Brault, femme de François Carré, grand bâtonnier de l'insigne église". Ainsi débute un article de Michel Laurencin en 2016, expliquant ensuite comment se fit cette remise de reliques et ce qu'elles devinrent, jusqu'à ce qu'elle reviennent dans la nouvelle basilique construite par Victor Laloux aux alentours de 1890.
A gauche, fin 1793, le citoyen Martin Lhommais et sa cousine Marie-Madeleine Brault se font remettre les reliques.
A droite, en 1802, le préfet Pommereul ordonne la destruction des derniers vestiges de la collégiale, la tour Charlemagne,
au fond, étant sauvegardée. [vitraux de l'atelier Lobin, vers 1900, dans l'actuelle basilique Saint Martin de Tours]
L'abbé Pillault revient à Loches, avant que se déclenche la Terreur
Après les dégradations de Noël 1793, il n'y eut plus d'offices religieux dans la basilique. Elle sert à deux commissaires de l'assemblée nationale pour réunir fonctionnaires et corps administratifs. C'est probablement la raison qui décida l'abbé Pillault à retourner à Loches avec son épouse enceinte.
Le retour dans sa ville natale fut difficile puisque, à l'époque de la Terreur, la municipalité le dénonça comme disant la messe et comme réfractaire. Cela montre que l'abbé Pillault était un révolutionnaire plutôt modéré qui mit un certain temps à quitter la soutane. C'était chose faite en septembre 1794 quand il est déclaré cultivateur au hameau de la Fontaine, comme s'il avait été chassé de la ville. Fin 1796, les choses se sont arrangées puisque Henri-Nicolas est devenu professeur de mathématiques au collège de Loches et il habite la citadelle avec son épouse Léonore et leur fille Bérénice.
Le culte de la raison fut remplacé dès mai 1794 par le culte de l'être suprème. La nouvelle devise est "Liberté, égalité ou la mort". Les procès se multiplièrent. La fin de la Terreur permit de relâcher la plus grande partie des prisonniers en août 1794. Les modérés reprennent le pouvoir, le christianisme est à nouveau toléré et Tours sort de cette période avec une utilisation modérée de la guillotine. Le sang a beaucoup moins coulé en Touraine que lors des guerres de religion. En 1795, Allain Dupré, l'ex-organiste de Saint Martin, sûrement une autre connaissance de Pillault, considéré comme terroriste, est désarmé avec ses compagnons. La même année, l'évêque Suzor demanda à reprendre possession de la cathédrale Saint Gatien. En vain, elle fut rebaptisée "temple de l'Eternel". Il fallut attendre le concordat de Napoléon en 1801 pour que les choses religieuses reviennent vraiment en ordre avec le rétablissement de l'autorité du Pape.
I) Les Gouin et les Haincque, cousins de Henri-Nicolas Pillault |
L'abbé Pillault était cousin avec deux hommes politiques marquants de la Touraine révolutionnaire, dont on devine qu'ils ont pu lui assurer une certaine protection, voire de temps en temps certains désagréments.
Arbre partiel montrant Henri-Nicolas Pillault, ses principaux cousins de la même génération et leurs liens (cliquez sur l'image pour accéder aux fiches individuelles). Ses deux frères ont déjà été brièvement évoqués. Ce chapitre traite des trois cousins Adrien-Pierre Haincque, Henri-Jacques Gouin et Henri Dubaut. Les frères des deux derniers, Alexandre Gouin et Guillaume Dubaut, seront rapidement présentés.
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Les Gouin, une dynastie de banquiers
Remontons à Pierre Boisseau, notaire royal décédé en 1723, et Jeanne Andrault, mariés en 1691. Ils sont les parents de Jeanne Boisseau, grand-mère maternelle de Henri-Nicolas Pillault. Ils avaient une autre fille Marie-Anne Boisseau (donc grande-tante de Henri-Nicolas) qui se maria à Henri-François Gouin (ou Goüin). Ils fondèrent une dynastie de banquiers et d'industriels (voir cette page) et achetèrent à Tours un bel hôtel de la Renaissance, qui devint l'hôtel Gouin.
L'hôtel Gouin à Tours, rue du commerce, appartenait en 1504 à Nicolas Gaudin, maire de Tours.
À partir des années 1960, l'hôtel a abrité le musée de la Société archéologique de Touraine (SAT).
En 1977, l'hôtél est cédé par la SAT au Conseil général d'Indre-et-Loire.
Il connaît une importante restauration au début des années 2010. Il est devenu un lieu d'expositions.
Henri-Jacques Gouin (1758-1823) est un de leurs petit-fils. Banquier, il fut maire de Tours de 1794 à 1795 et député royaliste d'Indre et Loire de 1815 à 1823. Henri-Nicolas Pillault le connaissait bien puisqu'ils étaient cousins issus de germain. Il est vraisemblable que c'est par lui (son père ayant été fabricien de la basilique) qu'il devint vicaire de Saint Martin de Tours.
Henri-Jacques Gouin entouré à gauche de sa mère Anne-Marie Leroux et à droite, probablement, de son épouse Rose Moisant.
[reprise partielle de sa page Wikipédia] Se faisant appelé Gouin-Moisant, du nom de son épouse, pour se distinguer de son frère Alexandre Gouin de la Grandière, Henri-Jacques est un homme d'affaires. Il dirige entre autres la maison de négoce et d'armement Moisant et Gouin à Rouen et succède, conjointement avec son frère Alexandre, à son père comme directeur de la Banque Goüin frères à Tours en 1784. En 1790, l'avocat François Coulon de La Morandière l'accuse, lui, son frère et leur associé Longchamp, d'amasser des barriques de poudre à canon. L'enquête du comité les disculpe en constatant qu'il s'agit de simple poudre à poudrer, la famille Goüin étant alors autorisée à porter plainte contre Coulon
Octobre 1793, extrait de "Histoire de la ville de Tours" par Eugène Giraudet, 1873
Le 5 octobre 1793 (14 frimaire an II) Gouin-Moisant est administrateur de l'Hospice des enfants naturels de la Patrie, mais surtout il dirige la commission qui saisit et vend les biens nationaux. Le 10 octobre 1794 (19 germinal an II), il devient maire de Tours, à 36 ans. Dans l'optique de l'approvisionnement et des finances de la cité, il fait fixer, le 24 avril 1795, un emprunt volontaire des citoyens d'un million, dont la moitié versée à la caisse du district et l'autre dans celle de la ville, afin de les rembourser dans les six mois, à mesure que les rentrées de grains s'effectuent. Il prend également des mesures de police pour la ville. Contesté par les Jacobins qui s'opposent à lui, il est en effet soupçonné par les Thermidoriens d'avoir de l'indulgence, voire de la sympathie, pour les royalistes et reçoit de vifs reproches de la part du Comité de sûreté générale pour avoir fait abattre de l'arbre de la liberté. Il est contraint de comparaître à la barre de la Convention nationale, accusé de ne pas avoir été assez vigilant quand l'arbre de la liberté planté sur la place de la Nation fut coupé dans l'objectif de provoquer un soulèvement dans la population. Il finit par être destitué pour sa modération dans la lutte contre les menées royalistes.
Redevenu conseiller municipal, il est à nouveau nommé maire de Tours, par arrêté du Premier Consul Napoléon Bonaparte, le 2 mai 1800, mais il décline cet honneur et laisse le siège à Étienne Cassin de la Noue. Il se tient à l'écart de la sphère politique malgré la considération que peut lui porter le pouvoir bonapartiste. Plus tard, il est élu député royaliste du département d'indre et Loire en août 1815, à 57 ans, et obtient sa réélection par deux fois, toujours dès le premier tour. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur le 1er mai 1821. Il décède le 5 avril 1823, âgé de 65 ans, à Tours, en cours de mandat.
Jusqu'au début du XVIIIe siècle, le vaste domaine de la Plaine à Fondettes, à quelques kms de Tours, était détenu par la Collégiale de Saint-Martin de Tours. Au XVIIIe siècle, il devint la propriété de la famille Gouin par héritage (la mère de Henri-Jacques et Alexandre). Le château de la Plaine fut construit de 1872 à 1874, après l'incendie accidentel de l'ancien manoir. Henri-Jacques ne l'a donc pas connu mais il fut marqué par le mariage en 1785 de son frère, le banquier Alexandre-Pierre Gouin (1760-1832) avec Marie-Madeleine Benoist de La Grandière, fille du Maire de Tours, de 1780 à 1790, Etienne Benoist de La Grandière (1733-1805), qui fut célébré par le chanoine de La Grandière, oncle de la mariée, en présence du corps de la ville de Tours. Deux ans auparavant, l'abbé Henri Dubaut y avait célébré le mariage de sa cousine germaine Agathe Gouin, soeur de Henri-Jacques et d'Alexandre. Henri-Nicolas Pillault était-il présent à un de ces deux mariages de cousin et cousine issus de germain ?
Ce domaine de Fondettes étant occupé par son frère Alexandre-Pierre (qui possédait aussi le château d'Hodebert à Saint Parterne), Henri-Jacques, qui avait hérité de l'hôtel Gouin, était devenu propriétaire du domaine des Grandes Brosses, à Mettray. Il avait obtenu l'autorisation que la messe soit célébrée dans la chapelle domestique de son château. Celui-ci, bâti au XVIIIème siècle a été agrandi et très remanié au XIXème et vers 1920.
Le château des Grandes Brosses à Mettray. Le parc de 50 ha renferme, entre autre, un cèdre de l'Atlas
dont le tronc mesure 6 mètres de circonférence à 1 mètre du sol. Il a probablement connu Henri-Jacques Gouin-Moisant...
[photos de la page Tourainissime]
Alexandre Pierre Gouin de la Grandière eut un fils Alexandre Gouin (1792-1872), banquier, député d'Indre-et-Loire de 1831 à 1867, ministre de l'Agriculture et du Commerce en 1840, sénateur d'Indre et Loire de 1867 à 1870, qui eut un fils Eugène Gouin (1818-1909), qui fut banquier, maire de Tours de 1866 à 1875 (donc durant l'occupation des Prussiens en 1870-71), député d'Indre et Loire de 1871 à 1875 et maire de Fondettes de 1884 à 1892.
Adrien-Pierre-Marie Haincque (1749-1825), dont la grand-mère paternelle est Jeanne Boisseau, est à la fois un cousin germain de Henri-Nicolas Pillault et un cousin issu de germain de Henri-jacques Gouin-Moisant.
[reprise partielle de sa page Wikipédia] Il était seigneur de Faulques, Hardillon, Puygibault, la Milletière, la Cailletière et Saint-Senoch, propriétaire de l'hôtel Haincque à Loches et du château de Saint Senoch. Il est fils de Pierre Haincque, maire de Loches de 1774 à 1780, et de Marthe-Françoise Cuisnier des Blinières.
Conseiller du roi, président et lieutenant général du bailliage de Touraine au siège royal de Loches en 1776, fonctions qu'il assure jusqu'à leur suppression en 1790. Il devient maire de Loches en 1787. Président de l'assemblée électorale de la noblesse de Touraine au palais royal de Loches en 1789, il est choisi avec sept autres membres pour rédiger le cahier de doléances de cet ordre. Commissaire du roi près le Tribunal du district de Loches lors de sa création en 1790, il devient juge au tribunal de district de Tours et est incarcéré sous la Terreur.
Elu au Conseil des Anciens le 22 germinal an V (11 avril 1797), par le département d'Indre-et-Loire, il en est exclu pour royalisme après le coup d'État de fructidor. Louis Texier-Olivier, le jugeant trop modéré, avait déjà essayé sans succès de le faire suspendre de ses droits de citoyen actif. Accusé de présider une société contre-révolutionnaire, il reste fidèle au clergé réfractaire. Il est nommé répartiteur des contributions directes à Loches en 1813, puis procureur du roi près le tribunal civil et criminel de Tours en 1815, dont il devient président honoraire. Secrétaire du bureau du collège électoral départemental à partir de 1816, conseiller d'arrondissement de Loches, il est membre du conseil général d'Indre-et-Loire de 1820 à 1825. Il décède à Tours le 20 février 1825 à 76 ans.
L'hôtel Haincque à Loches (sur la gauche de la rue)et le château de Saint Senoch, à côté de Loches, lieu de réceptions (lien).
A Saint Senoch, le parc de 12 ha abrite des arbres plusieurs fois centenaires qui ont connu Adrien-Pierre Haincque...
Henri Dubaut (1759-1822) est un abbé contre-révolutionnaire, cousin germain de Henri Gouin, cousin issu de germain de Adrien-Pierre Haincque et Henri-Nicolas Pillault.
[reprise de sa page Wikipédia] Ne le 10 avril 1759 à Tours (paroisse Saint-Saturnin) Henri du Baut ou Dubaut ou Dubault est un prêtre et historiographe français. C'est son frère Guillaume Dubaut (1758-1819) qui succédera à leur père en tant que conseiller du roi et receveur des tailles à Tours, avant de devenir receveur particulier des finances à Tours, puis, maire du Serrain en Indr eet Loire puis du Coudray-Macouard1 en Maine et Loire, et d'acquérir l'ancienne abbaye de Fontaine-les-Blanches.
Henri choisit l'état ecclésiastique, est ordonné prêtre et devient vicaire de la paroisse Saint-Christophe, puis curé de La Riche, commune limitrophe de Tours.
Arrive la révolution. Marqué par un fort zèle apostolique, il prend des positions contre-révolutionnaire lors de sermons en chaire, s'en prenant notamment à la Déesse Raison et au Culte de l'Être suprême. Il est en conséquence déporté à Issoudun entre le 8 juin et le 18 octobre 1794. Étant privé de son église par les troubles de la période de la Terreur, il s'installe dans un local clandestin dès le mois de novembre 1794 afin de pouvoir célébrer des messes et baptiser publiquement. Il ouvre également des registres paroissiaux, pourtant proscrits. Restaurateur du culte constitutionnel en Indre-et-Loire après la Terreur, son exemple conduit plusieurs prêtres abdicataires à exercer à nouveau le culte.
Dans sa correspondance avec l'abbé Grégoire en 1795, il se montre très pessimiste sur l'avenir de l'Église constitutionnelle et sur une réunification qu'il souhaite. "le retour de nos frères (insermentés) me paraît impossible; les maux qu'ils ont enduré ont encore aigri leur caractère; les personnes qui leur sont attachées sont les plus religieuses et les meilleurs chrétiens. Notre Église (assermentée) s'est déshonorée, la leur a souffert avec courage; tant que nous seront divisés, la religion ne reprendra pas...". Il montre également une forte réprobation à l'encontre des clercs ayant renoncé à l'état ecclésiastique.
L'abbé Henri Dubaut est nommé vicaire épiscopal et devient membre du conseil épiscopal en 1797. Après la retraite de l'évêque Mgr Pierre Suzor, ce conseil forme le Presbytère de Tours. Il est l'un des rares prêtres du diocèse de Tours à refuser d'appliquer le culte décadaire, censé remplacer la messe du dimanche.
Le 11 octobre 1798, avec ses deux vicaires de La Riche, Dubault est arrêté et déporté par les Jacobins, qui lui reprochent de tenir des registres de catholicité, de marier sans présentation préalable à la mairie, d'exercer le culte portes ouvertes et de prêcher contre les principes républicains. L'objectif est en réalité, pour la nouvelle municipalité jacobine de Tours, d'éliminer par le même le Presbytère de Tours. Il est emprisonné dans la citadelle de Saint-Martin-de-Ré, en attendant d'être déporté pour la Guyane. L'abbé Marchand, curé de Baracé, écrit alors à l'abbé Grégoire pour lui demander d'intervenir auprès de l'archevêque métropolitain de Bourges, Mgr Michel-Joseph Dufraisse, Dubaut étant de son avis le seul qui puisse rétablir le culte dans le diocèse de Tours. L'abbé Grégoire interviendra personnellement pour obtenir la libération de Dubaut, qui n'interviendra qu'en 1800. À son retour de l'île de Ré, Dubaut reprend ses fonctions de curé et son nom circule pour succéder à Suzor en tant qu'évêque constitutionnel.
Le concordat de 1801 étant signé, Boisgelin devient le nouvel archevêque de Tours et le nomme chanoine de la cathédrale Saint-Gatien de Tours en 1802. Il restera chanoine titulaire jusqu'à sa mort et devient également aumônier du lycée d'Orléans à sa création en 1803.
Il est l'auteur notamment d'une Histoire ecclésiastique de Touraine, ainsi qu'une Histoire de l'abbaye de Beaulieu. Il meurt à Tours le 20 février 1822 à 63 ans. Dubaut aurait inspiré le personnage de l'"abbé Troubert", dans Le Curé de Tours (résumé), de Balzac.
A gauche l'abbé Grégoire, solide soutien de l'abbé Dubaut. A droite, "Le curé de Tours", téléfilm de 1980 de Gabriel Axel ;
Jean Carmet y tient le rôle du naïf abbé Birotteau, Michel Bouquet celui du méchant abbé Troubert,
que Balzac aurait créé en s'inspirant de l'abbé Dubaut...
Portait du prédécesseur de l'abbé Dubaut (lien + page).
Extrait du "Dictionnaire biographique de Touraine", Michel Laurencin, 1990.
Partie 4 : Les Venier, ascendants de l'abbé Pillault, et Cormery, leur lieu de vie, par Alain Beyrand
J) Les Venier de Cormery |
Un cousinage anecdotique
L'ascendance de l'abbé Pillault réalisée par Michel Derouet à une branche remontant aux Venier de Cormery, dont je descend. Je suis donc un cousin du créateur du cadran solaire du manoir de La Roche à Saint Jean Saint Germain. Or, c'est une branche que j'avais eu l'occasion de découvrir et étudier en 2017, d'où ce nouveau chapitre et les suivants..
Commençons par ce lien de cousinage, en s'appuyant sur ma généalogie "elastoc" sur Généanet. Les ascendants communs sont Isaac Venier et Perrine Orthau, mariés en 1672 à Cormery.
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A Cormery en 1607, la rencontre de René Venier, un jeune marchand huilier de passage, et Jeanne Gaudin, une fille du pays
Les Venier sont originaires de Beaumont la Ronce, dans le nord de la Touraine. Le plus ancien que nous connaissons est Berthelot Venier né vers 1530, décédé avant 1581. On lui connaît sur Beaumont deux enfants, Réné, marié avec Renée, et Michel, marié avec Marguerite. René eut au moins cinq garçons mariés, dont Michel, sergent royal, et René né en 1584 qui devint marchand huilier et épousa Jeanne Gaudin le 29 juillet 1607 à Beaumont la Ronce. Or cette Jeanne Gaudin n'est pas du tout originaire de Beaumont et de ses environs, elle est née de l'autre côté de la Loire, sur les bords de l'Indre, à Truyes, un bourg limitrophe de celui, plus connu de Cormery. On peut supposer que le métier de René l'amenait à beaucoup voyager, une de ses destinations pouvant être la fameuse abbaye de Cormery et c'est ainsi qu'il rencontra Jeanne et qu'ensemble ils fondèrent un foyer à Cormery.
Beaumont la Ronce - Cormery : 36 km, Tours est à peu près au milieu.
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Cormery et Saint Bauld, à 10 km l'un de l'autre, sont à peu près à égale distance de Tours et de Loches.
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Jeanne était très probablement fille de Pierre Gaudin, nièce de Guillaume Baudoin, journalier et marchand, et petite-fille de Berthelon Gaudin, décédé avant 1600. Sa cousine germaine Berthelonne Gaudin fut marraine d'un de ses enfants, on en connaît 7, trois filles nées entre 1610 et 1615, toutes mariées, l'une à un texier en toile (tisserand), une autre à un maître cordonnier, puis quatre garçons nés entre 1620 et 1626, dont trois furent mariés, l'un, Jean, étant maître cordonnier, un autre, Antoine, huilier. Ces sept enfants de René et Jeanne sont tous nés à Truyes et tous les Venier du coin sont donc leurs descendants.
Anne Venier, ascendante de Henri-Nicolas Pillault et petite-fille de René et Jeanne
Quand on remonte l'ascendance de Henri-Nicolas Pillault, on arrive à une Anne Venier qui a vécu avec son mari François Boisseau, marchand, à Saint Bauld à 10 km de Cormery et les registres d'époque ne permettent pas de remonter plus loin. Etant donnée la singularité du patronyme Venier à cet endroit Anne, née vers 1645 (décédée en 1693), ne peut qu'être une petite-fille de René Venier et Jeanne Gaudin. Mais lequel des quatre fils est son père ? Martin peut être écarté car on ne connaît que son baptème en 1623. Antoine, marié trop tardivement en 1649 est aussi écarté. Jean s'est remarié en 1674 et ne semble pas avoir d'enfant avec sa première épouse Marguerire Oudin. Il est donc très probable que le père d'Anne soient le fils aîné Isaac Venier marié à Perrine Orthau, sa probable mère, née à Cormery en 1618. On connaît trois autres enfants du couple Isaac - Perrine, tous nés à Cormery, Jeanne en 1641, Jean en 1643, Marie en 1644 et Pierre.
L'ascendance d'Anne Venier (cliquez sur l'arbre pour accéder aux liens de fiches individuelles)
(le prénom XXX indique l'absence d'un document indiquant le nom des parents, ce lien étant alors déduit d'indices divers)
Après avoir étudié la branche Venier, nous allons maintenant nous attarder sur la branche Mocquet de Cormery, touchée par un crime qui fit sensation, puis sur la branche Pigier qui nous fait remonter jusqu'à Charlemagne et au-delà.
K) Cormery, son abbaye et son crime |
Cormery dans la collection Gaignières, publication de 1699
Chapitre en préparation. Ce sera une reprise partielle arrangée du chapitre sur l'abbaye de Cormery de la page voisine "Martin & Tours" (le nom de Pierre Pigier, ascendant de l'abbé Pillault, y est cité).
Chapitre en préparation. L'ascendance des Pigier remonte aux De Lauzon et Berthonneau de Chauvigny dans le Poitou (mariage en 1513), puis à Charlemagne....
M) Les Quétier de Cormery et de Tours |
Chapitre en préparation. A partir d'un lien de proximité avec les ancêtres Pigier de l'abbé Pillault. Jean Quétier, beau-frère de Jacques de Beaune et de Guillaume Briçonnet, fut maire de Tours en 1487 et 1488.
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