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Généalogies des familles
De Loménie
n° 39 à 68
et
Du Masfaure
n° 71 à 96
"Le Limousin littéraire" du n°39 du 19 décembre 1886 au n°96 du 22 janvier 1888.
Ces articles sont signés "C.", Charles de Loménie (Alexis Louis Charles de Loménie) (1857-1910),
fils de l'académicien Louis de Loménie (1815-1878),
aussi auteur en 1907 de l'article Martial de Loménie et les origines de Versailles.


  1. Le Limousin littéraire n° 39 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)

    Un manuscrit précieux, composé par le chanoine Guillaume de Loménie, en 1751, que possède M. Chaumanet de l'Age, commune de Saint-Martin-Château (Creuse), nous fait connaître les diverses branches de cette famille à laquelle se rattachent le cardinal de Loménie, archevêque de Toulouse, le ministre de la guerre de Louis XVI, guillotiné avec ses trois neveux en 1793 et l'illustre académicien de ce nom, décédé depuis quelques années.

    Nous ne savons si l'abbé Nadaud en a eu connaissance. Cette généalogie figure-t-elle dans les autres nobiliaires de France ? Nous l'ignorons.

    Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons résister au plaisir de citer quelques fragments du travail inédit du chanoine Guillaume de Loménie, qui, dans plusieurs passages, ne fait, du reste, que reproduire le livre de raison de l'année 1709 de son aïeul, François de Loménie, mort le 21 décembre 1710 au château du Monteil.

    Qu'était-ce que ce château du Monteil, commune de Saint-Martin-Château ?

    Les explorateurs de la maison Hachette en ont fait la description. Ses dessinateurs en ont fait des exquises[esquisses] ainsi que de la célèbre cascade des Jarraux, située non loin des anciennes murailles du château sur la Maulde, un des principaux affluents de la Vienne.

    De cette ancienne forteresse, il ne subsiste plus que la chapelle, convertie en grenier, les bâtiments de l'ancienne boulangerie et les doubles murailles, couronnées de pierres de taille et de moellons, qui enceignent le jardin auquel on accède par un magnifique portail en pierre, du commencement du XVIIè siècle (1620).

    Les quatre grosses tours ont disparu depuis 1793.

    Bâti sur un monticule, à droite de la Maulde, au pied de la colline sur le sommet de laquelle resplendit le bourg de Saint-Martin-Château, le château du Monteil, ancienne propriété de Léonard Joubert, sieur de Noblac, seigneur de Masfaure, reposait sur un vaste souterrain en forme de croix, creusé dans le roc et le tuf, dont l'entrée fermée par une pierre de taille, se voit encore à l'extrémité de la cave de la maison d'habitation de M. Pâquet.

    Ce souterrain se prolongeait pendant près de 300 mètres, jusque sous une tour ronde, servant de pigeonnier, qui dominait la rivière et l'écluse, ou cascade des Jarraux. Il aboutissait à une grotte célèbre, qui porte dans le pays le nom de grotte des Fées (Las Fadas). Découvert en 1828 par un pauvre laboureur qui vit en un instant son attelage disparaître dans les entrailles de la terre à cinq mètres de profondeur, ce vaste souterrain n'a pu être exploré dans toute son étendue à cause des éboulements nombreux qui se sont produits. Nous le signalons à l'attention des archéologues. Nous serions heureux de voir leurs recherches dirigées de ce côté de la Marche, sur cette ancienne enclave poitevine, encore inexplorée.

    Depuis quarante ans on a fait bien des fouilles, très coûteuses, au Puy de Jouër pour découvrir l'ancienne station romaine du nom de Prœtorium, qui se trouvait sur la route de Limoges à Clermont, au point de bifurcation de la voie du Midi, se dirigeant sur Argenton.

    Un érudit, M. Grellet-Dumazeau, ancien conseiller à la Cour d'appel de Limoges, fit paraître, en 1855, dans le Bulletin de la Société archéologique de la Creuse, une étude sur Prœtorium. D'après ce magistrat, Prœtorium devait se trouver au Châlard-Préclôture, commune de Peyrat-le-Château, près de Saint-Julien-le-Petit ou du Mont-Laron. La voie romaine, pour ainsi dire transversale, qui allait à Argenton, communiquait avec le Midi et devait permettre de ravitailler la forteresse de Peyrat, autrefois désignée sous le nom de Patriagum et la forteresse d'Uxellodunum (Uzerche). Le point de jonction des deux voies était bien choisi : d'un côté, la route de Clermont remontant à l'est sur Felletin et Crocq, et de l'autre côté, la route d'Argenton à Uxellodunum. Le Châlard et Peyrat, situés au pied des collines de la Marche, voyaient la vallée de la Maulde, large ouverte sur Limoges. Le site était propice pour l'établissement d'une station. Le château-fort de Laron ou de Richin, aujourd'hui détruit, mais qui a joué un grand rôle au moyen-âge, pendant la guerre de cent ans, ainsi que sa sénéchaussée royale, le château de Peyrat, Patriagi castra, détruit de fond en comble le 7 février 1184, par les Brabançons, commandés par Laubard et le jeune Raymond, comte de Toulouse, nous donnent une idée de l'importance de ces endroits, à proximité les uns des autres.

    Les riches prairies, situées sous le grand étang de Peyrat, couvrent un espace de près de cinquante hectares de ruines de maisons et de châteaux. Là se trouvait l'emplacement de la vieille ville de Peyrat, d'après les anciennes chartes ; là se trouvaient la fameuse rue des Bouchers et la fontaine des Bouchers, près de laquelle on avait dressé les fourches patibulaires. Pourquoi les archéologues ne dirigeraient-ils pas sur ce point le champ de leurs investigations ? — Il est vrai que l'intérêt des propriétaires s'oppose à une pareille entreprise. Les trésors enfouis par les Brabançons ne les tentent pas. L'herbe qui croit sur ces vastes ruines leur suffit.

    Plus de vingt souterrains, larges et spacieux, sillonnent Peyrat et ses faubourgs. Comme ceux du château du Monteil, ils n'ont pas été explorés. Les médailles romaines de Jules César, trouvées près de là, au lieu où l'on montre encore l'oppidum, tout nous fait présumer que ces immenses souterrains furent creusés pendant l'invasion gallo-romaine, pour servir de retraite aux habitants des environs qui y trouvaient un refuge assuré contre les envahisseurs. Des vases antiques, des briques à rebord et des sarcophages remplis d'ossements à demi calcinés ont été découverts à Peyrat et au Monteil.

    Les conclusions sont faciles à tirer pour les gens de l'art.

    Mais nous voilà bien loin du manuscrit du chanoine de Loménie. Nous y reviendrons dans notre prochain numéro.


  2. Le Limousin littéraire n° 40 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)

    Nous lisons aux archives nationales, déposées au Louvre, sur les familles du Masfaure et de Loménie, les lignes suivantes reproduites intégralement :


    Jean de Loménie, dont il est question aux archives nationales, se maria avec Marie du Masfaure, fille du baron Léonard du Masfaure, seigneur de Pont, de Saint-Martin-Château et de Saint-Pardoux-Lavaud, conseiller du roi, secrétaire de la reine régente, et d'Ysabeau de Sainte-Marie, le 4 septembre 1666.

    Ce contrat dont on a conservé la minute au Monteil est des plus curieux. Il énumère la fortune prodigieuse de Léonard Joubert du Masfaure, descendant des Joubert, sieur de Noblac. Aux termes de ce contrat de mariage, la baronnie de Saint-Martin-Château passa sur la tête de Jean de Loménie et de ses descendants.

    Le chanoine, Guillaume de Loménie, avant de nous parler de son grand-père, Jean de Loménie, époux de Marie du Masfaure, qui était, nous dit-il, receveur des tailles en l'élection de Bourganeuf, où il demeurait et fils aîné sur dix enfants d'autre Jean de Loménie, escuyer, conseiller du roy, lieutenant de la grande prévôté de Limoges et de Marie Pradillon, remonte immédiatement aux origines de sa famille et nous en fait connaître les diverses branches.


    Le titre de comte de Brienne passa sur la tête de leur cousin, Paul-Charles-Marie de Loménie, époux de mademoiselle d'Amauzy, qui fut ministre de la guerre sous Louis XVI, guillotiné avec sa fille, la comtesse de Canisy et les trois frères de Loménie d'Aubagne.

    Les de Loménie de Faye et les de Loménie de Brienne portaient les mêmes armes, nous venons de les décrire.

    Nos lecteurs n'ont pas oublié que Brienne-le-Château est un canton du département de l'Aube, célèbre par son ancienne école militaire, où fut élevé Napoléon Bonaparte et où il livra contre les alliés, le 29 janvier 1814, la bataille acharnée, qui ne fit que retarder sa ruine.

    Au prochain numéro l'origine de la maison Loménie de Brienne.


  3. Le Limousin littéraire n° 41 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)


    On a de lui un précieux recueil de pièces historiques, qui sont déposés à la Bibliothèque nationale sous le nom de fonds de Brienne.



  4. Le Limousin littéraire n° 42 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)



  5. Le Limousin littéraire n° 43 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)


    (*) Le procureur fiscal, procurator fisci, dans les justices seigneuriales remplissait le même office que le procureur du roi dans les justices ou sénéchaussées royales. Il était assisté d'un avocat fiscal et de plusieurs commis du contrôle, chargés d'entériner ou d'enregistrer les ventes, donations et autres actes de procédure et destiers.
    Par ses fonctions, le procureur fiscal n'était pas seulement chargé des intérêts fiscaux du seigneur, il devait encore veiller au maintien de l'ordre public dans l'étendue de la seigneurie ou baronnie. Jusqu'en 1790, les paroisses de Saint-Martin-Château, Saint-Pardoux-Lavaud, Saint-Junien-la-Bregère, Saint-Julien-le-Petit, Auriat, Saint-Pierre-Chérignac, Saint-Priest-Palus, Pontarion, Meyrignat étaient sous la mouvance de la ville et baronnie de Peyrat-le-Château. Nedde, Beaumont et la Villeneuve au-Comte en avaient été distraits au commencement du XVIIe siècle, lorsque cette terre, érigée en marquisat, passa entre les mains des comtes de Montalembert, anciens compagnons d'armes de François Ier, qui la gardèrent jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, avant de la vendre au sieur Garat, marchand et bourgeois de Limoges.


  6. Le Limousin littéraire n° 44 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)

    Voici cette copie dont l'original se trouve au Monteil dans les papiers de famille de M. Pâquet :


    Pierre du Masfaure, sieur de Saintraud, veuf en premières noces de Françoise de Vilestivaud, du bourg de Salagnat (Grand-Bourg), fille du sénéchal de Saint-Vaury, se maria, en secondes noces, avec Madelaine de Loménie, fille de Guillaume, qui avait conféré l'investiture des chapellenies de Faye et de Flavignat à l'abbé Etienne de Loménie, dont nous résumerons l'histoire au prochain numéro.


  7. Le Limousin littéraire n° 47 [lien Gallica incomplet, retrouvé ici])
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)

    Nous n'avons pas la prétention de faire ici un cours d'histoire de France. Pour compléter les notes manuscrites du chanoine de Loménie sur les diverses branches de sa famille, nous nous contenterons d'ajouter que Paul-Charles-Marie de Loménie, fils de Pierre de Loménie, cousin germain de l'abbé Étienne de Loménie, se voyant sans enfants mâles, avait adopté, en 1780, les trois fils, les trois descendants de Loménie d'Aubagne, près Marseille, savoir : 1° Alexandre-François de Loménie, colonel de cavalerie, en 1789 ; 2° Charles de Loménie, chevalier de Malte, officier de marine, et, 3° martial de Loménie, coadjuteur du cardinal de Loménie, à l'archevêché de Sens. Ils furent tous les trois guillotinés avec leur père adoptif, le même jour que madame Élisabeth de France, sœur de Louis XVI, et que le comte de Canisy, gendre de Paul-Charles-Marie de Loménie, ministre de la guerre.

    Paul-Charles-Marie de Loménie avait été nommé contrôleur général des finances, en 1787, à la place de Calonne, et bientôt après ministre de la guerre, grâce à l'appui de Marie-Antoinette. Dans sa querelle avec les Parlements, qui refusaient d'enregistrer les édits royaux sur les Assemblées provinciales, sur le timbre, la subvention territoriale, la suppression des corvées et la libre circulation des grains, il fit arrêter et exiler les conseillers d'Epreménil et Monsabret, qui s'opposaient à l'établissement d'une Cour plénière, plus libérale que le Parlement de Paris. Mais le ministre fut bientôt obligé par l'opinion publique, façonnée par les parlementaires, de rappeler ces conseillers.

    Le 15 juillet 1788, Paul-Charles-Marie de Loménie, en sa qualité de ministre, convoqua les États généraux, qui se réunirent le 1er mai 1789. Mais il avait été renversé auparavant, par une intrigue de Cour, le 25 août 1788, et remplacé par Necker.

    Arrêté comme suspect, à Paris, en 1793, il monta sur l'échafaud, ainsi que nous venons de le dire, avec son gendre, le comte de Canisy et ses trois fils adoptifs.

    L'abbé Étienne de Loménie, cousin germain du ministre de la guerre, après avoir reçu, au château du Monteil, en 1751, son investiture des chapellenies de Faye et de Flavignac, ne tarda pas être nommé évêque de Condom, archevêque de Toulouse, puis de Sens, membre de l'Académie française en 1771. Il prit une part active à la destruction de la célèbre abbaye de Grandmont, dont M. Louis Guibert a fait l'histoire, et prêta en cette occasion, à Monseigneur d'Argentré, évêque de Limoges, son appui, son influence et tout son crédit.

    En 1771, l'année de sa réception à l'Académie française, le cardinal Étienne de Loménie de Brienne avait fait nommer, abbesse des Allois, Marie-Louise de Villoutreys, religieuse de la Règle, à Limoges, descendante des Villoutreys de la Villatte, près Peyrat, alliés aux de Châteauneuf et aux du Masfaure. Il assista à son installation solennelle, aux Allois, avec Monseigneur d'Argentré, évêque de Limoges. L'abbé Legros, dans ses manuscrits inédits, qui se trouvent au Grand Séminaire de Limoges, ajoute que cette abbesse des Allois fut nommée abbesse de Salinques, monastère de l'ordre de Cîteaux, près de Toulouse, en 1781. — Retirée à Tulle pendant la Révolution, elle y mourut le 1er avril 1810.


  8. Le Limousin littéraire n° 49 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)

    C'est par erreur que nous avons attribué, dans notre précédent article, la convocation des Etats généraux à Paul-Charles de Loménie, ministre de la guerre. Ce fut l'archevêque Etienne-Charles de Loménie, premier ministre de Louis XVI, qui eut cet honneur et fit arrêter les conseillers d'Epresménil et Monsabert, en plein Parlement, et exiler le Parlement à Troyes. Il fut élevé au cardinalat, le jour de sa chûte du ministère, le 25 août 1783.

    Le cardinal de Loménie de Brienne, à l'Assemblée constituante, dont il était membre, appuya malheureusement la Constitution civile du clergé et fut le seul archevêque qui prêta serment à cette Constitution. Le pape Pie VI l'accusa d'hérésie. Il se démit immédiatement de ses fonctions. —En 1794, retiré à Sens, il fût arrêté, comme suspect, et incarcéré dans les prisons de Paris, où il trouva, à l'âge de 67 ans, le 16 février 1794, une mort moins glorieuse que son cousin, l'ancien ministre de la guerre de Louis XVI.

    Il mourut d'une attaque d'apoplexie foudroyante, d'après quelques auteurs.br>

    Lamartine, dans son histoire des Constituants,1er vol. p., 82, soutient qu'il se donna volontairement la mort, en prenant du poison.

    La famille de Loménie de Brienne est aujourd'hui éteinte.

    Nous devons ajouter, à la louange du cardinal de Loménie de Brienne, qu'il refusa l'archevêché de Toulouse que les électeurs de cette ville lui avaient de nouveau offert, après la promulgation de la constitution civile du clergé.

    La branche des de Loménie de la Bastide est également éteinte. Le chanoine de Loménie établit, aussi, très au long, dans son manuscrit, la généalogie de cette branche, qui s'est fondue en quenouille après la mort de Pierre de Loménie, époux de Barbe Reculet de Boismarin — La fille de ces derniers apporta, en dot, le domaine patrimonial de la Bastide, dans la famille Vergnaud, dont le dernier descendant demeure à Limoges, avenue du Crucifix.

    La famille de Loménie de Faye est représentée aujourd'hui par M. Charles de Loménie, ancien auditeur au Conseil d'Etat, demeurant à Paris, rue de Madame, 71, fils de Léonard de Loménie, ancien professeur au collège de France, membre de l'Académie française, Auteur des essais sur Montaigne, Beaumarchais et son temps, les Mirabeau, etc. — Galerie des Contemporains, etc.

    Un des ancêtres de cette famille, Michel de Loménie, était seigneur de Proximart, près Limoges, et lieutenant particulier du présidial de Limoges, en 1712.

    Cette branche désignée sous le nom de Puyrenon, dans le manuscrit du chanoine, Guillaume de Loménie, ancien curé de Saint-Aurélien et de Saint-Cessateur, a sa généalogie parfaitement établie, à partir de 922. — Me François de Labrouhe de Laborderie, avocat à Limoges, cousin germain de M. Charles de Loménie, descend par sa mère de la même branche des de Loménie de Puyrenon.

    Cette généalogie a été imprimée, je crois, dans un recueil spécial. Inutile d'insister davantage.

    Dans notre prochain numéro nous aborderons la branche aînée de la famille de Loménie de Saint- Martin-Château, alliée à la famille Joubert de Noblac et du Masfaure.


  9. Le Limousin littéraire n° 50 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)

    Le chanoine, Guillaume de Loménie, pour établir la généalogie de sa famille, nous dit qu'il s'est appuyé sur les livres et papiers laissés par Hugues de Loménie, chanoine de Saint-Etienne, décédé à Limoges en 1547, qui donna, le 12 février 1535, sa maison près de la Règle au chapitre de Saint-Etienne, sur les mémoires de François de Loménie, décédé en 1550 et sur les registres et livre de raison d'autre François de Loménie, conseiller au siège présidial de Limoges, décédé le 25 février 1592.

      « Maximilien de Loménie, fondateur de notre race, et Radegonde, son épouse, vivaient en 922. Ils eurent un fils, Gaultier de Loménie, qui, lui-même, laissa un enfant du même prénom que lui, Gaultier de Loménie. Celui-ci devint si pauvre que, ne pouvant se défendre contre les attaques de ses voisins, trop puissants, donna son petit fief de Loménie, situé dans la paroisse de Flavignac, en Limousin, à l'abbé de Solignac, dans le courant de l'année 1033.

      L'abbé de Solignac en fit quatre prévôtés, l'an 1040, l'une desquelles, située auprès du fief de Loménie, il fit appeler Faye, par ce qu'un nommé Hirlaud de Faye, n'ayant point d'enfants, s'était donné avec son bien au dit abbé, lequel fit une nouvelle baillette ou acense perpétuelle du dit fief de Loménie à un nommé Gaultier de Loménie, petit-fils de Maximilien de Loménie et de Radegonde sa femme, dont je viens de parler, et par ce moyen sont devenus roturiers.

      Gaultier, après avoir possédé le dit bien quelque temps, mourut au commencement des guerres de Guyenne, entre les Français et les Anglais, qui ne prirent fin qu'à la mort de Talbot.

      Ledit Gaultier de Loménie laissa pour héritiers ses trois fils : 1° Jean, qui suit ; 2° Thomas et 3° Guillen ou Guillaume de Loménie.

      Jean, l'aîné, vint à mourir, laissant un fils unique, nommé aussi Jean, dit Janot, premier du nom, qui eut douze enfants de son mariage avec Marie Guyot de la Bastide, parmi lesquels, l'aîné, appelé Gérald, forma la souche des Loménie de Château, Saint-Martin-Château.

      L'abbé de Solignac fit un bail de la tenue de Faye avec Guillaume : il fit aussi un bail avec Thomas du Treuil et de Raffarge, après les quels baux ils ne voulurent plus demeurer avec leur neveu Jean, dit Janot. — Ils firent entre eux trois le partage de leurs biens. Thomas se retira au Treuil et à Raffarge et garda le nom de Loménie. — Guillaume se retira à Faye et renonça au nom de Loménie pour se faire appeler de Faye, comme a fait toute sa postérité.

    1. Jean, dit Janot, fils du frère aîné, eut en partage : Loménie et Sirventie. C'est de lui que sont descendus en ligne directe les Loménie de Saint-Martin-Château, les Gaultier, Aymeric, et Martial de Loménie, comtes de Brienne, dont il a été question déjà. Nous ne parlerons plus de Thomas et de Guillaume, qui ne travaillèrent, pendant leur vie, qu'à ruiner le dit Janot, fils de leur frère.

      Or, ce Jean dit Janot de Loménie, épousa Marie Guyot de La Bastide et en eut douze enfants : 1° Gérald, qui suit, 2° Gaultier, qui forma le rameau des comtes de Brienne ; 3° Pierre ; 4° Perrin ; 5° Janot 2è ou Jean ; 6° Hugues dit Gauny ; 7° Jean ; 8° Bernard ; 9° Osanne ; 10° Mariotte ; 11° Guillaumette et 12° Jeanne.

      Pierre de Loménie fut secrétaire du cardinal d'Albret, son trésorier dans ses évêchés d'Evreux, de Cahors et de Boulogne. Il fut successivement chanoine d'Evreux et de Limoges, curé de Champagnat, archiprêtre de Lazars, curé de Chamboulive, curé de Donzenac, prévôt de Faye, scripteur de bulles et de la Pénitencerie, à Rome.

      Jean de Loménie, son frère, fut successivement chanoine de Cahors, chanoine de Limoges, curé de Saint-Martin-le-Vieux, de Chamboulive, de Saint-Michel L'Obéiou.

      Osanne, leur sœur, épousa en premières noces, Bernard, fils de Thomas Rougier de Flavignac et en secondes noces Jean Hébrard de Rilhac-Las-Tours.

      Mariotte, leur seconde sœur, épousa Jean Voysin de la Beneichie, paroisse de Coussac ; et Guillaumette, leur troisième sœur, épousa Hugues de Dumont-des-Masvergneys ; Jeanne, la quatrième, se maria avec Jean de Dumont des Masvergneys, paroisse de Séreilhac ;

    2. Gérald de Loménie, fils aîné dudit Janot et de Marie Guyot de la Bastide, épousa Jeanne de Las Petitas Brugiéras de Champagnac, paroisse d'Oradour-sur-Vayres, issue d'une maison noble du Poitou, de laquelle il eut sept enfants, parmi lesquels :
      1. Hugues de Loménie, l'un des grands vicaires de Cahors, curé de Saint-Michel L'Obéiou, archiprêtre de Lazars, curé de Donzenac en Limousin, prévôt de Faye, enfin, chanoine de la cathédrale de Limoges ;
      2. Jean de Loménie, dit Legros, qui suit ; 3° Osanne, qui épousa Jeau de la Grunarie, paroisse de Solignac ;
      3. Agnès, qui épousa Pierre Hébrard de Rilhac-Lastours ;
      4. Péronne, qui épousa Pierre de La Borde de Saint-Auvent ;
      5. Guillaumette, qui épousa Jean Baneil de Jarnac et 7° Pasquette, qui épousa Jean du Blos de Meilhac ;

    3. Jean de Loménie, dit Legros, second fils de Gérald, mourut à Lembodie, où il demeurait, paroisse de Flavignac, diocèse de Limoges, le 13 avril 1535, et fut enterré dans la chapelle de Notre-Dame-de-Pitié, à Flavignac. Son testament est du 11 juillet 1520, signé Jean Guyot de La Bastide, notaire royal à Limoges. Il avait épousé, en premières noces, Jeanne du Bost de Jumilhac et en secondes noces, Jeanne de [vide]. Il eut du premier lit :
      1. Hugues, qui fut curé de Nieul, près Limoges, chanoine, curé de Mérignat, mort de la peste, rédacteur de la première généalogie de la famille de Loménie, mort en 1547 ;
      2. Michel, religieux et économe de l'abbaye de Solignac ;
      3. Pierre, l'un des grands vicaires de Saint-Etienne de Limoges, curé de l'Eglise-au-Bois (Corrèze)  ;
      4. Martial ;
      5. Pierre, dit Charles ou Charlot, qui suit ;
      6. Marguerite, mariée avec Pierre de Sirieix du Blas-Meilhac
      7. Jean de Loménie, dit du Bost, mort le 27 avril 1557, époux de Jeanne Digioux de Boult-de-Boubon, fondateur de la souche, dite de Puyrenon, d'où descendent en ligne directe, à la sixième génération, Louis de Loménie, de l'Académie française, son fils, Charles, ancien auditeur au Conseil d'Etat et Louise de Loménie, épouse de François de Labrouhe de Laborderie [suite dans l'encadré bleu du n°51] ;

    4. Pierre de Loménie, dit Charlot, épousa Léonarde Démont, dont il eut deux fils : le premier, mort en bas âge, et le second, Pierre, qui suit ;

    5. Pierre de Loménie, second fils de Pierre, dit Charlot et de Léonarde Démont, épousa Paule ou Pauline Raymond. Ses enfants furent : 1° François, qui suit ; 2° Jacques, mort à Saint-Bazile (Bordeaux)  ; 3° Pierre, célibataire.

      Le livre journal de Hugues de Loménie, déjà cité, ne va pas plus loin. Mais il m'est facile de justifier les degrés suivants par les registres des paroisses que je vais indiquer. »


  10. Le Limousin littéraire n° 51 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)

    Le chanoine Guillaume de Loménie, avant de nous parler de ses ancêtres, en ligne directe, et de continuer la généalogie de François de Loménie, fils de Pierre et petit-fils de Charlot de Loménie, revient à la branche collatérale, dite de Puyrenon.

    1. François de Loménie, premier du nom, fils de Pierre et de Paule ou Pauline Raymond, fut baptisé à Saint-Pierre de la ville de Limoges. Il était né le 1er février 1572. Il eut pour parrain François de Loménie, conseiller au sénéchal de Limoges, grand-père de l'évêque de Marseille, et pour marraine Anne Benoist, mère de Paule Raymond. Il mourut le 3 janvier 1642, âgé de 72 ans, étant demeuré malade 35 ans. Il fut enterré dans nos tombeaux de l'église de Saint-Michel-des-Lions, près l'autel d'Abondance.

      «Ledit François de Loménie avait épousé, à Bordeaux, Françoise de Légier, sœur de messire de Légier, conseiller à la cour des Aydes de Bordeaux, d'une famille qui a donné des conseillers à la cour des Aydes, un père de l'oratoire, devenu célèbre par ses écrits, un abbé et une fille, demoiselle d'honneur à la cour.

      Françoise de Légier mourut à Bordeaux en 1614. Elle fut ensevelie dans l'église de Saint-Pierre à côté de la porte du chœur (*). »

    (*) Le capitaine Massé qui avait été tué en 1569 avec 500 hommes de l'armée royale, dans la défaite de la Roche-l'Abeille, fut enterré dans l'église de Saint-Pierre, à Limoges, près de l'hôtel et du beau vitrail de Notre-Dame la Joyeuse, œuvre de Pierre Pénicaud. C'est lui qui avait reçu à Limoges peu de temps auparavant, la reine Catherine de Médicis).

    1. «  Leur fils unique, Jean de Loménie, grand-père de madame Pierre de Faye, naquit à Bordeaux le 8 août 1608. Il fut baptisé à Saint-André, — conseiller du roi et son receveur des tailles en l'élection de Bourganeuf, — trésorier provincial particulier des ponts et chaussées et trésorier des régiments de la prévôté de Limoges. — Il avait deux maisons à Limoges, l'une, située rue Boucherie ; l'autre, rue du Consulat, un jardin près des Feuillants. Ses parents possédaient la belle maison de la rue Ferrerie, qui fut acquise par la famille Benoist et une autre dans la rue des Grandes-Pousses. Jean de Loménie était aussi seigneur de Latour près Eymoutiers, et paraissait riche, selon son inventaire faitv à Bourganeuf, le 15 décembre 1677, par Rounat, notaire royal à Peyrat. Son testament fait à Paris est au Monteil parmi nos papiers de famille. Il mourut à Paris. — Il avait épousé Marie de Pradillon, de la ville d'Eymoutiers, morte à Limoges le 30 novembre 1689, enterrée aux Carmes Déchaussés, de la même famille que le père Pradillon, général des Feuillants. Il en eut dix enfants, ainsi que l'indique le contrat de partage du 15 décembre 1677, passé par Rounat, notaire royal à Peyrat, lequel nous avons au Monteil, savoir :

      1. Pierre, mort à l'âge de 5 ans ;
      2. Pierre, mort jeune à Eymoutiers ;
      3. Jean de Loménie, second du nom, qui suit ;
      4. Pierre-François de Loménie, escuyer, l'un des 200 chevaux-légers de la garde du roi, auparavant mousquetaire, qui épousa une dame d'Oradour et mourut sans postérité ;
      5. Joseph de Loménie, bachelier en théologie, puis chanoine de Saint-Etienne à Limoges ;
      6. Madeleine de Loménie, mariée avec François Ruben, me chirurgien à Eymoutiers ;
      7. Marie de Loménie, mariée avec Jacques Polier, sieur du Monteil ;
      8. Anne de Loménie, mariée le 9 juin 1663, avec Joseph Foucaud, sieur d'Hautefaye, conseiller du roi, assesseur en l'élection de Bourganeuf :
      9. Barbe de Loménie, femme de Pierre Trompondon, sieur de La Vilatte, près Peyrat ;
      10. Autre Anne de Loménie, religieuse à Eymoutiers. »


  11. Le Limousin littéraire n° 54 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)



  12. Le Limousin littéraire n° 55 [lien Gallica incomplet, retrouvé ici]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)

    Il s'agit ici d'Henri Auguste de Loménie, épouse de Louise de Béon, dont nous avons parlé dans la généalogie des comtes de Brienne, sous le numéro 9 [au début du n°42].
    Après cette digression le chanoine Guillaume de Loménie nous ramène au huitième descendant de sa famille, à Jean de Loménie, second du nom.

    Nous en parlerons prochainement.


  13. Le Limousin littéraire n° 63 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)

    [Suite de l'énumération du n°51]
    1. « Jean de Loménie, second du nom, escuyer, conseiller du roi, lieutenant de la grande prévôté de Limoges, receveur des tailles à Bourganeuf, seigneur de Saint-Martin-Château et de Saint-Pardoux-Lavaud, en Poitou, mourut à Toutouloux, dans la maison donnée par contrat de mariage à son gendre, messire François Esmoings de la Grillière, le 21 décembre 1710, âgé d'environ 74 ans. — Il fut enterré dans l'église de Château (Saint-Martin-Château).

      Il avait épousé, par contrat de mariage du 4 septembre 1666, passé à Peyrat-le-Château, par Rounat et du Leyris, notaires royaux, Marie du Masfaure, morte le 28 du mois d'avril 1697, âgée de 54 ans, enterrée dans l'église de Château. — Elle lui apporta en mariage les paroisses de Saint-Martin-Château et de Saint-Pardoux-Lavaud, le fief de Bostgiraud, paroisse de Neuvic (Corrèze), et autres biens dont il dissipa une partie et tout celui qu'il avait reçu de ses ancêtres avec ses charges. 6 Elle était fille de Léonard du Masfaure, seigneur de Pont-Château, escuyer, conseiller du roi, secrétaire de la reine régente et d'Ysabeau de Sainte-Marie (Châteauneuf) issue d'une très bonne noblesse.

      Jean de Loménie, second du nom, eut de ladite Marie du Masfaure, selon le testament de cette dernière du 25 avril 1697, reçu par Limousin et Sallon, notaires royaux 
      1. Magdeleine, née le 2 juin 1670, morte le 4 janvier 1740, après avoir été mariée avec messire François Esmoingt, escuyer, seigneur de la Grillière. De ce mariage sont venus MM. de la Grillière et de Lavaublanche ; —
      2. Anne, non mariée, morte chez les religieuses Ursulines d'Eymoutiers, où elle s'était retirée ;
      3. François de Loménie, seigneur de Château, qui suit ;
      4. Pierre de Loménie, lieutenant des grenadiers du régiment de Blois, infanterie, lequel, selon le certificat du lieutenant colonel dudit régiment, fut tué d'un coup de feu au siège de Kativa, en Espagne, au mois de mai 1700. »

      Les souvenirs du chanoine de Loménie sont peu précis sur ce point, car le testament du lieutenant Pierre de Loménie, dont l'original est au château du Monteil, est daté du camp d'Orihuella, province de Kativa, du 15 avri 1707. Il est adressé au curé de Saint-Martin-Château, à qui il lègue 200 livres, pour faire dire des messes s'il venait à être tué : ce qui arriva ;
    2. François de Loménie, conseiller du roi, avocat au parlement de Paris, juge-sénéchal de Bourganeuf, seigneur de Saint-Martin-Château, connu sous le nom de M. de Château, pris le titre de baron à partir de 1700, après la mort de sa mère, Marie du Masfaure, arrivée au château de Lafaye, près les Condamines de Peyrat, ainsi qu'on le voit dans l'acte de mariage de Jean Chapellon avec Marie Chassagnaux, du 06 février 1701, où il figure comme témoin, ainsi que son frère, le lieutenant Pierre de Loménie.

      Il testa le 5 du mois d'août 1737 et mourut en son château du Monteil le 2 janvier 1740, âgé d'environ 67 ans, et fut enterré dans l'église de Château.

      Il avait épousé, par contrat de mariage, passé après-midi par Garat, notaire royal à Limoges, le 4 décembre 1709, Marie-Barbe Faulte, sœur de Guillaume Faulte de Marsac, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis et ancien chevau-léger de la garde du Roi, lequel n'eut une fille, mariée avec M. Maldent de Feytiat, trésorier de France à Limoges, descendant du sénéchal de Maldent, anglais d'origine, installé à Limoges sous les descendants d'Henri de Plantagenêt. — Ladite Marie-Barbe Faulte était fille de Pierre Faulte et de dame Barbe des Maisons du Palant, de la même famille que MM. des Maisons de Bonnefond et du Paland de Peyrat. (Le général de l'ordre des Carmes, Pierre des Maisons, né à Limoges sur la fin du XIIIe siècle, appartenait à cette famille.)

      De ce mariage provinrent sept enfants :
      1. Joseph François de Loménie, bachelier de Sorbonne, né le 16 novembre 1714, mort curé de Saint-Méard, le 8 juin 1749, fort regretté de ses paroissiens. Il avait demeuré à Paris, chez son cousin, le chevalier de Brienne, dit le marquis de Brienne ;
      2. Guillaume de Loménie, sieur de Sainte-Marie, qui suit ;
      3. autre Guillaume de Loménie, sieur de l'Age, auteur de la présente généalogie de 1751, chanoine régulier de Saint-Augustin, né le 1er mars 1722, nommé prieur-curé de Saint-Aurélien et de Saint-Cessateur au mois de janvier 1749 ;
      4. François-Martin de Loménie, sieur du Monteil, secrétaire de la reine, né le 1er août 1725, baptisé le 7 août et marié à Brioude, avec Francoise Allouis, en 1755 ;
      5. Madelaine de Loménie, demoiselle de Château, né le 23 juillet 1726 et mariée le 2 octobre 1748 avec François Tristan de L'Hermite, escuyer, seigneur de Trasrieux, descendant d'une branche des de L'Hermite établi en Touraine et qui acheta à cette époque, des héritiers du sieur Rougier de Lavaublanche, la terre de Trasrieux, qui avait appartenu, autrefois, au grand-prévôt de Louis XI (*).
      6. Anne de Loménie et 7° Marie-Anne de Loménie, morte en bas-âge 

    (*) On voit encore, sur la cheminée du vieux château de Trasrieux, ancienne propriété du fameux compère de Louis XI, détenue actuellement par un agent de la bande noire, les armoiries de Tristan L'Hermite, grand-prévôt. Le village de Trasrieux, dépendant autrefois de la paroisse de Peyrat, fait maintenant partie de la commune de Saint-Julien-le-Petit.

    1. Guillaume de Loménie, sieur de Sainte-Marie, escuyer, gentilhomme de la garde du roi, seigneur de Saint-Martin-Château, baptisé le 16 juin 1720, était né le 10 septembre de l'année précédente. Il avait épousé, le 6 du mois de juillet 1750, à Saint-Gérald de Limoges, par contrat du 5 du même mois, reçu Daurgat, notaire, demoiselle Marguerite Guyot de Chalonnes et de Chérat, fille de feu monsieur Alexis Guyot de Chalonnes et de Chérat et de dame Suzanne Dantais.

      De ce mariage est provenu Louis de Loménie, né le 11 mai 1751. C'est à Guillaume que l'abbé Étienne de Loménie, depuis cardinal, vint demander l'investiture des chappellenies de Faye et de Flavignac. »

    Ici fini la généalogie décrite par le chanoine Guillaume de Loménie, curé de Saint-Aurélien et de Saint-Cessateur. Nous la complèterons par les notes et les renseignements extraits des archives du Monteil.


  14. Le Limousin littéraire n° 64 [lien Gallica]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)

    1. Louis de Loménie, fils de Guillaume, se maria, en 1773, avec Victoire Bonnet de Saint-Priest, descendant en ligne directe du sieur Léonard Bonnet, escuyer, sieur de Trousse et de Pierre Lavigne, capitaine du guet dans la ville de Peyrat-le-Château, en 1495 (V. arch. de la Vienne, C2 101).

      Bataille de Pontarion

      Un des petits-fils de ce dernier, le capitaine Bonnet de Saint-Priest, fut tué dans le premier engagement, qui eut lieu à Pontarion, le 10 juin 1588, entre les troupes catholiques, commandées par Jean Robert du Dorat, La Roche-Aymon, de la Villeneuve et Mérigot, et les Huguenots du roi de Navarre, Henri IV, et du vicomte de Turenne, commandés par les capitaines Fourest-Vieille, tué devant Ahun, et Lamorie, maître de camp du duc de Bouillon, vicomte de Turenne, qui avait pris d'assaut, trois ans auparavant, la ville de Tulle, le 6 septembre 1785.

      M. Cyprien Pérathon, dans son histoire d'Aubusson, qui vient de paraître chez Mme Ducourtieux, nous dit que les Huguenots perdirent 140 hommes devant Ahun et plus de 300 à Pontarion. Les catholiques, redoutant le courage et l'habileté des Huguenots, les avaient cernés de toutes parts, près de Pontarion. Ceux-ci, pressés par la famine et décimés par les charges réitérées de leurs ennemis, se rendirent à discrétion, après quatre jours de lutte, le 14 juin 1588, laissant sur le terrain plus de 300 des leurs. De 700 qu'ils étaient, au commencement de la campagne, 200 à peine purent échapper, après avoir fait, dit le chroniqueur, moult protestations et serments de n'entrer et porter les armes au pays de Marche, promesse qu'ils ne tinrent pas, car nous voyons le calviniste Gaspard Foucaud de Saint-Germain Beaupré venir se faire tuer d'un coup d'arquebuse en 1591, devant l'abbaye d'Ahun, défendue avec vigueur par Mathurin de Saint-Julien.

      Le duc de Nemours, chef des Ligueurs, qui commandait alors en Auvergne, tenait dans la Creuse plusieurs villes et bourgs, notamment Jarnages, Ahun, Meyrignat, Le Compeix et La Borne. Ses troupes, battues dans le bourg de Pionnat, par le fils de Saint-Germain Beaupré, ne parvinrent à se rallier qu'au bourg de Lupersac, non loin de Vallières et de Peyrat.

      Après cette investigation dans le domaine de notre histoire locale, revenons au château du Monteil. Nous y trouverons Guillaume et son fils, Louis de Loménie, écrasés de charges, de nombreuse famille. Le 23 octobre 1776, suivant acte passé par Pierre du Masfaure, ils vendirent tous leurs droits seigneuriaux sur la paroisse de Saint-Pardoux-Lavaud à Geneviève Romanet de Beaune, veuve de Pierre Esmoingt et à François Esmoingt, prieur de Sainte-Croix de Josselin, seigneur de la Grillière (*).

      (*) Le frère et neveu de ces derniers, Paul Esmoingt, âgé de 57 ans, curé d'Eymoutiers, en 1793, fut guillotiné à Limoges, sur la place de la fraternité (place d'Aisne), le 24 brumaire an 2, avec six autres prêtres fidèles, originaires de Peyrat et d'Eymoutiers :
      1. Jean-Joseph Raymond, ancien vicaire de Bonnat, âgé de 37 ans ;
      2. Jean Raymond, curé de Bussy-Varache, âgé de 60 ans ;
      3. Pierre-Psalmet Cramouzaud, curé de Beaumont, âgé de 62 ans ;
      4. Jean Tiquet, vicaire de Châteauneuf-la- Forêt, âgé de 35 ans ;
      5. Jean Gaston, curé de Sainte-Anne-Saint-Priest, âgé de 43 ans ;
      6. Melchior Pérol, vicaire de N.-D. d'Eymoutiers, âgé de 42 ans.

      Nous omettons ici les noms des quinze prêtres du canton d'Eymoutiers et des environs, qui périrent dans les noyades de Nantes ou sur les côtes de l'Ile de Ré.

      Louis de Loménie dut pourvoir à l'établissement de ses cinq sœurs, qui épousèrent, à savoir :

      1. Barbe de Loménie, Jean Baptiste de David de la Vilatte (château de M. de la Villoutreys). Ils eurent deux filles, Catherine de David, qui se maria avec Joseph de Châteauneuf, et Marie-Elisabeth-Françoise de David, épouse de Louis Duleyris, sieur de Peyramont, chevalier de Saint-Louis ;
      2. Véronique de Loménie, épousa Pierre Tissier, aïeul de MM. Combaudon, notaire à La Noaille, Chaumanet, médecin à Peyrat, et Landon, de Faux-la-Montagne ;
      3. Barbe-Elisabeth-Geneviève, mariée avec Toussaint Thézillat, d'où descendent le docteur Thézillat, ancien directeur de l'asile des aliénés, à Limoges, et son fils, ancien préfet de la Lozère, propriétaire des ruines de Châlucet ;
      4. Geneviève de Loménie, épouse de Joseph Jagot Lacoussière ;
      5. Madelaine de Loménie (Catherine-Geneviève), mariée en 1784 avec Pierre du Masfaure, veuf de Françoise de Vilestivaud, ancêtre maternel de M. Pâquet du Monteil. Il fit, le 29 avril 1782, l'inventaire et le partage des biens de Guillaume de Loménie, enseveli dans le chœur de l'église de Saint-Martin-Château, le 1er mai 1782.


  15. Le Limousin littéraire n° 68 [lien Gallica incomplet]
    Le château du Monteil et la famille de Loménie (branche aînée)

    1. Hercule de Loménie, dernier baron de Saint-Martin-Château, fils de Louis et de Victoire Bonnet de Saint-Priest, naquit au château du Monteil le 16 juillet 1775. Son père était mort en 1780, deux ans avant son grand-père, Guillaume de Loménie, laissant deux filles avec son fils, Hercule : l'une, Henriette-Marguerite de Loménie, mariée à Peyrat-le-Château, le 27 ventôse, an XIII, avec Antoine Chamboux, notaire à Peyrelevade, et l'autre, Marie Louise Delphine Deloménie, née en 1779, qui se maria également à Peyrat-le-Château, le 20 pluviôse, an XI, avec Jean Charles Jabouille, dit la Jambe de bois, huissier à La Courtine, d'où descend l'ancien préfet du Doubs, mort au commencement de 1887.

      L'inventaire du 29 avril 1782, dont la minute se trouve dans les archives de M. Paquet, nous révèle l'état du mobilier assez modeste, qui se trouvait au château du Monteil. — À côté de l'épée du baron, de ses habits, montre en or, cachet en argent portant ses armoiries, — figurent huit couverts d'argent, une modique somme de 300 livres, trouvée dans une bourse en soie, plus un cheptel de bestiaux, garnissant les douze domaines, estimé trois mille quinze livres seize sols et un denier. À cette époque, cette famille se trouvait bien déchue de son ancienne splendeur. Il ne lui restait plus que douze domaines, situés dans la paroisse de Saint-Martin-le-Château. Elle avait perdu ses droits sur les paroisses de Saint-Pardoux-Lavaud, Saint-Junien-la-Bregère, ainsi que sur le fief du Bost giraud, paroisse de Neuvic (Corrèze), et sur le village de La Coste, paroisse de Voutezac, où l'on se rendait tous les ans pour faire la vinade ou provision de vins. Depuis 1570, les 77 villages que possédait le chevalier, Léonard du Masfaure, secrétaire de la reine régente (nomination en 1657), s'étaient fondus ou plutôt avaient disparu, en grande partie, dans la maison de son gendre, Jean de Loménie et de ses enfants. L'humeur batailleuse et processive des seigneurs de Saint-Martin-Château, ou du Monteil, fut une des causes de leur ruine.

      François de Loménie [l'arrière grand-père de Hercule], époux de Marie Barbe Faulte de Marsat, avait un caractère ombrageux et difficile. — Il contesta d'abord à son cousin germain, Léonard du Masfaure, seigneur de Neuviale, le droit de pêche et de chasse. Débouté de sa demande par arrêt de la sénéchaussée de Montmorillon, devant la preuve faite par son adversaire de son fief de Pont, sur lequel il exerçait le droit de directe seigneuriale, il se tourna contre ses voisins. C'est ainsi, que, le 21 avril 1714, il obtint un arrêt de la sénéchaussée de Montmorillon, qui condamnait le sieur Chabrol, curé de Château, et son vicaire, le père Pamphile, à lui rendre les droits honorifiques et seigneuriaux, leur interdisant de chasser et de pêcher, et de s'intituler, le dit curé, prieur de Saint-Martin.

      Le 3 mars 1733, il fit assigner messire Pierre Dumas, curé, successeur du sieur Chabrol, pour faire replacer son banc dans le chœur, faire enlever la chaire et le confessionnal qui le masquaient, lui faire rendre, ainsi qu'à sa famille, les honneurs seigneuriaux qui leur étaient dus, et à faire remettre la statue de Notre-Dame-de-Pitié dans la chapelle de ce nom, construite pour sa famille et la famille du Masfaure, dans le cimetière.

      Le curé répondait qu'il n'avait pas dérangé le banc du seigneur, et n'avait fait qu'avancer la balustrade pour faciliter les communiants, et que, s'il n'encensait plus messire de Loménie, c'est que lui et sa famille n'avaient pas une tenue décente et convenable, depuis les premières difficultés qu'ils avaient eues avec son prédécesseur Chabrol ; que Mme de Loménie avait acheté une robe de soie pour en faire don à la statue de Notre-Dame-de-Pitié, mais que son mari avait employé cette robe à un usage profane.

      Le 4 août 1734, nouvelle décision de la sénéchaussée de Montmorillon, qui donna gain de cause à François de Loménie sur tous les chefs de sa demande, ordonna, en outre, la restitution de l'image en bosse de la Vierge, qu'on voit encore dans l'église de Saint-Martin-Château, et statua qu'à l'avenir les membres de la famille du Masfaure auraient seuls droit de se faire inhumer dans la chapelle de Notre-Dame-de-Pitié.

      À partir de cette époque, sa réconciliation avec Léonard du Masfaure, sieur de Présinat, son cousin germain, dut être complète. Cette mésintelligence était bien antérieure à 1729, puisqu'on voit dans une de ses lettres, écrites au sieur de Présinat, le 18 juillet 1729, cette phrase laconique : « J'ai l'honneur d'être votre parent, et il n'a pas tenu à moi que nous n'ayons vécu comme tel. »

      Le bel hôtel de la Sainte-Vierge et la statue en bosse de Notre-Dame-de-Pitié, œuvre d'art fort remarquable, qui faisaient le principal ornement de la chapelle du château du Monteil, aujourd'hui convertie en fruitiers, furent donnés à l'église paroissiale de Saint-Martin-Château, en 1803, après la restauration du culte catholique, par les descendants de la famille de Loménie et du Masfaure.

      Hercule de Loménie fut convoqué à l'assemblée de la noblesse de la sénéchaussée de Riom avec les gentilshommes de la Haute-Marche, qui avaient fait partie de l'assemblée des Trois Ordres, tenue à Guéret le 16 mars 1789 (V. arch. nat. B. III, 68, p. 32, 50 et 62). Joseph Guillaume Desmaisons du Palland, baron de Peyrat, seigneur haut justicier de Lussal, Rochefort, Grandmont, du Cloup et de Charrières n'assista pas à cette réunion, ni à celle tenue à Montmorillon. Confiné dans son château de Villechenille, ancienne propriété des sieurs du Masfaure et de Lafaye de la Porte, il laissa passer la tourmente révolutionnaire, non sans en éprouver les secousses et les violentes commotions.

      Hercule de Loménie émigra en 1793, à l'âge de 18 ans et prit du service dans l'armée des alliés. Plus tard il se retira en Angleterre, s'y maria ; mais rentré en France, il ne voulu reconnaître, dit-on, ni sa femme, ni ses enfants. Il se fixa au château de l'Age, avec sa mère, Victoire Bonnet de Saint-Priest jusqu'en 1810. À cette époque, il se retira au château de la Joffrenie, commune de Bussière-Galant, où il mourut en 1828. Il avait été lieutenant-colonel de cavalerie et décoré de l'ordre de Saint-Louis et de la Légion d'honneur.

      Le château du Monteil, avec ses vieilles tours carrées du moyen-âge, fut vendu comme bien d'émigré, et par suite de diverses mutations, il fit retour à la famille du Masfaure, alliée aux de Loménie de Château, représentée aujourd'hui par un de ses descendants en ligne directe, M. Pâquet du Monteil.

      Hercule de Loménie avait été parrain, dans l'église de Peyrat-le-Château, le 30 mars 1783, à l'âge de 8 ans, de Anne-Luce-Hélène Redondaud, fille de Jean et de Marie Fantoulier, laquelle se maria, à Limoges le 14 avril 1808, avec Jacques Fizot de Lavergne, né à Saint-Laurent-sur-Gorre, le 28 mai 1728, père de Jean-Baptiste Fizot Lavergne, avoué près la cour d'appel, prédécesseur de Me Merlin Lemas.

      La famille Redondaud de Peyrat, aujourd'hui éteinte, comptait parmi ses ancêtres un abbé mitré de Grandmont, élu en 1388. Il fut ambassadeur du roi de France en Angleterre, et fit donation, en 1427, à la collégiale de Thiers, d'une relique de Saint-Étienne de Muret (v. M. Guibert sur l'abbaye de Grandmont, p. 18 et 89).

      Pêche de la cascade des Jarraux

      Avant de nous séparer pour longtemps du dernier seigneur, baron de Saint-Martin-Château, Hercule de Loménie, nous allons reproduire, pour être agréable à nos lecteurs, une partie de pêche, organisée dans la cascade des Jarraux, en l'an XIII, à l'occasion du mariage de sa sœur, Henriette-Marguerite de Loménie avec Antoine Chamboux de Sazeyrat.

      Toute la famille était réunie avec ses nombreuses amis, à l'exception de Charles du Masfaure. On se met à l'œuvre de grand matin par une belle journée de septembre. Les eaux de la rivière étaient très basses à la suite d'une longue sécheresse. Il s'agissait de détourner le cours de la Maulde et de tarir et de mettre à sec le grand réservoir où tombent les eaux de cette rivière, qui coule sur un lit de rocher d'une hauteur de plus de dix mètres. La besogne était difficile, parce qu'en cet endroit la rivière se trouve grossie des eaux du ruisseau de Tourtouloux. Mais rien n'arrête les conviés à cette fête de famille. Tous les ouvriers des villages voisins sont requis et prêtent gracieusement leur concours.

      On détourna d'abord, en amont, la rivière, au moyen de barrages de mottes, et on la rejeta dans les deux grandes rigoles, qui servent à droite et à gauche, à l'irrigation des prairies. Ce travail terminé, la foule des convives entreprit de vider le bassin ou réservoir de la cascade avec des seaux et divers autres récipients.

      Cette opération mit à découvert plusieurs espèces de puits ignorés, creusés dans le rocher, où on enfonçait de longues perches sans pouvoir trouver le fond. Le poisson apparaissait à la surface en masse compacte et serrée. Plusieurs coups d'épervier en avaient déjà ramené un nombre prodigieux.

      Des corbeilles de paille se trouvaient toutes prêtes pour recevoir cette précieuse capture.

      Mais, hélas ! il n'y a pas de bonheur parfait, un événement imprévu se produit. Un des ouvriers, le sieur Leblanc du village de Langladure, entendant le ronflement de l'eau, au-dessus de sa tête, monte dans les échelles pour en découvrir la cause. L'eau avait rompu les légers barrages qu'on lui avait opposés, et se précipitait en tourbillon et avec violence dans son lit de rocher. — Au cri de détresse proféré, tous les amis d'Hercule de Loménie prirent la fuite. Ce fut un sauve-qui-peut général. On se bouscule, on se précipite. Les filets, les échelles, les paniers, le poisson, tout est abandonné et va disparaître, à l'instant, dans une avalanche, une trombe d'eau extraordinaire, qui emporte tout au milieu de ses flots écumeux, même les saumons, les truites et les ombres chevaliers, qui retrouvent enfin leur liberté.

      La déception plus grande et la déroute complète.

      Quelle est la cause de cet incident imprévu, se demandait-on ? — Le nom de Charles du Masfaure, parent d'Hercule de Loménie, qu'on avait oublié, se trouvait dans toutes les bouches. — Celui-ci, sans se préoccuper de ses parents et voisins, qui le négligeaient, mais sans malice et calcul de sa part, se mit aussi en mesure de pêcher dans ses propriétés. Il rassembla à la hâte ses domestiques et ses métayers de Pont, établit lui-même un barrage supérieur, à l'angle de son pacage de la Planche du Pont. Les eaux de la Maulde prirent alors une autre direction. Il en profita pour tarir le bassin ou gour de Pont. Sa pêche fut merveilleuse et ses gens furent ébahis de voir une si grande quantité de poisson. Cette opération achevée, il coupèrent leur digue ou chaussée de mottes. Alors toutes les eaux, qui s'étaient accumulées dans la plaine de Pont, s'échappèrent avec furie et se précipitèrent comme un torrent sur le premier barrage de Messieurs de Loménie. Il fut emporté en un clin d'œil. Le second barrage ne put résister et fut enlevé à son tour. Le bruit des eaux signala le péril est la catastrophe fut évitée.

      Hercule de Loménie, dit-on, n'eut qu'un regret, celui de n'avoir pu trouver le fond des puits ou gouffres, creusés au pied de la cascade des Jarraux.

      Nous osons espérer que ce récit suscitera de nouveaux explorateurs, qui, plus heureux que les premiers, retireront de leur pêche des tombereaux de poissons de toute sorte.

      Ce plaisir vaudra bien celui de courir le loup ou le sanglier à travers monts, forêts et vallées.



  16. Le Limousin littéraire n° 71 [lien Gallica]
    Famille Joubert de Noblac du Masfaure

    Nous ne pouvons faire nos adieux au château du Monteil sans donner une courte notice sur la famille Joubert de Noblac du Masfaure, une des plus anciennes de la petite ville de Peyrat-le-Château, et qui a joué, au moyen âge, le plus grand rôle, dans l'enclave poitevine de Bourganeuf et Peyrat.

    Les anciens titres et parchemins en latin de cette famille, qui figurent dans l'inventaire des biens de Louis du Masfaure, à la cote MM et NN, dressé le 5 février 1670, par Léonard de Lafont de Las Valadas, juge sénéchal de Peyrat, se sont égarés. Nous n'avons pu également retrouver la vente des biens de Château-Vieux, dont l'original presque illisible se trouvait chez les héritiers du Masfaure et de Loménie de Saint-Martin-Château, ainsi qu'il est dit au n° 15, § 4, de l'inventaire authentique des titres de la baronnie de Peyrat-le-Château, reçu le 7 nivôse an 2 de la République une et indivisible, par Emmanuel Jean Coutisson, juge de paix du canton de Peyrat-la-Montagne.

    Mais nos recherches archéologiques sur la prise de Peyrat par les Brabançons et les Vascons, commandés par Laubard et le jeune Raymond, comte de Toulouse, le 7 février 1184, d'après l'Art de vérifier les dates, nous permettent de signaler le nom de l'un des six otages, Géraldus de Montellio, Géraud du Monteil, qui furent enfermés, chargés de chaînes, dans une caverne profonde du château de Peyrat. Le bienheureux Saint-Étienne de Muret, premier pasteur de l'Ordre de Grandmont, qu'ils avaient invoqué toute la nuit, leur apparut le matin, les délivra de leurs chaînes, et les fit traverser les camps de leur nombreux ennemis, sans que personne n'osât leur nuire. Videntibus cunctis et nemo alicui corum nocere potuit, écrit Gérard Yithier, huitième prieur de Grandmont, contemporain des événements. (V. Patrologie, t. 204, col. 1036.)

    Le manuscrit inédit, sur le procès des Templiers, conservé dans le Trésor de Notre-Dame de Paris et publié, en 1851, en 2 volumes, par les soins du Ministre de l'Instruction publique, pour servir à l'histoire de France de Michelet, nous fait connaître les noms de 52 Limousins qui comparurent en 1309, devant la Commission d'enquête, dont faisait partie l'évêque de Limoges, Raynaud de la Porte. Les interrogatoires que subirent Jean de Malemort, Bertrand de Villars, Étienne de Las Gorsolas, d'Eymoutiers, Pierre de Noblac et Boson Gæta, ces deux derniers de Peyrat, ne nous révèlent aucun fait grave, ainsi qu'on peut le voir dans le tome 1er, p. 98, 601, 604, 614 et t. 2, p. 198 et 214. Pierre de Noblac du Masfaure, fut absous par l'évêque de Saintes. Il raconte, dans son interrogatoire du 7 mai 1309, comment il avait été reçu dans l'Ordre du Temple, en présence de Pierre du Bost, de Vienne, et Pierre de Châtillon, de Bordeaux. Il était resté six ans au-delà des mers (en Terre Sainte), attaché au service du Frère G. de Sauzets, et du Frère Guillaume de Bello Joco, magistrat de l'Ordre. Ils ne purent rentrer en France que par les soins d'un soldat et de plusieurs sarrazins avec lesquels ils s'étaient liés d'amitié durant leur captivité.

    Suivant le précepte de Saint-Bernard, le fondateur des statuts de l'Ordre, ils avaient constamment les reins ceints de cordes qu'ils prenaient où il voulaient.

    L'inventaire des titres de la baronnie de Peyrat, dont nous venons de parler, nous montre les seigneurs du Monteil faisant plusieurs acenses de la terre de Peyrat. C'est d'abord Jean Joubert, sieur the Noblac, qui prit le nom de du Masfaure à la suite de l'acquisition du village de ce nom. Il fit, en 1418, l'année même de l'assassinat du comte d'Armagnac, l'acence ou le dénombrement de tous les fiefs dépendant de Peyrat, placé alors sous la suzeraineté de Louis II de Pierre-Buffière, époux de Marie de Rochechouart.

    Un des descendants de Jean Joubert, Pierre Joubert de Noblac du Masfaure, fit un nouveau dénombrement de la terre de Peyrat, en 1554, sous Henri II, à l'époque où les Calvinistes, protégés par le duc de Bouillon, vicomte de Turenne, tenaient leurs assemblées secrètes dans les montagnes de la Corrèze, sous le nom d'Ecoles Buissonnières ou Assemblées du Désert.

    Ce n'est qu'à partir de cette époque tourmentée que nous trouvons dans les archives du château du Monteil les divers contrats de mariage des membres de la famille du Masfaure et sa généalogie complète.

    Nous allons en donner une analyse très succincte.


  17. Le Limousin littéraire n° 74 [lien Gallica]
    Famille Joubert de Noblac du Masfaure

    Pierre Joubert de Noblac du Masfaure, sénéchal de Peyrat-le-Château, en 1554, eut quatre enfants :
    1. Léonard, l'aîné, dont la descendance nous intéresse, parce qu'il a fait souche ;
    2. Martial, seigneur de Neuviale ;
    3. Jehan, dit Lafourest ;
    4. Marie.

    Nous n'avons pu trouver dans les archives du château du Monteil l'acte de baptême du fils aîné, Léonard Joubert du Masfaure. Mais il résulte de son contrat de mariage, du 8 novembre 1570, avec Léonarde du Chassagnoux qu'il était né au moment où son père, Pierre Joubert, sieur de Noblac, fut chargé de faire le dénombrement de la terre de Peyrat, en 1554.

      [Premier mariage de Léonard]
    1. De son premier mariage avec Léonarde du Chassagnoux, Léonard Joubert du Masfaure eut trois enfants :
      1. Martial, l'aîné, né en 1573, qui suit ;
      2. Catherine et
      3. Gabrielle, qui cédèrent leurs droits à leur frère, Martial.

      De son deuxième mariage, célébré le 9 juillet 1589, avec Jeanne d'Arfeuille, l'auteur commun eut cinq enfants dont nous allons bientôt nous occuper. [suite aux n°78 et 81]

    2. Martial, fils aîné, conseilleur élu (esleu) au bailliage de Bourganeuf, en 1598, se maria le 14 janvier 1605 avec Jeanne Chaussade de Linards, et habita le lieu-noble du Monteil-Château, avec son père, ses frères et sœurs.

      Après le partage de famille, il conserva la terre et château du Monteil. On lui doit la construction à plein cintre de la porte monumentale du jardin, qui existe encore et porte la date de 1620. On lui attribue également la construction de la grosse tour carrée, aujourd'hui démolie, et la plantation du grand tilleul, le seul qui subsiste et qu'on voit encore devant le grand portail de la maison. Une ordonnance d'Henri IV, contresignée Sully, ne permettait de planter les tilleuls que devant les églises et les châteaux-nobles.

      Martial Joubert du Masfaure mourut en 1643, à l'âge de 70 ans, et fut inhumé à Saint-Martin-Château, dans la chapelle de Notre-Dame-de-Pitié, réservée à la seule famille du Masfaure.

      Il laissa quatre enfants :
      1. Léonard Joubert du Masfaure, qui suit ;
      2. Marguerite, mariée avec Claude Esmoingt, seigneur du Chalard, père de Léonard Esmoingt, seigneur de Lafaye, paroisse de Peyrat ;
      3. Marie, épouse de François Chapellon, seigneur de Longechaud, et
      4. Léonard, conseiller élu, appelé seigneur de l'Age, mort célibataire.

    3. Léonard du Masfaure, escuyer, avocat en parlement, conseiller élu, seigneur de Pont et du Masfaure, sénéchal de Peyrat-le-Château, en 1640, acheta, le 29 janvier 1647, suivant contrat à cette date, reçu par Me Chappellon, notaire de l'illustre famille de Pierre-Buffière, tous les droits seigneuriaux, féodaux, cens, rentes nobles et droits honorifiques que damoiselle Marthe de Pierre-Buffière, épouse de Jean de Favas, escuyer, seigneur, vicomte de Castez et Ladoz, près Bordeaux, possédait sur les paroisses de Saint-Martin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud. Depuis cette époque il porta le titre de baron, seigneur de Saint-Martin-Château et de Saint-Pardoux-Lavaud. Il fut revêtu de la charge de secrétaire de la Reyne régente en 1657 et céda celle de conseiller élu à son frère cadet, Léonard du Masfaure, sieur de l'Age. Il habitait les châteaux-nobles du Monteil, de Lafaye, près Les Condamines de Peyrat, de Beaulieu et du Breilh.

      Nous avons déjà signalé, en commençant la généalogie de la famille de Loménie, les registres 433, 434, 435 et 436, déposés aux archives nationales, où se trouvent mentionnés les titres de noblesse des familles de Masfaure ou du Masfaure et de Loménie, parmi les noms féodaux de ceux qui ont tenu fief, en France, depuis le XIIe siècle jusqu'au milieu du XVIIIe ; nous n'y reviendrons pas.

      Le baron, Léonard Joubert du Masfaure, avait épousé Ysabeau de Sainte-Marie, et se trouva, de cette manière, allié à la noble famille de Châteauneuf, dont une branche demeurait à cette époque dans la paroisse de Sainte-Marie-la-Claire, aujourd'hui Châteauneuf-la-Forêt, ainsi qu'à la famille de Miomandre, originaire de la Haute-Marche (*).

    (*) La famille Esmoingt du Bosgiraud, paroisse de Sainte-Marie-la-Panouze (Corrèze), portait également le nom de Sainte-Marie. Le nobiliaire de Nadau en fait foi. Le partage de famille du 7 juillet 1709, en attribuant à Ysabeau de Sainte-Marie la maison-noble de Bostgiraud enlève tout équivoque sur la famille de Sainte-Marie (Esmoingt).
    Sous Louis XIV, la famille de Myomandre formait deux branches. La branche aînée habitait le château de Laubard, paroisse d'Alleyrat, près Aubusson. En 1643, elle se fixa à Châteauneuf et prit le nom de la paroisse, Sainte-Marie-la-Claire. La branche cadette habitait Felletin et possédait la seigneurie de la Roche, puis celle de Saint-Pardoux.


  18. Le Limousin littéraire n° 78 [lien Gallica]
    Famille Joubert de Noblac du Masfaure

    François Annet de Miomandre de Sainte-Marie, garde du Roy, compagnie du Luxembourg, qui défendit si courageusement la reine Marie-Antoinette au péril de sa vie, dans la nuit de 5 au 6 octobre 1789, au château de Versailles, appartenait à la branche aînée, établie à Châteauneuf-la-Forêt. Une des filles de cette noble famille épousa Martial de la Bachellerie, écuyer et juge sénéchal d'Eymoutiers jusqu'au 9 décembre 1789. — À cette date, Dumont, sieur de Charapoux, lui succéda dans sa charge. Ses descendants sont maintenant connus, à Limoges, sous le nom de Dumont Saint-Priest. (*)

    (*) À l'audience du 9 décembre 1789, le juge Dumont, sur la réquisition de Fantoulier, procureur fiscal, décida qu'à l'avenir ses audiences auraient lieu tous les vendredis à 9 heures du matin, et à 10 heures, en hiver. Cet usage a été maintenu, depuis cette époque par les juges de paix. — (Voir archives de la Haute-Vienne, fonds non classés d'Eymoutiers). La signature du sieur de Charrapoux est la seule qu'on trouve à cette époque, sur les registres d'audience, ornée des trois points de l'ordre maçonnique.
    [Second mariage de Léonard]
    La branche aînée, représentée par Martial et le baron, Léonard Joubert du Masfaure, secrétaire de la reine, s'étant fondue en quenouille, il nous reste maintenant à faire connaître les descendants de Léonard Joubert de Noblac du Masfaure, issu de son second mariage avec Jeanne d'Arfeuille, célébré le 9 juillet 1589.

    La famille d'Arfeuille était une des plus puissantes, à cette époque, dans la Haute-Marche, par les charges que ses membres occupaient et par ses alliances avec Jean de Lafaye de la Porte, seigneur de Marsac et avec Jean de Fricon, écuyer, seigneur de Parsac, baron de Gouzon, descendant d'Aymerie de Fricon, miles, chevalier, ancien garde-sceau du roi au bailliage de Laron, en 1312. (V. arch. D. 1023).

    Jeanne d'Arfeuille avait eu d'un premier mariage avec Léonard Bische, une fille, Hélène, qui se maria avec Blaise Chapellon, notaire à Peyrat, d'où proviennent les Chapellon, seigneur de Vieille-Ville, alliés aux Simon Palais, juges sénéchaux de l'Evêché et Cité de Limoges.

    Les notes fournies par l'abbé Nadaud, dans son Nobiliaire, sous le nom de Chapellat, ont été lacérées et détruites. Le vrai nom de cette famille a été défiguré dans le Nobiliaire imprimé de Nadaud. Le copiste a pris la dernière lettre du nom pour un t ; et, au lieu de lire Chapellon, il a écrit Chapellat, sans prendre de renseignements sur le nom d'une famille, qui lui était inconnue.

    Cinq enfants provinrent du mariage de Léonard Joubert de Noblac du Masfaure avec Jeanne d'Arfeuille :
    1. Pierre du Masfaure, sieur de Neuviale, qui suit ;
    2. Antoine du Masfaure, sieur de la Vaupeline, branche de Peyrat ;
    3. Desse du Masfaure, qui suit ;
    4. Léonarde du Masfaure
    5. Catherine du Masfaure.

    L'auteur commun, Léonard du Masfaure, mourut en 1605. Sa veuve, Jeanne d'Arfeuille, épousa, en troisièmes noces, au mois de février 1618, Antoine de Malleret, père, notaire à Peyrat.

    Les deux filles de Léonard et de Jeanne d'Arfeuille, épousèrent, l'une, Catherine du Masfaure, Antoine de Malleret, lieutenant de juge, à Peyrat, fils du notaire de ce nom ; l'autre, Léonarde, en 1615, François Tixier, notaire à Felletin.

    La famille Tixier devint très nombreuse. Ses rejetons s'établirent à Aubusson, à la Chapelle-Taillefer, à Felletin et à Peyrat-le-Château, où ils exercèrent longtemps les fonctions du consul, de sénéchal et lieutenant de juge. Le dernier représentant mâle de cette famille, Auguste Tixier du Breuil, est mort médecin à Peyrat, le 24 mai 1877, représenté aujourd'hui par sa fille, Mme Denise Texier, épouse Coulongne, inspecteur de l'enregistrement. — En 1765, son aïeul, Joseph Tixier du Breuil, bourgeois de Felletin, avait acquis, moyennant soixante mille livres, le fief de Banizette, qui appartenait à Joseph de Miomandre, seigneur de Laubard, paroisse d'Alleyrat, branche cadette. (Voir nobil de Nadaud, t. 4).


  19. Le Limousin littéraire n° 81 [lien Gallica]
    Famille Joubert de Noblac du Masfaure

    [Suite du second mariage de Léonard]
    Nous devons aux recherches de M. l'abbé Roy de Pierreffite, à la mairie de Felletin (*), de connaître les prénoms des trois frères de François Tixier, époux de Léonarde du Masfaure : l'aîné, Léon, fut prieur à Lyon, puis à la Grande-Chartreuse et général de son ordre, en 1643. Il mourut le 13 novembre 1649. On voit encore son portrait à la Grande-Chartreuse, calqué sur la grande gravure qui représente tous les généraux de l'Ordre. Il est représenté assis, les regards fixés au ciel et comme mouillés de larmes, la main gauche sur son cœur et la droite appuyée sur un globe embrasé. Les deux autres frères Tixier étaient, l'un, prieur à Toulouse et l'autre, prieur à Cahors. François, notaire à Felletin, resta seul dans le monde et laissa une nombreuse postérité, qui a fourni à Limoges le plus illustre de ses premiers présidents de la cour d'appel, M. Joseph-Charles Tixier La Chassagne, né à Bourganeuf, le 14 juin 1795, appelé le Premier des Premiers par M. Delangle, ministre de la justice (**).

    (*) Voir Bulletin de la Société archéologique du Limousin, tome II, pages 30 et suivantes).

    (**) On doit à ce magistrat, dont les décisions font autorité en jurisprudence, puisque aucune n'a été cassée par la Cour de cassation, une foule d'interprétations nouvelles de la loi et du droit :

    C'est sur les conclusions conformes de Monsieur Tixier La Chassagne, alors jeune substitut du procureur général (de 1823 à 1826) à Limoges, que la Cour d'appel de cette ville décida que l'article 1450 du Code civil, qui rend le mari responsable du défaut d'emploi ou de remploi de l'immeuble aliéné avec son consentement, s'applique, sous le régime dotal, aux paraphernaux. C'est maintenant la doctrine de la Cour de cassation : « Pensez-vous mettre de côté, répétait-il après Lebrun, l'ascendant du mari, qui mène presque toujours la femme au point qu'il désire ? ».

    [Suite 3 du n°78]
    1. Desse du Masfaure, fils de Léonard Joubert du Masfaure de Jeanne d'Arfeuille, prit du service dans l'armée du roi Louis XIII, fit la campagne de Montauban contre le duc de Rohan, protestant, gendre de Sully, alors disgracié. Les Pères Aurélien Montcourrier, d'Ussel et Placide Beauregard, de Chénerailles, religieux franciscains, qui devaient mourir tous les deux de la peste, à Bordeaux, le 15 décembre 1630, suivirent l'armée royale, en qualité d'aumôniers, et se firent remarquer par leur courage et leur dévouement. Ils ramassaient les blessés dans les tranchées, et les emportaient, eux-mêmes, sur leurs épaules, au milieu des feux de mousqueterie. (Voir Vie des Saints limousins, du chanoine de Labiche, tome 3, page 353).

      Desse du Masfaure mourut à Brive, des suites de ses blessures, le 29 octobre 1622, date de son testament.

      Nous savons que cette guerre se termina par la défaite du dernier des Montmorency, qui périt sur l'échafaud, à Toulouse, 30 octobre 1632, par l'ordre de Richelieu.

      Il ne nous reste plus, maintenant, qu'à faire connaître très brièvement, la généalogie des deux autres frères, Pierre du Masfaure, sieur de Neuviale et Antoine du Masfaure, sieur de la Vaupeline.

    [Suite 1 du n°78]
    1. Branche des sieurs de Neuviale

      Pierre du Masfaure, fils de Léonard Joubert de Noblac du Masfaure et de Jeanne d'Arfeuille, né en 1590, épousa Marguerite Vaslet de Mentes, sœur d'Antoine Vaslet de Bujaleuf. Il n'eurent que deux enfants :
      1. Léonarde du Masfaure, qui se maria le 29 septembre 1652, avec Gabriel Chenaud, seigneur de Laborie, de la famille des Chenaud Beaufort, alliée à Jean Duverdier, seigneur d'Arfeuille et de la Bastide ;
      2. Jacques du Masfaure, né en 1629, sieur de Neuviale, qui se maria, le 17 juin 1643, avec Anne de Lanoaille de Chamberet, fille de Guillaume, lieutenant de juge et de Radegonde Chapellon.


  20. Le Limousin littéraire n° 86 [lien Gallica incomplet]
    Famille Joubert de Noblac du Masfaure

    François de Lanoaille, avocat au parlement de Bordeaux, et juge de Chamberet, avait vendu, ainsi qu'il résulte d'un contrat reçu par Me Déseyraux, notaire à Treignac, le 20 janvier 1652, à messire Hugon, un domaine, appelé des Magontières, donc il avait délégué le prix pour payer la dot de sa sœur, l'épouse de Jacques du Masfaure.

    Du mariage de Léonard Hugon Duprat de Magontières avec Antoinette Raymond, était provenue une fille, Marie, désignée sous le nom de demoiselle de Vars, qui se maria le 22 mai 1705, avec Antoine Authier, escuyer seigneur de Lafaye, et, en deuxièmes noces, avec son beau-frère, Jean Authier, seigneur du Mas. Le fils de ces derniers, Jean Authier, seigneur de la Brugere, épousa, le 2 janvier 1847, Anne de Joussineau de Fayat, d'où provient le colonel, Comte, Jean du Authier, chevalier de Saint-Louis, de Notre-Dame du Mont-Carmel, et de Saint-Lazare de Jérusalem, né le 5 octobre 1747, et marié, en 1778, avec Marie de Rieublanc du Bost, nièce de Marc-Antoine de Rieublanc du Bost, promoteur, vicaire général du diocèse, le 13 décembre 1785.

    L'abbé Legros, dans ses Mélanges inédits, qui se trouvent au grand séminaire de Limoges, représente la forme du blason du vicaire général et a soin d'ajouter qu'il portait de sinople, à la bande d'argent, chargée de trois merlettes de sable.

    1. Pierre du Masfaure, qui demeurait à Peyrat-le-Château avec son frère Antoine, sieur de La Vaupelinet, mourut à l'âge de 48 ans, en 1638, laissant ses deux enfants mineurs sous la tutelle de leur mère, Marguerite Vaslet de Mentes. Celle-ci se remaria avec Benjamin de Rieublanc du Bost, maître chirurgien à Peyrat.

    2. Jacques du Masfaure, fils de Pierre, mourut en 1668. Il laissa cinq enfants de son mariage avec Anne de Lanoaille de Chamberet : 1° Léonarde, mariée avec Antoine Magieux de Lagarde, sieur de la Roze, maître chirurgien à Peyrat ; 2° Léonard, sieur de Neuviale, né en 1642, qui suit ; 3° Léonarde, morte en bas âge ; 4° Pierre, Carme au Couvent des Arènes, à Limoges, et Marguerite, épouse de Pierre de Rieublanc, fils, sieur de Villars, maître chirurgien à Peyrat.


    3. Léonard du Masfaure, fils de Jacques, le continuateur du nom et des traditions de la famille de Neuviale, se maria, en premières noces, avec Claudie de Lafaye de la Porte. Leur contrat fut reçu le 2 février 1672 par Me Duleyris, notaire à Peyrat, en présence de Léonarde Rieublanc du Bost, époux d'Anne du Masfaure, branche aînée, d'Antoine Magieux de Lagarde, beau-frère du futur et de Pierre Tixier, fils de François, notaire à Felletin, qui détenait une partie de la dot et avec lequel on plaida.

      Claudie de Lafaye de la Porte appartenait à une illustre famille. Son frère, Philippe de Lafaye de la Porte était prieur de l'église collégiale de Saint-Denis de Peyrat-le-Château. Leur père, Jacques de Lafaye de la Porte, chevalier, seigneur, baron du Leyris, le Breilh, Villechenille, demeurait au château d'Aubepeyre, paroisse de Saint-Yrieix-la-Montagne et était allié à la noble famille des comtes de Vaillac, Gourdon de Genouillac, dont un des ascendants, Louis, était gouverneur de Bordeaux, en 1611, et un autre, abbé de Saint-Martial et évêque de Tulle en 1560.

      Dans son testament du 26 novembre 1661, reçu par Clouzaud, notaire, Jacques de Lafaye de la Porte demandait à être enseveli dans les tombeaux de ses ancêtres et dans sa chappelle de l'église de Peyrat. — Il léguait 300 livres aux Révérends Pères Récollets de Saint-Léonard pour une fondation de messes à perpétuité. Il chargeait ses héritiers de payer 1 400 livres à Léonard d'Arfeuille pour l'acquisition du domaine d'Andaleix qu'il avait vendu à Jean Pichon, escuyer, seigneur de Lanoaille. Il léguait à Jean de Lafaye de la Porte, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Lamusse, tous ses chevaux et équipages de chasse, à l'exception de deux juments qu'il léguait à Pierre Tissier son domestique, et à Philippe de Lafaye, prieur de Peyrat et à sa sœur Claudie, épouse du Masfaure, ses rentes établies sur les villages de Langladure et d'Auzoux, plus les terres et seigneuries du Breilh, Villechenille, et les domaines à trois paires de bœufs, jouis par Larfouillot et Jean Blanc, avec le village du Peyragoux, consistant dans deux domaines, voulant que dans le cas où la dite Claudie n'aurait pas d'enfant (ce qui n'eût pas lieu), que les dits biens revinssent à Jeanne de Lafaye, sa nièce, fille de feu François de Lafaye, son frère, ou à ses descendants. — Il déclarait, en outre, devoir à cette même nièce treize mille livres et l'instituer pour son héritière, à la charge de payer à Claudie de Lafaye, sa sœur, femme de François de Châteauneuf, 7 700 livres ou de lui laisser le village du Petit Grandmont, hypothéqué à cet effet.

      Les droits successifs, en valeur mobilière, de l'épouse de Léonard du Masfaure furent réglés à trois mille livres, ainsi qu'on le voit dans les Lettres de réscision de la Chancellerie du 24 septembre 1881.


  21. Le Limousin littéraire n° 89 [lien Gallica]
    Famille Joubert de Noblac du Masfaure

    La nièce de la dame François de Châteauneuf, Claudie de Lafaye de la Porte, mourut le 29 décembre 1686. Sa fille unique, Madelaine du Masfaure entra en religion, après avoir donné toute sa fortune à son frère consanguin, le sieur de Présinat, Léonard du Masfaure, au château de Villechenille, où elle demeurait, le 3 avril 1708.

    Le sieur de Neuviale, après la mort de Claudie de Lafaye de la Porte, se maria, en deuxièmes noces, avec sa cousine germaine, Marie du Masfaure, demoiselle du Bosrigaut, fille de Louis, dont il eut un fils Léonard, désigné sous le nom de sieur de Présinat, baptisé le 16 septembre 1688 (parrain François Esmoingt escuyer, sieur de la Grillière, et marraine, Madelaine de Loménie).

    En 1699, toute la famille du Masfaure habitait le château du Breilh avec le prieur de Saint-Denis de Peyrat, Philippe de Lafaye de la Porte.

    Le sieur de Neuviale se maria, en troisièmes noces, en 1700, avec Jeanne Cellière, originaire de Limoges, fille du célèbre, Pierre Cellière, émailleur et orfèvre, qui avait fabriqué avec Claude Villiers le magnifique coffret d'argent doré, détruit pendant la Révolution, où furent placées et les reliques de Saint-Martial, en 1645.

    Jean Cellière, fils de Pierre, bourgeois de Limoges, continua avec succès la profession de son père, orfèvre émailleur (V. Bulletin archéologique du Limousin).

    Après avoir affermé le château de Villechenille et ses dépendances à Jeanne d'Arfeuille, veuve en premières noces de Jean de Lafaye de la Porte, sieur de Marsac et en deuxièmes noces de Jean de Fricon, écuyer, sieur de Parsac, baron de Gouzon, le sieur de Neuviale partit, suivant son habitude, en 1707, pour faire la vinade ou sa provision de vins au Saillant, paroisse de Voutezac, en bas Limousin. Il y soutint un procès contre l'illustre dame, Catherine du Saillant aïeule, du grand Mirabeau, qui lui avait fait saisir son cheval pour de prétendues dégradations, mourut quelques jours après, à l'âge de 61 ans, et fut inhumé à Voutezac. — Sa veuve, Jeanne Cellière, se remaria avec Jean Laborne, juge sénéchal de Peyrat, dont elle eut un fils, Antoine Laborne, qui s'unit en mariage avec Françoise Esmoingt (*).

    (*) La famille Laborne était originaire du village de ce nom, commune de Blessac, près Pontarion.


  22. Le Limousin littéraire n° 90 [lien Gallica]
    Famille Joubert de Noblac du Masfaure

    L'usage de la vinade, libellé dans tous les baux à ferme, s'est maintenu dans nos montagnes jusqu'en 1860. Chaque métayer devait fournir une paire de bœufs à son maître. Rien n'était plus original que le départ de cette corvée de 20 ou 30 bouviers, et surtout rien de plus réjouissant que leur retour, quinze jours ou trois semaines après les adieux. Les chars étaient pavoisés de branches de lauriers, les cornes des bœufs étaient ornées de rubans. Tout le monde prenait part à la fête, les animaux mêmes n'en étaient pas exclus. Le baron des Maisons du Paland avait continué ces anciennes traditions jusqu'à son décès, en 1819. Alors le petit villageois était heureux ; le vin valait un sol le litre, c'est-à-dire la pinte, et il était naturel, réputation qu'il a perdu depuis longtemps, grâce à l'industrie perfectionnée des négociants en liquides.

    [suite du 3 du n°86]
    1. Léonard du Masfaure, sieur de Présinat, fils de Léonard, sieur de Neuviale et de Marie du Masfaure, se maria le 12 février 1708 avec Élisabelle Dubayle, fille de Jean et de Marie Sallon de Bourganeuf.

      Ils eurent 12 enfants. Laissons au sieur de Présinat le soin de nous en faire connaître la nomenclature. Nous lisons dans son registre de famille, écrit par lui-même :


      1. « Le 5 août 1709, naissance de Jean du Masfaure, qui, étant à l'heure de sa mort, fut baptisé en diligence et enseveli dans l'église de Peyrat ;

      2. Marie du Masfaure, née le 20 juillet 1710, qui a épousé, plus tard, Louis Foucaud, sieur des Fargettes, et a eu pour parrain, honorable, Léonard Esmoingt, escuyer, sieur de Lafaye, fils de Marguerite du Masfaure et de Claude Esmoingt, mon parent au troisième degré, et pour marraine, Marie Sallon, ma belle-mère ;

      3. Françoise du Masfaure, née le 19 avril 1712, morte le 23 février 1713 au château de Neuviale, où Léonard du Masfaure, sieur de Présinat, était venu habiter, avec cette explication qu'elle a été ensevelie dans la chapelle de Notre-Dame de Pitié où se trouvent les tombeaux des membres de la famille du Masfaure, qui ont seuls le droit de s'y faire inhumer ;

      4. Marguerite du Masfaure, née le 12 juin 1713, et décédée célibataire, le 9 mai 1750 ;

      5. Jeanne du Masfaure, née le 27 janvier 1715 ; son parrain a été Pierre de Rieublanc, sieur de Villards et sa marraine, Jeanne Dubayle-Gay, sa tante ;

      6. Joseph du Masfaure, né le 9 mai 1716 ; son parrain a été Joseph Dubayle, notaire royal à Bourganeuf et sa marraine, Jeanne Cellière, douairière de premières noces de Léonard du Masfaure, épouse en secondes noces, de Jean Laborne, sieur de la Virolle. — Je dois remarquer, ajoute le sieur de Présinat, que la lune fut nouvelle le vingt-deuxième jour d'avril 1716 à deux heures 32 minutes du matin, et conséquemment, le neuvième jour de la lune, c. à d. — neuf jours de lune en avril et neuf jours en mai, total 18, — lequel jour le Pronostic de la Maison Rustique dit et assure que l'enfant qui naîtra, ce dit jour, 18me jour de la lune, sera de grand travail et acquerra de grands biens. Je n'y ajoute pas de foi et Dieu est sur tout. — Joseph du Masfaure est mort vicaire à Bourganeuf et a été inhumé dans l'église de Saint-Jean ;

      7. Pierre du Masfaure, qui suit, né le 3 mai 1717, appelé sieur de Saintrand, du nom d'un domaine près de Peyrat que son grand-père, le sieur de Neuviale, avait acquis des époux Beneyton, apothicaire, le 24 avril 1699, vendu plus tard, en avril 1751, au sieur Fantoulier de Peyrat. »


  23. Le Limousin littéraire n° 96 (lien Gallica]
    Famille Joubert de Noblac du Masfaure


    L'époux de Marie du Masfaure, Louis Foucaud des Fargettes, appartenait à une des plus honorables familles de la Marche, aujourd'hui éteinte (*). Nous ne pouvons, à ce sujet, omettre un curieux détail, qui dépeint bien l'autorité paternelle à cette époque :

    Leur cinquième enfant, Jean-Baptiste Foucaud des Fargettes, né le 4 septembre 1740, dont la marraine était Françoise de Vilestivaud, sa tante, se destina à l'état ecclésiastique, après avoir terminé ses études et prit ses grades. Entré au grand séminaire de Limoges, sa vocation paraissait faiblir. Son grand-père et son parrain, le sieur de Présinat, lui écrivit, le 18 août 1760, une lettre que nous regrettons de ne pouvoir reproduire à cause de sa longueur, remplie de citations latines, pour lui exposer la dignité et la sublimité du sacerdoce. Ces exhortations furent comprises, et le jeune clerc suivit les traces de son oncle, messire Joseph Aubusson, prêtre communaliste de Bourganeuf et frère de Marie Aubusson, épouse Foucaud des Fargettes.

    D'un zèle et d'une charité inépuisables dont il est difficile de nous rendre compte à notre époque d'égoïsme et de relâchement, le Pater ou curé de Bourganeuf, messire Joseph Aubusson, légua, le 11 mars 1749, par testament, reçu, Rouchon, notaire à l'hospice de sa ville, une rente de 2 100 livres, hypothéquée sur les bestiaux des domaines de la Porte du Monteil, et qui avait déjà été établie les 5 et 21 mai 1695 par Jean de Loménie et son épouse, Marie du Masfaure. Cette rente a toujours été servie régulièrement. La dernière inscription est du 2 septembre 1824. Un jugement du tribunal de Guéret, du 6 floréal, an 7, confirmait les inscriptions déjà prises au nom de la commune de Bourganeuf.

    Il est dit dans ce testament, qu'après s'être muni du signe de la croix, et après les invocations consacré par l'usage dans la sainte Église catholique, messire Joseph Aubusson déclare laisser son corps à la terre pour être inhumé de la façon suivante :

    (à suivre)

    (*) Dans l'acte de décès du 14 février 1730, à Bourganeuf, de Joseph Foucaud de Haute-Faye, conseiller élu, âgé de 90 ans, on voit figurer Louis Foucaud, prieur de Magnat, Claude Foucaud, prieur de Bourganeuf, Claude Foucaud, sieur de la Salesse, près Aubusson ; Mathieu Foucaud, sieur des Forges, Joseph Foucaud, sieur du Chassin.
    Un des descendants de cette honorable famille, Léonard-Marie Foucaud de Haute-Faye, archiprêtre de la cathédrale de Limoges, périt dans les Noyades de Nantes et fut enseveli sur la côte, en 1794. (Voyez Semaine Religieuse de Limoges en 1868).




    Note du transcripteur :

    Le Limousin Littéraire termine sa publication le 19 février 1888 avec son 100e numéro. Un avis aux lecteurs se termine par ces mots :
    « Oui, aimables lectrices et chers lecteurs, le Limousin Littéraire vous envoie aujourd'hui son dernier numéro. Mais, ne croyez pas, pour cela, qu'il vous fasse ses adieux. Il a acquis, en effet, depuis deux ans, des éléments de vitalité tels que son existence ne saurait désormais être en jeu, et, s'il disparaît, c'est pour renaître aussitôt sous une autre forme, sous celle moins modeste, peut-être, mais à coup sûr plus séduisante de REVUE LITTERAIRE ET ARTISTIQUE DU CENTRE ... » ; mais nous n'y avons pas trouvé la suite annoncée.

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