Le format long "Capitaine Courageux" |
Alors le voilà ce Capitaine Courageux. Enième compilation consacrée à GM ? En tout cas vraie compilation et en cela plus proche de celle de 1990 que du coffret 5 cd de 1992 et des 8 cd de 1999 qui se voulaient somme et donc rapidement obsolètes. GM est toujours vivant alors à quoi bon une mise en coffret. Donc, une vraie sélection (39 titres tout de même, presque 80' par cd) et une vraie ligne artistique. Je me permets de vous livrer mes premières impressions. D'abord, un objet qui nous rapproche de l'enfance, proche d'un de ces livres de science-fiction aujourd'hui désuète dont on se repaissait il y a 30 à 50 ans, lorsque tout restait à imaginer, que le progrès allait nous rendre tous heureux. Donc, un nom ; Manset (exit Gérard), un héros ; Capitaine courageux, un titre qui en appelle d'autres ; L'aventure galactique, la forme d'un livre, des illustrations de François Schuiten d'une infinie douceur ; en couverture, c'est 2001 vue par HG Wells avec un scalpel en guise de monolithe. Le livret de 32 pages se laisse parcourir avec délice, les textes sont aérés et justement illustrés. Le premier chapitre est consacré à un texte inédit de Michel Braudeau sans intérêt, truffé de références à des textes de Manset decontextualisés et cités à l'emporte pièce. On a même droit à une phrase de Boris Bergman extirpée d'une chanson de Christophe. Ce Monsieur à des lettres et des oreilles mais franchement, son texte dévot pleins de clins d'oeil qu'il se fait devant son miroir n'apprend rien, il manque de l'humour et du sens critique que l'on peut trouver en revanche dans le texte de Bayon (pages 10 à 15). Seul hic, le texte est connu puisque publié dans Rock and Folk 157 (02-1980) en version longue. Enfin, pages 20 à 26, un texte de GM qui débute ainsi « Le problème avec Manset c'est qu'il dit non ». A mon humble avis, pas assez souvent depuis 10 ans quant il s'agit de gérer son fond de commerce. Un beau texte qui cherche sa vérité sur le fil de l'équilibriste, qui dit presque tout et son contraire, qui comme souvent chez Manset, s'en va avec la vague vers le large mais ne peut s'empêcher de revenir lécher le rivage. Maintenant, les 3 cd. Bien sûr, on aurait pu s'en passer et se contenter de l'objet. Mais ils existent et lorsque je les dépose dans le mange-cd il y a du son qui jaillit des enceintes. Déjà, ne pas tenir compte des temps indiqués sur le track-listing de la page 30 pour pister les éventuelles nouvelles versions des titres proposés, ils sont quasiment tous erronés ce qui est une habitude des publications Manset. Car d'inédits point. De publication en cd de titres qui s'essoufflent et crachent dans les sillons des vynils point. Alors, il faut polir toujours le même ivoire, chercher les petites différences, les détails. A l'expertise, les temps indiqués par exemple pour les morceaux de Lumières (6 sur 7 tout de même) sont ceux de l'album d'origine alors que les versions proposées sont évidemment les dernières en date et d'une durée différente. Idem pour les titres « Comme un guerrier » et « Eden bay » (dont les temps indiqués ont toujours été faux au fil des rééditions). L'affaire se complique avec « Le train du soir » indiqué à 6'14 qui en fait ici 6'05 et que l'on a connu en 1992 et 1999 à 6'32 (à noter au passage une version amusante éditée à 3'50 sur un ep promo). Là, on tient peut être un indice de quelque chose, mais de quoi ? Pour « Marchand de rêves », toujours indiqué à 11'58 comme pour l'édition d'origine alors que le morceau est amputé de son premier accord depuis 1992 (on le trouve encore sur l'édition de 1990). Bon, rien de très affriolant de ce côté là, on pèche surtout les erreurs du livret mais l'amateur de Manset n'a pas forcement une vocation de correcteur. En revanche, je remarque un certain laisser-aller chez ceux pour qui ce travail est rémunéré. Aller chercher les temps de versions antérieures pour une nouvelle édition, c'est fortiche. Une information tout de même, on apprend que le site web Manset est en construction. Le seul intérêt musical réside dans le choix des titres et leur ordonnancement, la chronologie étant respectée par cd mais des titres du même album pouvant se retrouver sur les 3 disques. Le sang est principalement pris dans la veine nostalgique de Manset et en cela la réalisation de l'objet est conforme à son contenu musical. Nostalgie et enfance. Nostalgie de l'enfance. La part belle est faite aux albums Lumières (5 titres sur 6), Matrice (6 sur 7) et Revivre (6 sur 7). Les titres plus enjoués que l'on pouvait trouver sur L'atelier du crabe (« Marin'bar », « L'atelier du crabe »), Comme un guerrier (« Pour un joueur de guitare », « L'épée de lumière », « toujours ensemble », « la route de terre »...) ou le Train du soir (« quand les jours se suivent ») sont absents. Malheureusement, toujours pas de « Musique dans la tête », mon titre préféré de GM. L'ensemble est toutefois cohérent et contrairement aux compilations fabriquées maison, le volume du son ne varie pas d'un morceau à l'autre et les enchaînement ont parfois un vraie saveur. Maintenant, chacun des cd nous raconte-t-il un bout d'histoire différent ? Si j'ai trouvé l'ensemble du long box cohérent, je ne suis parvenu à discerner à ce stade qu'une cohérence hypothétique par cd. Le premier serait-il celui de la fuite en avant, le chant de notre départ, le second celui de la solitude détachée de tout et le troisième celui du départ de l'autre ou de la jeunesse, de l'absence ? Quelqu'un aurait-il d'autres pistes ? Donc, au final, une réussite qui permettra de passer l'hiver au chaud dans ses souvenirs d'enfance, ou dans les souvenirs que l'on a de ses rêves d'enfance.
Retour à la page 1 des sites Pressibus
|