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    L'appauvrissement du Jardin Botanique
    De grands arbres disparaissent dans le jardin emblématique de la ville de Tours

    Tours, le 11 avril 2012
    Les grands arbres régressent dans le Jardin Botanique. C'est certes moins net et évident que dans les rues et places de Tours, la raison des abattages pourrait être davantage justifiée, mais il y a lieu de s'interroger car, au fil des ans, cette régression trop souvent inexpliquée devient préoccupante.

    Je reprends, avec quelques corrections mineures les chapitres de mon livre "Tours et ses arbres qu'on ne laisse pas grandir" (consultation ici) sorti en janvier 2012, concernant le jardin botanique. Pour ne pas surcharger cette page, je ne mets pas la dizaine de photos de la galerie (chapitre 7.2.8, page 185).
    • 2.2 Jardin Botanique, deux glycines dérangent les maçons
    • 5.4 Jardin Botanique, un cèdre abattu non remplacé
    • 5.6.3 La justification des abattages préventifs
    • 5.25 Même au Jardin Botanique...
    • 5.31a La mort révélatrice du grand séquoia du Jardin Botanique
    • 5.31b La perte d'influence du Jardin Botanique

    Et je poursuis, hélas, avec de nouveaux chapitres :
    • 5.33 Pollution publicitaire
    • 5.34 Le févier pleureur a disparu
    • 5.35 Les rhododendrons dépérissent
    • 5.36 Le parasol de la sécurité a bon dos

    En complément, une galerie de photos des serres, avant et après rénovation.

    2.2 Jardin Botanique, deux glycines dérangent les maçons

    [Reprise résumée et enrichie de la page du 6 février 2006 sur mon blog, ici]

    Le ginkgo biloba du docteur Bretonneau entouré des deux glycines, celle de droite était particulièrement belle (2004)

    Le jardin Botanique est le plus grand jardin de Tours et, avec le jardin des Prébendes, le plus beau. Situé au flanc ouest du centre-ville, c'est un lieu de promenade très prisé des Tourangeaux, qui le parcourent volontiers à tous les âges de leur vie. Ce vaste espace vert est depuis le XIXème siècle un lieu de détente et d’agrément pour les habitants. Son entrée en face de celle de l’hôpital est bien sûr emblématique. Entourée de deux imposantes glycines tourmentées et dégoulinantes de couleurs, elle donnait à voir en perspective le magnifique ginkgo biloba offert par le docteur Bretonneau en 1843.

    Que d'un côté les deux glycines tombent malades en même temps au point de devoir les abattre et que, d'un autre côté, on effectue la réfection des bâtiments sur lesquels elles s'appuient, ça ne pouvait pas être un hasard. Surtout que je les avais vues en bonne santé un an plus tôt.




    Glycine étranglant le pavillon d'entrée (2004)

    Quelques mois, plus tard, en fin janvier 2006, le maire de Tours présentait son budget devant l'assemble plénière du CVL* Est. Je profitais de la séance de questions pour rebondir sur les propos du maire accusant quelques jeunes d'avoir "dégommé" du matériel public. Les services municipaux n'ont-ils pas fait preuve eux aussi de vandalisme en dégommant les deux glycines du Jardin Botanique ? Mon propos était alors plus mesuré qu'aujourd'hui, j'avais utilisé cette comparaison "avec des pincettes", estimant moi-même qu'elle était exagérée.

    Le maire m'a répondu sous deux angles. Il a très vite dit que les glycines étaient malades, sans aucun détail, c'était l'argument massue. Ensuite, plus longuement, il a peaufiné dans la langue de bois, en expliquant à l’assistance que glycines et monuments ne s'entendent pas toujours bien et que lorsque le bâtiment est attaqué, il convient de le défendre, sans prendre en compte que l'on se trouvait là dans un jardin botanique. Je lui envoyais ensuite un courrier, écrivant notamment :
    Et même, à supposer que ce bâtiment ait été endommagé, n'aurions-nous pas été fier que notre jardin botanique ait une entrée qui illustre la force d'un tel végétal ? Une glycine terrassant un bâtiment…

    Dans sa réponse, il essayait d'arranger les choses en disant :
    Afin que ce symbole végétal soit de nouveau présent à l'entrée du parc, de nouveaux pieds vont être plantés sur des supports indépendants du bâtiment et, s'agissant d'un jardin botanique, ces glycines seront choisies dans deux espèces différentes : l'une, la glycine de Chine étant lévogyre (ses tiges volubiles s'enroulent vers la gauche), l'autre, la glycine du Japon étant dextrogyre (tiges s'enroulant vers la droite).

    Sans croire à la mauvaise santé des glycines (cette plante est très résistante), je prenais conscience qu'il fallait se méfier de la parole municipale, mais je me satisfaisais de cette réponse, sans me rendre compte que je succombais à l'enfumage du "C'est pas grave, on replantera !"… Rétrospectivement, le fait que le maire lui-même ait déclaré malades ces belles glycines et ait considéré que le mal était réparé par des "replantations" m'apparaît très révélateur de son implication dans la méthode qui porte son nom.
    2.2 Jardin Botanique, un cèdre abattu non remplacé

    [Reprise enrichie du chapitre du 24 avril 2009 sur mon blog]

    En ce mois d'avril 2009, je me promenais dans le jardin Botanique avec un oncle qui a quitté la Touraine. Il me parlait du grand cèdre de son enfance situé à l'entrée sud. Je le connaissais bien aussi et je lui proposais donc de le prendre en photo au pied de "son" cèdre. Quelle ne fut pas notre surprise de constater qu'il n'était plus là, un grand vide incompréhensible l'avait remplacé sur son gazon… Ce cèdre de l'Atlas était-il malade ou faisait-il trop d'ombre ou que sais-je ? Le 14 mai suivant, suite à une discussion avec un employé des parcs et jardins, j'ai appris que le cèdre abattu avait été victime d'une tempête. Sûrement, mais j'aurais bien aimé en avoir la preuve... Je ne me souviens pas en avoir entendu parler. L’abattage était-il la solution la plus adaptée ? Un bon élagage n'était-il pas suffisant ? Je suis devenu très méfiant…


    Entrée sud du Jardin Botanique, avant (2003) et après (2009)

    C'est une grosse perte autant pour les Tourangeaux que pour l’identité du Jardin Botanique. Quand on y entrait par cette porte, on était tout de suite saisi par les branches majestueuses de ce cèdre. Comme autant de révérences elles venaient nous souhaiter la bienvenue tout en nous cachant les surprises des découvertes à venir. On se rendait compte que l'on entrait dans un lieu vraiment à part. Maintenant on a une entrée de jardin très normée, avec pelouse dégagée. Cette façon de dégager la vue est trop caractéristique de la gestion actuelle de nos jardins pour être honnête (voir page 146). Je ne saurais affirmer que la disparition du cèdre a été voulue, mais son non-remplacement l'a été.
    5.6.3 La justification des abattages préventifs

    Comment peut-on juger qu'un abattage est raisonné ou irraisonné ? La réponse n'est pas toujours évidente. Je me la suis notamment posée notamment le 14 mai 2009 :

    Le hasard a voulu que ce matin je passe au Jardin Botanique alors qu'un arbre y était abattu. Photos et discussions avec les employés. Il y a là deux comportements :
    • l'employé ignorant le photographe, fait tout pour qu'il se décourage. Interpellé sur la raison de l’abattage, considérant qu’un habitant qui n'y connaît rien puisse se permettre de l’interroger. Quant à expliquer ce qui se passe, il ne peut dire autre chose que le chef a décidé et qu'il ne peut pas se tromper. Je le sens même prêt à expulser l'ignare qui ose déranger. Derrière ce masque se cache une conscience un peu honteuse puisque cet employé cache son visage quand on le photographie à côté du tronc abattu... C'est le "Dégagez, il n'y a rien à voir..."
    • l'autre employé, bien plus ouvert, commence par le principal, l’argument massue, "l'arbre est malade !". Mieux, il le prouve en montrant un tronc coupé et le laisse photographier. Et il donne sans problème le nom du responsable qui a décidé l'abattage. Il en fait tout de même de trop en affirmant que tout cela se fait en totale transparence. Allons donc ! Où sont les recours que j'avais demandés au CVL* ? Où peut-on obtenir des photos qui justifient l'abattage d'un arbre ? Il paraît que ça change, mais je n'ai rien vu d'opérationnel... C'est le "Dégagez, tout se passe pour le mieux, de façon responsable et transparente, soyez en assuré..."

    Que cet arbre soit malade, même si ce n'est pas visible de loin, cela m'apparaît sûr avec ce que j'ai vu. Maintenant était-il si gravement malade et menaçant qu'on doive l'abattre maintenant ? Je n'ai aucune compétence pour le dire. Il est vrai qu'il était situé sur un lieu de passage, mais un arbre malade peut vivre longtemps sans être dangereux. Dans notre ville on ne laisse guère vieillir de tels arbres, on peut préférer l'euthanasie anticipée... Je ne suis donc pas vraiment convaincu par les explications qu'on m'a fournies. Et encore moins par le sempiternel refrain "C'est pas grave, on replantera ! ". Arbre ou arbuste ? Arbrisseau ? Il y a deux ans je n'aurais pas eu de tels doutes. Mais j'ai perdu confiance, je prends maintenant avec grande circonspection les explications que donne la municipalité (maladie, gêne considérable...). Car il y a des coïncidences qui en s'accumulant deviennent accusatrices. A chaque fois, on m'a dit "Dégagez"... Je me méfie de plus en plus et je dégage de moins en moins...


    Jardin Botanique : était-il malade au point de devoir l'abattre ? (2009)

    5.25 Même au Jardin Botanique...

    [Reprise enrichie du chapitre du 31 décembre 2010 sur mon blog]


    Extrait d'un panneau municipal du jardin Botanique, 2003

    En matière de jardin, le jardin botanique est, avec celui des Prébendes, une fierté des Tourangeaux. C'est un jardin du XIXème siècle comme on n'a pas su en faire au XXème, et comme, je le crains, on ne saura pas en faire au XXIème. Pourtant, il y a deux ans, il a été agrandi. Cela aurait pu être une occasion de prolonger l'existant, de façon aussi riche et plaisante. Occasion perdue, la municipalité a préféré un jardin du XXIème, sans arbre. Le gazon domine, quelques massifs avec des arbrisseaux sont identifiables, les palmiers, seuls arbres, sont en pot et déménageables, des structures métalliques sans intérêt servent de support à des plantes grimpantes. L’espace est pleinement ouvert, la vue donne sur la rue. Au beau milieu du jardin domine encore la pollution et le vacarme du trafic automobile du boulevard Tonnellé voisin.

    Dans les mêmes temps, la serre voisine a été refaite. Sans doute était-ce nécessaire pour des raisons techniques. Cette serre était très belle, je pensais donc que ses collections seraient précieusement conservées pour être remises dans la serre rénovée. Pas du tout : on est reparti à zéro et il faudra au moins 10 ans pour retrouver un serre aussi belle qu'avant. Sur mon blog, en une sous-page (ici), je présente des photos de l'ancienne serre et de la nouvelle. Ce sont donc là deux occasions perdues... Et j'ai déjà signalé (avec le cèdre de l'Atlas non replanté à l'entrée sud) que l'entretien de tout le jardin pourrait être meilleur. Il pourrait aussi être bien pire, les dégâts en ce jardin sont certes très limités quand on les compare aux abattages dans les autres espaces publics de la ville. J'apprécie notamment que le "jardin des simples" soit entretenu et davantage ouvert au public qu'il ne l'était. Et si cet ajout engazonné et pollué apparaît aujourd'hui malvenu, il est permis d'espérer qu'une autre municipalité saura mieux le mettre en valeur. Depuis j'ai appris que le "jardin des simples" est menacé de rénovation...


    Arbres en pot et gazon, c'est le nouveau jardin botanique… (2010)

    5.31a La mort révélatrice du grand séquoia du Jardin Botanique

    Je reviens sur le jardin Botanique, dont j'ai déjà parlé. Comme souvent à la même époque, j'y suis allé ce 15 novembre 2011 admirer ses arbres dans leurs habits automnaux, à commencer par le vénérable ginkgo biloba du docteur Bretonneau., juste à l'entrée. Je fus d'abord choqué en prenant ma première photo d'une vue de loin, des grilles d'entrée sur le fond jaune du ginkgo, d'y voir au centre une affreuse publicité, "sucette" Decaux récemment installée (photo en page 122). Les grilles franchies, la magie était là, intacte, l'arbre dans toute sa beauté étalait ses branches sur un tapis de feuilles tombées d'un jaune magique. Le spectacle était d'autant plus saisissant qu'une petite dame d'une soixantaine d'années, habillée de gris, était couchée les bras en croix sur le tapis doré.


    La petite dame en gris se relève (15 novembre 2011)

    Je prenais d'autres photos, avec le vert des sapins, le roux du cyprès chauve et du métaséquoia, le jaune verdâtre des mélèzes, ce sont là les trois seuls conifères caduques, quand je tombais à l'arrêt : le grand séquoia qui domine le jardin était roux. Comme s'il était caduque, mais il ne l'est pas, il reste toujours vert… sauf lorsqu'il meurt. J'arrivais juste à voir encore un peu de vert au bout des branches, mais il n'y avait pas de doute, il était bel est bien mort. Pour quelle raison ce géant est-il passé de vie à trépas si soudainement ? N'aurait-il pas supporté l'hécatombe des arbres tombés sous prétexte de tramway ? La pollution sur la ville devient-elle trop forte ? N'a-t-il pas été assez arrosé lors de la sécheresse du printemps ? Du côté de la municipalité et des médias, c'est le silence, mais je me suis rendu compte que de nombreux Tourangeaux le savent déjà…

    Et justement, à propos d'arrosage, un ami m'a dit qu'un jardinier l'a informé qu'au service des Parcs et Jardins, des personnes de qualité sont parties en retraite et que ceux qui les remplacent ont une qualification moindre. Ainsi, en cet automne sec, il y a un manque d'arrosage. Comme c'est parti, nos grands jardins ne risquent-ils pas de péricliter dans les années à venir ? On m'a aussi dit qu'un autre grand arbre serait mort aussi dans le Botanique. La disparition du grand séquoia sonnera-t-elle comme un avertissement pour redresser la barre ? Il avait tout de même eu les années précédentes des branches basses mortes, c'était le signe qu'il ne se portait pas très bien et qu'il convenait d'être attentif…


    Le grand séquoia mort du Jardin Botanique, décembre 2011 et avril 2012
    150 ans, 35 mètres de hauteur, 5,30 mètres de circonférence
    Officiellement, il est mort à cause d'un champignon
    (l'armillaire, qui se développe lors des sécheresses...)


    5.31b La perte d'influence du Jardin Botanique

    Ces propos sur une attention et un entretien qui deviendraient défaillants ne me surprennent pas. J'ai déjà signalé les deux glycines coupées (page 22), le cèdre de l'Atlas non remplacé (page 121), l'extension gazonnée ouverte aux bruits de la rue (page 146), j'aurais pu parler de la rénovation de la serre où une belle collection végétale (photos sur mon blog) a disparu pour repartir à zéro. J'ai de grosses craintes avec la "rénovation" prochaine du jardin des simples (deux photos dans la galerie de la page 185), et j'ai l'impression que ce jardin perd de son prestige auprès des autres jardins botanique de France, à cause d'un constat récent qui m'a interpellé et que je présente maintenant. Le jardin des Plantes à Paris a acquis un "pin Wollemi" et en est très fier, il l'a positionné à son entrée, avec un panneau expliquant la rareté de ce genre récemment découvert en 1994 en Australie dans un lieu tenu secret, dont les jardins botaniques se partagent de jeunes pousses. Ce partage de découvertes arrive de temps en temps. L'un des plus intéressants fut celui du métaséquoia, conifère considéré longtemps comme disparu, avant qu'il ne soit redécouvert en Chine en 1941. Le jardin des Plantes de Paris en eut un beau spécimen, le jardin Botanique de Tours aussi (sa photo est dans la galerie de la page 185). Mais il n'a pas reçu de "pin Wollemi"… Alors qu'il y en a au moins une vingtaine en France, dont un au lycée agricole de Tours-Fondettes !… C'est un indice vraiment caractéristique de la perte d'influence de notre jardin botanique, d'autant plus que je n'y vois guère arriver de nouveaux spécimens intéressants depuis de nombreuses années.


    Le pin Wollemi du jardin botanique parisien (2011)


    5.33 Pollution publicitaire

    J'avais signalé dans mon livre, photo à l'appui, la mise en place d'un panneau publicitaire, "sucette Decaux", à l'entrée principale du Jardin Botanique. Le collectif Vélorution s'en est aussi indigné et a marqué sa réprobation le 3 mars 2012, comme le montre cette photo :

    On voit que les pavillons d'entrée sont débarassés des méchantes glycines qui les enlaçaient (voir en haut de cette page).
    Moins de végétal, l'arrivée de la pub, des grands arbres qiu disparaissent, notre Jardin Botanique file un mauvais coton...


    5.34 Le févier pleureur a disparu

    Le 10 avril 2012
    J'aimais beaucoup cet arbre, son air penché, léger, en équilibre, déployant élégamment ses branches et feuilles comme pour saluer avec bienveillance les passants en arrêt sur le ponton à regarder les flamands roses. Un févier pleureur, c'est aussi un beau nom romantique qui fait rêver... Je l'avais placé dans la galerie de belles photos de mon livre (page 188). Et puis, en ce mois d'avril 2012, j'ai été saisi par un grand vide, il n'était plus là...


    Le févier pleureur n'est plus là... (photo de 2003)

    Il ne pouvait pas être dangereux, puisqu'il ne penchait pas du côté des visiteurs. A supposer même qu'il soit mort de lui-même, on aurait pu conserver son tronc (comme cela fut fait pour un autre arbre du jardin), il aurait été statufié, vestige marquant d'une vieille gloire. Je suis scandalisé par cette disparition.


    5.35 Les rhododendrons dépérissent

    Le 12 avril 2012
    Lors de mon dernier passage au Jardin Botanique, j'ai voulu revoir la zone des rhododendrons et azalées qui en cette période d'avril et mai est magnifique. Etait magnifique... Car j'ai été surpris de voir une bonne partie de ces plantes en piteux état (enlevées sur la photo ci-dessous, avec la mise en place d'un paillis). Une fois de plus, il semble que l'entretien du jardin laisse à désirer.


    Ci-dessus, le 9 mai 2003, ci-dessous le 9 mai 2012



    5.36 Le parasol de la sécurité a bon dos

    Le 28 avril 2013
    J'ai repéré d'autres abattages au jardin Botanique. Certains anciens par recoupement, deux paulownias à l'entrée sud, des pins au sud-est, deux récents discrètement effacés, au centre-ouest. J'en discute autour de moi, sans apprendre grand chose, sinon ce que j'ai déjà dit et que je peux un peu développer. Les nouveaux jardiniers s'impliquent moins qu'avant et n'ont apparemment pas la même connaissance des végétaux que les anciens partis à la retraite. Cela pose des problèmes d'encadrement, on préfère ne plus se poser de questions, on parle toujours sécurité, on coupe pour éviter tout problème. Le parasol s'ouvre en permanence.

    Je reprends le cas du févier pleureur, dont la photo est ci-dessus (chapitre 5.34 du 10 avril 2012). Cet arbre ne représentait aucun danger : s'il tombait, c'était à l'eau, pas sur l'allée. Comme je l'ai dit, il y avait lieu de le laisser vivre le plus longtemps possible. On l'a quand même coupé. Cet exemple est particulièrement choquant. Et révélateur.

    Je peux aussi revenir au premier exemple de cette page. Depuis j'ai vu plusieurs glyclines très vieilles dont le tronc semblait moribond en hiver, très creux, et elles fleurissaient magnifiquement au printemps. Pour qu'une glycine meurre, il faut qu'elle soit vraiment en un état lamentable et ce n'était pas du tout le cas de celles qui ont été abattues. A supposer même qu'elle soient malades (voyez les photos ça ne semble vraiment pas être le cas), elles pouvaient encore vivre très longtemps. A l'époque, le mensonge du maire m'avait choqué, il m'avait ouvert les yeux, tout un système était en cause, jusqu'au plus haut niveau. Mais finalement, ce qui se passe sur nos places, boulevards et rues est bien pire, notamment les abattages massifs de 2011. Les coupes ont été systématiques pour des prétextes divers, mon livre en fait foi et les Tourangeaux s'en rendent de mieux en mieux compte. Trop tardivement, hélas. La sécurité est un prétexte parmi d'autres.

    Dans notre ville, l'invocation de la dangerosité pour abattre un arbre ou une lignée d'arbres est particulièrement malsain. Prétexte ou réalité ? C'est difficilement vérifiable, comment distinguer le vrai du faux, la précaution excessive ou l'urgence flagrante ? Un arbre creux peut ne pas être dangereux et plus il est creux, plus il est accueillant pour la faune. Agiter le prétexte de la sécurité est un facteur de dénigrement et de peur. Il provoque un assentiment irréfléchi face à une expertise qui peut ne pas être justifiée, tant les critères ne font pas unanimité. Un platane est fragilisé par la maladie du chancre coloré, au point qu'il devienne dangereux ? C'est vite dit et écrit, mais est-ce vrai ? Des experts ont décidé de l'abattre. Ne pouvait-on pas faire autrement ? Etudier l'aggravation du phénomène, voir si on ne pouvait pas attendre dix ans ? Des experts épris de sécurité, dirigés pas des cadres et politiques épris de sécurité, décident dans leurs coins sans que l'on puisse vérifier... Juges et bourreaux sans contrôle.




    Terminons avec cette photo (de 2003) de ce qui est sûrement le plus bel arbre du jardin et aussi le plus beau ginkgo biloba d'Europe


    Alain Beyrand
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