2.5 Les luttes de l'Aquavit à l'ère Royer
C'est au printemps 1990, alors que Jean Royer entame sa sixième et dernière mandature, terminée en 1995, qu'est née l'association Aquavit, Association pour la QUAlité de VIe dans l'agglomération Tourangelle. La NR* du 12 avril 1990 en fait écho dans un article intitulé "A la recherche du Tours perdu". Sa présidente est alors Claude Pujol, 47 ans, qui deviendra Claude Guillaumaud-Pujol après son divorce. Elle sera en 1995 candidate aux élections municipales pour le parti "Génération Ecologie" (animé par Brice Lalonde au plan national), dans la liste de Michel Trochu, dissident de Jean Royer, elle représentera aussi ce partie aux législatives de 1997, puis elle partira pour Clermont-Ferrand en 2001.
La préoccupation essentielle est alors l'urbanisme. "On ne peut rien obtenir de l'atelier d'urbanisme". "On n'est pas contre les aménagements, mais encore faut-il qu'il y ait amélioration". Deux sujets sont alors d'actualité : l'extension du Centre des Congrès Vinci (démolition de "l'îlot est") et, plus tard en 1994, la suppression du bar de l'Industrie (page 27). Même s'il est question de la glycine du bar, la défense des arbres n'est pas évoquée, le soucis n°1 comme, comme l'indique la NR en sous titre, est de "dénoncer les constructions anarchiques et la disparition d'une certaine mémoire de la ville".
L'Aquavit* utilisa divers moyens médiatiques, comme des "projections-débats" au "Studio zéro". Là aussi la sauvegarde du patrimoine bâti apparaît très prioritaire par rapport à celui du patrimoine arboré, résumée en cette phrase : "Quant aux parkings, aucun arbre n'y résiste et ils perturbent l'écoulement naturel de la nappe phréatique, celui de la place de la gare [du Maréchal Leclerc] fut vivement contesté".
Ce combat contre un certain type de projets immobiliers a vite comporté une préoccupation environnementale, comme dans cette pétition de 1991 qui refuse "la démolition d'une prestigieuse maison du XIXème siècle au 25 avenue de Grammont" : il y est noté le refus de "la suppression de tout espace vert sur les parcelles concernées par le projet immobilier (les arbres existants seront coupés, la totalité de la surface au sol sera bâtie)".
Dès 1991, l'Aquavit, que la NR nomme "poil à gratter de Jean Royer", dérange fortement le maire. Celui-ci déclare (NR* du 17 mai 1991) : "Il y a des associations de 90 membres qui font beaucoup de bruit. Il n'est pas normal que les minorités fassent la loi, les majorités doivent se faire entendre. Je vous rappelle que j'ai été élu avec 52 % des voix au premier tour des municipales". En une seule année d'existence, l'association avait acquis un large écho…
Progressivement, elle est amenée à recentrer son action contre les atteintes au patrimoine arboré. Le tract qui suit date de début 1994, alors que le maire lançait une de ses grandes campagnes de plantation, cette fois-ci au bois des Hâtes - Larçay, propriété de la mairie, à une douzaine de kilomètres de la ville :
TRACT
TOURS S.O.S. ARBRES
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Aujourd'hui, avec Jean Royer on plante dans la forêt de Larçay.
Mais à Tours :
- 13 ha de bois déclassés depuis le dernier POS ;
- une partie du jardin de la Préfecture sacrifiée pour le centre des Congrès ;
- des arbres centenaires abattus place du Maréchal Leclerc ;
- les arbres de la place Prosper Mérimée condamnés par un projet de parking, comme ceux des places Chardonnet et du commandant Tulasne ;
- des arbres des boulevard menacés, d'autres déjà morts
- les arbres près de la place Jean Jaurès crèvent
ALORS ? DES ARBRES À LARÇAY ? OUI
MAIS GARDONS D'ABORD LES ARBRES DANS TOURS !
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Le projet de parking souterrain du square Prosper Mérimée ne se réalisa pas (en attendant le nouveau projet lancé en 2009…), contrairement à ceux, qui furent aériens, des places du commandant Tulasne (à nouveau rasée en 2011) et Chardonnet.
De cette époque, on peut noter que Jean Germain, alors chef de l'opposition municipale, faisait ce qu'il n'apprécie pas qu'on lui fasse plus tard, tandis que Jean Royer appliquait déjà le principe du "C'est pas grave ! On replantera". C'est ce qui ressort d'un article de la NR* du 21 novembre 1992 :
Après avoir rogné le jardin de la préfecture, côté boulevard, la mairie veut en prendre un autre bout pour installer un escalier de secours du palais des Congrès. L'opposition râle. [...]
"Les promesses faites de ne pas toucher au jardin ne sont pas respectées" s'insurge moderato Jean Germain. [...]
"Vous étiez opposé à l'emplacement du palais à cet endroit, répond le maire, je comprends que vous preniez tous les prétextes pour illustrer votre position. Mais sachez que nous allons replanter des arbres et que nous allons paysager l'environnement de cet escalier." La réponse vaudra pour le "Vert" Dominique Boutin qui condamne les "empiètements sur les espaces verts" avant d'ajouter "Il y aura toujours une commission pour justifier vos décisions".
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Paysager l'environnement de cet escalier ? Vingt ans plus tard, je ne vois que du béton…
Fin 1994, le mécontentement de l'Aquavit* sur le traitement des arbres dans la ville de Tours est plus vif, elle en fait son thème majeur de lutte, organise une soirée-débat et lance une pétition :
PETITION
LEVEZ LA TETE, OUVREZ LES YEUX,
VOS ARBRES SONT MENACÉS !!!
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Tours est une grande ville où il n'y a plus de place pour les grands arbres, affirme publiquement Monsieur Royer.
En revanche, il y a de la place pour les parkings souterrains.
Quand les voitures se garent, les arbres tombent. Les arbres centenaires sont remplacés par des bonsaïs et les moins âgés sont supplantés par du mobilier urbain.
JUGEZ VOUS MEME…
Ceux qui ont disparu :
- les tilleuls de la place de la gare
- des arbres centenaires de l'Hôpital (voir N.R. du 5 mai 1994)
Ceux qui vont disparaître : (entre autres)
- des arbres de Bretonneau, victimes de la restructuration,
- sur les places Prosper Mérimée et du Chardonnet transformés en parkings souterrains,
- dans le parc de Grandmont victime du bétonnage tout azimut,
- ceux des boulevards et de l'avenue de Grammont auxquels Monsieur Royer cherche à ôter toute protection.
AVEC L'AQUAVIT, EXIGEZ L'INVENTAIRE DE L'ARBRE EN VILLE
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Ce militantisme pour la défense des arbres est alors assez courant en France. Un article du journal Le Monde en 1992 en parlait à propos de Paris et de l'action de son maire :
Depuis quelques années, M. Chirac évite le plus possible tout abattage de platanes, de marronniers, de chênes ou de hêtres dans la capitale. Il faut dire que, dès que l'on touche à une feuille, les écologistes se mobilisent. Les tronçonneuses ne peuvent désormais sévir qu'après l'approbation d'une commission scientifique réunie à l'Hôtel de Ville.
Le 24 septembre 1994, la NR* signalait que Claude Pujol, présidente de l'Aquavit*, "a porté plainte pour menaces téléphoniques et pour le sabotage de ses freins de voiture". Son action était vraiment dérangeante…
2.6 Les luttes de l'Aquavit à l'ère Germain
Au bénéfice d’une triangulaire, Jean Germain devient maire de Tours lors de l’élection municipale de 1995, devant Jean Royer, ancien maire depuis 1959, et Michel Trochu, ancien premier adjoint (ayant en particulier dans sa liste plusieurs membres de l’Aquavit). Réélu en 2001 et 2008 il est aujourd’hui dans sa troisième mandature jusqu’en 2014. Sous son long règne, les rapports de l'Aquavit* avec sa municipalité ont rapidement et longtemps été très tendus. La défense du patrimoine bâti est alors passée au second plan, celle du patrimoine arboré a primé.
Si durant les années 90, l'association est forte en adhérents, elle connaît tout de même des hauts et des bas. Des hauts, comme dans cet article du 2 juin 1996 de la NR*, où il est surtout question du bâti (mais "Où en est l'inventaire de l'arbre ?"…) :
Avec des sections sur Joué lès Tours, Fondettes et Tours, l'Aquavit épingle aujourd'hui la municipalité de Tours. "C'est triste, au bout de dix ans d'existence" remarque Claude Pujol, la bouillante présidente "d'être obligé de passer par les médias pour être entendu. La ville nous écoute mais ne nous entend pas".
Et les points d'achoppement fusent. […] "On a l'impression que les projets urbanistiques ne sont pas coordonnés. Cette municipalité manque à l'évidence de maturité urbanistique".
Reçue par Sylvie Roux, adjoint au patrimoine, et par le maire, l'Aquavit considère cependant qu'on ne la prend pas suffisamment au sérieux : "Nous avons pourtant obtenu l'agrément du ministère de l'environnement, mais la ville ne nous associe pas à ses décisions en matière de qualité de la vie ou de protection du patrimoine. Par ailleurs, nous avons demandé un local et des subventions… Nous attendons toujours une réponse". […]
Au moment où elle réclame une concertation permanente avec la ville, l'Aquavit estime être "le porte-parole de ceux qui ne comprennent pas ce qui se passe".
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Claude Guillaumaud-Pujol estimait alors que le maire de Joué lès Tours était le seul à l'écoute de l'association. Avec les hauts, il y eut les bas, comme le montre le 21 juillet 1999 un article de la NR* :
L'aquavit a perdu son procès contre le P.O.S. de 1997 au motif qu'elle a polémiqué avec la mairie de Tours à propos de la place François Sicard. […] Claude Guillaumaud, l'infatigable présidente de l'Aquavit, a le blues.[…] "Cette année, nous avons fait une demande de subvention pour participer au printemps de l'environnement, comme nous l'avons fait par le passé. Il y a deux ans, nous avions touché 2.000 F. Or la direction régionale de l'environnement a refusé cette subvention. Lorsque nous en avons demandé le motif, on nous a envoyé vers la préfecture. Et là, la responsable du service environnement a avancé comme prétexte à ce refus, la polémique que nous avons lancée avec la mairie à propos des arbres de la place François Sicard. Des arbres abattus en violation de la loi relative aux secteurs sauvegardés".
"Nous attendons une motivation écrite de ce refus, mais n'est-ce pas le rôle d'une association comme la nôtre, agréée au titre de l'environnement de veiller au respect de la législation en ce domaine. Si on nous retire les moyens financiers pour fonctionner, comment pourrons-nous entretenir notre fonction d'alerte, indispensable dans un système démocratique ?"
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On peut se demander si la véritable raison n'était pas le recours contre le POS*. Toujours est-il que progressivement l'Aquavit va moins utiliser les recours judiciaires… et garder son agrément.
Nous allons voir dans les chapitres qui suivent les combats majeurs menés par l'association, présidée successivement par Claude Guillaumaud-Pujol jusqu'en 2000, par Hervé Buisson jusqu'en 2005, puis par Jean-Michel Bouillet.
Outre ces combats d'ampleur, l'Aquavit a mené durant les années 1999 à 2006 d'autres luttes sur le front des arbres, le long des bords de Loire, notamment quai d'Orléans (avenue André Malraux) pas loin du Château de Tours, à l'école de musique Francis Poulenc, les abattages d'arbres avenue de Grammont (page 86).
La Nouvelle République du Centre-Ouest du 20 décembre 2000
L'association ne se contentait pas d’être seulement dans un rapport critique avec le pouvoir en place. Elle menait aussi des actions de sensibilisation. Auprès des écoles, elle a lancé l'opération "Un enfant, un arbre" de parrainages d'arbre (en premier objectif les boulevards Béranger et Heurteloup ; il ne semble pas qu'il y ait eu de concrétisation). Auprès des habitants, elle a organisé des balades à vélo en ville à la rencontre des arbres les plus remarquables de la ville. Un article de la NR du 25 mai 2001 en parle :
"On estime que l'alignement de platanes, avenue de Grammont, est remarquable" annonce le guide en préambule. C'est le début de la visite qui passera du jardin de la Préfecture à celui du Musée, du square François Sicard aux bords de la Loire.
Il y aura des surprises parfois comme cet habitant du quartier de la Fuye-Velpeau qui avait effectivement pointé du doigt un arbre, étonnant selon lui, à l'angle de la rue de la Fuye et de la rue Edouard Vaillant. "Et j'apprends que ce spécimen est une rareté". Un ailante, appelé aussi faux vernis du Japon.
Même Hervé Buisson, le président, passionné jusqu'à la racine, a vu lui échapper ces derniers temps deux espèces : un chêne vert, boulevard Heurteloup et un arbousier, square François Sicard.
"Je passais souvent devant, et je n'avais jamais remarqué cet arbre qui habituellement se rencontre dans le sud de la France".
Au delà du bucolique, les membres de l'Aquavit ont aussi rappelé au cours de leur périple les inquiétudes soulevées par tel ou tel projet. "Que l'enterrement des lignes électriques se poursuive rue de la Fuye, cela éviterait que le passage des fils en plein feuillage incite malheureusement à abattre l'arbre".
Square François Sicard, "il reste un sophora, introduit en 1747, qui semble sauvé pour le moment. La municipalité envisageait un moment de l'abattre. On regrettera par contre son frère abattu il y a deux ans".
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L'aquavit*, qui avait alors 150 adhérents, édita plusieurs feuilles, plus ou moins régulières, mêlant textes et dessins. Elle continuait aussi à défendre le patrimoine bâti, notamment en lançant un recours contre le projet d'agrandissement du cinéma "Studios". L'échec de ce recours en 2005 provoqua le départ de son président Hervé Buisson et son remplacement par Jean-Michel Bouillet. Et le nombre d'adhérents diminuait sensiblement…
Comme presque tous les résistants aux abattages de 2009 à 2011, j'étais passé à côté des luttes que je viens de présenter. Je les découvre au cours de mon enquête pour la rédaction de cet ouvrage. Les dérives dénoncées aujourd'hui l'étaient déjà, en des termes presque semblables aux nôtres…
Dès la première mandature de Jean Germain, les arbres patrimoniaux des places ont été en grand nombre les premières victimes des requalifications de l’espace public. Les Tourangeaux n'étaient pas habitués à de tels agissements, ils s'en sont émus et parfois même insurgés.
Tours, la ville où coule la sève. Jean Germain et l'embellissement de la ville, après (à gauche) et avant (à droite). Dessin Hervé Buisson 1999.
Pour les élections municipales de 2001, l'Aquavit* s'associe à d'autres associations, ADGS, ADTT, AQUALA, ASPIE, ASQBM, Com. X Périgourd, MLNAT, Philibus, Sepant*, pour créer un "collectif écologie urbaine et élection municipales 2001 (agglomération tourangelles). Un questionnaire est adressé aux candidats de toute l'agglomération tourangelle. Il compte quatre volets, l'urbanisme, le PDU*, l'eau et les arbres. Voici ce dernier volet :
QUESTIONNAIRE ELECTORAL
LES ARBRES
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Les arbres ont une place essentielle dans la qualité de ville. Ils sont le symbole du développement durable. L'utilisation, réjouissante pour l'œil, de plantes fleuries et d'arbres en pot ne peut pas tenir lieu de politique patrimoniale du végétal.
- Vous engagez-vous à faire un inventaire des arbres ?
- Une protection légale ou réglementaire des arbres dans l'agglomération vous paraît-elle nécessaire ? De quelle nature : espace boisé classé ? ZPPAUP ?
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La municipalité est en bonne partie venue à bout de l'opposition. de l'Aquavit, sur les arbres et aussi le bâti, pour plusieurs raisons :
- durant quelques années, en dehors du tramway qui se préparait, elle a mis en sourdine ses projets, avant de repartir de plus belle face à une opposition qui s'était diluée…
- son intransigeance a été une des causes de la résignation qui a gagnée les habitants. Le message était passé : la Mairie ne les écoute pas, il ne sert à rien de s'opposer…
- l'association Aquavit* a connu des difficultés, avec des recours judiciaires sans succès pour la défense du patrimoine bâti, provoquant notamment le départ de son président Hervé Buisson. Elle deviendra ensuite beaucoup plus prudente dans ces recours si difficiles à gagner.
- une crise du militantisme écologique, qui n'est d'ailleurs pas spécifique à Tours, a amoindri les forces de l'association, sans pour autant affaiblir sa conscience et clairvoyance, comme l'a montrée sa participation au front de convergence*.
2.7 Place du Chardonnet, glycine et tilleuls abattus
La menace était déjà présente à la fin des années Royer. La NR* présentait le 26 octobre 1994 une photo légendée "En plein secteur sauvegardé, le bar des glycines, menacé de destruction". Sa dénomination exacte était "Bar de l'industrie", il était situé à l'intersection de la rue Marceau et de la rue Gambetta, face à la place du Chardonnet, pas loin de l'hôtel de Police. Agrémenté d'une magnifique glycine centenaire, c'était un bistrot à l'ancienne, avec ses banquettes en moleskine, ses boiseries et ses habitués, le photographe Robert Doisneau l'avait fréquenté. A défaut de patrimoine bâti, il y avait là un patrimoine végétal et culturel.
Cet article du 26 octobre 1994 ne parlait pas davantage de ce bar, sa démolition n'était alors qu'un projet de l'Architecte des Bâtiments de France (ABF) qui avant d'être mis à exécution avait des étapes de validation municipale à franchir. Mais ce projet était déjà ancien puisque cela faisait une quarantaine d'années que les immeubles étaient frappés d'alignement.
L'ABF d'alors, M.Conaut, avait eu l'étrange volonté d'aller à la rencontre de cinq associations environnementalistes, dont l'Aquavit*. "L'urbanisme ne doit pas être un débat, le vase clos n'est pas une solution et la transparence est nécessaire". Quel dommage que ses successeurs n'aient agi que dans l'opacité des vases clos, à part de temps en temps une opération médiatique pour faire passer leurs messages.
La pétition de l'Aquavit* en 1995 et 1996 obtint 5.000 signatures, ce qui pour la ville de Tours est important
Passe 1995, Germain remplace Royer, le 2 juin 1996, dans un article de la NR* titré "Manque de maturité urbanistique" consacré à l'Aquavit*, sa présidente Claude Pujol revient sur le bar :
A qui fera-t-on croire que les véhicules doivent emprunter cette rue [Marceau] pour atterrir ensuite sur le boulevard Béranger et s'engouffrer dans l'étroite rue Georges Sand ? Ne serait-il pas plus judicieux de détourner la circulation vers la rue Léon Boyer et la rue Giraudeau ? Dans ce dossier, l'adjoint aux finances (NDLR : Claude-Pierre Chauveau avait signé la pétition contre la fermeture du café des glycines et contre l'élargissement de la rue Marceau avant de changer d'avis, NR du 14/3/96), a été un peu naïf.
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Le 21 février 1997, toujours dans la NR*, Claude Pujol insiste :
Un autre exemple d'utilisation "d'image" est la récente réalisation de la mairie de Monts : la Grange-Doisneau. Tours dispose d'un café familier à Doisneau : c'est le café de l'Industrie, rue Marceau, avec sa glycine centenaire. Cependant, malgré les 5.000 signatures de soutien collectées, Tours n'aura sans doute pas de "café Doisneau" pour cause de Transport en Voie Réservée (TVR) si l'on en croit le maire adjoint aux finances, ancien adhérent de l'Aquavit*. Exit le café pour cause de TVR. Dommage que le document de P.O.S.* qui est soumis à enquête ne comporte pas de projet de TVR. […] La situation est grave, Tourangeaux ! Une ville sans mémoire n'a pas d'avenir.
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Ci-dessus l'article de la NR* du 26 octobre 1994, le bar de l'Industrie avec sa glycine est à droite. Ci-dessous, la même vue en 2007.
Ce fut une belle opération immobilière (photo Google Street)
Les 30 et 31 mai 1997, l'aquavit* organisa la fête de la Glycine en interrogeant les habitants : "Les Tourangeaux ont sauvé l'Etoile Bleue, pourquoi aujourd'hui ne pas garder un café Doisneau ?". La NR du 31 mai en fait un compte-rendu :
[…] La déco désuète, des chaises blanchies par des milliers de paires de fesses, la pendule Kronembourg "bloquée depuis deux, trois ans" et, surtout, des glycines sur la terrasse ombragée ; le patron veut tout garder. Son café, c'est son musée. Le photographe Doisneau l'a aimé. C'est dire qu'il en est fier, Christian, de son zinc en formica marron.
Accordéon, guitare, Christian a tenté, hier soir, d'animer tout ça. il remet ça aujourd'hui en invitant tous les musiciens de Tours à se produire au café des glycines.
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En janvier 1998, l'Aquavit lançait une tentative de médiation en publiant ce communiqué :
La décision d'élargir la rue Marceau a été déclarée nécessaire pour alléger la circulation de la rue Nationale. Néanmoins, nous posons deux questions :
1) Ne peut-on élargir autrement ? Ne peut-on aménager la rue tout en conservant le patrimoine populaire local ? On pourrait choisir d'élargir côté Est, empiétant sur la place du Chardonnet et créant ainsi une chicane naturelle qui limite automatiquement la vitesse des véhicules dans la rue. […]
2) Utilise-t-on à bon escient l'argent public ? La ville a pris la décision d'élargir la rue et d'abattre le café de l'Industrie il y a deux ans. Pourquoi alors a-t-elle signé un bail neuf avec le gérant du café l'an passé ? Cette imprévision va coûter cher aux contribuables et retarder les travaux, mais à qui la faute ? La mairie a-t-elle seulement été "gentille" avec lui ? (comme l'affirme Claude-Pierre Chauveau, adjoint aux finances) ou totalement imprévoyante ?
"Imprévoyance ? gaspillage de fonds publics ? A moins que cela ne cache une nouvelle opération immobilière. On peut s'interroger sur le motif qui pousse le maire à rechercher un autre promoteur alors qu'il avait fait choisir la société de l'Yvette par un récent conseil municipal. A moins que la mairie se soit largement avancée en indiquant comme possible un immeuble de cinq étages, ce que le plan de sauvegarde de ce quartier n'autorise pas.
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23 avril 1998, la NR titre "Le dernier mois de la Glycine ?" et présente une ultime tentative de sauver le café de l'Industrie :
Dominique Boutin (ex conseiller municipal Vert) et Matthieu Thouvenin, tous deux membres de DEST, font partie de ceux qui sont attachés à l'âme du vieux bistrot où s'est arrêté deux ou trois fois Robert Doisneau sur la route de ses vacances (il y est d'ailleurs joliment photographié). […] Tiraillés entre leur approbation globale du projet et leur souhait de conserver le café, ils ont pris leur décamètre et sont allés mesurer le secteur.
Ils affirment que l'élargissement serait possible tout en préservant le bistrot : "La rue Marceau mesure 11 mètres lorsqu'elle débouche sur la partie nord de la rue Néricault Destouches. On peut imaginer un tracé qui lui donnerait cette largeur de 11 mètres jusqu'à la rue de Clocheville [et rue Gambetta], un tracé légèrement en biais, qui suppose la disparition d'une partie seulement des immeubles bordant la rue étroite. Le café de l'Industrie pourrait être sauvé. il gagnerait même un trottoir plus large !".
Leur projet, qui fera partie de l'exposition organisée au Studio, fin avril et début mai, n'a toutefois pas retenu l'attention des services municipaux. Et puis, ce qui ressemble bien à un coup de grâce est porté par le patron du bistrot qui, après quelques années de résistance, vient de rendre les armes. Le Café de l'Industrie est bel et bien vendu, a-t-il confirmé, mardi. Il fermera mardi 31 mai, après quelques soirées de fête.
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Hum, la "gentillesse" du bail, dénoncée par l'Aquavit, et ces possibilités d'évitement évitées laissent un goût amer… Le 18 août 1998, la NR* titre "Un bulldozer dans la glycine", avec la photo d'un tas de gravas, c'est fini.
La place du Chardonnet fut aussi rénovée en 1998, et ce fut l'occasion d'abattre ses arbres (tilleuls) pour replanter des arbustes (albizzias), selon la déjà habituelle méthode Germain*.
2.8 Avenue de Gaulle, abattage d'un arbre sur deux
Créée dans les années 1960, l'avenue du général de Gaulle est avec le boulevard De Lattre de Tassigny (longé par le mail détruit en 2011, voir page 50) l'artère la plus importante du quartier du Sanitas dont nous verrons plus loin les déboires ("L'aseptisation du quartier du Sanitas", page 107). Cet épisode est étonnant et il apparaît comme un mauvais présage de ce qui allait arriver 15 ans plus tard, avec le même maire. Cette opération d'abattage d'un arbre sur deux n'est arrivée que dans le quartier du Sanitas, le terrain y était-il meilleur pour lancer des opérations plus amples de détérioration de l'environnement ?
Le 6 novembre 1996, la NR* présentait une information municipale selon laquelle :
Suite à de nombreuses demandes de riverains et afin de leur donner satisfaction, l'équipe d'élagage du service des parcs et jardins va procéder à l'abattage d'une partie des arbres bordant l'avenue du général de Gaulle. […]
Arbres concernés en abattage : 1 arbre sur 2 soit 40 gleditschia (féviers d'Amérique), 8 acers (érables).
Arbres concernés en élagage : les 40 gleditschia et 8 acers restant
[…] Cette opération permettra un meilleur développement des arbres maintenus et surtout une augmentation très sensible de la luminosité dans les appartements riverains.
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Je ne connaissais pas cette opération quand, il y a quelques mois, j'avais comparé la légèreté des arbres de cette avenue avec l'épaisseur des frondaisons des boulevards Heurteloup et Béranger. J'avais même hésité à réaliser pour ce livre un montage juxtaposant une photo du boulevard Heurteloup et une autre de l'avenue du général de Gaulle pour montrer la différence d'arborisation d'un grand axe au XIXème et au XXème siècle. Je m'étais tout de même étonné que Jean Royer ait été si timide à arborer l'avenue. Je ne savais pas que Jean Germain était passé par derrière et avait dégommé la moitié des arbres de son prédécesseur !
La présidente de l'Aquavit*, Claude Guillaumaud-Pujol devant un élagage d'un mauvais genre… (NR* du 18 novembre 1996)
L'avenue du général de Gaulle en 2007 (photo Google Street)
Les féviers d'Amérique, situés à 6 mètres des bâtiments, élagués très haut, sont désormais distants de 10 mètres l'un de l'autre (2011)
Il y a lieu de s'interroger sur la volonté municipale de garder longtemps ces arbres, quand on voit combien leurs racines sont comprimées dans le goudron des trottoirs (avenue du général de Gaulle, 2011)
Que quelques riverains se plaignent du manque de luminosité que leur apporte les arbres, je veux bien qu'ils oublient combien ça les protège du bruit, de la pollution automobile et de la chaleur estivale, tout en leur assurant luminosité l'hiver. Il y a aussi des riverains des boulevard Heurteloup et Béranger qui raisonnent ainsi. Les écoute-t-on ? Pourquoi la mairie n'a-t-elle entendu que ceux-là sans vouloir écouter ceux qui voulaient garder ces arbres sains, à qui elle n'a sans doute même pas demandé leur avis ? Pourquoi n'a-t-elle pas voulu les convaincre de l'utilité de ces arbres ?
Dans un autre article, du 18 novembre 1996, la NR* insistait à nouveau pour faire passer le message que les abattages étaient effectués "à la demande de la population", que les deux élagueurs municipaux étaient désolés d'en arriver là, laissant croire que ça ne gênait pas grand monde, laissant parler la présidente de l'Aquavit sur l'inventaire des arbres et leur entretien… Tout cela sous le titre suggestif de "Etaient-ils malades ces pauvres arbres ?" susceptible de calmer les grincheux. Belle opération de comm' …
2.9 Boulevards Heurteloup et Béranger, abattages discrets
2.9.1 1998, pour que les voitures stationnent mieux
Priorité aux voitures, il y a des dizaines de ces vestiges de platanes le long des boulevards Heurteloup et Béranger (2011)
Nous avons vu en page 13 l'importance pour la ville du "grand mail" créé vers 1600, devenu vers 1860 les boulevards Heurteloup et Béranger. Cet axe majeur de circulation automobile, en double trois voies, en manque de places de stationnement, s'accommode mal de la double rangée de platanes majestueux. Régulièrement et sans que ce soit annoncé, la municipalité abat quelques uns de nos compagnons et laisse des trouées dans les rangées extérieures. Cela fait plus de places de stationnement, but non avoué mais atteint…
La Nouvelle République du Centre-Ouest des 5 et 10 août 1998
Le 5 août 1998 la NR signale des abattages de platanes au début du boulevard Béranger, face à la poste principale :
[…] Mais le spectacle n'était pas au goût de tout le monde ! On sait qu'en ville les arbres sont bien gardés, qu'au moindre chantier d'abattage le voisinage ou les passants réagissent vivement. Et, après tout c'est bien ainsi, même s'il faut comprendre – et donc expliquer – soit les nécessités d'un aménagement ponctuel soit qu'après tout des arbres sont des êtres vivants qui arrivent un jour… en fin de vie.
Cela n'a pas manqué hier. Parmi les passants et les automobilistes, des réflexions fusaient pour juger regrettable, voire scandaleux, de mettre à terre des arbres qui sont dans le paysage urbain depuis des décennies. […]
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Le 10 août 1998, la NR* publie un premier communiqué de presse de l'Aquavit*. Le 17 août, sous la rubrique "courrier des lecteurs", elle en reprend un autre, signé Annie Goléo. Il dénonce très précisément les simagrées municipales pour cacher des abattages abusifs boulevard Béranger puis il fait un tour d'horizon des problèmes en cours. En voici le texte intégral.
A propos des arbres coupés du boulevard Béranger
Le vendredi 19 juin, dernier jour de la consultation en Mairie de Tours sur l'aménagement de la rue Nationale, alors que la rumeur courait que des arbres allaient être abattus boulevard Béranger, je me suis inquiétée auprès de Guillaume James, adjoint au maire de Tours, du devenir de la double rangée de platanes face à la Poste, dans l'opération de remplacement des places de stationnement en épis par des places latérales.
M. James m'a répondu qu'il n'avait jamais entendu parler d'abattages d'arbres. Mais, pour vérifier ses propos, il questionna M. Richard Chevallier, adjoint de Mlle Le Noch au service circulation alors présent, et qui confirma. Rassurée, je me gardais de poser la question à Monsieur le maire de Tours, à la réunion publique du 22 juin. Bizarrement, je n'ai remarqué aucune mention sur cet abattage programmé dans l'étude d'impact et au vu des avis portés sur le cahier destiné au public, personne d'autre ne l'a remarqué.
Alors désolée, Messieurs les promoteurs du projet, mais vous avez menti. Quand cesserez-vous de prendre les Tourangeaux pour des naïfs imbéciles ? Dans ces conditions, je comprends ceux qui invectivent les élagueurs, même s'ils ne s'adressent pas aux vrais responsables.
Pour mémoire, je rappelle que dans les dispositions du POS*, aucun alignement d'arbres ni d'espaces verts n'est protégé à Tours, car la ville est : "le garant de la protection des espaces au nom de l'intérêt général" (page 92 du rapport de présentation du ¨POS).
C'est sans doute pour cette raison qu'en septembre 1997, alors que je m'insurgeais auprès du technicien du service des espaces verts, dont je tairai le nom, de l'abattage de huit platanes toujours sur le boulevard Béranger, il m'a confié qu'il ne jugeait pas nécessaire deux rangées d'arbres sur ce boulevard.
Toujours dans la même logique, dans le parc de Grandmont, 900 m2 d'espaces boisés ont été déclassés et à Tours Centre 2200 m2 ! Enfin, une partie du Parc de la Croix Montoire, situé à l'est de l'Avenue de la Tranchée, a également été déclassé, au risque de gâcher la superbe vue du coteau que l'on a du pont Wilson.
Mais les lecteurs de la Nouvelle république ont sans doute remarqué que la plupart des arbres abattus étaient malades. "Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage".
Nous connaissons la suite.
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La NR* publia en grande partie ce texte (sans parler des "naïfs imbéciles", tout de même). Avec le communiqué publié une semaine plus tôt, elle laissait une large place à l'expression de la contestation. Elle sera loin d'en faire autant 12 ou 13 ans plus tard pour des abattages bien plus nombreux… Autre époque, autres mœurs journalistiques.
Un mois tard, en septembre 1998, le n°2 du "Bulletin de l'Aquavit" publiait cette lettre d'un sympathisant, Michel Velut, en forme de lettre ouverte envoyée à M. Razel, responsable du service des espaces verts de la ville de Tours :
Monsieur,
Je tenais à vous féliciter pour vos récentes initiatives de déboisement des points arborés trop âgés de la place du Chardonnet. Les photos montrent, en effet, des coupes de ces tilleuls manifestement bons à abattre. Pour ne citer que ces deux points "noirs" pour un responsable des espaces verts, on ne peut que se féliciter de l'abattage des trois platanes du boulevard qui, en effet, gênaient l'établissement de nouveaux parkings de voiture. Là aussi, on a bien compris que ces arbres étaient bien pourris.
Au regard de ces initiatives d'épuration de la ville concernant les arbres, il serait, à mon modeste avis, très utile d'effectuer des carottages des arbres des deux boulevards : étant donné leur grand âge, la majeure partie de ceux-ci sera sûrement à abattre sous peu.
Il vous reste donc un grand travail à accomplir dans cette ville où je suis né il y a 64 ans. Les installations d'arbustes tels que je les vois, ici et là, compensent largement ces grands arbres pourris. Le cèdre du Liban encore debout dans la cour du musée mériterait lui aussi une auscultation. Un acacia de Constantinople le remplacerait très avantageusement et donnerait de l'air.
Vous souhaitant bon courage pour tous ces travaux titanesques, croyez, Monsieur, à mes sentiments distingués.
P.-S. : il faut l'avouer, dans une ville comme Tours, la tronçonneuse a du bon !
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2.10 Places Velpeau et Rabelais, les arbres sont rasés
Dès sa première mandature, l'actuel maire Jean Germain avait imposé, plus ou moins volontairement, plus ou moins sous la pression des services techniques, la méthode Germain* ˜. Ainsi, deux des grandes places de la ville ont eu leurs arbres rasés. La place Velpeau en 1998 a perdu ses platanes et la place Rabelais en 2002 ses tilleuls, toutes deux accueillant les marchés de leur quartier.
La place Velpeau en 2011
De nombreux habitants s’en étaient émus et avaient été reçus par le refrain "C'est pas grave, on replantera !", déjà en usage pour anesthésier les esprits. Qu'en est-il maintenant, dix ans plus tard ? Le cas des deux places m'apparaît bien différent. C'est ce que je montrais sur mon blog le 19 juin 2011.
Pour la place Velpeau, près de laquelle j'habite, le projet municipal avait été vivement contesté par les habitants et par l'association Aquavit*. Ce n'était pas pour refuser les abattages, car, n'ayant pas été avertis, ils avaient été stupéfaits de voir les platanes à terre. Ils ne purent donc réagir qu'au nouvel aménagement et ils le firent vivement. Contre son gré initial, qu'elle a solidement défendu, la mairie a été contrainte de reculer sur les points suivants :
- la partie centrale de la place a été interdite aux véhicules,
- on a planté de grands arbres (des platanes à nouveau),
- on en a planté davantage que prévu initialement.
La nature des ces aménagements a permis une vie sociale au centre de la place et les platanes ont déjà de l'allure, même s'ils sont encore loin d'ombrager toute la place. On se rend compte qu'il est très long de remplacer des grands arbres matures, il faut au moins deux générations (60 ans)...
L'allure de ces deux places serait bien différente si on avait préservé et entretenu leur patrimoine arboré, ce qui amène à supprimer quelques sujets et à en replanter. Je rappelle que je ne suis pas pour une sauvegarde systématique des vieux arbres, mais je suis vigoureusement opposé aux abattages systématiques que l'on nous impose et qui par leur effet cumulatif ont fortement dégradé l'environnement végétal de notre cité.
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La place Rabelais en 2011. Les 38 prunus sont censés atteindre 10 à 15 mètres de hauteur… Quelle taille auraient eue les tilleuls ?
En ce qui concerne la place Rabelais, 4 ans plus tard, lors de la deuxième mandature du maire, le scénario commença de la même façon, comme l'indique un article de la NR* du 11 juillet 2002 :
[…] Partout où ils prêchent, les membres du comité Grandgousier emmènent leur petite bûche. Un symbole, un vestige des tilleuls soixantenaires abattus "radicalement et sans avis" le 4 juillet, dans le cadre du plan d'aménagement de la place Rabelais conduit par la ville. Hier, on pouvait croiser ces administrés en colère sur le marché Rabelais. […]
Michel demeure depuis 35 ans rue Victor Hugo et il a été "profondément choqué" par la décision de "tout abattre". Il s'étonne : "La mairie explique que certains arbres étaient malades, soit. Ce n'était quand même pas une raison pour tous les couper ! Quand on est malade, on se soigne, on ne décime pas toute une population !". Michel a été l'un des premiers à signer la pétition Grandgousier. 350 personnes, à ce jour, l'ont imité. […]
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Quatre jours plus tard, dans la NR* du 15 juillet 2002, le député conseiller municipal d'opposition, Renaud Donnedieu de Vabres (futur ministre de la culture) poursuivait :
[…] Pas plus que je n'opine du bonnet quand M. Germain sous prétexte de gestion des arbres de notre ville, donne l'ordre à ses services de raser tous les tilleuls (malades ou pas) de la place Rabelais en quelques heures. Si pour M. Germain et ses adjoints, demander l'avis des habitantes et habitants de Tours sur tel ou tel projet de "grands travaux" peut apparaître comme une perte de temps, il est urgent pour eux de redécouvrir ce que sont la démocratie, le respect de leurs concitoyens et l'écoute de leurs vrais besoins. […]
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Le 22 juillet 2002, la NR* reprenait le sujet pour bien faire comprendre que le comité Grandgousier "spontanément constitué le 5 juillet au lendemain du désastre" n'allait pas dans le sens d'une "déstabilisation de la majorité municipale" et même qu'il trouvait "que le projet est vraiment intéressant" dans un dialogue soudainement retrouvé. Ouf, finalement, la mairie avait retourné en sa faveur l'intervention de Renaud Donnedieu de Vabres... On y lisait aussi :
Un peu plus de 400 signatures depuis trois dimanches déjà, les membres du comité Grandgousier proposent aux Tourangeaux de signer leur pétition "Aux arbres, citoyens !" sur le marché de la place Rabelais.
"Il fallait pas abattre tous ces tilleuls d'un seul coup" témoigne Odette. Elle habite rue du général Chanzy, tout près : "Les arbres, c'est la vie. Beaucoup de gens ont subi un traumatisme lors de cet abattage, la ville aurait au moins dû nous prévenir. Plus clairement." Odette a donc signé la pétition "pour préserver les arbres d'en face".
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"Les arbres d'en face", de l'autre côté de la rue Giraudeau, ont été abattus, en partie, l'année suivante, en 2003. Et il y eut de nouvelles plantations… La municipalité avait su retourner la situation, la méthode Germain* ˜ s'imposait à nouveau, l'indignation citoyenne de juillet 2002 était oubliée.
Place Rabelais, du côté Est de la rue Giraudeau, une allée de tilleuls a été sauvée par la réaction des habitants (2011)
Sur mon blog , je terminais ainsi l'article du 19 juin 2011 :
La Place Rabelais a perdu beaucoup de son cachet d’origine en donnant l’image figée d’une aire de stationnement de supermarché avec tristes arbustes anémiés. Finie l’alternance des saisons et l'ombre des grandes frondaisons des tilleuls d’origine. Fini le lieu public de rencontres où l'on discute sur un banc, c'est un parking où on va déposer et reprendre sa voiture. Le saccage municipal a surtout été profitable pour le supermarché voisin.
Pour compléter le tableau, il faut signaler que ces places côtoient toutes deux, un petit parc situé de l'autre côté de la rue. Celui de Rabelais m'apparaît plus réussi que celui de Velpeau (jardin créé en 1977), depuis que ce dernier a été ouvert aux bruits de la rue, et malgré l'intéressant apport de plantes vivaces.
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2.11 Square François Sicard, des arbres seraient malades
Près de la cathédrale Saint Gatien, avec le jardin de l'Archevêché voisin, le square François Sicard est un des rares jardins du vieux Tours (le "secteur sauvegardé"). Il est sûrement le plus beau, malgré sa superficie limité. Aménagé à la fin du XIXème siècle par les frères Bühler, on trouve la même exubérance végétale qu'au jardin des Prébendes, d'ailleurs aménagé par les mêmes frères.
A gauche, photo (H. Buisson) de 1999 avec derrière un grand conifère qui sera abattu et devant, en coin, un tronc coupé.
A droite, photo de 2011 avec, en coin, le petit arbre qui remplace celui au tronc coupé.
Il n'est hélas pas étonnant que ses hauts et larges arbres dérangent. C'est ce qui ressort d'un article de la NR* du 18 mars 1999, dont voici un extrait.
La "madame arbres" de la ville, directrice des Parcs et Jardins, n'est pourtant pas surprise de la vigueur des réaction : "Nous avons tous un rapport très affectif avec l'arbre, et ce d'autant plus qu'il est grand et âgé. Il présente une espèce de garantie de stabilité. Il est précieux parce qu'il est vieux. Sur ces sentiments peut naître un déni de renouvellement du patrimoine paysager. Mais gérer un espace boisé, cela veut dire couper quand il le faut". Et là, il le faut, tranche sans l'ombre d'une hésitation Christine Chasseguet, qui invite les Tourangeau à aller vérifier sur place l'état des troncs des abattus.
On a donc commencé la coupe, et cela va continuer. Au total, deux sophoras, trois tilleuls et un marronnier blanc vont tomber, "d'abord parce qu'ils sont malades et ensuite parce qu'ils peuvent devenir dangereux du fait de leur proximité avec la voie publique" indique Christine Chasseguet. Pour éclaircir le square et "retrouver l'esprit que lui avait donné ses fondateurs, les frères Bühler", on coupera aussi un chamaecyparis et quelques tuyas en haie".
Bon, on va aussi les remplacer. Au même endroit, par les mêmes espèces exactement (sauf les thuyas).
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La Nouvelle République du Centre-Ouest du 3 mai 1999
Christine Chasseguet venait d'arriver à son poste et cette façon de traiter les arbres, en allant jusqu'à se réclamer des frères Bühler, est révélatrice d'une volonté camouflée d'éclaircir les parcs de la ville, de les ouvrir sur les bruits de la circulation. Pour elle, il est normal qu'au bout d'un certain âge, quand ils deviennent trop grands et embarrassants, on coupe des arbres pour replanter des jeunes sujets de la même essence et pour recommencer quelques dizaines d'années plus tard. Cet état d'esprit sera pris en compte par les élus. Cette politique sera sans cesse poursuivie et ôtera beaucoup de charme et de tranquillité aux jardins de notre ville. Etre directement en vis à vis avec la rue, c'est nier la nature de nos jardins urbains. Que ce soit aux Prébendes ou ici à François Sicard, les frères Bühler, avaient heureusement une toute autre conception de ces jardins qu'ils ont créés, lieux de relâche permettant aux habitants de s'éloigner des fracas de la ville.
Suite à ces saccages du square François Sicard, les associations naturalistes et environnementalistes Sepant*, Aquavit*, Aspie et Asqbm ont publié une pétition en forme de manifeste, qui réunira 600 signatures. En voici des extraits, qui éclairent les intentions de la municipalité.
Des arbres vieux de plus d'un siècle, et classés en secteur sauvegardés, ont été abattus sans autorisation place François Sicard. D'autres le seront si on laisse faire des haies ont été arrachées, et toutes ou presque seront supprimées si on laisse faire. Motif avancé par la mairie : le square est devenue une forêt vierge ! Il faut retrouver l'esprit du square primitif, tel qu'il avait été dessiné par les frères Bühler (lesquels sans doute avaient planté des arbrisseaux dans l'espoir qu'ils ne grandissent jamais !). Quand ce motif ne convainc pas, on avance que les arbres étaient malades. Mais tous les arbres des villes sont malades - en grande partie à cause d'un élagage brutal qui les blesse gravement et les défigure -, ce qui ne signifie nullement qu'ils présentent tous un danger imminent pour les passants.
En fait les arbres sont abattus, les haies arrachées parce que le square dérange. il dérange parce que les arbres y sont beaux et élevés, parce qu'il est touffu et fermé sur les côtés, parce qu'il n'est pas ouvert et transparent comme les pseudo "espaces verts" du style de la place du Chardonnet ou du parvis de la gare, avec petits bancs bien raides, allées bétonnées et vue imprenable sur la circulation et les parkings. Bref, le square de la place François Sicard dérange parce qu'il n'est pas moderne ! L'idéal de notre mairie (et sans doute de bien des édiles d'aujourd'hui), ce sont des arbres en pot, ou en plastique, des arbres qu'on déplace, des arbres qui ressemblent à des abris "Decaux", à du mobilier urbain, des arbres surtout qui ne dépassent pas l'homme ! […]
Les projets de la mairie pour le square sont révélateurs d'une conception des espaces verts en milieu urbain qui est en réalité une négation de leur autonomie, de la part de nature qu'ils renferment (et aussi le refus de la poésie qui vient aux choses avec le temps). Tout le charme du square était dans la végétation un peu abondante, douce en été, dans ce sentiment qu'il donnait d'un espace préservé qui mettait un moment à l'abri de la circulation et de sa furie. Que restera-t-il de ce charme quand on aura enlevé la moitié des arbres ou plus ? Où sera passée la poésie de ce lieu quand on l'aura dépouillé de ses haies et de ses oiseaux, et qu'au lieu des feuillages il faudra "contempler" les voitures en stationnement et les "sucettes" Decaux ?
Dans ce quartier ancien qui a vu naître Balzac, nous sommes convaincus que beaucoup partagent notre amour pour ce square parce qu'il est désuet et romantique, et qu'il est un endroit différent. […]
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Arbres disparus et haies enlevées au square François Sicard (photo Hervé Buisson 1999)
Fin mars 1999, la NR* indiquait que la riposte des associations, particulièrement l'Aquavit*, commençait à contrecarrer les projets municipaux. Sous le titre "Arbres : une erreur administrative !", une photo montrant un très gros arbres abattu, à la coupe visiblement saine, était légendée : "Pourris ou pas pourris (les arbres), telle est la question ?". L'article expliquait la riposte :
Pas si simple [d'abattre] ! D'abord parce que l'abattage d'arbres, surtout de cette taille (certains montaient jusqu'à dix-huit mètres), ne passe jamais inaperçu, ensuite parce qu'on se situe en plein secteur sauvegardé, à quelques mètres de la cathédrale. La chose n'a pas échappé à Claude Guillaumaud[-Pujol], présidente de l'Aquavit*, qui s'est immédiatement renseignée auprès de la Préfecture pour savoir si la mairie disposait de toutes les autorisations pour procéder à cet abattage. Que nenni, ont répondu en chœur la préfecture et l'architecte des bâtiments de France.
"Nous avons ainsi pu sauver deux sophoras, commente la présidente, mais je ne comprends pas la légèreté avec laquelle agit la mairie. Je ne conteste pas le fait qu'il faille de temps à autre couper des arbres malades, mais la ville fait un peu n'importe quoi. On ne coupe pas un arbre comme on déplace une sucette Decaux. le renouvellement aurait pu se faire de façon progressive. Et puis c'est à l'automne qu'il aurait fallu couper, pas maintenant. Si la ville s'est précipitée, c'est qu'elle savait qu'en cas de demande, elle n'aurait pas eu l'autorisation d'abattre."
Côté municipalité, on plaide coupable. "Nous faisons amende honorable" répond François Lagière, directeur du cabinet du maire. "c'est une erreur de nos services qui n'ont pas fait la demande à temps. Il ne s'agit pas d'une volonté délibérée de contourner la loi et encore moins, comme certains l'ont laissé entendre, d'éclaircir le parc pour donner de la lumière aux gens qui vont habiter la nouvelle résidence".
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Elle a bon dos, "l'erreur administrative"… Le député Renaud Donnedieu de Vabres, une nouvelle fois, demandait "dans l'avenir, des délais de réflexion et de concertation minimum". C'est bizarre, au fil des années, on se rend compte qu'il n'y en a jamais de "concertation minimum", c'est étonnant pour un maire qui se dit toujours ouvert au débat… Ah, la sincérité des hommes politiques… Mais ça marche, j'ai trouvé deux Tourangeaux qui se rappelaient vaguement d'un abattage par erreur au square Sicard…
La NR, fin mars 1999
Pour en finir avec ce square François Sicard, je sais aussi que l'abattage commencé d'un grand arbre a été interrompu à temps sur une intervention expresse de la préfecture, suite à la réaction rapide d'une militante de l'Aquavit aidée par une employée préfectorale. Les abattages ont repris en octobre 2002, cette fois-ci avec un avertissement préalable par affichage à l'entrée du square, un sophora et un marronnier parce que "malades et dangereux", remplacés par des sujets de même essence. Puis ça s'est calmé. Et, au passage, il y a lieu de regretter que la belle pièce d'eau des frères Bühler ne soit pas entretenue… Il est désolant de voir qu'on ne pense à eux que pour justifier des abattages abusifs…
2.12 Avenue de Grammont, des détériorations répétées
Dans le prolongement de la rue Nationale, l'avenue de Grammont était la grande sortie sud de l’ancienne ville contenue dans les remparts avant que l’agglomération ne s’étale entre la Loire et le Cher. Aujourd’hui intégrée dans un décor urbain elle est la plus majestueuse et la plus emblématique des avenues de Tours. Ses deux alignements de platanes y sont pour beaucoup. Au XIXème siècle ils étaient doubles, progressivement ils sont devenus simples et les trouées ont continué…
En 1998, le 31 août, la NR se faisant l'écho de l'indignation d'une Tourangelle :
"Une taille inadéquate à cette saison avec cette sécheresse". De son deuxième étage, la voici qui contemple désormais, dit-elle, "un énorme tronc qui n'a plus d'allure". Bref, ces travaux-là "abîment les arbres", elle en est certaine.
Le calendrier, certes, fait bien les choses. Les perspectives dégagées aujourd'hui sur l'avenue de Grammont faciliteront la tâche des équipes de télévision qui dans un peu plus d'un mois filmeront l'arrivée de Paris-Tours.
Ce n'est pas qu'une question de visibilité. Les vraies raisons de cette opération sont ailleurs, explique à la mairie Jean-Pierre Huguet, le directeur du service des Parcs et Jardins.
Il faut les chercher dans les fortes chaleurs qui activent la pousse de la végétation. Tous les ans à la même époque, les jardiniers de la Ville procèdent à cette taille dont la vigueur varie en fonction de la pousse estivale. Il s'agit d'abord de couper les branches basses, le long des troncs. On éclaircit en outre la tête des arbres, le long des maisons. Histoire de ne pas complètement assombrir les logements des riverains. […]
Cette "taille en vert" en tout cas, ne peut pas être confondue avec l'élagage classique opéré entre le mois de novembre et le mois de mars ou avril. […] "C'est vrai qu'autrefois, on en comptait quatre rangées avenue de Grammont ! Mais ils étaient petits et il n'y avait pas de voitures !"
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Le 2 avril 1999, ce sont des abattages que la NR* justifie :
Sur divers axes, le traitement actuel réservé aux arbres est sur la sellette… Voir nos derniers articles sur le sujet. Ainsi quelques personnes se sont-elles émues de la disparition de plusieurs platanes à l'endroit des travaux en cours sur la place Jean Jaurès. Voici l'état des lieux.
Deux arbres (vivants) ont été abattus pour la nécessité du chantier. Nouvelle configuration au sol oblige. En plus, quatre jeunes arbres ont été "déplantés" et mis en nourrice. Aux dernières nouvelles, il passent de bonnes vacances et seront replantés dès la fin des travaux. D'autre part, deux arbres (platanes ?) sont bel et bien morts ! L'un devant la brasserie de l'Univers. L'autre en face, devant le café Jean-Jaurès. […] Toutefois, il faut savoir que huit nouveaux arbres viendront garnir les nouveaux espaces de la place. […]
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C'est bizarre, pour la NR*, on abat ou élague quand les riverains, sous-entendus tous les riverains, le demandent, mais il n'y a que "quelques" personnes, sous-entendu très peu, qui s'en émeuvent. Quand la "nécessité" impose des abattages, le journal quotidien des Tourangeaux passe très vite sur la pertinence de l'aménagement, comme s'il n'y avait pas de doute, par contre quand des arbres sont à l'évidence morts, il s'étend sur leur sort, comme s'il y avait doute.
Mais il en faut plus pour que les Tourangeaux croient à la douce propagande qu'on leur infuse. La NR* du 30 septembre 2000 rapporte ces propos tenus en réunion :
"A Tours, on agit et on réfléchit après sans consulter les administrés", lance encore ce "simple citoyen" à propos de l'abattage des platanes de l'avenue de Grammont, en début de semaine. "Si ces arbres ont été abattus, c'est pour construire de nouveaux abri-bus" a répondu l'élu.
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Et le 20 octobre 2000, la NR*, qui laisse de temps en temps passer des témoignages de lecteurs, publie les propos d'un habitant, Max Raymond Pilorget, qui "réagit à la coupe des arbres avenue de Grammont" en maniant l'humour :
Ah ! L'impatience de voir ces arbres encombrants remplacés par cette nouvelle forme urbaine qui fait de plus en plus le charme de Tours, celle des panneaux publicitaires (admirable terreau financier) et des Abribus. Soyez loués à la municipalité d'isoler le cancer des espaces verts dans de lointaines réserves.
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Il répondait aux propos tenus quelques jours plus tôt dans un article de la NR titré "Les arbres de la discorde" :
"Quand vous touchez un arbre, vous êtes un barbare !" Sylvie Roux, adjointe aux Parcs et Jardins, s'explique sur l'abattage des platanes avenue de Grammont. Trop, c'est trop !
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, en cette saison automnale. Les tracts dans les boîtes aux lettres également. Des dépliants explicites : "Arrêtons le massacre". Là, Renaud Donnedieu de Vabres reproduit une lettre envoyée au maire de Tours, Jean Germain. Il ne s'explique pas ce choix d'abattre "ces arbres centenaires", alors que le transport en site propre n'est pas encore choisi.
[…] Sylvie Roux a fait une "mise au point pour qu'on ne mélange pas tout". "Nous avons décidé d'abattre quinze arbres pour permettre l'aménagement de l'avenue et l'accueil du transport en site propre. Il s'agit de favoriser la fluidité de la circulation des bus." […] "Et il n'est aucunement question de couper d'autres platanes, ni sur l'avenue de Grammont, ni autour de la place de Strasbourg" anticipe Sylvie Roux.
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Ce que craignait Renaud Donnedieu de Vabres est arrivé, les abattages de l'an 2000 n'ont pas empêché ceux de 2011. Ce qui était prévu pour le TCSP* s'est avéré incorrect quand celui-ci a pris la forme d'un tramway puisqu'il a fallu à nouveau détruire et refaire la chaussée. C'est ce qui arrive quand on fait de la politique à court terme sans vision à long terme. Mais la situation est pire encore, car là où la prévision du TCSP était bonne avec une chaussée qui n'est pas refaite, station Jean Jaurès, on a quand même abattu des platanes. Comme par sadisme…
Quelques jours, plus tard, l'Aquavit* prend les choses en main et lance une action d'envergure que relate la NR* dans son édition du 26 octobre 2000 :
Quatre membres de l'Aquavit ont été interpellés mercredi matin par la police nationale alors qu'ils taguaient les platanes de l'avenue de Grammont avec du lait de chaux. Pinceaux en main, ils ont dessiné des croix sur cent soixante-dix platanes, entre la place Jean Jaurès et la place Thiers [de la Liberté].
Après contrôle d'identité, Claude Pujol-Guillermaud, Annie Goléo et deux autres membres de l'association ont été ramenés au commissariat, enfermés dans une cellule pendant une quarantaine de minutes avant d'être remis en liberté.
"Par voix de presse, la mairie avait déclaré les arbres de l'avenue de Grammont malades. Quel meilleur traitement en l'occurrence, qu'un peu de lait de chaux" écrit Claude Guillermaud-Pujol dans une lettre ouverte au maire de Tours. "Sans doute aurait-il fallu badigeonner tout le tronc, comme le veut la coutume. Mais nous étions trop petits, nous n'avons fait qu'une croix blanche… C'est ainsi que nous sommes devenus des citoyens dangereux contre lesquels il faut requérir la police !"
[…] Sylvie Roux, adjoint à l'environnement, était ulcérée par les méthodes utilisées par l'association. […]
Sans employer les mêmes accusations, Jean Germain a dénoncé le marquage systématique des arbres par des croix blanches… "Cela me rappelle des méthodes d'action tristement célèbres. Elles vont coûter entre 35.000 F et 40.000 F à la ville pour le nettoyage des arbres. En même temps, c'est tellement puéril !".
[…] Les quatre membres sont passibles d'une amande pouvant aller jusqu'à 25.000 F. Mais l'affaire peut également être considérée sans suite. En effet, le lait de chaux étant considéré comme un produit biodégradable, le délit de tag ne tiendrait plus.
Aventure rocambolesque, on en conviendra, pour un conflit qui prend au fil des jours, et des actions des uns et des autres, des allures de guérilla urbaine. Frôlant parfois le pathétique.
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La photo de la NR du 26 octobre 2000 montre un agent municipal nettoyant un platane de l'avenue de Grammont au karcher
Des "allures de guérilla urbaine", n'y en aura-t-il pas d'autres onze ans plus tard ? Certains de ces arbres ont alors à nouveau été tagués (voir page 90), avant cette fois-ci d'être abattus. La situation avait empiré, et par le même fauteur de troubles, récidiviste impénitent, protégé par la Loi, sous son habit de premier magistrat de la ville.
La mairie ne donna pas suite, cela lui permit de taire d'autres incidences médiatiques et d'éviter un probable désaveu judiciaire, comme l'a montré plus tard un procès en 2009 (voir le chapitre de la page 207 à la rubrique "Carcassonne"). Ceci étant dit, malgré les propos catégoriques de Sylvie Roux en 2000 (rappelez-vous : "il n'est aucunement question de couper d'autres platanes"), la mairie récidivait dès 2002. Sous le titre "Abattage pour cause de maladie", la NR* faisait son petit compte rendu habituel le 14 novembre 2002, avec sa traditionnelle conclusion :
Le diagnostic réalisé par l'Ecole nationale du génie rural de Nogent sur Vernisson (Loiret) est implacable : 17 arbres sur les 421 qui constituent l'alignement de l'avenue, sont dans un état sanitaire tel qu'ils présentent un danger." […]
Lors des travaux, liés au projet de TCSP*, des arbres avaient déjà été abattus aux abords du Cluzel et de la place Michelet.
Pour éviter la tempête de protestation lancée en octobre 2000 par l'association Aquavit, la ville replantera non seulement 17 arbres à compter du 25 novembre, mais également sept arbres supplémentaires, coupés il y a vingt ans !
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Le journaliste semble tellement perturbé qu'il a écrit "coupés" et non "plantés" il y a vingt ans. Il n'a pas vraiment tort tant ces deux états se succèdent de plus en plus rapidement…
Cette préparation du TCSP* de 2000 à 2002, prélude au tramway, a sérieusement amplifié les dégradations apportées aux alignements d'arbres. A chaque station repositionnée pour caser des abribus de la société Decaux, quelques dizaines de platanes ont alors été abattus, remplacés par de jeunes sujets. C'est la méthode Germain*.
Début des années 2000, à cette station de bus Charcot, au centre de la chaussée, les vieux platanes ont été abattus, de jeunes autres ont été plantés sur les côtés. L'alignement est largement dégradé. (2010)
Ces travaux préparatoires auraient dû éviter de nouveaux abattages, sauf deux ou trois au moment de virer vers la rue Charles Gille, car le tramway emprunte deux tronçons de l'avenue et non un seul, pour faire un détour par la gare. Hé bien non, sur le premier tronçon, la prise en compte de la station Jean Jaurès pourtant bien délimitée n'a pas empêché une vingtaine d'abattages. Pour le second tronçon, une nouvelle station Charcot est apparue, aussi mal dessinée que les autres, plutôt que d'utiliser celle existante, ce qui a provoqué une vingtaine d'abattages supplémentaires. Tout cela est relaté dans le chapitre "Avenue de Grammont, nos Champs Elysées défigurés", page 89 [ou ici].
2.13 Parc Monsoudun, lutte contre les projets immobiliers
Situé dans un quartier résidentiel sur le coteau nord de la Loire, le parc de Monsoudun, ou Montsoudun, était un important espace vert, de près de huit hectares, à côté du cimetière De la Salle, dans la commune de Sainte Radegonde, rattachée à celle de Tours en 1964. Outre de vastes espaces herbeux, il comprenait "plusieurs hectares de bois classés dont une certain nombre de beaux arbres" (NR du 30/12/99).
Le "château du Grand Montsoudun" (photo Hervé Buisson 1999)
Ce parc appartenait en totalité à la famille Godeau, qui après avoir conservé la maison que le quartier appelle "château" a décidé de la vendre à la fin des années 80, avec aussi un legs à la mairie, qui ne songea qu'à y construire (aujourd'hui, encore, la pression est très forte auprès des propriétaires d'espaces verts). L'opération immobilière fut assez compliquée. Une première tranche est réalisée avec la résidence des Cèdres, de 414 logements. A la fin des années 90, la seconde tranche de plus de 322 logements est prête à être lancée.
C'est alors que, fin 1999, l'association Aquavit* se mobilise, sans doute trop tardivement. C'est pour elle "la grosse affaire du moment". Sa présidente déclare à la NR* (publication le 10 décembre 1999), "C'est simple, nous ne voulons pas de constructions et on se battra jusqu'au bout". En septembre, elle avait déjà lancé une pétition et des réunions d'information. Après avoir organisé un petit déjeuner sur le site, après être intervenu au conseil municipal, elle plante un sapin le jour de Noël au milieu du parc, "en présence des associations de défense et d'habitants du quartier et de Renaud Donnedieu de Vabres, député d'Indre et Loire". La NR* du 27 décembre 1999 reprend aussi les propos de Claude Guillaumaud-Pujol, la présidente de l'Aquavit :
"On nous objecte que c'est un espace privé mal entretenu et qui va rester privé dans son utilisation future".
L'Aquavit estime au contraire qu'il serait plutôt souhaitable de saisir cette occasion pour remettre cet espace idéalement situé au cœur d'une zone déjà urbanisée au service du public, en l'aménageant à cet effet. "Cela s'inscrirait dans le cadre de ce qui s'est toujours fait avec succès dans le passé : jardin Botanique, jardin des Prébendes…"
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Rétrospectivement, je ne peux que saluer ces propos ambitieux de Claude Pujol, tant il est vrai que, depuis plus d'un siècle, l'extension importante de notre ville s'est faite sans qu'aucune municipalité ne se montre capable de créer un jardin aussi admirable que le Botanique ou les Prébendes. On peut rêver à ce que serait devenue notre cité si une telle femme avait pu en devenir le maire… Mais son passage en politique aux côtés de Michel Trochu, dissident de Jean Royer, porta finalement préjudice au combat qu'elle a mené, en donnant à l'Aquavit* une orientation à droite, qu'Hervé Buisson essaya ensuite de rendre apolitique.
Début 2000, l'Aquavit* distribue ce tract :
TRACT
Que faire de votre sapin de Noël avec racines mi-janvier ?
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Le jeter ? Horreurrrr !
L'Aquavit vous invite à venir le replanter au parc Monsoudun le dimanche 16 janvier à 16 heures.
Le parc Monsoudun et les "terrains de l'Archevêché" qui constituent les deux derniers grands espaces verts de Tours Nord sont menacés par d'importants projets immobiliers.
L'Aquavit soutient les riverains qui veulent préserver ces poumons verts dans un environnement qui paraît avoir été voué par la ville à une très forte densification de l'habitat.
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16 janvier 2000, Monsoudun (photo Archives Aquavit)
Le tract se terminait en généralisant sur le POS*, voir page 162.
Sous le titre "Plutôt des sapins que des immeubles", Un article de la NR* du 17 janvier 2000 présente ainsi la réunion de plantation (photo en post-scriptum, page 223), la veille dimanche 16 :
Un vrai dialogue de sourd : c'est l'impression que donne la vision de la rencontre entre un des promoteurs immobiliers propriétaire de parcelles au parc Monsoudun et un des membres d'une association défendant la "qualité de vie" à Tours.
L'association en question, Aquavit*, avait en effet appelé les riverains du parc à venir y planter leur sapin de Noël pour protester contre les constructions envisagées à cet endroit. En ce dimanche après-midi, peu de monde s'est cependant déplacé. Cela n'empêche pas les membres de l'association d'empoigner la bêche pour planter quelques sapins symboliques. […]
Président de l'Aquavit*, Hervé Buisson espère par cette action susciter une prise de conscience chez les riverains : "Ils doivent se mobiliser pour montrer qu'ils sont attachés à leur cadre de vie. L'absence d'espaces verts engendre fatalement des problèmes sociaux." Un habitant du quartier, venu apporter son sapin avec sa brouette, se montrait pessimiste sur la portée de l'opération : "De toutes façons, les questions d'argent passent toujours avant les problèmes d'environnement".
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En effet, les opérations immobilières furent menées à leur terme. Le dossier était complexe avec plusieurs permis de construire. L'Aquavit en attaqua un en justice en juillet 2000, stoppant les travaux. Le recours fut rejeté par le Tribunal Administratif d'Orléans. La ville s'est félicitée de la création d'un parc de 1,3 hectares désormais ouvert au public et bien entretenu.
Les constructions du parc Monsoudun (photo Google Map 2008)
Plus à l'Ouest, toujours sur les coteaux de Tours Sud, des opérations immobilières d' envergure furent menées depuis 2001 aux alentours des rues Groison et Trianon, à l'Est de l'avenue de la Tranchée, sur les terrains de l'Archevêché (le "petit séminaire"…). Là aussi, le propriétaire (le diocèse) avait besoin d'argent et a laissé la mairie manœuvrer (avec des soupçons de collusions, combines…), là aussi la délivrance des permis de construire était contestable, là aussi il y eut une résistance des habitants (menée par deux associations de riverains), là aussi elle fut vaine et les abattages furent nombreux. De plus les arbres survivants furent trop souvent malmenés.
Constructions rue Groison en 2007 (photo Google Street)
2.14 Madame Pinguet et le sauvetage de son séquoia pleureur
La rue des Bordiers est une longue rue de Tours Nord, elle appartenait à la commune de St Symphorien rattachée à Tours en 1964. La mise en place d'un parking relais s'est faite en empiétant sur une propriété pas comme les autres, comptant des arbres pas particulièrement grands et beaux, mais d'essences originales. La NR* du 19 juillet 2001 présente ainsi la situation :
Chez les Pinguet, on aime les arbres depuis au moins six générations. Depuis que Claude Guindon a créé en 1840 sa pépinière, rue des Bordiers à Tours-Nord. Cette pépinière, dont le fils du fondateur hérite en 1860, échoit ensuite au mari de sa petite-fille, Eugène Pinguet. En un siècle et demi, l'entreprise, absorbée voici une dizaine d'années par Jardiland et transférée de l'historique rue des Bordiers vers la zone Tours-Aérogare, a acquis une réputation qui a largement dépassé les frontières du département. Bien des grands arbres qui ornent les parcs dans des belles propriétés de la région sont sortis de chez Pinguet.
Alors, lorsque Solange Pinguet, 81 ans, découvre voici quelques jours que le séquoia Wellington pleureur planté dans les années 1880 dans le jardin de l'ancienne pépinière, aujourd'hui propriété de la ville de Tours, est menacé par la construction d'un parking, l'octogénaire lance un cri de détresse auprès de l'association Aquavit. "Cet arbre a été planté par le grand-père Pinguet. Mais ce type d'arbre se vendait très mal car, tout petit, c'est un horrible manche à balais dont les branches tombent ! Les châteaux n'en voulaient pas, il est donc resté là…" raconte madame Pinguet, qui espère bien que le séquoia survivra aux pelleteuses.
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L'appel de la vieille dame n'est pas vain, car l'Aquavit* se mobilise, elle écrit à la préfecture, à la ville et à la communauté d'agglomération, elle lance une pétition :
PETITION
POUR LA SAUVEGARDE D'UN ARBRE REMARQUABLE
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Monsieur le Président de Tour(s) Plus, la construction d'un parking est prévue à l'emplacement d'un arbre remarquable, un séquoia wellington pleureur de 120 ans.
Nous ne voulons pas que cet arbre, véritable curiosité botanique, soit sacrifié, alors qu'il devrait au contraire être valorisé.
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"L'horrible manche à balais" (photo Hervé Buisson 2001)
Le 24 octobre 2001, un article de la NR* relate la conclusion heureuse de cette mobilisation :
Le vieux séquoia wellington est sans doute sauvé ! En juillet dernier (lire la NR du 19 juillet), l'Aquavit s'était émue de la possible disparition de cet arbre centenaire menacé par la création d'un parking relais, rue des Bordiers à Tours Nord.
Le président de Tour(s) Plus, Jean Germain, vient de faire un geste envers les amoureux de la nature : "Je vous confirme que le projet d'aménagement sur cet espace d'un parking relais prendra en compte les dispositions nécessaires à la sauvegarde de ce spécimen dénommé séquoia giganteum pendulum. Cet arbre a été inscrit dans le circuit des arbres remarquables et je suis favorable à l'étude de toute autre proposition de valorisation et d'animation autour de ce sujet…" écrit notamment le maire de Tours.
Hervé Buisson, le président d'Aquavit, est désormais "rassuré", le séquoia wellington ne subira pas les lames des tronçonneuses.
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Ce que ne dit pas l'article, c'est que d'autres arbres ont été abattus, notamment un magnolia à feuilles jaunes. Le terrain avait été jolie prairie associée à un abri de jardin surélevé de style art déco, fait en céramiques par le père (ou le grand père) Pinguet. Un château d'eau en ferraille, emblème de ce lieu horticole, surplombait le jardin... Ce cadre original aurait pu être préservé au moins partiellement pour faire un jardin et aurait bien mis en valeur les arbres de collection. Il y avait matière à un petit square, mini arboretum pédagogique, un lieu de rencontre ou de rendez-vous. Mais une bonne partie de la propriété familiale fut donc transformée en parking relais. Il n'y eut qu'un seul survivant, la méthode Germain*, avait donc tout de même été grandement appliquée…
Dix ans plus tard, la municipalité s'est trouvée flattée que ce séquoia pleureur, qu'elle avait voulu abattre, soit désigné par l'association nationale A.R.B.R.E.S. comme "arbre remarquable". L'Aquavit* ne fut pas invitée à la petite cérémonie dédiée à cette distinction (voir page 184). Il est vrai que quelqu'un aurait pu avoir le mauvais goût d'évoquer les spécimens voisins abattus…
2007, on reconnaît le séquoia au fond à gauche (Google Street)
2.15 Parc Mirabeau, agression contre les tilleuls
Au sud-est de Tours Centre, entre la Loire, l'autoroute et le boulevard Heurteloup, le quartier Blanqui-Mirabeau est marqué par son école primaire et son parc, tous deux de la fin du XIXème siècle. L'école et son "foyer" voisin sont des bâtiments porteurs du grand classicisme laïque de cette époque, le parc aussi, créé en 1889 sur l'ancien cimetière de Saint Jean des Coups, avec une superbe allée de marronniers (elle était l'allée centrale du cimetière), un kiosque à musique et des hauts arbres majestueux. A l'époque de Jean Royer, le parc s'est trouvé rétréci par la construction d'une école maternelle, même si quelques beaux arbres ont été conservés dans la cour de l'école. Il subit un second rétrécissement à l'époque de Jean Germain avec la mise en place d'un terrain de sport.
Parc Mirabeau 2011. Au fond l'école maternelle. Au centre entre les deux ginkgos [1] [2] en habit d'or, l'allée des marronniers. Au fond, on devine à droite le kiosque à musique, à gauche le terrain de sport
La ville de Tours a délivré un permis de construire pour qu'un bâtiment de l'école de musique frôle des arbres du parc Mirabeau.
A gauche photo de 2000 (H. Buisson), à droite photo de 2003.
Dessin d'Hervé Buisson (2000)
L'Association pour la Sauvegarde du Quartier Blanqui Mirabeau (l’ASQBM) est une association de quartier présidée par Hervé Buisson, qui fut aussi président de l'Aquavit*. Elle a mené avec succès une longue lutte pour sauver un bâtiment, "le foyer Mirabeau", qui était promis à la démolition. Avec moins de succès, elle a aussi vigoureusement défendu les arbres du square Mirabeau. C'est ce que montre le tract que voici, exposé sur le blog de Vélorution* Tours, à la date du 14 avril 2006.
PETITION
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Nous avons été victime dans le quartier d’une agression. Le Parc Mirabeau que nous adorons a été sévèrement brutalisé. La semaine du 6 mars, nous avons eu la surprise de constater l’abattage de sept gros tilleuls, dans ce parc pourtant emblématique du quartier Blanqui-Mirabeau. Nous constatons que ce site exceptionnel et charmant qui ne nécessitait qu’un simple entretien est bouleversé et transformé en terrain de sport standardisé. Pourtant :
- Le quartier a déjà témoigné son attachement à ses arbres anciens : Dans l’enquête de l’ASQBM de 1998, 358 / 361 personnes souhaitaient (il est peu probable qu’elles aient changé d’avis) la protection du parc Mirabeau et en particulier de « ses grands arbres ». Plus de 600 personnes ont signé en 1999 le manifeste pour la protection du square François Sicard.
- Ces beaux arbres sont des repères pour chacun d’entre nous, des symboles de vie. Le charme d’un parc vient surtout de ses arbres anciens. Quatre d’entre eux avaient un diamètre de 1 mètre 50 (suggérant, mais c’est approximatif, un âge de 180 ans. Le parc Mirabeau ayant été créé en 1891 sur l’emplacement d’un cimetière).
- La Mairie invoque le principe de précaution (risque de chute de branches malades en hauteur), qu’on aimerait bien voir en application dans d’autres domaines. Pourtant s’agissant des branches hautes, l’abattage complet était-il vraiment nécessaire ? Dans l’affirmative, cela ne risque-t-il pas d’imposer l’abattage de l’ensemble des vieux arbres de la ville de Tours ?
- Ces arbres cachaient la laideur des bâtiments de la faculté de musicologie.
- On remarque l’absence complète de concertation. Aucune réunion, aucun panneau informatif évident. A la lettre Internet du 8/3/6 de l’ASQBM, qui faisait remarquer à la Mairie ces abattages sans concertation, Mme S. Roux renvoie au Tours info de mars 2006 distribué la même semaine (celle du 6 mars 2006).
- La Mairie cherche à densifier et construire frénétiquement. Ne fallait-il pas garder de la place (par exemple le foyer Mirabeau et sa cour) pour les jeux plutôt que de la prendre à un endroit charmant qui ne nécessitait aucun travaux pour rester agréable (sauf supprimer l’indigente verrue-sanisette qui a été ajoutée récemment).
- Contrairement à ce qui est indiqué dans l’article de Tours info, il ne s’agit pas d’une « restauration », mais d’une transformation. L’étape suivante est-elle de supprimer les arbres laissés autour du terrain de sport mais qui vont s’avérer gênant ?…
N'attendez pas les tronçonneuses, signez la pétition :
- pour la protection et la sauvegarde de notre Parc Mirabeau et des autres parcs de Tours !…
- pour la sauvegarde de nos vieux arbres…
- pour que nos parcs ne soient pas dénaturés par des transformations qui ne correspondent pas à l’attente des habitants du quartiers.
- pour que les habitants soient concertés lorsqu’il ne s’agit plus de simples travaux d’entretien.
- pour que la Mairie renonce à de nouvelles séries d’abattages et revienne à la notion de « parc jardiné » où les remplacements d’arbres se font au fur et à mesure avec tact et douceur.
Pétition à l’initiative des riverains du parc Mirabeau et de l’ASQBM, Association pour la Sauvegarde du Quartier Blanqui Mirabeau
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Ce tract montre l'existence d'une riposte organisée et consistante des habitants, dans le prolongement de la lutte contre les abattages du square François Sicard (voir page 32). Certains des propos tenus (que j'ai mis en gras) faisaient preuves d'une étonnante clairvoyance, allant jusqu'à prédire l'avenir… Le présent livre n'est-il pas la continuation de cet appel à résister ?
L'abattage des tilleuls du parc Mirabeau a permis la mise en place d'un terrain de sport, et l'édification d'un bâtiment (du côté de l'école de musique) qui n'avait pas besoin d'être aussi proche du jardin. Il y avait aussi eu des abattages antérieurs, de l'époque Royer, du côté de l'école maternelle attenante.
Cette école et surtout le terrain de sport ont gravement altéré la tranquillité du parc. L'écureuil que les habitués avaient plaisir à apercevoir a disparu. Il reste la majesté de deux beaux ginkgo biloba et d'une magnifique allée de marronniers. Pourvu qu'ils ne soient pas décrétés malades !…
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