PLU de Saint Pierre des Corps : inondations et biodiversité |
Déposition à l'enquête publique 2018 du PLU de Saint-Pierre-des-Corps
Etant habitant du quartier Velpeau à Tours, limitrophe de Saint-Pierre-des-Corps, ayant déposé, avec trois autres habitants, un recours contre le PPRI de 2016, connaissant bien les problèmes d'inondation pour avoir analysé l'étude de dangers 2013, ayant de surcroît de la famille et des amis sur Saint Pierre des Corps, je suis étonné que certaines informations essentielles sur le risque d'inondation ne soient pas présentées dans les dossiers d'enquête. Je les porte ici à l'attention de M. le commissaire-enquêteur, en lui rappelant que le PLU de Saint-Pierre-des-Corps doit impérativement être compatible avec le PPRI de 2016 et avec le SCOT de 2013. En page 5 du PADD, il est écrit : "La ville de Saint-Pierre-des-Corps vit derrière ses digues (celles de la Loire et du Cher)". C'est oublier la digue du Canal (le long de l'autoroute A10), digue de second rang pour arrêter les inondations lorsqu'une digue de premier rang (sur la Loire ou sur le Cher) a rompu. Elle est certes déclassée depuis 2015, mais sa "mise en transparence à court terme" n'a pas eu lieu et, d'après le jugement du Tribunal Administratif d'Orléans, l'arrêté de déclassement "n'autorise pas, par lui-même, la réalisation de quelconques travaux, ni de construction, ni de démolition" (cf. pressibus.org/blogcvl/crues/digue1.html). De plus le PPRI de 2016 montre bien qu'à l'Est de la digue du Canal se trouve une zone de dissipation d'énergie (ZDE) prenant en compte la présence de l'ouvrage. Cela signifie qu'il faut être, sur cette ZDE, très prudent dans la volonté de "Poursuivre le renouvellement de la façade urbaine le long de l'avenue Pompidou". Le PPRI de 2016 interdit les remblais dans les ZDE et même au-delà. Cela signifie que les "tertres" (présentés en page 8 et 23 du PADD) sont interdits. Il est certes écrit (page 23) "A long terme, l'urbanisme de tertre peut permettre de redéfinir la constructibilité", mais il est aussi possible qu'à long terme ce ne soit pas permis. Pourquoi la commune de Saint-Pierre-des-Corps bénéficierait-elle d'un passe-droit ? Le fait que sa sénatrice-maire se soit investie dans une opération très criticable d'un dangereux atelier d'urbanisme parisien "Territoires en mutation" qui considère qu'on doit "sortir de l'approche défensive du risque" et "accepter l'aléa" (qui accepte d'être inondé ?) ne doit pas lui permettre une telle prérogative de créer des remblais qui ne peuvent qu'aggraver le risque d'inondation sur tout le val de Tours (détails en page aquavit37.fr//2015digue/route.html). En page 4 du PADD, "le maintien de la dynamique démographique" apparaît incompatible avec le SCOT de 2013 qui ne veut pas augmenter globalement la population en zone inondable et qui veut que soient limités le "nombre de logements supplémentaires en zone inondable en fonction des niveau d'aléas existants" (page 29 du rapport et conclusion du commissaire - lien en début de page aquavit37.fr/2015digue/rapport2.html) "promouvoir le principe de proportionnalité entre l'intensité urbaine et le niveau de risque" (page32). En page 32 figurent aussi des demandes particulière "pour limiter la vulnérabilité" de la ZACOM des Atlantes. En page 33 "Limiter l'imperméabilisation des sols en zone inondable" est contraire à l'existence de "tertres". En page 23 du PADD, le risque "Sévéso" est évoqué, mais il n'est pas mis en corrélation avec le risque d'inondation. A ce sujet, la digue du Canal apparaît comme un facteur important de protection de la commune de St Pierre. En effet, cet ouvrage, qui protège Tours des inondations d'amont de la Loire et du Cher, permet inversement de protéger Saint-Pïerre-des-Corps et La Ville-aux-Dames des inondations d'aval de la Loire et du Cher. Or ce risque apparaît maintenant plus fort qu'il ne l'était auparavant, à en croire les récentes inondations et l'étude de dangers 2013, qui fait référence. Sur les 7 scénarios étudiés, 2 concernent les inondations par l'aval (la dénivellation étant très faible, l'eau peut "remonter"). C'est ainsi que dans le scénario n°2 "l'inondation va continuer à se propager vers l'amont, touchant la commune de la Ville-aux-Dames" en cas de rupture ou de mise en transparence de la digue du Canal. Le risque d'inondation totale de St Pierre par l'aval par ce scénario n°2 est bien moindre en cas de maintien de la digue du Canal (détails en aquavit37.fr/2015digue/rapport.html). Le scénario n°2 n'est pas traité dans le PLU de St Pierre, en particulier en page 91 du rapport de présentation tome 1 et en page 177 du tome 2 (le scénario n°7 de rupture amont de digue de Cher n'est pas pris en compte aussi). Or ce scénario n°2 est traité par le PPRI de 2016, puisque la bande de terrain à l'est de la digue du Canal est une ZDE. En cela, le PLU, en sa version actuelle, n'est pas compatible avec le PPRI. Pour finir, en dehors des risques d'inondation, je souligne cette phrase très révélatrice du discours trompeur des décideurs (urbanistes, élus…) de la métropole de Tours (page 8 du PADD) : "Investir les coeurs d'îlot pour la création de logements tout en respectant le caractère "jardin" des différents sites". Si on détruit un jardin pour construire, comment peut-on oser dire qu'on le respecte ? Cette volonté de construire en cœur d'îlot est contraire au SCOT qui veut construire la ville sur la ville et sauvegarder la biodiversité. Alain Beyrand, le 29 juin 2018 |