Tours et son tramway, historique
2001
Jean Germain, victorieux sur Jean Royer en 1995, est réélu maire de Tours sous l'étiquette du parti socialiste. A son programme figure le projet d'un Transport en Commun en Site Propre (TCSP). L'axe nord-sud de la ville est réaménagé en vue d'un transport sur pneu, alors que son adversaire politique Renaud Donnedieu de Vabres privilégie le rail.
2003
Le Plan de Déplacement Urbain (PDU) sur l'ensemble de l'agglomération, prend la valorisation de l'étoile ferroviaire (à 8 branches) comme l'un de ses axes prioritaires. Cela ne se fera que très partiellement. Le PDU prévoit aussi un Transport en Commun en Site Propre (TCSP) sur Tours dans l'axe Nord-Sud. Le coût avancé est de 48 à 200 M. d'euros, ce qui exclut le rail.
Mars 2007
Sans concertation préalable, le maire de Tours, avec sa casquette de président de l'agglomération Tours Plus et du Syndicat de Transports en Commun de l'Agglomération Tourangelle (SITCAT), présente la première ligne de tramway pour un coût de 260 à 290 M. Le PDU n'est pas modifié alors qu'outre le choix du rail, l'axe Nord-Sud est détourné pour passer par la gare.
25 mai 2008
Jean Germain est réélu maire de Tours, après une nouvelle estimation à moins de 300 M. En restant en dessous de cette barre, l’obligation d’un débat public national sous l'égide de la Commission du Débat Public est évité. A partir de cette date le rouleau compresseur du maire, avec en arrière plan les grosses entreprises, est lancé sur la ville. Plus rien ne sera négociable, toutes les résistances ou propositions alternatives seront laminées par l’appareil administratif.
15 juin 2010
L'enquête publique sur le tramway est ouverte. Le coût du projet est passé à 369 M, pour le même trajet et le même nombre de stations. La vérité des prix n'est toutefois pas de mise, avec notamment un coût très minoré des travaux de dévoiement : 2,3 M à Tours contre 54 M à Orléans.
30 juillet 2010
L'enquête publique se termine, après avoir été prolongée de 15 jours sous la pression des habitants, L'Association pour la Qualité de la Vie dans l'Agglomération Tourangelle (AQUAVIT) et la Société d'Etude et d'Aménagement de la Nature en Touraine (SEPANT), les deux plus importantes associations environnementalistes d'Indre et Loire (agréées respectivement pour leurs compétences en matière d'urbanisme et d'environnement), émettent d'importantes critiques contre le projet. L'association pour la Transparence et la Communication sur le Projet de Transport 37 (TCSP37), présidée par la conseillère municipale d'opposition UMP Françoise Amiot, s'oppose également au projet
2 août 2010
Les travaux de dévoiement des réseaux commencent dans l'illégalité, comme pour une maison dont le permis de construire ne serait pas délivré.
8 septembre 2010 Alstom emporte le marché des rames du tramway, alors que les conclusions de la commission d'enquête ne sont pas encore connues. Le choix du fournisseur n'est toutefois pas une surprise, puisqu'il est le seul à pouvoir mettre en place une portion sans Ligne Aérienne de Contact. Le rouleau compresseur est passé à la vitesse supérieure.
22 septembre 2010
Les travaux de dévoiement au mail du Sanitas, là où le tracé est fortement contesté, reprennent après qu'une mobilisation ait permis leur arrêt pendant trois semaines. Les associations SEPANT, AQUAVIT, TCSP37, représentées par leurs présidents, le collectif Vélorution, trois géographes et quelques citoyens se présentent en préfecture pour exprimer leur indignation et demander l'arrêt des travaux. Sans réponse, ils forment un "Front de Convergence" (FdC) pour renforcer leur action. Il s'agit de sauver ce qui peut l'être, préserver le patrimoine arboré de la ville et éviter le pire tel qu’il apparaît dans le projet municipal.
11 octobre 2010
La commission d'enquête publie ses conclusions et valide le projet sans réserve ni recommandation, seulement avec quelques "vœux pieux". Elle gomme les critiques qui ont été émises et ne retient que les évitements du SITCAT.
21 octobre 2010
Le FdC envoie au préfet un document qui dénonce les irrégularités du projet et présente un contre-projet avec promotion d’un tram-train intégré sur l’étoile ferroviaire. En conclusion, il demande au préfet de refuser la Déclaration d'Utilité Publique (DUP).
21 décembre 2010
Après avoir refusé de rencontrer le FdC, et sans prendre en compte les documents qu'il lui a envoyés, le préfet accorde la DUP en s'appuyant sur les arguments du SITCAT. Il a notamment rejeté des points précis qui permettaient d'améliorer le projet (problème de positionnement de la station Verdun, du pont sur le Cher…)
Janvier 2011
François Louault, géographe du FdC, envoie aux autorités un dossier exposant les dangers du pont sur le Cher. Alain Beyrand, blogueur du FdC, publie deux opuscules ""Tours et son tramway tronçonneuse" et "Tours et son tramway rouleau compresseur" (ILV Edition), disponibles sur son site.
Février 2011
L'association TCSP37 et quelques citoyens déposent auprès du Tribunal Administratif d'Orléans (TAO) un recours contre la DUP. L'enquête publique sur le Plan Local d'Urbanisme (PLU) est ouverte. Elle montre la volonté municipale de profiter de la DUP tramway pour densifier la ville. Les habitants se mobilisent et expriment leur refus. Ils obtiennent une prolongation de deux semaines de l'enquête.
Mars 2011
Le FdC envoie au Président de la République un "Appel Solennel pour que la Charte de l'Environnement soit respectée dans la ville de Tours", dénonçant notamment l'action du préfet. Le Président de la République confiera le dossier au préfet…
Avril 2011
Un Collectif de défense des Arbres en Touraine (CODAT) se constitue. Il prolonge sur le terrain les démarches du FdC en mobilisant les habitants pour s’opposer à la suppression du mail du Sanitas. Après un abattage d’une partie du mail réalisé de nuit et dans l’illégalité, un campement s’organise sur place. A plusieurs reprises les jeunes militants s'installent dans les arbres pour empêcher les abattages... La police nationale est mobilisée, elle intervient brutalement pour détruire le camp retranché. La mairie n'attend pas que soit jugé le référé-suspension demandé par TCSP37 et refuse toute concession, même les "vœux pieux" des conclusions d'enquête. Les arbres sont abattus sous protection policière. Il en est de même pour l'abattage des tilleuls de la place Choiseul, pour lesquels, mieux qu'un "vœu pieu", les conclusions avaient acté que le SITCAT ne voulait plus les abattre.
Mai 2011
Peine perdue pour les habitant dans ce simulacre de démocratie participative, les conclusions de l'enquête publique sur le PLU approuvent le projet municipal, avec des recommandations que la municipalité ne suivra pas. Notamment l’imposante tour de 58 m de hauteur près de la gare critiquée par les habitants et le commissaire enquêteur est maintenue par la municipalité. On apprendra que Bouygues est maître d'oeuvre.
Juin 2011
De façon symbolique, le CODAT s'oppose à l'abattage jugé inutile de dizaines de platanes avenue de Grammont. Seuls 8 d'entre eux sont épargnés, tandis que 25 autres seront abattus en plus y compris ultérieurement (de 6 mois à 1 an plus tard, est-ce fini ?).
Août 2011
Alors que le dossier d'enquête prévoyait moins de 1000 abattages, le décompte dépasse les 1600, d'après Alain Beyrand (Nouveaux bilans : un tramway nommé désastre). C'est comme si la DUP avait délié le SITCAT de ses engagements.
Septembre 2011
François Louault dépose au TAO un recours contre le pont sur le Cher, puisque sa construction a commencé sans qu'il y ait eu de réponse à ses alertes.
Octobre 2011
Le référé-suspension associé au recours sur le pont est rejeté par le TAO.
Novembre 2011
Jean-Marc Sérékian, membre du FdC, publie sur le site Carfree l'article "L'anachronisme aggravé du tramway tourangeau". De 2009 à 2011, il a publié une vingtainhttp://www.lekti-ecriture.com/editeurs/Le-coeur-d-une-ville-helas.htmle d'articles décrivant les dégâts environnementaux causés sous le prétexte du tramway (http://pressibus.org/tram/tramdenfer.html). Son livre "Le cœur d'une ville… hélas !" (Le passager clandestin, novembre 2011) synthétise ces articles.
Janvier 2012
Le projet Bouygues se modifie : la tour de 58 mètres est remplacée par trois tours de 54, 31 et 29 mètres. C'est comme un camouflet à l'encontre de la recommandation "Ne pas construire de tours près de la gare de Tours", émise dans les conclusions de l'enquête du PLU. L'opposition municipale le dénonce.
Février 2012
Alain Beyrand publie son livre "Tours et ses arbres qu'on ne laisse pas grandir" (ILV Edition), dénonçant l'aseptisation de la ville. Le collectif "Gare aux Tours" (GaT) se constitue. Le refus municipal de suivre la volonté populaire refusant les tours est mis en exergue. C'est une résurgence du FdC, basée sur les individus plutôt que les associations.
Mai 2012
GaT ouvre son site gareauxtours.fr et lance une pétition "A Tours, les arbres tombent, l'affairisme pousse".
Juin 2012
Le TAO rejette les deux recours et condamne TCSP37 et François Louault à 2.000 et 1.000 euros d'amende. Comme pour les conclusions de la commission d'enquête, comme pour la DUP, les critiques émises son gommées et seuls les évitements du SITCAT sont pris en compte. Quant au PDU de 2003, il aurait dû être révisé dans les cinq ans, il devait être révisé avant la fin 2010 (d'après les dossiers d'enquête sur le tramway), il ne le sera pas avant 2013. Le tramway de Tours s'est réalisé hors des clous…
(dessin Herbuis)
Retour à l'Accueil