Seconde enquête publique 2014 sur le Haut de la rue Nationale
Cette nouvelle enquête est ouverte du lundi 3 novembre au mercredi 19 novembre 2014. Les dossiers d'enquête sont partiellement disponibles sur la Toile, à cette adresse. On pourra donné son avis par courriel à l'adresse voirie @ ville-tours.fr (enlever les blancs avant et après le signe @).
Voici ma déposition.
Déposition à l'enquête publique du 3 au 19 novembre 2014 - Aménagement du haut de la rue Nationale, dans la ville de Tours
1) La 5ème enquête publique !
Cette enquête est la cinquième à traiter de l'aménagement du Haut de la rue Nationale. Il y a eu auparavant :
l'enquête sur le PLU de Tours en 2011. Le haut de la rue Nationale y est l'un des projets majeurs. Il n'est toutefois qu'ébauché, avec la présence d'une seule tour, du côté Ouest, ce qui laissait dégagée la vue sur l'église St Julien
une enquête spécifique en 2011/2012. Les deux tours-hôtels symétriques sont en place, les arbres abattus. Le projet n'a presque pas varié depuis, même si alors il était dit que ça pourrait changer. Le commissaire-enquêteur avait notamment émis une recommandation pour refuser la minéralisation excessive et une autre pour avoir un "hôtel Est moins élevé". Il indiquait que "la symétrie s'effectuerait alors avec le haut de la tour de l'hôtel ouest et le clocher de St Julien" (comme indiqué dans l'enquête 1 du PLU). Ces deux recommandations ont été rejetées par la municipalité.
en 2013, l'enquête sur le PSMV (Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur) du secteur sauvegardé de Tours. Ce plan présente vingt OAP (Orientations d'aménagement et de programmation) dont celui du Haut de la Rue Nationale.
en 2014 une enquête spécifique. Le périmètre du côté Ouest est réduit par rapport aux enquêtes précédentes. Les conclusions du commissaire-enquêteur sont étonnantes. Alors que la participation citoyenne a été importante et largement opposée au projet, il épouse complètement les arguments de la mairie et de la SET. Pire, il dit en introduction : ""il n’est pas question de revenir sur les précédentes enquêtes publiques", montrant que le projet est déjà validé.
Nous voici donc à une 5ème enquête, alors que le conseil municipal a entériné le 13 octobre 2013 le projet et son utilité publique, laquelle a été contestée, notamment par les associations ADACET (commerçants) et AQUAVIT (qualité de la vie). Et, cerise sur le gâteau, cette enquête montre enfin clairement que ce projet privatise l'espace public, sur une surface que peu de personnes ne pensait aussi importante. Ainsi donc l'utilité publique a été décidée, plus exactement imposée, avant que l'on montre aux Tourangeaux quelle privatisation est mise en œuvre !
Je souligne, par ailleurs, la pauvreté de la documentation de cette enquête. On ne trouve sur Internet que deux plans sans explications. En mairie il n'y avait guère davantage le 11 novembre. Il paraîtrait que deux dossiers ont été ajoutés le 13 ou le 14, absents du site Internet.
La rapidité avec laquelle ont commencé les travaux, juste après le conseil municipal du 13 octobre, sans même attendre la validation du préfet, montre que des contrats ont été signés bien trop tôt.
La multiplicité de ces enquêtes, le refus obstiné de prendre en compte les remarques des citoyens qui s'y sont exprimés et le traitement a posteriori de la privatisation peuvent légitimement amener les commentaires les plus sévères : entourloupe, magouille…
2) L'expression démocratique ignorée
J'ai déjà dit que l'opposition des Tourangeaux est massive, les dépositions aux enquêtes spécifiques en font foi. Elles portent prioritairement sur les deux points que le commissaire de 2011/2012 avait signalés :
une minéralisation excessive, avec l'abattage des 70 arbres du jardin François 1er. Le maire a été jusqu'à dire en conseil municipal du 13 octobre 2014 qu'ils étaient "dans un état sanitaire déplorable", ce que n'a pas dit l'étude d'impact, qui reprochait surtout à ces érables planes d'être trop communs…
la dégradation d'un ensemble architectural de référence avec en particulier la tour-hôtel Est qui cachera l'église St Julien ("L’église Saint-Julien ne sera pas visible directement en venant du pont Wilson" a écrit le commissaire de l'enquête 4). Pourtant l'Architecte des Bâtiments de France s'y est vigoureusement opposé dans une réserve : "Les deux bâtiments proue façade nord de part et d’autre de la rue Nationale ne devront pas entrer en concurrence visuelle avec le clocher de l’église St Julien classée MH de la liste de 1840". Mais la mairie passe outre et lui fait manger son chapeau.
D'autres irrégularités montrent que ce projet n'a aucune assise populaire et a été traité de façon très opaque. L'AQUAVIT, l'ASPIE et Vélorution l'ont souligné dans un "Appel solennel" en soulevant 7 irrégularités. J'en ai déjà présenté 4 (une approbation acquise d'avance, une utilité publique contestable, la démocratie bafouée, l'avis de l'Etat ignoré (ABF)). Voici les 3 autres :
Une approche biaisée. La place Anatole France a délibérément été exclue du périmètre à aménager pour des motifs procéduriers. Cela permet de se dispenser de saisir la "Commission des Sites et Paysages" et d’ignorer le classement du site "Rive gauche de la Loire".
Un financement discutable. Le commissaire-enquêteur se demande lui-même comment expliquer "la différence entre l’estimation des acquisitions foncières globales" par la SET et par les Domaines qui va du simple au double (11,5 M. € pour la SET, 21,7 M. € pour la DDFIP37). Propriétaires et commerçants ne risquent-ils pas d’être les dindons de la farce ? N’y a-t-il pas lieu aussi de s’interroger sur le financement par nos impôts (17 M. €) d’un projet essentiellement privé ?
Une dissimulation inquiétante. Lors d'une réunion très récente organisée par Tour(s) Plus le 26 septembre, nos associations ont appris que le chauffage-climatisation du Centre de Création Contemporaine Olivier Debré sera assurée par un système novateur de "géothermie sèche".
Sur ce dernier point, le maire et les conseillers municipaux ne savaient même pas l'utilisation de ce système improprement qualifié de "géothermie sèche" (ce sont les sondes qui sont sèches, ce qui a amené une confusion avec un procédé basé sur la fracturation hydraulique). Des interrogations demeurent. D'une part, il n'est pas sûr que toutes les précautions aient été prises pour creuser les 22 sondes de 80 mètres alors que la roche du cénomanien serait proche, à 83 mètres (notamment un appel d'offre de juillet 2013 pour faire un test n'a pas été suivi d'effet). Surtout, il y a lieu de se demander si ce procédé n'est pas brandi comme prétexte fallacieux pour abattre tous les arbres, car bizarrement il n'empêche pas d'en planter 57 ! Rien de cela n'a été exposé lors des enquêtes alors pourtant que les responsables du projet savaient pertinemment que l'enjeu végétal était essentiel pour une population irritée par la minéralisation excessive qui a accompagné la mise en place du tramway.
3) Deux corrections s'imposent
Etant donné ce que je viens de présenter, qui montre une attitude obstinée des décideurs, se coupant de toute écoute et approbation de la population, j'estime qu'il n'est pas encore trop tard pour qu'ils admettent le bon sens des reproches qui leur sont adressés en corrigeant les deux défauts les plus criants du projet :
Sauver au moins une quinzaine d'érables du jardin François 1er
Ne pas cacher l'église St Julien à partir du pont Wilson. Cela signifie la suppression de la tour Est en renforçant la tour Ouest pour que sa masse apparaisse en symétrie avec celle de l'église. C'est ce qui était prévu dans l'enquête 1 du PLU de 2011, c'est ce que demandait le commissaire de l'enquête 2 de 2011/2012, c'est ce qu'a proposé l'AQUAVIT (schéma ci-dessous) dans sa déposition à l'enquête 4 2014, c'est aussi, apparemment, ce que veut l'ABF, donc l'Etat, dans cette même enquête 4.
En conséquence du déroulement très critiquable de ce projet aux 5 enquêtes, il serait bon que la dernière, même si ce n'est pas son objet, permette à son commissaire d'exprimer la même demande.