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Le 15 octobre 2013
Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV)
du secteur sauvegardé de la ville de Tours

Voici ma déposition à l'enquête publique adressée au Commissaire-enquêteur.

  1. Merci pour le beau livre

    En premier lieu, je tiens à remercier ceux qui ont décidé et réalisé pour cette enquête publique le superbe livre intitulé "Ville de Tours - Révision / extension du plan de sauvegarde et de mise en valeur - Rapport de présentation - Les diagnostics du secteur sauvegardé". Certes la longueur du titre, la médiocrité de l'esthétique de sa couverture et sa fin très abrupte prouvent déjà qu'il a de gros défauts, mais il n'empêche que tous les Tourangeaux aimant leur ville et tous les non Tourangeaux curieux de la connaître seront enchantés de disposer d'un ouvrage de 440 pages très richement illustré présentant l'essentiel de son histoire urbaine et végétale. J'espère qu'il sera disponible à la bibliothèque de la mairie en format papier, mais d'ores et déjà sa mise à disposition gratuite sur Internet (lien direct, 127 Mo) permet à presque tous d'en disposer. Dans la suite de cette déposition, je raccourcirai son titre en le "Beau livre".


    J'espère aussi qu'un jour viendra un tome 2 sur le secteur non sauvegardé, car on y trouve en matière de bâti et de végétal de très beaux éléments, dignes d'attention et trop souvent négligés. Il y a même matière à un ouvrage plus gros encore, si on sait y prêter attention, ce qui n'est hélas guère le cas actuellement. J'en ai une preuve à côté de chez moi, dans le quartier Velpeau, où la mairie a accordé les yeux fermés un permis de construire détruisant, en sus d'un jardin de 1000 m2 avec un très beau cerisier, une maison en tuffeau à trois volets qui, en enlevant notamment son crépis, pourrait être mise en valeur. Je pense que c'est une des plus vieilles maisons du quartier (avant 1850 ?), mais je n'ai pu en avoir confirmation, la mairie n'ayant effectué aucune recherche et refusant d'en faire. On n'est certes pas dans le secteur sauvegardé, mais ce n'est pas une raison pour oublier le reste de la cité, il me semble important de le souligner en ce préambule.
  2. Les limites du secteur sauvegardé

    Le secteur sauvegardé a été étendu pour mieux prendre en compte l'ancien axe est-ouest de la ville et pour inclure les beaux quartiers du XIXème siècle. Cette extension judicieuse, mais à mon sens insuffisante, a déjà été validée en janvier 2008. J'espère que la présente enquête, seule occasion de prendre en compte l'avis de la population, permet d'y apporter quelques retouches.


    La prise en compte des deux côtés de la rue de Bordeaux (donc y compris l'hôtel Métropole), et des deux côtés de la rue Victor Hugo, jusqu'à la rue Jehan Fouquet m'apparaît naturelle. Je trouve très étonnant qu'au sud des boulevards Heurteloup et Béranger, la délimitations se fasse en milieu des pâtés de maison et non en bord des rues (notamment du Rempart et Victor Hugo), comme cela se fait ailleurs. J'y vois un refus de sauvegarder les espaces végétalisés ainsi rejetés.

    La gare n'a pas à être coupée en deux, elle devrait être toute entière dans le secteur sauvegardé. Du côté nord de la Loire, le quai Paul Bert et la rue Losserand pourraient être ajoutés. Je vois d'ailleurs (compte-rendu de la commission locale su secteur sauvegardé) qu'il est question de mettre le secteur Paul Bert en Aire de Mise en Valeur de l'Architecture et du Patrimoine (AVAP), cela me semble être une bonne approche et pourrait être souligné.

    Plus délicate apparaît l'adjonction du couvent des Recollets situé au coin des Georges Delpérier et Rouget de l'Isle tant il est bordé de moches immeubles des années 1960. Et pourtant c'est probablement la seule façon de sauver ce bâtiment en carré avec cour intérieure, depuis longtemps délaissé (hormis sa belle toiture) et maintenant menacé de destruction par une opération immobilière. S'il n'y a probablement rien à garder de l'intérieur (qui pourrait par exemple servir de gymnase), la restauration de son aspect extérieur serait très appréciable.


  3. Les dégradations passées du patrimoine bâti

    Le "Beau livre" dresse un état flatteur de ce que l'on a conservé du Tours d'autrefois. On a effectivement beaucoup sauvé, on a aussi effectué des restaurations remarquables et on continue. Mais on a aussi beaucoup détruit, beaucoup saccagé, et on continue. Le livre "La Touraine disparue" de Pierre Leveel en 1994 dressait un bilan impressionnant des destructions. Il semble heureusement que l'on démolisse moins, surtout en secteur sauvegardé, lequel a donc une utilité essentielle.


    Mais en dehors du secteur sauvegardé, les destructions se font en se souciant peu du patrimoine bâti. Je viens de citer le couvent des Recollets et une vieille maison du quartier Velpeau, de très belles maisons ont été détruites récemment sur Tours Nord, l'ancienne mairie de Saint Symphorien le sera prochainement (cf. le site aquavit37.fr/pcpd/index.html et aquavit37.fr/pcpd/index.html).


    Le commissaire-enquêteur du PLU de 2011 s'était opposé à l'édification de tours remplaçant la mairie de St Symphorien, la mairie avait passé outre, car ce n'était qu'une recommandation. Heureusement, un an plus tard, le même commissaire, échaudé par le manque total de considération pour ses recommandations, émit une réserve afin que soit sauvée une closerie du XVIIème siècle sur Tours Nord, aussi menacée par un projet immobilier.

    Les dégradations récentes dans le secteur sauvegardé viennent surtout de l'adjonction de nouvelles constructions qui ne s'accordent pas avec les anciennes, notamment les résidences passe-partout, sans même un toit d'ardoise.
  4. Les dégradations passées du patrimoine arboré

    Si, dans le secteur sauvegardé, les bilan est plutôt bon en matière de sauvegarde du patrimoine bâti, il est globalement mauvais en matière de patrimoine arboré public, tandis que le patrimoine arboré privé se porte plutôt bien.

    Commençons par le patrimoine arboré privé, il est à l'image de ce qui se fait dans le reste de la ville, les propriétaires en prennent soin, même s'il est assez fréquent que les élagages soient sévères et même s'il y a bien sûr des exceptions, surtout lors de changements de propriétaires. L'essentiel est que les Tourangeaux qui y vivent respectent les arbres, comme d'ailleurs la plupart des Français.

    1. Le "rêve de technocrate" dans lequel on veut nous plonger

      Par contre le maire de Tours, l'Architecte des Bâtiments de France (ABF), les urbanistes et élus tourangeaux ne partagent ce respect. Ils se nourissent d'une autre culture. François Terrasson dans son livre "La peur de la nature" (réédition de 2007 aux éditions "Sang de la terre"), l'a très bien souligné : "Ces personnes qui ne sont pas des naturalistes invétérés, qui défendront leur liberté, leur émotion, etc., ou qui en tomberont malades, sont des personnes à mon avis majoritaires dans la population, qui n'ont rien contre la nature biologique, c'est à dire qu'ils ne sont peut-être pas mordus, mais qu'ils n'ont rien contre. Ils sont même vaguement pour, avec des nuances. En fait nous sommes dans une société qui est pilotée par une minorité d'anti-naturalistes. Ce sont eux qui ont tous les leviers de pouvoirs, financiers, politiques, culturels. Et ils s'y sont installés – bon, on ne va pas en faire l'historique, on y passerait notre vie – mais ils s'y sont installés peut-être très récemment. Je dis qu'on vit dans un rêve de technocrate".

      Ce sont ces "anti-naturalistes" qui ont écrit le "Beau livre" et tous les dossiers de cette enquête, même s'ils le cachent et prétendent la main sur le coeur aimer les arbres, d'ailleurs ils en veulent pour preuve qu'ils n'hésitent pas à planter deux arbres quand ils en abattent un. Pour eux un arbre n'est qu'un mobilier urbain et la multiplication des arbres en bac en constitue un aboutissement. Ce sont eux qui ont refusé de planter des arbres rue Nationale et qui ont effectué une minéralisation à outrance dont se plaint la plupart des habitants.

    2. L'inculture d'Anatole France

      En page 161 du "Beau livre", il expriment à mots couverts toute la gêne que peut leur procurer l'arbre en ville (page 160, 161) : "Aujourd’hui, si les demandes d’espaces verts sont prégnantes, les plantations sur l’espace public ne sont pas toujours favorables à la bonne lecture de la ville et ne correspondent pas forcément à la nature urbanistique des tissus bâtis ou du milieu. La végétalisation excessive sur l’espace public, les plantations « horticoles » en bord de Loire, le développement des massifs plantés ou les plantes grimpantes sur support implantées sur l’espace libre peuvent nuire à l’authenticité historique et urbaine des lieux. Au même titre que le mobilier, les plantations ne doivent pas venir surcharger l’espace, elles doivent favoriser la mise en valeur des bâtiments d’intérêt patrimonial et révéler l’identité des lieux. [...] Ainsi les plantations doivent [...] permettre et favoriser le cadrage et les ouvertures majeures sur le grand territoire. Leur positionnement doit également prendre en compte les vues sur les édifices majeurs et être étudié en fonction des différentes séquences urbaines et paysagère du territoire". En page 60 du "Rapport partie 3" : "Certains espaces doivent préserver leur caractère minéral, rester le plus sobre possible et préserver le vide". Tout est dit : le végétal n'existe que pour mettre en valeur le bâti, sinon il doit disparaître ou rester à sa petite place.

      On en a eu un désolant symbole avec l'abattage en 2011 d'une dizaine de platanes à la station Jean Jaurès du tramway juste devant l'hôtel de ville et le Palais de Justice. Ils étaient soi-disant des obstacles pour bien voir ces si beaux bâtiments. Et puis, bizarrement, on a replanté d'autres platanes au même endroit... Le mal était fait, un platane fraîchement planté ne remplace pas un sujet centenaire.

      Maurice Bedel, dans son ouvrage "La Touraine", signale à propos du célèbre cèdre du Musée des Beaux-Arts que "Anatole France eût voulu voir l'abattre sous prétexte qu'il cachait le belle ordonnance de la façade du palais". Heureusement qu'à l'époque on a n'a pas écouté cet "anti-naturaliste" !


      Qu'Anatole se rassure, il a aujourd'hui une place à son nom où les arbres ne le dérangeraient pas, ou beaucoup moins qu'à son époque... Ses "squares" ont disparu, elle a en effet été progressivement minéralisée. Ca aurait pu être pire, en 2000, l'ABF voulait abattre les deux cèdres jugés "incongrus". Un nouvel assaut anti-végétal se prépare, une double rangée de tilleuls survivante doit bientôt être abattue pour la mise en place d'un "palais de la Gastronomie" qu'Anatole pourra admirer sans gêne arborée.



    3. L'aseptisation de la cité

      Comme je l'ai montré dans mon livre "Tours et ses arbres qu'on ne laisse pas grandir" (2012), la ville de Tours est soumise depuis 1995 à une éradication quasi-systématique de l'arbre sur les lieux publics. Chaque place rénovée voit ses arbres abattus, la dernière en date est le carreau des Halles en 2012, un an avant qu'il ne soit englobé dans le secteur sauvegardé. Il y a certes quelques exceptions, comme la place de la Victoire en 2012, qui a tout de même perdu ses pelouses et haies. Ah, bien sûr, la mairie dira que ce n'est pas grave puisqu'elle a planté davantage qu'elle n'a abattu. Sauf que ce qu'elle a mis en terre est bien sûr très jeune, sauf qu'elle plante des arbustes plutôt que des arbres à vraiment haute tige, sauf qu'il est à craindre qu'elle recommence avant qu'ils deviennent matures (les arbres de l'avenue Maginot ont été abattus cinq après avoir été plantés, pour être remplacés par de nouveaux sujets à peu près au même endroit...), sauf que cela déracine aussi les habitants qui perdent leurs repères, leurs compagnons de vie. La mairie en arrive même à se prévaloir de créer des espaces verts, là où elle en a détruit de plus grands.

      La place du 14 juillet, dans le secteur sauvegardé, est un des pires exemples de ce qu'il ne faut pas faire : remplacer des tilleuls centenaires sur un sol en terre battu par des arbustes et chèvrefeuilles sur ferrailles sur un sol bétonné de pavés (illustration sur l'avant dernière photo de la page 161 du "Beau livre"). Certes, on voit mieux les belles pierres qu'avant...


      L'année 2011 fut particulièrement néfaste avec les travaux du tramway, lequel a servi de prétexte pour abattre même des arbres situés à plus de 50 mètres du tracé. Pourtant ces travaux autorisaient des avancées significatives en matière de développement de la trame verte, en particulier en un lieu emblématique de la ville et du secteur sauvegardé, la rue Nationale. La disparition des automobiles permettait d'y planter de beaux arbres sur sa partie la plus large. Les Tourangeaux qui se sont plaints cet été de la fournaise qui régnait dans cette rue s'en sont rendus compte. Une occasion historique a été gâchée. Le maire de Tours et l'ABF, grande prêtresse de la minéralisation, en sont les premiers responsables, les plus incultes des "anti-naturalistes" qui nous gouvernent. Cette arrivée du tram a aussi été accompagnée d'un envahissement de plusieurs lieux phares de la ville par des pavés, en un retour arrière vers les années béton que certains habitants qualifient même de "stalinisation". Et ce n'est pas fini...

      Tout cela concourt à aseptiser la cité. La mairie en arrive, en plus à s'appuyer sur cette évolution pour faire pire encore. On s'en rend compte en page 145 du "Beau livre", toujours à propos de la place Anatole France : "La place souffre également de sous fréquentation, du manque de variété des usages. Réduite à un rôle de carrefour routier, elle est fortement marquée par la circulation automobile et par les emprises viaires qui scindent les lieux et segmentent les continuités piétonnes entre la rue Nationale et les quais de la Loire. La mise en service du tramway et les projets d’aménagements envisagés dans cette partie de la ville devront palier ces défauts qualitatifs et d’usages". On a enlevé les squares, supprimé les arbres matures, enlevé les bancs et on se plaint du manque de fréquentation ! En ajoutant des pavés et du béton, cela va-t-il s'arranger ?

      Sur cette place, selon la saisons, on trouve des bougainvilliers, des mimosas ou des oliviers en bac... 12 km aller et 12 km retour pour aller et venir du bois des Hâtes à Chambray lès Tours. Ce sont des arbres qui émettent beaucoup plus de dioxyde de carbone qu'ils en absorbent.

      A propos des oliviers, Caroline Mollié dénonce particulièrement leur cas particulièrement déplorable dans son livre "Des arbres dans la ville" (Actes Sud 2009) : "Une ou deux fois centenaires, ils sont sollicités pour apporter immédiatement la présence végétale qui se doit d'accompagner tout projet contemporain. La dimension symbolique sera livrée en prime. Ils font l'objet d'un trafic particulièrement lucratif développé par des industriels peu scrupuleux qui bénéficient de fonds européens pour renouveler les oliveraies espagnoles et italiennes notamment. Ces oliviers sont réduits au dixième de leur couronne et de leur racines puis mis en bac, véhiculés sur de longues distances et transplantés dans des climats parfois septentrionaux pour décorer d'une touche méridionale tel patio ou jardin, voire même au prix d'incessants trimballages, tribunes ou stands pour des occasions éphémères. Traiter la nature comme une marchandise m'apparaît comme une imposture. Ces pratiques qui nient les besoins du végétal, son temps, son espace, ses cycles et son ancrage, sont pour moi irrecevables. Sans compter leur coût énergétique et leurs incidences en terme d'exploitation, voire de pillage de ressources en terres lointaines et souvent vulnérables, tout cela pour assouvir les plaisirs de nos sociétés".


      Je souhaite donc que l'on cesse de traiter les arbres comme des objets, que l'on cesse de les considérer comme des empêcheurs d'admirer les belles pierres et que l'on applique réellement le principe du PLU de Tours de développer la trame verte et celui du SCOT de l'agglo d'amener la nature en ville, y compris à l'intérieur du secteur sauvegardé. Et il y a dans ce "Beau livre" des préceptes tout à fait justes, notamment en page 160 : "La végétation sur l’espace public permet d’atténuer les ilots de chaleurs urbains en abaissant la température des surfaces minérales et l’air ambiant par les effets d’ombrage et d’évapotranspiration. Elle permet l’absorption du dioxyde de carbone, la filtration de particules fines et constitue des biotopes pour la faune". Et cela se fait bien mieux avec des hauts arbres matures malades et mal fichus qu'avec des jeunes arbrisseaux récemment plantées et tous conformes au même standard.

  5. Les dégradations à venir du patrimoine arboré

    1. Respectons les arbres cabossés

      Ceux qui mènent à cette aseptisation, qui ont rédigé ce "Beau livre" et autres dossiers et qui nous obligent progressivement à entrer dans le "rêve de technocrate" que dénonce François Terrasson, ceux là croient aimer la nature et le disent, mais c'est une nature idéalisée, normée, domestiquée, à sa place et répondant à des canons de beauté qui doivent correspondre à un monument restauré. Les vieilles ruines, les arbres malades, tordus, encombrants, aux racines protubérantes n'ont pas de place dans leur "rêve de technocrate", ce ne sont que des obstacles à écarter...


      Dans le dossier d'enquête publique d'Aménagement du haut de la rue Nationale, fin 2011, il était ainsi écrit, à propos du jardin-parking François 1er (photo en page 174 du "Beau livre") : "Dans la présente modification, c'est le cas des espaces boisés classés de l'îlot Ouest, dont les arbres ne présentent pas d'intérêt paysager, sont dans un mauvais état phytosanitaire et nuisent à la réalisation d'une composition urbaine visant à mettre en valeur le Centre d'Art Contemporain". On retrouve ce même langage en page 79 du "Rapport partie 3" : "C’est le cas de la plupart des « espaces boisés classés » de l’ancien secteur sauvegardé, et en particulier de ceux inclus dans le périmètre du projet d’aménagement du haut de la rue Nationale, dont les arbres ne présentent pas d’intérêt paysager, sont dans un mauvais état phytosanitaire et nuisent à la réalisation d’une composition urbaine visant à mettre en valeur l’ensemble de l’entrée nord de la ville".

      Faites donc un sondage, vous verrez que les Tourangeaux préfèrent vivre avec un de ces arbres cabossés plutôt qu'avec une toile d'Olivier Debré. D'ailleurs ces survivants des chocs automobiles ne sont-il pas des oeuvres d'art ? Ne sont-ils pas parfaitement à leur place près d'un Centre d'Art Contemporain ? Je ne serais pas surpris qu'Olivier Debré aurait acquiescé...

      Un arbre malade peut vivre plusieurs siècles sans être dangereux, on peut améliorer son environnement végétal pour soulager ses douleurs. Et un vieil arbre tout cabossé est bien plus précieux pour l'écosystème ambiant qu'une jeune pousse vigoureuse.

    2. Des belles intentions à ne pas considérer comme crédibles

      A la lumière de ce qui s'est passé ces dernières années, y compris depuis le PLU de 2011 prônant le développement de la trame verte, certaines belles intentions environnementales ne sont pas du tout crédibles. En voici quelques unes trouvées dans le "Rapport partie 3" :
      1. (page 25) "En favorisant, selon la nature des lieux, la réduction les surfaces minérales, la perméabilité des sols, la préservation des espaces en pleine terre et donc en permettant le maintien de la vie organique souterraine nécessaire au développement des écosystèmes aériens". Il est extraordinaire d'entendre ça quand on connaît la minéralisation à outrance qui a été opéré ces deux dernières années... Ainsi la mairie voudrait faire un virage à 180 degrés ? Les membres de la Commission Nationale des Secteurs sauvegardés peuvent se faire berner par de telles intentions, pas les Tourangeaux.
      2. (page 59) "Il convient lors des aménagements d’évaluer la juste place du végétal et en fonction des lieux, d’adapter les essences et les modes de gestion en fonction du milieu". C'est contraire au fait que les bacs à oliviers, palmiers ou bougainvilliers se multiplient. C'est contraire aussi au fait que la mairie ne plante généralement pas d'arbres pouvant devenir très grands dans des lieux qui le permettent. Les plantations de peupliers, platanes, tilleuls, marronniers sont devenues rares, sauf quelquefois en remplacement.
      3. (page 60) "Ces alignements doivent être préservés, entretenus et si nécessaire renouvelés. Ils peuvent également être créés pour affirmer un cadrage de l’espace, pour prolonger une allée ombragée, pour recomposer un mail qui s’est altéré au fil du temps (ex : boulevards Heurteloup et Béranger) ou pour créer un nouveau front végétal là où la ville est hésitante, où le tissu bâti est déqualifié". L'exemple des boulevards Béranger et Heurteloup n'est pas vraiment bon. S'il est vrai qu'il y a eu des plantations, même récemment, deux des quatre alignements sont souvent clairsemés et demanderaient à être recomposés.
      4. (page 60 à propos de parcs et jardins publics) "Tout projet d’aménagement doit s’appuyer sur une connaissance fine de leur dessin d’origine". J'ai déjà entendu ce discours là pour la place Anatole France, et les deux squares ont disparu...
      5. (page 61) "Les coeurs d’îlots végétalisés sont protégés au titre de la qualité du paysage urbain et du cadre de vie. Ils jouent un rôle essentiel d’espaces de respiration, forment des maillons de la trame verte de la ville. La juxtaposition des jardins et les continuités végétales créées constituent des espaces de verdures favorables au développement de la biodiversité. Pour ces lieux il convient de maintenir les surfaces végétales, de limiter l’imperméabilisation des sols, de minimiser l’impact de la voiture et de permettre le maintien du patrimoine arboré". Comment peut-on mentir à ce point ? A côté de chez moi, dans le quartier Velpeau, la mairie a autorisé la destruction de presque 1000 m2 de jardin situé en coeur d'îlot, le plus grand espace vert détruit du quartier depuis 30 ou 40 ans, pour y mettre du bâti et des places de stationnement. Et "créer un espace vert" ! 180 m2 scindés en 5 morceaux pour séparer les places de parking... En 2011, elle a rejeté la recommandation n°12 du commissaire enquêteur du PLU qui voulait "Conditionner la construction sur une même parcelle publique ou privée au maintien de l’îlot de verdure, s’il existe". Surtout pas d'entraves...
      6. (page 78) "Promouvoir l’arbre dans la ville, la végétalisation des espaces libres, utiliser les masses arborées comme composante majeure de l’espace en creux, fait entièrement partie de nos réflexions". Ce n'est pas promouvoir l'arbre dans la ville qu'abattre sans vergogne des arbres matures, on ne végétalise pas quand on a auparavant tout détruit, on dégrade la trame verte. Ce qui s'est passé l'an dernier au carreau des Halles montre à quel point ce discours de promotion de l'arbre n'est qu'un vaste enfumage. La mairie avait même été jusqu'à dire qu'elle sauverait l'alignement situé à l'ouest pour mieux endormir les consciences, elle a finalement tout abattu puis replanté là où elle avait scié en se gargarisant de planter plus qu'elle n'avait abattu. Un saccage ! De jeunes habitants étaient monté aux arbres en signe de protestation, mais rien n'y fait, les "leviers du pouvoirs" persévèrent à considérer qu'un arbre n'est qu'un objet.
      7. (page 78) "Les alignements existants sont protégés et doivent être entretenus suivant leur configuration actuelle". Ce principe a été bafoué a de multiples reprises par la mairie de Tours. Très récemment encore, en 2013, des platanes du boulevard de Preuilly ont été gravement mutilés pour que s'élèvent à leur pied les constructions de l'emplacement Mame. Ces arbres plus que centenaires sont condamnés à moyen terme, comme l'ont été ceux du boulevard Tonnellé. Ah certes, on pourra voir les belles pierres bétonnées du nouveau bâti, des cages à lapin qui n'ont rien de tourangeau, les mêmes qu'à Paris ou Bordeaux.

      8. (page 78) " La question de leur remplacement in situ se posera, au terme de leur durée de vie". La vie des arbres dans la ville de Tours est singulièrement courte. Sur le magazine municipal Tours Infos de février 2013, il est écrit : "La durée de vie d'un arbre en ville peut atteindre 80 ans". 80 ans maximum à Tours, alors qu'il peut vivre des siècles ! Pour la plupart, les arbres sont même immortels, quand leurs conditions de vie ne se dégradent pas fortement. C'est ce qu'explique Francis Hallé dans son ouvrage "Du bon usage des arbres" (Actes Sud 2011). Il y dénonce aussi toutes les méthodes assassines employées dans certaines villes de France, comme à Tours. Il a émis dix commandements pour les arbres. Le tout premier est celui-ci, complètement bafoué par la ville de Tours : "Respect : les arbres sont des êtres vivants, aussi vivants que vous et moi. Mieux : ils sont nos protecteurs. Accordez-leur le respect auquel ils ont droit en tant qu'êtres vivants et ne les traitez jamais par le mépris, comme s'ils n'étaient que du mobilier urbain".
      9. (page 6 du "Rapport partie 4", enjeux) "La maintien de la biodiversité. [...] La protection et/ou la prise en compte des espaces verts existants dans tout acte d'aménagement ou d'entretien. [...] La restauration et/ou la création de connexions entre les milieux naturels et les espaces verts existants". C'est du pipeau par rapport à ce qui s'est passé ces dernières années et par rapport aux intentions que nous allons voir au paragraphe suivant.
      10. (page 6 du "Rapport partie 4", enjeux) "Le développement d'une armature de jardin de proximité". Je n'ai pas vu d'exemples concrets d'ajout de jardins de proximité dans ce PSMV.
      11. (page 24 du "Rapport partie 2") "Le plan de gestion intègre également les problèmes phytosanitaires, les estimations de temps de travaux ainsi que les demandes émanant des habitants". Alors pourquoi a-t-on mis à nu les racines des marronniers de l'avenue de la Tranchée et de certains platanes de l'avenue de Grammont lors des travaux du tramway ? Pourquoi n'a-t-on pas du tout pris en compte la paroles des habitants dans l'abattage des 170 érables et marronniers du mail du Sanitas ? Pourquoi dans ce présent PSMV, prévoit-on l'abattage de plus de 200 arbres (dont 170 sur les îlots Nord de la rue Nationale) sans avoir pris en compte l'avis des habitants déjà exprimé dans l'enquête publique de 2012 ? Ni même les recommandations du commissaire-enquêteur (j'en reparle plus loin).

      Je suis indigné par cette attitude hypocrite qui consiste à énoncer de belles et louables intentions dans un document tel que celui-ci, salué par les Commissions Locale et Nationale des Secteurs Sauvegardés, alors que la mairie se permet d'abattre à volonté n'importe quel arbre qui la dérange, sans que ces commissions ne s'en préoccupent et n'effectuent le moindre contrôle. Ici un ginkgo biloba qui pue (2008, jardin de la Préfecture), là des tilleuls patrimoniaux sur la place Mame patrimoniale, sauvés en 2011 mais abattus en 2012. Ou là les tilleuls de la place Choiseul qu'elle a pourtant juré de sauver dans une conclusion d'enquête publique en 2010 et qu'elle a abattus en 2011  avec des commissaires-enquêteurs benêts qui s'étaient basés sur ce soi-disant sauvetage pour y trouver un geste significatif et autoriser l'abattage de 510 arbres en centre-ville (entre l'avenue Maginot et le Cher), ensuite devenus 600...

      En page 4 du "Rapport partie 4", il est écrit : "Les seuls impacts potentiels portent sur le patrimoine architectural et urbain ainsi que sur les vestiges archéologiques". Il n'y aurait donc pas d'impact potentiel sur le patrimoine arboré, ou plutôt celui-ci n'est pas censé exister...

      Le 20 juin 2013, la Commission Nationale des Sites a émis un avis favorable à l'unanimité sur le PSMV en se basant sur la bonne foi des déclarations de la mairie de Tours. Cette bonne foi n'existe pas en matière environnementale, ce n'est que de l'enfumage et il convient d'apporter de fortes contraintes pour que ne continuent pas les travers du passé. Les arbres doivent pouvoir vivre longtemps dans notre cité, et ils peuvent vivre très vieux.

    3. La volonté de se libérer des contraintes pour aggraver les dégradations

      Ce qui me frappe le plus dans ce PSMV est la volonté municipale de s'affranchir de toute règle pour abattre des arbres selon son bon vouloir. Les extraits qui suivent du "Rapport partie 3" sont très révélateurs :
      1. (page 60) "Dans le cadre d’un projet d’aménagement de l’espace public ou de mise en œuvre de nouveaux axes de transports en commun, les alignements existants peuvent être ajustés ou supprimés, si le projet d’insertion urbaine constitue une amélioration de la qualité spatiale et une meilleure mise en valeur de l’enveloppe bâti".
      2. (page 60) "La protection de ces arbres et leur maintien doit intégrer l’aspect dynamique du vivant et les évolutions possibles des espaces libres. Dans le cadre d’un projet d’aménagement d’ensemble, ces arbres remarquables peuvent être repositionnés et les essences végétales modifiées, voire supprimées, si le projet constitue une amélioration de l’espace et une meilleure mise en valeur de l’environnement architectural".
      3. (page 60) "En cas de nécessité d’abattage dûment justifiée l’arbre devra être remplacé par un sujet d’essence identique ou par une plantation contribuant au maintien du couvert originel".
      4. (page 78) "Dans les PSMV, comme dans les PLU, considérer systématiquement les alignements d’arbres comme des espaces boisés classés au titre du Code de l’urbanisme, pose de plus en plus de problèmes de gestion, car cette légende fige des espaces dans lesquels la réflexion sur les aménagements urbains peut conduire à reconsidérer le réel intérêt de l’espace boisé classé et la possibilité de son remplacement dans une emprise différente".
      5. (page 78) "Ce n’est pas la place de l’arbre dans la ville, ni sa quantité qui est remise en cause, mais le fait de figer une composition qui peut être considérée, plusieurs années après l’approbation du plan, comme obsolète au regard des enjeux d’aménagement d’un site".
      6. (page 78) "Au regard de ces constats, il semble inopportun de conserver l’élément de légende « espaces boisés classés »".
      7. (page 78) "Dans le cadre d’un projet d’aménagement d’ensemble d’un espace que ces alignements structurent, ceux-ci peuvent être repositionné".

      Ainsi la population devraient davantage encore subir les dégradations perpétrées par ceux qui ont "les leviers du pouvoir" et sont imprégnés de la culture "anti-naturaliste" dénoncée par François Terrasson. Rendez-vous compte, ils osent même dire que des alignements et des "arbres remarquables peuvent être repositionnés" !! Plus que jamais les arbres ne sont que du mobilier urbain. Et on devrait croire en leur bonne foi et à leur intégrité, après tous les dégâts de ces dernières années ?

      En matière environnementale, la ville de Tours vit déjà dans un état de non droit et ce document PSMV est en train d'enlever les entraves qui gênaient encore. En mars 2011, les associations environnementales agréées SEPANT et AQUAVIT avaient pourtant lancé un "Appel solennel pour que la Charte de l'Environnement soit respectée dans la ville de Tours", envoyé au Président de la République. Les médias locaux l'avaient passé sous silence et la mairie avait continué comme si de rien n'était, toujours soutenue par les services de l'Etat qui ne veulent rien voir et contrôler.
  6. Les dégradations à venir du patrimoine bâti

    1. Une perte de l'identité architecturale tourangelle

      Si je suis très inquiet pour le patrimoine arboré, je suis assez rassuré pour le patrimoine bâti ancien. Et ce qui s'est passé ces dernières années dans le secteur sauvegardé me rassure aussi (je n'en dirais pas tant hors de ce secteur). Deux points m'apparaissent cependant préoccupants :
      1. Une certaine privatisation de l'espace public ou semi-public. La transformation du musée du gemmail en résidence en est une illustration. Le fait de payer des royalties à M. Daniel Buren pour réaliser certaines cartes postales sur des places publiques en est une autre. Je ne vois aucune volonté d'enrayer ce phénomène.
      2. L'intrusion de constructions neuves qui ne respectent pas le bâti environnant. C'est clairement écrit en page 66 du "Rapport partie 3" : "L’architecture contemporaine doit en effet pouvoir s’exprimer".

      Ce n'est pas que je sois opposé aux formes contemporaines. Il y a d'ailleurs quelques réussites, notamment la tour au bout de la rue des Tanneurs, avec son bonnet d'ardoises. Mais il y a trop souvent des constructions nouvelles qui n'ont aucune intégration au contexte tourangeau historique et que l'on pourrait aussi bien trouver à Strasbourg ou Marseille. J'estime que c'est notamment le cas de ce qui se prépare le haut de la rue Nationale avec des cubes qui viennent se mélanger au bâti existant. A un tel endroit, comme bien d'autres endroits à Tours, un toit d'ardoise s'impose. A la rigueur un toit en panneaux solaires donnant l'aspect de l'ardoise.

      Il y a 36 façons d'introduire les ardoises selon les époques. Il faut certes faire preuve d'un minimum d'inventivité et ne pas importer des solutions venues d'ailleurs. Ca correspond d'ailleurs à l'ambition des "savoir-faire autour des patrimoines et de l’innovation", érigée (en page 30 du "rapport partie 3") comme un des "quatre grands projets" de ce PSMV.

      Je souhaite donc que des règles sévères imposent une charte du bâti neuf qui prolonge l'architecture tourangelle passée.

    2. Une libéralisation des règles d'aménagement

      Je ne suis pas entré dans le détails du "règlement", dont les multiples modifications me semblent libéraliser les contraintes passées. En ce sens, je note celle-ci présentée en préliminaire (Règlement, page 6, 1.3) : "Conformément au Code de l'urbanisme, les règles et servitudes définies par le P.S.M.V. peuvent faire l'objet d'adaptations mineures rendues nécessaires par la nature du sol, la configuration des parcelles ou le caractère des constructions avoisinantes (articles L123-1-9 et R313-21 du Code de l’urbanisme)". Je suis très surpris que le code de l'urbanisme permette de telles adaptations qui m'apparaissent impossibles en dehors du secteur sauvegardé. Et bien sûr il faut faire toute confiance au service Urbanisme de Tours pour savoir ce qui est "mineur" ou pas...

      Plus préoccupants encore sont "Les principes de constructions de nouveaux immeubles" (US.11D.1 page 46 du Règlement) :
      • "L’architecture actuelle doit constituer l’une des strates de l’architecture tourangelle. Les nouveaux immeubles doivent être représentatifs des différents courants de la création architecturale d’aujourd’hui". Pourquoi "doivent" et non "peuvent" ?
      • "Les constructions nouvelles doivent s’intégrer au tissu existant et aux ensembles urbains dans lesquels elles s’insèrent, en prenant en compte les particularités morphologiques et typologiques des quartiers (volumétrie, composition, rythmes, largeurs des parcelles en façade sur voies, reliefs...) ainsi que celles des façades existantes (rythmes, échelles, ornementations, matériaux, couleurs...) et des couvertures (toitures, terrasses, retraits...)". D'accord, mais ce sont beaucoup de critères subjectifs malléables.
      • "La nouvelle construction doit participer à la continuité urbaine, sauf dans le cas de constructions ayant une haute valeur symbolique comme certains édifices publics ou assimilés". Que ce "sauf" est important ! Il ouvre la boîte de Pandore pour un palais de la gastronomie incongru ou des hôtels-cubes trop hauts...
  7. Les grands axes prévus à aménager

    1. Les séquences des quais haut et bas

      C'est traité dans les pages 39 à 49 du "Rapport d'orientations", qui présente les projets d'aménagement des bords de Loire. Je note les points suivants :
      1. (page 41) "La possibilité de créer un filtre plus lâche en abattant un platane sur deux, permettrait de rendre plus perceptible le château". Anatole France veut encore frapper...
      2. (page 42) "Les aménagements en lien avec les propositions d’adaptation du bâti existant, doivent permette une meilleure lecture du site en proposant une recomposition de la façade urbaine et en favorisant le dégagement des espaces libres aux abords du château". Ce n'est pas bien clair, dégager les espaces libres pourrait signifier l'abattage des arbres sur la place devant le logis des gouverneurs.
      3. (page 45) "Enfin, l’ancien plan de sauvegarde comportait des « espaces boisés classés » correspondant aux alignements d’arbres structurant la place. Bien que conservée, cette obligation est traduite dans le nouveau plan dans la légende « composition ou ordonnance végétale d’ensemble à préserver, à renforcer, à compléter ou à créer ». Toutefois, afin de favoriser la lisibilité et l’accès de la bibliothèque (pour la nouvelle entrée) et du futur bâtiment à réaliser en pendant, ces alignements d’arbres pourront être supprimés". Je ne vois pas en quoi il y aurait des arbres à abattre parce qu'ils gêneraient la lisibilité et l'accès à la bibliothèque. Il n'y a en a déjà presque plus, même Anatole France ne comprendrait pas...
      4. (page 49) "Les aménagements doivent favoriser la suppression de la passerelle ". C'est incompréhensible, on a un PLU, un SCoT, un PDU et maintenant un PSMV qui veulent favoriser les circulations douces et on veut supprimer une passerelle piétonne. A ce que je sais, elle est utilisée en périodes scolaires (si elle ne l'était pas, ça serait signalé...; et si elle n'est pas utilisée, il convient de se demander pourquoi). Une fois de plus la mairie de Tours agit à l'inverse de ses belles intentions. De telles manières lui ôtent toute crédibilité et tout confiance. D'accord, cette passerelle n'est pas bien belle, mais elle pourrait être végétalisée pour lui redonner de l'attrait... Et les pierres que ça pourrait cacher ne sont pas du XVIème siècle mais de 1960.

      En dehors de ces critiques, je trouve que ce projet global des bords de Loire est intéressant. Je note en particulier qu'il ne touche pratiquement pas aux bords de Loire. Il n'est notamment pas question d'une passerelle vers l'île Simon, et c'est tant mieux.

    2. Axe Victoire - Les Halles

      C'est traité dans les pages 50 à 57 du "Rapport d'orientations". J'ai noté :
      1. (page 52) "Les plantations existantes (platanes et marronniers) qui participent à la scénographie du déplacement le long de l’axe nord - sud, doivent être préservées. A long terme, elles pourront être remplacées et repositionnées". Et voilà les "anti-naturalistes" de François Terrasson en pleine action. On remplace et on repositionne des arbres matures dans un claquement de doigts. Des êtres végétaux vivants que les riverains côtoient depuis des décennies vont ainsi être abattus sans vergogne. Sans même le prétexte d'Anatole France, simplement parce qu'ils ne sont pas placés dans la symétrie parfaite du "rêve de technocrate". Moi qui pensais que ces arbres au moins avaient été sauvés, j'étais trop optimiste, ils ne sont qu'en sursis...
      2. (page 56, sud du Carreau des Halles) "Créer un front visuel (bâti ou végétal) en partie nord de la place des Halles". On va donc abattre des arbres que l'on vient de planter... Et le bâti sera très probablement préféré au végétal. Quelle est la nécessité de faire un "front visuel", alors qu'ailleurs il y a une obsession à dégager la vue ? Les lubies de nos "leviers de pouvoirs" varient, ou ils ont des idées cachées par derrière la tête...
      3. (page 57, nord du bâtiment des Halles) "Il est également proposé de supprimer le bâtiment de la crèche pour le remplacer par une construction implantée un peu plus au sud". En premier lieu, une crèche, ce n'est pas inutile et celle-la est très bien placé près d'un petit jardin. Quelle nécessité y-a-t-il à l'enlever ? Parce qu'elle est moche, nous dit-on. Elle n'a pas sa place dans "le rêve de technocrate"... Supposons qu'on lui trouve un meilleur endroit (alentour, je ne vois pas), cette libération d'espace serait idéale pour augmenter la trame verte dans un coin où elle restreinte. Les PLU, PDU, Plan Climat, SCoT et présent PSMV ne l'imposent-ils pas ? Hé bien non, on va bétonner et bien plus que cette ridicule crèche. Quel promoteur a déjà réservé l'emplacement ?

      Pour le reste, je constate avec soulagement qu'il n'est pas prévu d'abattre les arbres de la Place Rouget de l'Isle...

    3. Les boulevards et la place Jean Jaurès

      C'est en pages 58 à 62 du "Rapport d'orientations". Cela commence par deux remarques très justes. La première indique que "Le double mail des boulevards Béranger et Heurteloup est aujourd’hui déqualifié par le traitement des sols en enrobé (contradictoire avec la notion de promenade)" : il est rare que la mairie reconnaisse qu'elle a fait une grosse bourde en tout bitumant, il est rare qu'elle supprime de grandes surfaces de bitume ou de béton. J'espère que ça sera pour mettre de la terre battue ou des gravillons, mais surtout pas des pavés, on en a une indigestion... La seconde stipule de "réinstaurer les quatre alignements de platanes" : ah, depuis le temps qu'on le dit... Et je ne vois pas de menaces d'abattage. Je pense qu'on pourrait effectuer ces traitements au delà de la rue de la Fuye, jusqu'au bord de l'autoroute


      Finalement, je n'ai pas de critique à émettre sur cet aménagement des boulevards quadri-centenaires de la ville, je le trouve même judicieux. Et j'espère que ce projet sonne le glas du passage de la deuxième ligne de tramway sur cet axe, avec tous les dégâts que ça aurait provoqué. Une liaison St Pierre des Corps - Tours par tram-train utilisant le réseau ferré existant est bien plus pertinente.

      Mon jugement est très différent pour le catastrophique aménagement stalinien prévu pour la place du Palais. Comme je l'ai déjà dit, nombreux sont les Tourangeaux qui ont une indigestion des étendues de pavés qu'on nous a imposées au détriment des espaces verts. La place Choiseul en est le symbole. Alors qu'historiquement sa fonction d'octroi pouvait justifier le pavage, cela n'a plus de sens aujourd'hui. Et on veut nous refaire le même coup place du Palais, là où il y a toujours eu des espaces verts et presque toujours eu des beaux jets d'eau. Ca peut être considéré comme un sacrilège patrimonial. Et il n'y a bien sûr aucune nécessité tout paver. L'article de la Nouvelle République montrant ce projet a provoqué un mécontentement général dans la ville.

      Quand je pense que j'étais satisfait qu'on ait planté début 2013 des buis sur cette pelouse habituée à voir ses massifs complètement renouvelés à chaque saison. Cela apporte enfin de la persistance favorable à un début d'écosystème jusqu'alors inexistant. Il n'a pas fallu attendre une année pour qu'un projet prévoit de tout détruire. Ca vit pourtant très longtemps des buis ! On ferait mieux d'ajouter des bancs autour de cette place...


      Sur cet axe Béranger - Heurteloup difficile pour les cyclistes, qui à mon sens n'ont pas leur place au milieu du mail avec les piétons, je me demande s'il ne faudrait pas requalifier les deux chaussées, par exemple mettre les bus et les cyclistes dans les deux sens sur la voie nord, et les automobiles dans les deux sens sur la voie sud. Avec un stationnement en épi côté sud et pas de stationnement côté nord. Mais dans les mesures et la symétrie, cela peut poser des problèmes... C'est une idée initialement émise par M. Massire sur le site de la Nouvelle République, sous une forme un peu différente.

    4. L'ancien axe Est-Ouest de la ville

      Il n'est pas marqué dans le PSMV, mais l'ancien axe majeur de la ville, de la rue Blanqui à l'Est à la rue Lamartine à l'Ouest, est très segmenté et ne dispose d'aucune continuité. Il serait bon d'en créer et d'amener une lisibilité à un axe historique dont la reconnaissance donnerait plus de poids au patrimoine de notre Cité. La présence de nombreux arbres le long de son parcours sur la carte de René Siette de 1619 amène à se demander pourquoi il y en a si peu maintenant, et pourquoi, par exemple, on préfère mettre des arbrisseaux en bac rue Colbert...

  8. Les jardins publics et parcs

    Ces aménagements sont présentés en pages 63 à 70 du "Rapport d'orientations".

    1. Le jardin des Ursulines

      Je ne saisis pas tout ce qui est écrit (page 66), il n'y a pas de schéma pour présenter ce qui est prévu et qui semble encore flou. A priori, je suis d'accord avec les orientations, c'est effectivement un jardin qui mérite d'être réaménagé pour une meilleure mise en valeur à la fois des murailles et du végétal.

    2. La place de la Résistance

      Je suis d'accord avec ce qui est écrit (pages 67 et 68), sauf pour le parking souterrain.

    3. La place du Chardonnet

      Je suis aussi d'accord pour cette place, mais je rappelle qu'elle a beaucoup perdu de sa personnalité en 1998 quand on a détruit le "Café des Glycines" (ou "bar de l'industrie"), cher à Robert Doisneau, pour y construire une résidence, comme il en existe beaucoup à Tours, alors que ce café avec ses magnifiques glycines était unique... 5000 tourangeaux avait alors signé une pétition, en vain. Depuis, cette place a perdu son âme...

    4. La place du la Préfecture

      Pour une telle place, je comprends que l'on veuille mettre des pavés et qu'on ne cherche pas à la végétaliser. Toutefois, je souhaite qu'on y plante en son centre, à l'ouest du côté de la rue de Buffon, un seul arbre, très beau, ayant valeur d'Arbre de la Liberté, comme on en voit en d'autres lieux du même type. Cela pourrait aussi avoir valeur de symbole de l'attachement de l'Etat et du Conseil Général au développement de la trame verte dans la ville de Tours...

    5. Le jardin de la Préfecture

      Le jardin de la Préfecture n'est pas prévu d'être réaménagé dans les dossiers du PSMV. Et pourtant de nombreux Tourangeaux, depuis longtemps, ont porté une réclamation que plusieurs maires ont relayé, notamment l'avant dernier, mais que le dernier, en place depuis 1995, n'a pas reprise, estimant que ce n'était pas opportun pour sa bonne entente avec les Préfets qui se sont succédés. Il s'agit d'agrandir le jardin public de la Préfecture en diminuant la part du jardin privé dévolu à la seule jouissance de Monsieur le Préfet, alors que nous payons l'entretien de cet imposant et bel espace vert avec nos impôts.

      Dans l'ouvrage "Regards sur l'agglomération tourangelle" de 1982, Alain Schulé avait fait la présentation suivante : "Un square fait face à la gare. Il est très recherché par les provinciaux et les citadins. […] Mais il est encombré et trop petit. C'est l'appendice du grand parc, dénommé Jardin de la Préfecture qui, raison d'Etat sans doute, se trouve privatisé par la survivance de quelque privilège régalien. Beaucoup de Tourangeaux, à l'âme républicaine, pensent qu'on pourrait, au moins à certaines heures, les laisser faire une promenade sous les hautes frondaisons".

      En 2005, j'avais repris le sujet sur mon blog, en page pressibus.org/blogcvl/a/2005-04-06a.html, faisant une proposition précise qui consistait à changer (dans le bail emphytéotique entre préfecture et mairie) les proportions d'un tiers pour la population et deux tiers pour le préfet en deux tiers pour la population et un tiers pour le Préfet (qui garderait ainsi son terrain de tennis).


      La nord est à droite. La partie bleue, actuellement au préfet,
      serait rattachée à la partie publique, en rouge.
      Le préfet garderait la partie verte, avec la pièce d'eau.
  9. Les Orientations d'Aménagement et de Programmation (OAP)

    1. Un nouvel outil pour se libérer des contraintes

      Le document de Présentation du PSMV de Tours à la Commission Nationale des Secteurs Sauvegardés confirme, s'il en était besoin le profond dédain de ces décideurs pour l'environnement végétal de nos villes. Alors que la Charte de l'Environnement, le Plan Climat, le SCoT, le PDU et même le PLU de Tours insistent sur la nécessité de procéder au développement d'une trame verte urbaine, ils ignorent la notion de patrimoine arboré. Seule une auto-congratulation s'en approche : "Le patrimoine végétal a fait l'objet d'une analyse très conséquente". Il n'y a rien sur la volonté de se libérer de toute entrave pour abattre à volonté ces empêcheurs de bâtir et de réaménager que sont les arbres.

      Ce document est intéressant par le fait qu'il montre un flou important entre les règles du secteurs sauvegardé et celles de projets intitulés "Orientations d'Aménagement et de Programmation" (OAP), qui sont les projets de construction set de réorganisation prévus dans le présent PSMV. Il y est écrit (propos de M. Dominique Masson) que "l'utilisation de ce nouvel outil dans le PSMV est récente" et que "la question se pose du rapport que doivent entretenir les OAP par rapport aux dispositions règlementaires du PSMV : doit-on s'en servir comme une indication supplémentaire par rapport à l'application de la règle ou en faire un substitut à cette même règle sous la forme d'une démarche d'urbanisme et de projet. [...] Un approfondissement de ces questions est nécessaire". Aucun réponse claire n'apparaît ensuite.

      Un flou dans la règlementation, des règles de plus en plus compliquées, voilà un moyen supplémentaire de se libérer des trop fortes contraintes...

      Le présent PSMV présente treize OAP que nous allons maintenant passer en revue.


      Les treize OAP [cliquez sur l'image pour agrandir]
    2. Les aménagements projetés AO1 à AO12
      • AO1. Pour les arrières de la rue Blanqui donnant sur l'avenue André Malraux (pages 73, 74), je comprends qu'on veuille faire un aménagement. Je suis surpris de la priorité donnée aux parkings et du manque de plantation de grands arbres qui serviraient, certes légèrement, de paravent au bruit et à la pollution. Il y en a certes quelques uns, mais ou ils sont très jeunes, ou ce sont des arbustes ou arbrisseaux.
      • AO2. Pour l'avenue André Malraux, à hauteur du logis des Gouverneurs (pages 75 à 78), je ne comprends pas ce besoin de démolir des immeubles qui ne gênent pas vraiment (ça n'arrangera pas grand chose pour voir la chapelle St Libert à demi enterrée...). Je remarque que la première maison à détruire est très belle, typiquement tourangelle, avec des pierres de tuffeau, un joli toit, elle pourrait être mise en valeur en enlevant le crépis. Un lierre ou une vigne vierge sur le mur ouest serait d'un bel effet. Sa sauvegarde m'apparaît plus importante qu'un alignement qui n'apporte pas grand chose. J'ai l'impression qu'André Malraux aussi ne serait pas d'accord...
      • AO3. En ce qui concerne l'îlot rue Auber (page 79, 80), je me rends mal compte, notamment de la gêne pour le voisinage.
      • AO4. Création d'une petite rue le long du jardin du Carmel (page 80). Je ne vois pas l'intérêt de cet aménagement et je suis surpris du contraste entre la photo (page 80) et la grandeur du "repérage parcellaire" encadré de bleu, prenant même le sens de la rue Traversière, ce qui ne peut que déranger le voisinage. De plus voir l'urbanisation se rapprocher au plus près du jardin du Carmel ne m'apparaît pas innocent. C'est un lieu à protéger, densifier autour est inquiétant. Les maisons individuelles pressenties peuvent se transformer en résidence. Et apparemment quelques beaux arbres seront abattus sans même que ce soit signalé. Je suis donc opposé à cet aménagement.
      • AO5. Ilot boulevard Heurteloup près de la rue du Petit-Pré (pages 83, 84). Je ne vois pas comment on accède à ce coeur d'îlot non végétalisé. La gêne pour le voisinage pourrait être importante. Certes la hauteur est limitée à un étage, mais la présence de combles avec ouvertures ou d'attique signifie qu'il y aurait deux niveaux. Il me semble donc bon de refuser combles et attiques, il serait d'ailleurs intéressant de savoir si les riverains ont le même avis. Et pourquoi ne leur a-t-on pas demandé leur avis avant de réaliser un tel document ? Ils ignorent probablement l'existence de cette enquête publique, qui pourtant les concerne beaucoup...
      • AO6. Ilot Bd Heurteloup, rue Bernard Palissy (pages 85 à 87). Ah je connais ce charmant endroit où on a l'impression de changer de monde, quitter le centre-ville pour se trouver dans un coin perdu de banlieue... Il n'y a certes pas de valeur patrimoniale à préserver, ni même de valeur arborée. Là encore, je ne comprends pas du tout l'importance de la zone concernée entourée de bleu, plus vaste que le coeur d'îlot. Cela signifie-t-il qu'on démolit des bâtiments de bord de rue, apparemment beaux ? Et les remarques sur les places de parking montrent la volonté d'entasser le maximum de logements. La présence d'immeubles, plutôt que de particuliers comme dans le cas précédent AO5, amènerait probablement moins de gêne.
      • AO7. Deux îlots au sud du boulevard de Preuilly (pages 88 à 92). J'ai déjà parlé du Boulevard de Preuilly et de ses platanes meurtris. Il n'est visiblement pas question de reboucher l'alignement sud très troué. Ca donnerait pourtant au boulevard une unité et un cachet beaucoup plus intéressants que des immeubles standard, reflets de la médiocrité architecturale actuelle, comme il s'en construit en ce moment sur le côté nord. Les petits maisons actuelles apparaissent belles en comparaison et leur démolition m'apparaît regrettable. De plus dire que le maintien du parking est "une nécessité pour la vie du quartier" en élevant un immeuble sur ce parking avec l'arrivée de nombreux nouveaux automobilistes m'apparaît très hypocrite.
      • AO8. L'institution Notre Dame La Riche (pages 93 et 94). Il serait bon qu'un tel projet immobilier se fasse en prenant en compte la présence des arbres. Apparemment, ce n'est pas du tout le cas... La Charte de l'Environnement est constamment bafoué par le service urbanisme de la ville de Tours. Son article 2 dit pourtant que "Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l'amélioration de l'environnement", c'est dans la Constitution de notre pays... Je ne dis pas qu'il faut conserver tous les arbres, je dis seulement qu'il faut prendre en compte leur existence et faire en sorte d'en garder quelques uns, et là il n'y en a pas beaucoup.... Au service Urbanisme, on ignore ce qui est en place, on ne préserve rien, on commence par tout raser, puis on prétend créer des espaces verts.
      • AO9. Rue Jules Charpentier (pages 95 et 96). Cet emplacement permet de créer des petits jardins derrière les maisons du pourtour. Plutôt que d'entasser des logements, il est plus judicieux de vendre aux propriétaires avoisinants les parcelles du terrain, certaines pouvant être assez grandes, pour y aménager leur jardin. Ils s'en occuperont mieux que la mairie de Tours, ils y planteront quelques beaux arbres qui vivront beaucoup plus longtemps que sur un lieu public. Seul l'emplacement des garages rue Jules Charpentier permettrait de créer deux ou trois maisons de ville, avec leur petit jardin derrière. Je rappelle que l'un des "enjeux" de ce PSMV est "Le développement d'une armature de jardin de proximité". Sur 13 projets AOP, l'un d'entre eux peut être consacré à l'orientation 4 du PADD de développement de la trame verte. On m'avait soutenu lors d'une réunion publique sur le PADD que chacune des 4 orientations avaient la même importance, alors ce n'est pas demander beaucoup qu'une seule des treize OAP s'aligne sur cette orientation en grand déficit... C'est cela améliorer la qualité de vie des habitants.
      • AO10. Le musée des Beaux-Arts (pages 97, 98). Je suis étonné de ne pas trouver clairement une photo des lieux concernés. Il n'y a qu'une flêche rouge (page 97) qui ne montre pas grand chose. Ce n'est pas clair... Et 200 m2 de surface à construire, c'est important...
      • AO11. L'hôtel de Ville (pages 99 à 101). Mon avis :
        • Pour A1, refaire un nouvel alignement sur la rue Nationale en diminuant sa largeur oblige à des travaux coûteux et disproportionnés par rapport aux maigres gains d'espace obtenus.
        • Pour A2, bâtiment moche, auquel il s'agit d'ajouter un étage, plutôt que d'avoir une "surélévation en harmonie avec le reste du bâtiment et couverte en terrasse", il est plus judicieux d'ajouter un toit d'ardoise afin de se mettre en harmonie avec les bâtiments du lycée Descartes, beaucoup plus beaux. Il serait aussi judicieux de retraiter toute la surface des murs pour là aussi s'accorder avec les murs du lycée Descartes. Ca serait davantage tourangeau et beaucoup moins coûteux que A1. Un toit assez pentu permet d'aménager les combles et d'avoir un autre étage supplémentaire, ce qui compense l'abandon de A1.
        • Pour B, ça sera effectivement mieux d'avoir l'alignement des toits d'ardoise, en essayant de les traiter de la même façon.
      • AO12. Avenue Malraux, îlot ouest (pages 102, 103). Pas d'observation.

    3. Les deux îlots nord de la rue Nationale (AO13)


      Déjà, en page 45 du "Rapport d'orientations", il est dit, place Anatole France, qu'on veut terminer la composition de l'architecte Patout en 1952. C'est malvenu alors que le bâtiment prévu (gastronomie) ne sera pas semblable (jumeau) à la celui de la bibliothèque et alors que l'ensemble sera beaucoup plus minéral.

      La comparaison du projet de Patout avec le nouveau projet illustré en page 47, en page 46 et dans La Nouvelle République du 5 juillet 2013 est accablante.





      La symétrie du projet Patout est complètement altérée par un palais de la gastronomie en discordance avec le bâtiment de la Bibliothèque. Le traitement végétal est en net retrait. Enfin, l'harmonie des toits d'ardoises est rompue par des bâtiments en cubes, surtout les deux tours.

      Il est pitoyable de lire l'essai d'explication de l'abandon de l'ardoise, caractéristique typique des constructions tourangelles (page 106) : "Les toits les couronnant n’étaient pas prévus dans le projet d’origine de Pierre Patout. Ils ont fait l’objet à l’époque de la construction, de négociations. Si ce couvrement est acceptable sur la majorité de la composition, il est peu élégant sur les pavillons de tête marquant l’entrée de la rue Nationale (car beaucoup plus bas que ceux des immeubles marquant les angles des rue perpendiculaires à la rue Nationale). Nous proposons d’offrir la possibilité de modifier le volume de couverture de ces deux pavillons, en autorisant une surélévation, avec une forme de toit différente. Dans la légende du secteur sauvegardé, cela se traduit par un « M » précisant les modifications à apporter".

      Si Pierre Patout a mis de l'ardoise là où il n'en mettait pas au début, c'était bien sûr pour améliorer son projet, pas pour le dégrader ! Quant au fait de ne pas surélever des toits en avant plan, il correspond à une certaine volonté de discrétion par rapport à l'arrière plan, notamment l'église St Julien. Le projet de Patout n'était pas du genre "m'as-tu-vu" du projet d'aujourd'hui. Il était sobre et très élégant, harmonieux, empreint d'un classicisme rompu par ce palais de la Gastronomie en discordance avec la bibliothèque qui n'est pas du tout sa jumelle et encore rompu par ces tours "M'as-tu-vu" trop hautes et trop moches, qui brisent l'harmonie Tourangelle et qui gênent la visibilité de l'église St Julien.

      J'ai toujours était gêné par le bâtiment de la Bibliothèque, je l'ai toujours trouvé incongru avec sa toiture verte. Lui donner un véritable jumeau justifie sa présence et lui donne un sens, comme en ont les deux cèdres symétriques à la sortie du pont de pierre (je ne les vois pas dans le schéma de la page 47, j'espère qu'il n'est pas prévu de les abattre...). Lui donner une réplique complètement différente accentue son incongruité en ajoutant un élément étranger.

      Le plan d'aménagement des deux îlots en page 108 est impressionnant par la densité de béton et l'ignorance du patrimoine arboré, qui semble pulvérisé.


      Cette suppression des 120 tilleuls plus ou moins cabossés et celle des 50 autres arbres du square Prosper Mérimée et alentour est actée ainsi :"Il est à noter que la légende « espaces boisés classés à conserver ou à créer » de l’ancien plan de sauvegarde a été supprimée dans le nouveau document. Les plantations à maintenir sont dorénavant classées dans la légende « composition ou ordonnance d’ensemble à préserver, à renforcer, à compléter ou à créer ». Dans les espaces libres des cœurs d’îlots, l’obligation de conserver des alignements d’arbres est donc levée, au profit d’aménagement dont les principes sont définis ci-dessous".

      Je note aussi la délicatesse hypocrite avec laquelle est seulement "envisagée" la création d'un parking souterrain. Comme si densifier à ce point pourrait ne pas poser des problèmes de stationnement...

      Je rappelle qu'en 2012 l'enquête publique "Aménagement du haut de la rue Nationale" avait montré le refus de ces abattages massifs. Le commissaire-enquêteur, relayant la parole des habitants, disait dans ses conclusions :
      • "La minéralisation du projet paraît excessive.
      • Je regrette l'absence d'arbres dans la partie la plus large du haut de la rue Nationale.
      • Il paraît essentiel de préserver la verdure des squares François 1er et Prosper Mérimée même si la future densification des îlots rend cette mission difficile"

      La mairie a rejeté toutes ces recommandations, elle n'a cure de l'avis des habitants et d'un commissaire-enquêteur. Celui-ci disait aussi : "La Commission Nationale des Secteurs sauvegardés envisage, dans sa conclusion, un réaménagement des EBC mais pas leur suppression". Certes, mais à Tours on est "anti-naturaliste", on veut se débarrasser des vieux arbres encombrants et on enlève toute protection...

  10. Remarques diverses

    1. Le manque de concertation
      Il ne faut pas confondre concertation et information. Il y a certes eu des réunions d'information sur ce PSMV, mais pas du tout de véritable concertation. Les Conseils de la Vie Locale Est et Ouest n'ont pas du tout été conviés à dialoguer avec le service Urbanisme dans un groupe de travail. D'ailleurs, dans cette révision, qu'est-ce qui pourrait provenir d'une demande citoyenne ?

    2. Augmentation de la place de l'automobile
      Page 36 du "Rapport partie 3", il est souligné, en accord avec le PDU, la volonté d'avoir une "gestion de réduction de circulation". Et aussi : "Le principe retenu étant de ne pas augmenter le nombre global de places de stationnement dans le centre-ville". Je constate qu'aucune artère ne devient piétonne, que l'accroissement de la population s'accompagnera d'un accroissement de la circulation et d'une augmentation du nombre de places de stationnement, avec même créations de parkings souterrains. A l'évidence, ce plan ne crée pas les conditions qui permettent de concilier densification de l'habitat et diminution de la place de l'automobile. Conclusion, pour être en accord avec le Plan Climat, le PDU, le SCoT : il ne faut pas densifier davantage ce centre-ville qui l'est déjà trop. Il y a de nombreuses autres zones à densifier dans l'agglomération tourangelle.

    3. Peut-on construire sur la partie inondable du secteur sauvegardé ?
      Page 4 du "Rapport partie 4", il est écrit que le secteur sauvegardé est "en partie concerné par la zone inondable d'aléa faible, en vertu du PPRI actuel". Mais pourquoi se baser sur le vieux PPRI, alors qu'on sait que les risques d'inondation ont été revus à la hausse et qu'à Tours ce qui était en aléa faible ou moyen va très probablement passer en aléa fort ? Pourquoi ignorer les contraintes du Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) du bassin Loire-Bretagne de 2010 ? En page 50 du "Rapport partie 2", il est écrit que le SDAGE impose que : "Dans l'attente de la réalisation des études de danger des digues, pour prendre en compte leur risque de rupture, les constructions nouvelles seront interdites dans une zone située à l'aplomb des digues sur une largeur de 100 mètres par mètre de hauteur de digue"". Il y aurait donc une "partie concernée" dans le PPRI qui serait inconstructible, je n'ai bizarrement pas trouvé sa délimitation... Le site du SDAGE précise que "Collectivités et organismes publics doivent se conformer au SDAGE dans toutes leurs décisions d’aménagement".

    4. Le manque de contrôle de l'Etat
      Le Préfet a décidé le 23 avril 2013 que "La révision du plan de sauvegarde et de mise en valeur de la ville de Tours n'est pas soumise à évaluation environnementale". Ce n'est hélas pas surprenant, tant la préfecture et la mairie de Tours sont "cul et chemise" depuis quelques années. L'Etat contrôle pratiquement rien et le maire de Tours a les mains libres pour faire ce que bon lui semble. L'absence de cette étude environnementale facilite bien sûr la destruction du patrimoine arboré de la ville.

    5. La mairie de Tours juge et parti
      Page 28 du rapport 4, il est écrit : "Ce projet fera l’objet d’une analyse des résultats de son application dans les dix ans suivant son approbation. Le pilotage de l'évaluation sera mené par le service urbanisme de la ville de Tours". On voit dans ces dossiers d'enquête à quel point la mairie est partiale dans ses appréciations. Elle se propose en plus de devenir juge. Juge et parti. Elle l'est déjà dans la rédaction des présents dossiers et on a vu combien cela lui permet d'enjoliver son action.

  11. Conclusion

    1. Les orientations de ce PSMV

      La présente étude fait ressortir trois orientations très nettes :
      1. Un respect du vieux bâti très appréciable. Les efforts fournis ces cinquante dernières années seront consolidés. Je ne vois que deux points à signaler. Le couvent des Recollets doit échapper à la destruction, mais il est en dehors du périmètre prévu, juste à côté tout de même. La visibilité de l'église St Julien, si affectée il y a soixante ans, ne sera pas dégagée avec la présence de deux tours devant elle.
      2. Une volonté de sur-densification conduisant à des constructions ne respectant pas l'esthétique architecturale Tourangelle par la constructions de bâtiments hors sol ne s'intégrant pas avec l'existant. C'est particulièrement flagrant dans le projet d'aménagement des deux îlots nord de la rue Nationale et dans la création d'un palais de la Gastronomie n'opérant aucune symétrie avec le bâtiment de la Bibliothèque municipale. Les autres projets sont moins précis, mais il y a lieu de craindre d'autres verrues urbaines.
      3. Un dédain complet pour l'arbre urbain. Il n'est considéré que comme un objet que l'on peut déplacer à volonté pour assouvir n'importe quel besoin d'aménagement. Quelques belles intentions proclamées ne constituent qu'un rideau de fumée, l'essentiel est de faire disparaître complètement le statut Espaces Boisés Classés (EBC) qui dans le précédent PSMV protégeait tous les arbres du secteur sauvegardé.

      La finalité de ce document tient en trois mots prononcés par Jean Germain, maire de Tours, en 2003 et repris en page 10 du "Beau livre" : "Ne rien s'interdire". Bien sûr, après il prétend que c'est pour la bonne cause, le respect de l'histoire... Ce n'est pas crédible, notamment pour le patrimoine arboré et la densification effrénée.

    2. Pourquoi ?

      Le PSMV précédent a donné satisfaction, qui donc s'en est plaint ? Je n'ai pas lu de critiques précises, agrémentées d'exemples, dans les dossiers d'enquête. Alors pourquoi donc effectuer cette révision ? On vient de le voir : pour supprimer les contraintes. Et donc permettre aux architectes et autres concepteurs de faire ce qu'ils veulent, au détriment de ce qui est en place et de l'identité des lieux. Alors que l'architecte Pierre Patout avait un projet mesuré et harmonieux, on veut casser l'équilibre des lieux par des corps étrangers (hôtels, palais…). Alors que ces lieux privilégiaient l'automobile sur la nature, on perpétue cette suprématie en rasant des arbres qui ont pris une ampleur qui déplaît et en augmentant les places de stationnement de façon hypocrite (ah, peut-être fera-t-on un parking souterrain...).

      Ce projet des îlots nord de la rue nationale est le seul dont on ait des esquisse architecturales, les autres risquent d'être aussi incohérents et hétérogènes. Les interrogations que j'ai eues sur l'emprise de certaines OAP appuient ces inquiétudes. Je ne suis pas entré dans le détail des modifications du "règlement", mais je suis sûr qu'elles ne sont là que pour permettre cette sinistre évolution

      Pourquoi donc remplacer un PSMV qui a donné satisfaction par un autre porteur de tant d'inquiétudes très concrètes ? Plutôt que d'essayer de "redresser la barre" en essayant de colmater les dérives, au risque de ne le faire que trop partiellement tant il y a des fuites sur ce bateau patrimonial, ne vaut-il pas mieux refuser l'ensemble de cette usine à gaz et émettre un avis défavorable ?

      Je le pense. Mais, sur la ville de Tours, ce n'est pas du tout dans l'habitude des Commissaires-enquêteurs de procéder ainsi. Celui sur le PLU de 2011 avait même écrit : "L’enquête publique ne saurait prétendre à remanier profondément le document tel qu’il est présenté et encore moins à le rejeter", ce qui réduit de façon très importante le rôle d'une enquête publique au détriment des citoyens. Je vais donc proposer des corrections plus ciblées.

    3. Comment protéger le patrimoine arboré ?

      La mairie de Tours fait preuve d'un extrémisme complet en voulant se libérer de toute contrainte pour pouvoir abattre des arbres comme bon lui semble. Elle nie l'existence d'un patrimoine arboré, elle nie l'intérêt des arbres. Elle nie leur existence même en tant qu'être végétal vivant, allant jusqu'à estimer qu'abattre et replanter permet de "repositionner" des alignements ou des arbres remarquables. Son dédain est particulièrement agressif envers les arbres cabossés, pourtant plus précieux que les autres à l'écosystème. Sa vision comptable d'équivalence entre un arbre abattu et un arbre planté, voire deux, est perverse. Tout cela est accompagné par une minéralisation ("bétonnisation", pavage, "bitumage"...) croissante et excessive, allant même jusqu'à supprimer les pelouses et jets d'eau de la place Jean Jaurès.

      Je ne pratique pas l'extrémisme inverse qui considérerait tout arbre comme un végétal précieux à n'abattre sous aucun prétexte, sauf celui de la dangerosité. Oui, je pense que pour l'aménagement des deux îlots nord de la rue Nationale, on pourrait supprimer quelques dizaines d'arbres pour des projets immobiliers. mais qu'on le fasse avec circonspection en prenant en compte l'existant, en sauvegardant notamment le square Prosper Mérimée. Et que l'on mette à l'honneur certains des arbres cabossés en améliorant leur environnement, pour que les oiseaux et petites bêtes en profitent aussi.

      Je reconnais donc que le fait de considérer tout arbre du secteur sauvegardé sous la protection EBC peut être excessif. Je ne connais pas le détail de ce classement, mais étant donné qu'il est utilisé depuis longtemps dans de nombreux secteurs sauvegardés, je suppose qu'il permet d'abattre des arbres de façon exceptionnelle pour certains projets.

      En résumé, je préfère qu'on maintienne les arbres en protection EBC avec quelques dérogations plutôt qu'enlever la protection et faire confiance à une mairie qui n'a aucune crédibilité en matière environnementale.

    4. Mes demandes

      Monsieur le Commissaire-enquêteur, je vous demande de faire preuve de fermeté envers la Mairie de Tours. Comme elle n'a tenu aucun compte des recommandations des commissaires-enquêteurs lors des dernières enquêtes publiques, notamment celle sur le PLU, je vous demande de vous exprimer par réserves plutôt que par recommandations et de prendre ainsi en compte les demandes qui suivent.

      1. En premier lieu, je demande que les arbres du secteur sauvegardé conservent leur protection d'Espaces Boisés Classés, sachant qu'il pourrait y avoir quelques exceptions bien encadrées (et non décidées par la seule mairie de Tours), comme je viens de l'expliquer.

      2. En second lieu, je demande que les nouvelles constructions respectent les anciennes, notamment par la présence de toits en ardoise (voire en panneaux solaires), avec quelques exceptions bien encadrées.

      En reprenant ensuite l'ordre des points successifs que j'ai étudiés, je vous demande de :
      1. agir pour que le couvent des Recollets soit sauvé de la destruction,
      2. sauver la passerelle piétonne de la rue des Tanneurs,
      3. refuser l'aménagement à long terme de la place de la Victoire,
      4. refuser le "front visuel" au nord du carreau des Halles,
      5. sauver la crèche au sud du bâtiment des Halles,
      6. refuser tout aménagement de la place Jean Jaurès qui supprimerait pelouses et jets d'eau,
      7. demander à ce que soit étudié une mise en valeur de l'ancien axe Est-Ouest de la cité,
      8. imposer la mise en place d'au moins un arbre à haut et large développement sur la place de la Préfecture,
      9. demander à ce que soit étudié l'agrandissement du jardin public de la Préfecture,
      10. obtenir des éclaircissements sur le rapport entre les orientations OAP et les dispositions règlementaires du PSMV, et agir si nécessaire pour que ce rapport soit favorable à la protection des patrimoines bâtis et arborés,
      11. sauver de la destruction et conduire à sa réhabilitation la belle maison de l'avenue André Malraux, pas loin du logis des Gouverneurs (AO2),
      12. refuser la création d'une petite rue le long du jardin du Carmel et obliger à prendre en compte l'avis du voisinage (AO4),
      13. faire en sorte de minimiser la gêne du voisinage lors de nouveaux projets immobiliers (notamment pour AO5 et AO6),
      14. obliger à reconstituer l'alignement de platanes au sud du boulevard de Preuilly et limiter les projets de constructions pour ne pas amener de nouvelles automobiles (AO7),
      15. créer des jardins dans le projet de la rue Jules Charpentier, en réduisant les constructions à des maisons individuelles le long de la rue Charpentier (AO9),
      16. chercher des éclaircissements pour le projet du musée des Beaux Arts et agir en conséquence (AO10),
      17. refuser la construction A1 pour l'hôtel de ville (AO11),
      18. imposer un toit d'ardoise pour la construction A2 de l'hôtel de ville (AO11),
      19. imposer la plantation d'arbres à haut et large développement le long des deux côtés de la rue Nationale, îlots nord (AO13),
      20. imposer que le palais de la Gastronomie ait une architecture semblable au bâtiment de la Bibliothèque (y compris le toit vert), ou alors renoncer à cet emplacement (ça sauvera quelques beaux arbres et ça laissera dégagée la vue vers St Martin et Charlemagne à partir du pont Wilson) (AO13),
      21. rabaisser la hauteur des deux tours (hôtels) à l'entrée de la rue Nationale et leur imposer des toits en ardoise pour garder l'harmonie des lieux et ne pas altérer la vue de l'église St Julien (AO13),
      22. diminuer la densification prévue des deux îlots nord de la rue Nationale afin de ne pas augmenter de nombre de stationnements automobiles et mieux prendre en compte le patrimoine arboré existant (AO13),
      23. rendre moins libérales les règles de constructions et d'aménagements,
      24. refuser la création de tout parking souterrain sur l'ensemble du secteur sauvegardé,
      25. connaître la partie inondable du secteur sauvegardé afin d'y interdire toute construction,
      26. étudier la possibilité de faire en sorte que ce ne soit pas le service Urbanisme de la ville de Tours qui pilote l'évaluation du présent PSMV.

    Alain Beyrand


Les conclusions outrageusement partisanes de l'enquête

La pioche du commissaire-enquêteur, si pioche il y eut vraiment, fut très mauvaise. Il épousa à 100 % les thèses de la mairie. En ce qui concerne les arbres, il ignore l'existence des abattages arbitraires et inutiles de la mairie, il ne prononce jamais le terme "patrimoine arboré" soulignant que "Tout abattage d'arbres entraîne une replantation" et que le reste n'est que "polémique". Pareillement, toutes les propositions de l'AQUAVIT sont rejetées avec mépris, comme celles de quelques autres personnes mises dans le même sac. Quelques observations de particuliers sur des points très précis donnent lieu à des développements et, à la fin, à des "recommandations" sur des "possibilités"… En ajout, des "compléments de conclusions" répertorient des remarques du service urbanisme qui sont "tout à fait justifiées et à prendre en compte dans leur totalité".

Les 80 dépositions se répartissent en deux catégories : d'une part celles portant sur un point extrêmement précis, d'ordre privé plus que public, faisant l'objet d'une réponse précise, d'autres part celles plus généralistes, pratiquement toutes très critiques, dont la réponse est expéditive, du genre "options erronées", "alarmiste", "ignorance", "politique pure" sans même préciser sur quels points portent ces qualificatifs, d'ailleurs on ne connaît pas précisément ces points, ils sont pour la plupart éludés. Rien dans les conclusions ne souligne cette opposition générale des participants au projet, ni l'indignation se focalisant sur certains points. L'avis des habitants est nié, effacé.

Sur le fond, nos propositions n'étaient pourtant pas démesurées, nous demandions surtout de s'en tenir aux fondamentaux du PSMV précédent, qui n'avaient rien de "polémique" et qui avaient montré leur efficacité. La mairie obtient ce qu'elle voulait, elle pourra dégommer à volonté n'importe quel arbre, elle pourra bâtir n'importe quoi, elle pourra notamment paver la place Jean-Jaurès, elle a les mains libres. Elle est juge et partie de ce qu'il lui est permis de faire. Les contraintes les plus gênantes ont sauté, le secteur sauvegardé ne l'est plus... Seule l'Architecte des Bâtiments de France conserve quelque pouvoir coercitif, mais si la nouvelle ABF est autant pro-minéralisation et pro-mairie que la précédente, son rôle restera mineur. Pourtant, la mairie aurait-elle honte d'exposer des conclusions aussi outrageusement partisanes ? Elles n'ont pas été postées sur la page PSMV de la mairie, là où on les attendait, mais seulement sur le site de la préfecture, tardivement le 19 décembre, la veille du conseil municipal, et sans même la mention "PSMV". Et les conseillers municipaux ont voté le plan de sauvegarde sans en avoir connaissance ! La NR qui, le 21 décembre, devait traiter le sujet "dans une prochaine édition" ne l'a pas fait.

L'AQUAVIT réfléchit à un éventuel recours portant sur la volonté de cacher ces conclusions, sur leur parti-pris et sur la présence de "recommandations" qui, depuis le 1er juin 2012, ne sont plus d'usage. De plus le commissaire a indiqué que certains objectifs du PLU sont atteints, en oubliant que d'autres ne le sont pas, en particulier ceux de développement de la trame verte, cela est une source d'un déséquilibre contraire à ce qui est prôné dans ce document et aussi dans d'autres.

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