L'air pollué du Plan de Protection de l'Atmosphère de l'agglomération tourangelle
Tours, le 22 mai 2014
Page PPA sur le site de la DREAL Centre. On y trouve les dossiers d'enquête (le principal est ici) et les façons de faire une déposition, notamment par courriel à pref-ep-revision-PPA37 @ indre-et-loire.gouv.fr (enlever les blancs avant et après @) avant le 23 mai 2014.
Sur le constat
La qualité de l’air est jugée "globalement satisfaisante par rapport à d’autres agglomérations en France (notamment pas de problème avec les particules fines)" (page 32 du gros dossier). Vraiment ? Pourtant :
Alors que l'Europe impose un taux maximum de 40 microgrammes de dioxyde d'azote (NO2) par m3, ce taux était de 55 microgrammes par m3 en 2011, d'après les relevés effectués sur le capteur du rond-point Heurteloup arrêtés le 31 décembre 2011, soit 10 microgrammes de plus par m3 qu'en 2009 et 2010.
"On ne peut pas dire que l'augmentation de 2011 soit liée aux conditions météorologiques", explique Patrice Colin, le directeur de Lig'air. "Non, le trafic routier reste la principale cause de cette pollution", indique par ailleurs la Dreal
"Les taux de NO2 atteignent des niveaux fantastiques, mais aucune décision n'est prise, alors que la première réunion s'est tenue en mars 2010", déplore Yves Gahat, le président du Comité de défense des riverains du secteur T (Pompidou, quais de la Loire), qui commence à se dire "épuisé".
"La région Centre a été touchée par un épisode de pollution de l’air par les particules en suspension PM10 du 06 au 16 mars 2014. Cet épisode est historique de par son ampleur nationale ainsi que les niveaux atteints"
"Les niveaux ne cessent de croître jusqu’au 15 mars date à laquelle les concentrations sont homogènes sur la région et dépassent le seuil d’alerte dans tous les départements"
Sur 13 stations en région Centre, celle de Tours-Pompidou arrive en deuxième position de la station la plus polluée
Comment se fait-il donc qu'en page 19 du petit dossier, il soit écrit "Pas de problèmes de particules" ? Les autres données que l'on nous présente sont-elles davantage crédibles ?
Ainsi donc, tout va très bien, madame la Marquise, "la qualité de l'air est bonne". Ah, il y a deux mots en plus : "la qualité de l'air est bonne, en moyenne". C'est vrai, entre les habitants qui sont à 20 km de l'autoroute et ceux qui sont à 500 mètres, on peut faire une moyenne. Entre les jours les plus pollués et ceux les moins pollués, ont peut aussi faire une moyenne.
En fouillant dans les documents, on trouve tout de même cette information : "En 2010, environ 4148 personnes étaient exposées à des niveaux de NO2 qui respectaient pas la réglementation. La surface exposée était de 2,1 km2 (représentant 25 km d’axes linéaires)" (page 24 du gros dossier). Comment se fait-il qu'on construise de nouvelles habitations dans ces zones vulnérables ? Pourquoi la notion même de "zone vulnérable" n'est-elle pas retenue pour qu'on y applique des mesures sévères de santé publique ?
Le seul point qui m'apparaît vraiment nouveau se situe en page 22 du petit dossier : "Le bilan effectué montre qu’environ 330
tonnes de COV sont émises chaque année du fait des vols militaires, ce qui est comparable aux émissions des industriels du secteur". Hélas, la conséquence évidente qui en découle n'est pas prise en compte : exiger le départ de ces vols militaires, qui peuvent se dérouler ailleurs qu'au dessus d'une agglomération de 300.000 habitants.
Sur la diminution de la pollution et de ses méfaits
La non reconnaissance de zones vulnérables, principalement les bords de l'autoroute A10, empêche toute mesure efficace. AUCUNE CONTRAINTE n'est imposée par ce document. Des voeux pieux, il y en a à la pelle, mais des exigences concrètes, avec des objectifs précis, ils n'y en a pas. Le leitmotif est "Des actions devront être menées pour"... "Informer", "Sensibiliser", "Promouvoir"... blabla...
Pourquoi ne prend-on pas des mesures concrètes pour y améliorer la qualité de l'air, notamment en y plantant de grands arbres ? Pourquoi ces sujets ne sont-ils pas abordés ?
Voici pourtant quelques actions décidées ces dernières années, qui ont augmenté la pollution et qu'il aurait fallu refuser :
le départ du Centre de Tri Postal de la gare de Tours à Sorigny, avec remplacement du rail par la route,
la suppression des Tribunaux de Tours et Chinon, obligeant les judiciables à se déplacer, souvent en voiture, à Tours,
le déplacement de services publics (tels que Pôle Emploi ou maison des syndicats) du centre de Tours vers la périphérie,
la suppression, à Tours, des collèges Pasteur et Paul Valéry, obligeant les collégiens à utiliser des véhicules motorisés,
une politique cyclable qui complique les déplacements en ville (voies mixtes, contresens en rues étroites...) et décourage de circuler à vélo (avec le fait que les vols de bicyclette ne diminuent pas),
les suppressions inutiles dans la ville de Tours de trop nombreux arbres matures, remplacés par de jeunes pousses au bilan carbone bien moins bon, quand il n'est pas négatif pour les arbres en bac déplacés plusieurs fois par an,
l'élargissement de l'autoroute A10 récemment décidé,
le projet d'étalement urbain des Courelières à Joué lès Tours.
Le bilan présenté a certes des points positifs, mais il conviendrait de les analyser avec un esprit de contradiction, complètement absent. Prenons la première ligne de tramway. En absolu, c'est positif. Mais en relatif, il faut prendre en compte les sommes énormes nécessaires à sa réalisation (dont une bonne partie n'était pas liée à une ligne basique de tramway). Si ces sommes avaient été utilisées pour intensifier la circulation des trains dans l'étoile ferroviaire ou si elle avaient été utilisées pour un grand réseau urbain cyclable sécurisé, cela n'aurait-il pas été meilleur pour diminuer la pollution atmosphérique ?
Quant aux actions à mener, avec contraintes, en voici quelques unes (sans parler de ce qui a trait au PDU ou au SCOT ou de ce qui en dehors des décisions locales, comme l'essentiel ferroutage) :
Ne plus construire de logements dans un couloir de 500 mètres autour de l'autoroute A10.
Garder des services publics de proximité.
Appliquer un programme soutenu d'arborisation et de végétalisation dans un couloir de 500 mètres autour de l'autoroute A10.
Dans les rues passantes, inciter et aider les habitants à créer de bandes végétales (roses trémières etc.).
Ces derniers éléments pointent un manque incompréhensible des dossiers dans les actions à mener : les végétaux et surtout les grands arbres sont un moyen de combattre la pollution. Cet oubli est essentiel. Comment a-t-on pu à en arriver là ? Ces documents ont pour seul objectif de répondre à une contrainte administrative, sans rien changer sur le fond de la pollution...