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Demande d'ajouts d'éléments bâtis

Demande d'ajouts d'éléments bâtis à protéger
    En comparaison avec le document 6 des éléments paysagers protégés, le document 5 des éléments bâtis protégés apparaît extrêmement riche. Dans notre ville, la pierre est beaucoup plus précieuse que le végétal, quel impressionnant déséquilibre !. Mais, globalement, j'estime que ce qui est protégé le mérite et qu'il serait même souhaitable de protéger davantage sur deux points, le premier très ciblé, le second très large :

    • Je demande que le bâtiment de la mairie annexe de St Symphorien soit sauvegardé et mis en valeur, pour son importance historique et symbolique, certes assez mineure, mais néanmoins précieuse pour les habitants. La commune de St Symphorien a certes été intégrée à celle de Tours, mais, au moins, qu'on respecte cette racine de l'ancienne commune, qu'on ne touche pas à sa mairie. Et puisque des bâtiments de moindre valeur sont protégés, je ne vois pas de raison valable pour la démolir. Un projet immobilier peut très bien s'accommoder de sa présence. Mieux, s'il est intelligemment structuré, la petite et coquette mairie peut être mise en valeur.

    • Je demande que toutes les maisons de type "particuliers tourangeaux" soient protégées, en incluant leur jardin ou cour. Elles sont probablement quelques milliers sur Tours Centre, surtout dans les quartiers Prébendes, Febvotte, Velpeau, Saint-Etienne, Rabelais. De façon typique, elles datent de plus d'un siècle. La façade avant donne directement sur la rue et comporte comme ouvertures un soupirail à charbon en sous-sol, une porte d'entrée et une fenêtre sur un rez-de-chaussée surélevé de quelques marches, deux fenêtres en 1er étage, et deux vasistas ou "vélux" en grenier. Le façade arrière, avec des "rajoutis" fréquents, donne sur une cour ou un petit jardin. L'ensemble constitue un habitat très écologique, avec peu de déperdition de chaleur, les maisons étant à "touche-touche", et avec, à l'intérieur des carrés ou pâtés de maisons, un espace vert, souvent riche en biodiversité, permettant de vivre en ville en contact avec la nature. Outre les maisons, les espaces verts sont aussi à protéger, c'est ce que j'ai demandé dans mes propos sur la trame verte.

      Chacune de ces maisons (et aussi d'autres maisons de rues moins typiques) avec son jardin et sa cour est un élément constitutif d'un écosystème, le "pâté de maisons" avec son espace vert central, mariant avec bonheur nature et urbanisme. Côté rue, le bruit et la pollution, côté jardin, les oiseaux, leurs piaillements, les fleurs, l'ombre des arbres, cet "éco-habitat" présente une richesse, il est un élément essentiel du "bien vivre à Tours" et il convient donc de le protéger. Dans de nombreux quartiers du centre-ville, ces "pâtés de maisons" au coeur vert sont les éléments d'une trame verte, celle que le PADD veut protéger et développer, sans avoir su en définir la teneur. C'est un objectif de ce PLU, aucune contrainte n'existe pour aller en ce sens, il convient d'en mettre une ou plusieurs en place.

      C'est d'autant plus nécessaire que cette trame verte est régulièrement grignotée, au gré d'opérations immobilières. Celles-ci, heureusement, ne portent pas directement sur les "particuliers tourangeaux" typiques, sans doute parce que la population s'en insurgerait. Mais, progressivement, les mentalités changent sous la pression municipale pour une densification de plus en plus forte. Souvent les "pâtés de maisons", comprennent des points faibles, allées avec garages, bâtiments collectifs en mauvais état, maisons basses légères, par lesquels entrent les promoteurs immobiliers et alors il construisent un immeuble bien plus large et haut, ils abattent tous les arbres ou presque du jardin pour y mettre des places de stationnement et c'est ainsi que la trame verte est régulièrement grignotée.

      La page que j'ai rédigée, www.pressibus.org/arbres, en son chapitre du 24 juillet 2010, présente un cas grave de ce grignotage. Rue James Cane (dans les Prébendes), une opération immobilière particulièrement dévastatrice de l'espace vert. Voici comment je la présente. " La municipalité veut remplacer un de ces "particuliers" par une résidence. Certes, le particulier en question est plus large que d'habitude (moins profond aussi, et sans "rajoutis", si bien que ça ne correspond qu'à un seul logement) et le jardin derrière est plus grand que d'habitude, si bien qu'il y a de quoi construire trois étages en profondeur, avec parking dans le jardin. Certes, de l'autre côté, un immeuble a déjà été construit et un grand jardin a déjà été transformé en parking, le vers est donc dans le fruit mais ce n'est pas une raison pour continuer et massacrer les plus beaux arbres de ce coin de verdure. Les voisins ont enduré un premier saccage, ils n'ont pas envie d'en endurer un second, juste derrière leur jardin.". Le PLU peut comporter des règles interdisant un tel saccage.

      Je ne demande pas, pour autant, de refuser toute opération immobilière de densification en centre-ville, loin de là. Par exemple, pas loin de la rue James Cane, une autre opération immobilière a été déclenchée rue Georges Sand. Celle-ci me semble justifiée, certes avec une réduction d'espace vert, mais avec un impact limité sur l'écosystème du "pâté de maisons". Il y a eu une aggravation des opérations de densification avec des atteintes trop importantes à l'environnement et je me rends compte que ce PLU va gravement accentuer cette dérive ; ma demande vise à l'éviter.

    Puisque je parle ici du bâti tourangeau, je présente maintenant une anecdote révélatrice. Dans le quartier Velpeau, un immeuble collectif côtoyant des particuliers tourangeaux (donc dans le cadre d'un "pâté de maisons" tel que je viens de le décrire) a été aménagé par son propriétaire. Sans le moindre permis de construire, il a mis en place quatre studios, loués meublés, dans le grenier. C'est déjà très déstabilisant, notamment par l'absence de stationnements automobiles supplémentaires dans un quartier où il est difficile de se garer. Puis il a creusé le sous-sol pour y aménager deux appartements, à louer aussi meublés, dévastant au passage le tiers du jardin - pourtant bien entretenu - pour y accumuler les gravats. Les voisins s'en sont émus, surtout parce que les caves sont inondables et les futurs locataires risquaient de graves dégâts des eaux, d'autant plus que cet immeuble est sur le bord du ruisseau canalisé de l'Archevêché. La mairie, alertée, a été longue à réagir et a réussi à obtenir l'arrêt des travaux, tout en validant la création des quatre studios du grenier. Mais le propriétaire a alors continué les travaux très discrètement. Les voisins ont mis du temps à s'en rendre compte et ont à nouveau alerté la mairie. Celle-ci a été encore longue à réagir et s'est trouvée comme paralysée devant la mauvaise volonté du propriétaire. Alors que les deux appartements étaient finis et prêts à être loués, il a fallu que les voisins secouent vigoureusement le service urbanisme de la mairie pour que cette location soit interdite. Huit mois plus tard, lors des fortes pluies de l'automne 2010, les deux appartements étaient inondés et les propriétaires ont dû faire évacuer 5 cm de boue.

    Concernant ce risque d'inondation du bâti en centre-ville, je ne cerne pas bien les dispositions de l'ancien POS et du nouveau PLU. je suppose qu'ils interdisent des aménagements d'appartements ou de locaux commerciaux en sous-sol, puisque le service urbanisme a agi. Mais que ce serait-il passé sans la vigilance des voisins ? Ou à un autre endroit, sans la proximité inquiétante du ruisseau de l'archevêché ? Pourquoi la mairie n'a-t-elle pas réagi rapidement ? Et pour le grenier aménagé, pourquoi n'a-t-elle pas interdit le fait accompli de la création des quatre studios ? Elle n'a même pas interrogé les voisins sur la gêne occasionnée. Je n'ai pas de réponse à ces interrogations, mais ce cas m'apparaît grave, c'est pourquoi je les soulève pour le cas où M. le commissaire enquêteur estimerait que le durcissement d'une règle d'urbanisme permettrait d'agir plus rapidement et de moins succomber aux faits accomplis.

    Bien sûr, cela soulève aussi un autre problème : les règles du POS et demain celles du PLU sont-elles et seront-elles appliquées par les services municipaux ? Ne le sont-elles que lorsque ça va dans le sens des préoccupations municipales ? N'y-a-t-il pas un certain laisser-aller pour ce que l'on pourrait appeler une densification souterraine pirate ?... Ce n'est certes pas du domaine de la présente enquête, mais, à défaut de trouver un élément de réponse, je pense que la question mérite d'être soulevée, d'autant plus que la démocratie locale (CVL) ne permet guère d'aborder un tel sujet.

Alain Beyrand

Ajout du 10 mars

En page 17 du rapport "Explication des choix", le paragraphe "Des cœurs d'îlots à investir" m'alerte car ces cœurs d'îlots sont ce que j'ai appelé les "cœurs verts" des "pâtés de maisons". Ainsi, il y a la volonté de les réduire en bâti au mépris de l'objectif de développement de la trame verte. Je lis en effet : "Ce dispositif vise à ce que l’implantation des constructions puisse favoriser un développement urbain plus compact, veiller notamment aux modalités de desserte et d’accessibilité des cœurs d’îlots et des seconds rangs d'urbanisation" sans le moindre soucis environnemental, notamment la conservation des écosystèmes. J'ai déjà indiqué qu'il y a eu ces 30 dernières années des "grignotages" nombreux, je vois là une volonté de "passer à la vitesse supérieure", c'est une atteinte grave à une spécificité forte de l'habitat tourangeau.

En conséquence, je demande qu'à titre de défense et développement de la trame verte, l'objectif de construire dans les cœurs d'îlots soit supprimé. Il convient d'étudier au cas par cas s'il vaut mieux y mettre des espaces verts ou des espaces bâtis. J'ai l'impression, avec une disposition telle que celle-ci, et d'autres, qu'on livre notre cité aux promoteurs immobiliers en piétinant ses valeurs.

En ce qui concerne le règlement des nouvelles constructions (Règlement page 33 9.1.1, secteur UC), je demande que soit supprimée l'exception des 66% pour les parcelles inférieures à 180 m2 : "L'emprise au sol des constructions (existantes et projetées) peut atteindre 66% de la surface totale du terrain pour les parcelles de superficie inférieure à 180 m2". En effet j'estime que plus on dispose d'une petite surface, plus on a besoin d'espaces verts.

Autre point du règlement pour les zone UC (page 32), je demande que l'article 7.1.2 du règlement soit supprimé. Il indique en effet que "Dans le cas de l’extension d’une construction existante, aucune distance minimale de retrait n’est fixée si la hauteur de cette extension n’excède pas 6 mètres". Cela ouvre la porte à des excès en tous genres.


Le 21 mai 2011
Dans son rapport, le commissaire-enquêteur répond ceci :
Il n'est pas possible de protéger sans discernement tous les particuliers tourangeaux y compris les cours et jardins. La protection instituée par le PLU est fondée sur des critères d'intérêt architectural ou/et historique.

J'avais demandé beaucoup, je le savais et je m'attendais à cette réponse. Mais le sujet valait la peine d'être évoqué et aurait pu amener à quelques remarques intéressantes. Je n'en ai pas trouvées...

Ma demande de ne pas construire au coeur des îlots pour préserver la trame verte a été ignorée.

Sur la suppression de l'exception des 66%, le commissaire répond : "Cette règle existe déjà au POS et permet d’améliorer l’habitabilité sur des petites parcelles si nombreuses en centre-ville".

Sur ma dernière demande, il est répondu : "Cette souplesse est déjà autorisée dans le POS et permet d’autoriser des extensions de R+1, souvent indispensables aux occupants d’habitations individuelles pour améliorer les conditions de vie au quotidien."

Le sujet de la mairie annexe de St Symphorien, souvent repris dans les dépositions, est traité par ailleurs en ces termes :"Le projet de signal urbain place de la Tranchée fait partie d'un projet d'ensemble "espace public – espace privé". Les objectifs sont d'une part, de saisir l'opportunité du passage du tramway pour réaménager la place en un véritable espace de rencontre et, d'autre part, de restructurer les îlots bâtis autour dont celui où se trouve l'ancienne mairie annexe. Suivant les orientations du PADD, quelques signaux urbains viennent ponctuer les seuils d'entrée dans la ville; au Nord ils sont prévus place de la Tranchée et au carrefour de la Marne.". D'une part, rien n'empêche de bâtir tout en préservant la façade de la mairie annexe (ce n'est qu'une contrainte architecturale). D'autre part, c'est bien joli de signaler avec compréhension que la population ne veut pas de la densification quand on ne fait pas ce qui est son pouvoir pour l'empêcher...

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