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Le 5 juillet 2012,
Le point de vue de la mairie de Tours sur les abattages d'arbres
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C'est surtout par propagande dans les les médias que la mairie de Tours s'exprime sur la façon dont elle gère les arbres dans la ville. Suite à une pétition du CODAT (Collectif de défense des arbres en Touraine), dénonçant plusieurs abattages récents, elle a fourni les explications suivantes. C'est l'occasion de laisser s'exprimer sur ce blog le point de vue que je combats si souvent.
Le patrimoine arboré de la Ville de Tours est riche de plus de 30 000 arbres et de près de 500 hectares de forêts (plus 1000 hectares au sud du département). La gestion de ce patrimoine fait l’objet d’observations et de soins constants par des professionnels qui ont à coeur d’en assurer la pérennité dans de bonnes conditions de sécurité pour le public.
Vous vous interrogez sur un certain nombre d’abattages qui ont eu lieu au cours des dernières années et plus particulièrement en 2012 et 2013 et je tiens à porter, à votre connaissance, les éléments suivants :
- Le bois de Grandmont est une propriété du rectorat qui l’a mis à disposition de l’Université et du CROUS. La Ville de Tours y intervient en appui technique. Afin d’améliorer le service pour les étudiants et faciliter la desserte de l’hôpital Trousseau, le SITCAT a recherché la meilleure solution pour répondre à ces objectifs tout en limitant la coupe d’arbres. A l’extrémité de la rue Bonamy, un ancien parking a été utilisé pour faire passer cette nouvelle voie. Huit arbres ont été coupés, dont trois étaient situés sur un espace vert. Un passage via l’avenue Saint Vincent de Paul aurait été beaucoup plus préjudiciable aux arbres. L’ensemble du bois nécessite par ailleurs un enlèvement des gros bois morts et une éclaircie ; pour le marquage l’O.N.F. a été sollicité. Une étude des espèces protégées a été réalisée, elle sera prise en compte lors de l'exécution des travaux.
- Le tramway, projet urbain par excellence, a fait l’objet de nombreuses études pour répondre à l’ensemble des contraintes : quartiers desservis, respect d’un patrimoine en place (cèdres de l’Europe, platanes de Pont Cher, etc.), nécessaire restructuration d’alignements fortement dégradés (avenue De Lattre de Tassigny, place Tuslane). Certains abattages n’ont pu être évités en raison des contraintes incontournables du tracé. Le tramway a par contre été une opportunité pour enrichir
largement le patrimoine arboré. C’est ainsi que 2 319 arbres ont été plantés sur l’ensemble du tracé, avec, en général, de meilleurs conditions de sols qu’auparavant.
- Au niveau de la diversité, de nombreuses essences ont été utilisées : ormes place du Commandant Tuslane, chênes boulevard Churchill, érables de Cappadoce boulevard De Lattre de Tassigny, etc. En complément, la ville a ou va largement planter des zones d’interface : charme houblon place du Général Leclerc, cerisiers et ormes de Sibérie boulevard De Lattre, cerisiers et pins rue Théophane Venien et jardin Meffre… En résumé, les 998 arbres impactés par le tramway sur la commune de Tours (soit 3,3% du patrimoine) sont remplacés et complétés par 1 779 autres, ce qui représente une augmentation nette de 2,6%.
- Les tilleuls de l’hôpital Bretonneau sont gérés par les services hospitaliers et la Ville de Tours n’a pas les éléments pour juger de l’opportunité de ce choix technique. Néanmoins, des tilleuls de cet âge et ayant été fortement taillés par le passé présentent généralement de grosses faiblesses mécaniques.
- Le carreau des Halles a dû être réaménagé en fonction des contraintes actuelles (largeurs d’allées, planéité, accessibilité des personnes à mobilité réduite, etc.) et des nouveaux besoins. Ce réaménagement n’était pas envisageable en conservant les arbres existants dont le système racinaire aurait été largement mutilé. Leur maintien lors des travaux, tout en ne permettant par la réalisation de l’agrandissement, aurait nécessairement abouti à leur remplacement dans un court délai. Une réunion publique de concertation a eu lieu, avec les commerçants et les riverains, pour présenter le projet. A cette occasion, il n'y a pas eu de contestation du projet de remplacement des arbres. Les Sophoras plantés en avril 2013 bénéficient d’une large fosse terre-pierre et d’autres arbres seront plantés, en complément, à l’automne.
A Tours, ville lauréate du Prix National de l’Arbre, la qestion de l’Arbre est une préoccupation permanente pour les gestionnaires et la volonté municipale s’exprime par une moyenne de 500 nouveaux arbres plantés par an depuis plus de quinze ans.
Tours, le 28 juin 2013
Nadia Hamoudi
Adjointe au Maire chargée des Parcs et Jardins
Christine Chasseguet
Directrice du Service des Parcs et Jardins
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Ma première remarque consiste à réfuter l'approche comptable qui sous-tend ces propos avec comme non-dit évident le fait qu'un arbre fraichement planté équivaut à un arbre abattu. Le problème ne se situe en nombre d'arbres mais dans le fait qu'on ne laisse pas grandir les arbres en place, c'est même le titre que j'ai donné à mon livre "Tours et ses arbres qu'on ne laisse pas grandir". Cela, la mairie ne le comprend pas du tout, elle considère un arbre comme un meuble vert urbain, un abattage suivi d'une plantation n'est pour elle qu'un déplacement du mobilier urbain. Et même s'il lui arrive de mettre deux pousses pour un abattage, ça ne change rien à ce lamentable état d'esprit.
Ensuite, je ne suis pas sûr que l'approche comptable que l'on nous présente soit vraiment juste car nous ne pouvons pas vérifier les chiffres cités. La seule fois où on a eu un relevé précis à la fois des abattages et des plantations, c'était en 2010 lors de l'enquête sur la première ligne de tramway de l'agglomération tourangelle. J'ai même réalisé un livre (Tours et son tramway tronçonneuse) sur le détail de ces chiffres, en étudiant la justification des abattages tout le long du tracé. Même en utilisant la logique comptable de la mairie, le bilan était accablant : le "bilan vert" soi-disant positif cachait le fait qu'on abattait beaucoup en centre-ville et qu'on plantait surtout en périphérie (parkings-relais...) ; et de nombreux abattages étaient inutiles, certains pour des arbres situés à 50 mètres du tracé du tramway . Ensuite, sur le tramway, il est vrai que la mairie/SITCAT n'en a fait qu'à sa tête, allant jusqu'à renier parfois les conclusions de l'enquête, en abattant plus que prévu et en plantant plus que prévu, souvent au même endroit, comme s'il y avait une volonté de ne pas laisser grandir les arbres en place. L'exemple le plus symbolique est situé devant l'hôtel de ville, ou les platanes abattus en couverture de mon livre ont été "remplacés" par de nouvelles pousses.
Et puis une série de remarques complémentaires :
- Pour le bois de Grandmont, comme l'explique cette page de l'AQUAVIT le problème essentiel a été la coupure du bois en deux avec la suppression d'un corridor biologique et l'important élargissement d'une rue, avec le fait que cela s'est fait sans la moindre enquête publique, en contradiction avec les documents administratifs (PDU, PLU).
- Pour les tilleuls de l'hôpital Bretonneau, on sent qu'il n'y a pas de volonté de traiter les arbres un par un, mais dans leur ensemble en se servant de la dangerosité, même pas, la fragilité ou la maladie de quelques sujets, pour les abattres tous.
- Pour les arbres du côté ouest du carreau des Halles, qu'il n'était pas prévu d'abattre au début, ils ne gênaient pas les "nouveaux besoins", puisqu'ils étaient situés en bord de rue et ont été remplacés par des jeunes pousses situés pareillement le long de la rue.
- La ville de Tours est avide de médailles et celle sur l'arbre en 2003 est aussi bidon que le guidon d'or obtenu en 2013, les cyclistes aimant les arbres le savent bien...
Alain Beyrand
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