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Enquête publique Druye-Primagaz : la sécurité Seveso négligée
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Plus que jamais, les enquêtes publiques dans la région tourangelle ne sont que des contraintes réglementaires sans aucune incidence sur les projets. On fait semblant de discuter et d'écouter les habitants et on valide le projet sans aucune modification.
Les deux enquêtes publiques qui ont eu lieu sur Druye marquent un mépris encore plus grand envers la population, non seulement locale mais aussi passagère. Bientôt, quand ce nouveau site Seveso sera en activité, quand vous emprunterez l'autoroute A85 en passant sur la commune de Druye, vous risquerez d'avoir une vitre brisée. Imaginez, à 130 km/h... Et si vous prenez le train Tours-Chinon, vous passerez en zone rouge d'explosion. Mais tout va très bien madame la Marquise, on nous certifie que "Le risque global du site est acceptable au sens de la circulaire du 10 mai 1010", nous devons être rassurés.
Cette page du site AQUAVIT décrit précisément comment, en deux ans, la "danger s'est rétréci de façon spectaculaire". Pour résumer, sans rien changer à l'activité du site, on est passé de la carte de gauche à celle de droite :
Entre-temps il y eut un grave accident sur un site Seveso à Rouen. Les médias et politiques ont alerté l'opinion sur les risques de tels sites, notamment pour les populations environnantes. Que l'on veuille décharger le site urbain de Saint Pierre des Corps, très bien. Mais pourquoi vouloir à ce point le décharger sur un site encore dans la métropole tourangelle ? Les élus veulent absolument créer un nouveau site Seveso dans leur métropole, comme s'il n'y avait aucun risque... En matière d'emploi, seuls deux postes seraient concernés, transférés de St Pierre des Corps... Plus que jamais, on a des élus déconnectés de la population.
L'association "Bien vivre à Druye", relayée par l'AQUAVIT, a pourtant tenté d'obtenir des réponses à ses craintes et interrogations. En vain. L'appui médiatique au projet est un étouffoir puissant. Prenons l'exemple du communiqué de l'AQUAVIT du 15 janvier 2019. Il tire la sonnette d'alarme en titrant "Primagaz : prendre l'autoroute A85 va-t-il devenir dangereux sur la commune de Druye ?". La Nouvelle République (quotidien en situation de monopole, très proche des autorités locales) fait semblant de relayer l'information en y consacrant un article titré "Primagaz à Druye : des inquiétudes", sans un seul mot sur l'essentiel, la présence d'une autoroute et d'une voie ferrée dans le périmètre de sécurité ! Le tout est saupoudré d'éléments rassurants : "enfoui sous terre", "seuil bas", "à plus de 500 m des premières habitations", alors qu'il y a une maison à 250 m et 5 autres à 350 m. Ces associations, dans leur rôle de lanceurs d'alerte, sont considérées comme des sources d'inquiétudes infondées. Rouen ne serait pas comparable, les accidents en des sites similaires sont ignorés...
En ce jour de fermeture de l'enquête publique, comme un symbole de l'arrogance envers les populations, la Nouvelle République annonce (ici) que le conseil métropolitain a déjà validé le projet, montrant à quel point il apparaît certain que la commission d'enquête entérinera le projet, en fermant les yeux sur les risques encourus, se réfugiant derrière la formidable circulaire du 10 mai 2010.
Les conclusions de la commission d'enquête sont évidemment favorables au projet.
Le périmètre de protection n'est pas précisé, les risques liés aux voies de circulation sont traités en ce paragraphe (page 22 du "rapport et conclusions motivées") :
5.2 Risques liés aux voies de circulation
Les accidents mettant en cause le trafic routier et ferroviaire sont les mêmes que ceux du transport de matières inflammables pouvant engendrer des accidents de type BLEVE. Du fait de l’éloignement du site avec l’autoroute, un accident n’aurait pas d’effet domino et pas non plus s’il s’agissait d’un accident dans le cas où des matières inflammables circuleraient sur la voie ferrée aujourd’hui dédiée aux trains de passagers.
Enfin, l’éloignement du site avec l’aérodrome le plus proche ne nécessite pas l’étude de risque associé aux voies aériennes.
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"Eloignement", "pas d'effet domino", la notion de périmètre de sécurité est traitée dans la synthèse des informations comme une divagation inventée par on ne sait qui (page 46 du "rapport et conclusions motivées") :
2) Distances
Les périmètres de forme triangulaire (300 m, 500 m, ...) évoqués n'ont pas été tracés ni présentés par Primagaz. Ils ne représentent pas des zones de dangers (une zone de danger n'épouse pas la forme des limites d'un site). Ils permettent de visualiser l'environnement du site. Les distances des dangers potentiels liés au relais-vrac sont bien celles indiquées dans le dossier de demande d'autorisation, reportées sur les cartographies.
Les distances des habitations à prendre en compte pour l'évaluation des risques sont calculées à partir des zones à risque potentiel (soit les postes de chargement et déchargement des camions) et pas par rapport aux limites extérieures du site (rappelons que le site a une superficie de 10 ha et que la zone d'exploitation est beaucoup plus petite). Sur les cartographies jointes au dossier, tracées sur des vues aériennes, les maisons sont apparentes. Elles ne sont touchées par aucun cercle de danger. Cependant à titre informatif les distances des habitations par rapport aux limites du site sont données au 5.11.4 du TII Etude des impacts.
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Puis (pages 47 et 48) :
En réponse à ma déposition, il y a une tirade sur l'indépendance de la commission d'enquête (bizarre, comme, en Touraine, elles valident tous les projets...), sur le fait que l'inquiétude des riverains est prise en compte (ah ?). On retiendra que, contrairement à l'enquête précédente sur le PLU, la commission a répondu aux risques de dangers. Quant à considérer que la première carte présentée ci-dessus ne montrait pas en rouge une "zone de dangers" mais une "carte de distances", il y a lieu de s'interroger : la légende "périmètre de sécurité" et certes ajoutée, mais elle n'est pas inventée, elle avait été présentée comme telle lors de la réunion publique du 23 mars 2017. Et les accidents présentés sur la page de l'AQUAVIT ne sont pas inventés...
En page 88 des conclusions, la commission d'enquête se plaint de l'attitude du public :
Certaines remarques sont défavorables au projet de relais-vrac mais relèvent du ressenti car très peu argumentées.
D’autres par contre, sont étayées et font preuve d’une bonne connaissance du sujet. Bien sûr elles se développent en fonction du prisme personnel à travers lequel l’auteur envisage l’évolution du territoire.
Elles sont révélatrices du sentiment de mépris ressenti par bon nombre de pétitionnaires qui estiment que cette enquête publique n’est qu’un exercice de pure forme.
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C'est du dégoût, le mépris est de l'autre côté, de ceux qui vivent dans une bulle, refusant toute écoute de la population et tout élément d'enquête véritablement indépendante. On interroge les riverains du projet, et on leur reproche de réagir en riverains !
Alain Beyrand, le 27 décembre 2019 et le 3 février 2020
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