Au début des années 1970, alors qu'un plan de protection et de réhabilitation du vieux Tours se mettait en place, sous l'égide de la toute nouvelle loi Malraux, et allait servir d'exemple, d'autres coeurs de villes allait subir un saccage patrimonial. C'est le cas de Châlons sur Marne (anciennement Châlons en Champagne, récemment redevenue Châlons en Champagne). Dans les pages du mensuel "La Gueule Ouverte", un jeune dessinateur s'en prenait au maire et aux promoteurs en dénonçant cette dégradation de la qualité de la vie, il signait Cabu.
12 ans plus tard, en 184, dans l'ouvrage "Cabu dessinateur pamphlétaire", le dessinateur de Charlie Hebdo déclarait "De temps en temps, je retourne à Châlons, à chaque fois j'en reviens avec le cafard, c'est une ville où il ne reste rien plus un coin pour se promener. Le béton a tout envahi, chaque mètre carré est rentabilisé, c'est affolant !".
Quelques planches de la série Mut-Mut de Cabu dans La Gueule Ouverte
au début des années 70. Cliquez sur les images pour les agrandir.
En 2015 à Tours, le béton est aussi envahissant, en particulier à Tours-Nord et si le patrimoine architectural est protégé, le patrimoine arboré continue d'être saccagé. L'avant-veille même où l'on assassinait Cabu et ses collègues de Charlie Hebdo, trois des derniers peupliers de la ville étaient abattus. Depuis les années 1990 il y a eu une véritable campagne d'extermination contre ces arbres, pourtant nombreux dans les communes environnantes. Tous les prétextes sont bons. Ici il est vrai que celui du milieu était en mauvais état, mais ce n'était pas une raison pour abattre les deux autres. Même s'ils étaient creux en hauteur, il aurait suffit de les élaguer. Pour ce cas, dans le quartier du Sanitas, la mairie n'est pas directement en cause (c'est Tours Habitat, sous son contrôle), mais elle persiste ailleurs (voir par exemple le Haut de la rue Nationale). Abattre arbitrairement les arbres qui les ont vu grandir, c'est déraciner les habitants.
Alain Beyrand,
le 5 janvier 2015
P.-S. du 19 janvier 2015 : finalement l'arbre qui restait à finir d'abattre et que l'on voit debout sur la photo est resté en place. Il pourra continuer à vivre. Les ouvriers que j'avais interpellés et leur responsable ont préféré arrêter les dégâts. Tant mieux et merci. En espérant que la prochaine fois, il feront preuve de davantage de jugeotte en amont...
P.-S. du 29 janvier 2015 : pas de quartier, les boureaux sont impitoyables, le troisième peuplier a été rasé comme les autres...