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    Pont de Vendée, attention danger...

    Cette page correspond
    à l'annexe 6 du livre
    "Tours et son tramway
    rouleau compresseur"
    Le livre


    Ce dossier, rédigé par un des experts du "front de convergence", titré " RECONSTRUCTION DU PONT DE VENDEE : ATTENTION DANGER…" est adressé, le 26 janvier 2011, à la Ministre de l'Environnement, au Préfet de Région (Autorité de Tutelle Environnementale), à la Délégation Nationale aux Risques Majeurs, au Président de la République via les Parlementaires d'Indre et Loire. Il est ici dans une seconde version, du 5 février, avec des précisions supplémentaires sur le calibrage insuffisant du pont.

      Depuis des mois, avec l’appui récent d’Associations environnementales agréées (« Convergence »), je mets en garde les Elus du SITCAT quant aux conséquences désastreuses du choix de tracé retenu pour la première ligne de tramway. Notamment le parti de reconstruire le « Pont de Vendée » sur le Cher afin d’assurer la desserte du nouveau quartier des Deux Lions, dans une zone classée « inondable d’aléa très fort », et située sur l’un des tronçons les plus névralgiques et exposés de tout le bassin de la Loire. Ce qui non seulement est un choix risqué mais illégal. La reconstruction de cet ouvrage est ici soumise à autorisation administrative au titre de la « Loi sur l’Eau ».

      D’inquiétants dysfonctionnements des rouages de l’Etat dans la conduite de cette procédure décisionnelle ont été constatés. Les nombreux avertissements adressés aux Elus, Administrations, Ministères… et dénonçant l’impéritie de nos décideurs sont jusqu’ici restés lettres mortes. Au niveau des autorités de tutelle chacun se renvoie la « patate chaude ». Monsieur le Directeur Délégué aux risques majeurs, pourtant chargé d’assurer la sécurité des citoyens, ne daigne même pas répondre à un pli recommandé l’informant des enjeux. Le cabinet du Ministère de l’Ecologie et des Transports fait part de mes « préoccupations au Préfet d’Indre et Loire », « représentant de l’Etat au niveau local, qui ne manquera pas d’étudier ce dossier et de vous tenir directement informé des suites qui lui seront réservées ». J’attends désespérément « les suites réservées… ». Manifestement moins d’un an après la tempête Xynthia engageant lourdement les responsabilités de l’Etat, ces Messieurs n’ont toujours rien compris et continuent de mettre en danger la sécurité des citoyens et de leurs biens. Où sont passés les engagements tonitruants du Chef de l’Etat au lendemain de cette catastrophe (65 morts ; 3,3 MM d’€ de factures pour les assurés) ? Promesses « de ne plus rien laisser construire en zone inondable », « de doter d’ici trois ans toutes les communes en zones à risque d’un P.P.R. et d’un Plan de Sauvegarde » (Discours de la Roche sur Yon le 16 mars 2010) ? Alors que tous les médias titrent « 2010 année record des cataclysmes », sur le terrain chacun constate que persistent toutes les carences de prévention qui demain transformeront « l’aléa naturel très fort » en catastrophe aux conséquences imprévisibles.


      Le futur pont de Vendée (sous un autre nom, sûrement). J'ai vu à plusieurs reprises la voie piétonne largement
      submergée par les eaux. A.B. (illustration du dossier d'enquête tome 2 E4 page 84 et du calendrier Sitcat 2011)

      Faut-il rappeler à nos décideurs que le quartier des « Deux Lions » n’est pas seulement l’image moderne et sympathique que l’on cherche à promouvoir depuis quinze ans. C’est aussi un polder, reliquat d’un projet d’urbanisation mégalo d’un grand Maire du siècle dernier. Chantier d’abord critiqué puis repris par son successeur. Des sommes colossales ont été engagées pour endiguer et mettre hors d’eau (remblais de 2 à 5 m) ces 70 Ha avec des implications hydrologiques et environnementales dénoncées à l’époque, y compris par certains « écologistes » aujourd’hui aux manettes du pouvoir municipal et affectés d’une brutale amnésie. Chantier ensuite interdit par l’Etat, enfin conscient des risques liés à l’urbanisation en zone inondable, et de la vulnérabilité aggravée pour les communes voisines du Val de Cher d'amont et d'aval ( Plan Loire 1994).

      Et le Cher n’est pas ici la paisible et nonchalante rivière apparente. Il s’agit d’un endroit très exposé, longtemps resté « coulée verte » prudemment délaissée par l’urbanisation. Tout a changé depuis un demi siècle où le lancement de l’opération « Rives du Cher » (1961) par J. ROYER impliquait la maîtrise et l’artificialisation du lit mineur. Après de complexes études d’impact sur maquettes de l’écoulement des crues (SOGREAH 1970 ; Laboratoire National d’Hydrologie de Chatou 1988-89), le lit du Cher fut totalement artificialisé, « rescindé », endigué, afin d’éviter la submersion des prairies du Cher destinées à l’urbanisation : Grande Rivière (aujourd’hui Quartier des Fontaines), Gloriette (Quartier des Deux Lions).Et pour maîtriser les plus redoutables crues septentennales ou centennales, un puissant barrage, prévu à l’amont du bassin (Chambonchard, 1986) devait sécuriser le dispositif. Les hydrologues et hydrauliciens restent néanmoins très sceptiques quant à la capacité de ces endiguements à contenir de grandes crues. Inquiétudes renforcées lors des dernières crues décennales (2003-cote 3,40): l'endiguement au droit de Tours a aggravé l'amplitude des crues dans les communes amont (Cf. Montlouis) et accru leur violence dans les communes aval, validant ainsi les modélisations de L.N.H. De Chatou. Résisteraient-ils seulement à des crues de récurrence cinquantennale comme celles de 1940 ou 1982 ( cette dernière provoquée sur le Cher par remous de Loire) ? A-t-on déjà oublié que face à l'onde il fut un temps question d’ouvrir le déversoir du Vieux Cher en janvier 1982, ce qui a été évité in extremis? Ce choix aurait provoqué la submersion de tout le lit du Vieux Cher, se répercutant jusqu’à la Gloriette. La question est d’autant plus opportune que le projet de barrage de Chambonchard a été abandonné. Et que le choix d’un endiguement systématique a montré ses limites d’efficacité au XIXè siècle sur la Loire. De plus l’effet atténuateur sur les crues, par vases communicants, du Canal Cher-Loire (1828) un temps constaté au XIXè n’est plus de mise avec la destruction de ce dernier dans les années 1960 pour laisser place à l’A10. Pour toutes ces raisons le nouveau chenal artificialisé reste l’objet d’une sollicitude inquiète… Et le projet de reconstruction du Pont de Vendée semble relever au mieux de l’ignorance, au pire de l’inconscience. Se pose en effet la question cruciale de la pertinence et de la fiabilité des études d’impact hydrologique sur maquette : depuis vingt ans aucune crue importante du Cher n’ayant permis de les valider. A ce jour pas un spécialiste d’hydrologie n’est capable d’imaginer objectivement l’impact matériel d’une crue centennale. Circonstance aggravante, la procédure d’Enquête Publique préalable à la DIG Loi sur l’Eau permettant de reconstruire ce pont repose sur un ensemble d’irrégularités juridiques et une cascade de paramètres hydrologiques aléatoires qui ne manquent pas d’inquiéter.

      1. L’étude d’impact hydraulique, imposée par la « Loi sur l’Eau » a été réalisée par le Bureau « Ingerop Conseil et Ingénierie » relevant du même groupe financier Ingerop retenu pour assurer la maîtrise d’œuvre dudit pont, donc « ayant intérêt au projet ». Ce point a-t-il été pris en compte par l’autorité de tutelle (Préfet de Région) ? Pourquoi n'a-t-il pas été relevé par la Commission d'Enquête DUP ? Et quelle valeur scientifique et juridique peut avoir une telle étude ? On voit mal le maître d’œuvre fournir un diagnostic préalable nuisible à ses intérêts…

      2. La modélisation de l’influence des piles de ce nouveau pont sur l’écoulement du Cher ne prouve aucunement la transparence hydraulique de l'ouvrage et encore moins sa fiabilité. Le Maître d'ouvrage ne tient même pas compte de l'artificialisation du chenal sur lequel il opère. Les critères admis pour établir le dimensionnement de l'ouvrage ne présentent aucune crédibilité. Le débit retenu paraît largement sous évalué (1600 m 3/s ) . La ligne des Plus Hautes Eaux Connues (PHEC) est établie dans les « conditions d'écoulement connues de l'époque » (1856), temps où la crue pouvait s'étaler dans un lit majeur de plus de 1000 m de large. Aujourd'hui le lit artificiel corseté de digues a été ramené à 230 m et le lit majeur totalement remblayé et mis hors d'eau à des fins d'urbanisation. Dans les conditions actuelles de l'écoulement (2011) 2000 m3/s dévaleraient probablement dans le goulet de cet entonnoir avec une vitesse d'écoulement accélérée par la chenalisation récente. Quelle fiabilité accorder à des calculs d'impact sur l'écoulement alors qu 'en période de grande crue un ouvrage de ce type peut provoquer des remaniements sédimentaires atteignant 2 m de haut ? L'imprudence de l'étude va même jusqu'à oublier la prise en compte des marges d'erreur dans la construction d'hydrogrammes. Pour information dans le modèle Hydratec utilisé par l'Equipe pluridisciplinaire du plan Loire en 2002 le bureau d'étude retenait une marge d'erreur de 50 cm pour la ligne d'eau et d'1 m pour le Modèle Numérique de Terrain (M.N.T.). Il faut donc se rendre à l'évidence: ce projet de pont se révèle dangereusement sous dimensionné et sa localisation aléatoire. Le bas du caisson rase le sommet des digues. En cas de crue centennale, soit il résistera à la pression et les conséquences seront imprévisibles au niveau de l'endiguement, soit il sera emporté par le flot comme l'avait été celui de Savonnières, légèrement en aval, lors de la crue de référence de juin 1856.

      3. Les réponses apportées par le maître d’ouvrage (SITCAT) à la Commission d’Enquête DUP sur les dépositions des citoyens (VIII 5 et 6 de M.F. LOUAULT et de Mme MASSOY notamment, p 195-196 du Rapport d’Enquête) témoignent d’un amateurisme alarmant compte-tenu de l’enjeu.. A ma remarque de non prise en compte d’une possibilité de concomitance des crues de Loire et du Cher dans la modélisation Ingerop, le maître d’ouvrage (M.O.) répond par un exemple unique, la crue de 2001, de fréquence décennale, pour prouver que la crue de la Loire n’a pas d’incidence sur celle du Cher au droit du Pont Saint Sauveur. Ces Messieurs ignorent-ils donc que fin XIX, l’Ingénieur des Ponts et Chaussées COMOY a choisi d’implanter deux déversoirs sur le Cher en aval du Pont Saint Sauveur dans son programme intégré de lutte contre les crues de la Loire après les catastrophes de 1846-1856-1866, elles mêmes provoquées par la concomitance des crues? Ces deux déversoirs (Vieux Cher et la Chapelle aux Naux) sont toujours en place et opérationnels. Et l'hypothèse d'inondation de contournement provoquée par concomitance des crues de Loire et Cher était clairement intégrée au SDAT de 1994 ( p. 116). Verdict de la Commission d’Enquête ? Joker ! « elle n’est pas apte à se prononcer sur l’influence d’une crue du Cher concomitante avec celle de la Loire (Dossier p.195). Et elle se fonde sur le petit nombre d’observations (13 sur 507 dépositions) pour démontrer le peu d’intérêt des citoyens pour l’Enquête Publique « Loi sur l’Eau »…et appeler St Sauveur à la rescousse afin d’émettre un « avis favorable au projet de pont ». Avis amorti de trois recommandations... ignorées par le maître d'ouvrage. Je pensais que les Commissaires étaient aussi Enquêteurs et devaient juridiquement prendre personnellement parti sur le projet soumis à enquête, indépendamment du nombre, du sens, ou de la portée des observations recueillies ? En l’occurrence ils ne font que ressasser les uniques arguties du seul maître d’ouvrage sur un enjeu pourtant crucial.
        Tout aussi cavalière la réponse du M.O. à l’observation de Mme MASSOY, justement inquiète de la marge de sécurité dérisoire (12 cm) retenue entre les plus hautes eaux du Cher et la sous-face du caisson de pont, compte-tenu de l’ « ensablement du Cher et de la végétation envahissante ». Le M..O. affirme que cette marge est calée sur la hauteur de la crue historique de 1856. A-t-il lu les conclusions du Rapport COMOY sur la crue de 1856 ? « Si les digues en place avaient contenu le flot sans se rompre, l’eau aurait atteint une hauteur de près de 9 m au-dessus de l’étiage » (La Loire, histoire des protections contre les crues DRE Centre et DIREN centre 1996) soit 1,30 au-dessus de la cote retenue pour caler la sous face du caisson du pont. 12 cm paraissent donc marge dérisoire : quelques glaces d’embâcle, des arbres, des débris…feraient aisément obstruction et provoqueraient la catastrophe. Et si la crue de référence reste celle de juin 1856, que penser des laisses encore plus élevées des crues de 1743 ou 1608 ?
        Le M.O. prétexte que le Pont Saint Sauveur un peu en aval présente une marge de sécurité identique. Certes. Mais tous les hydrologues locaux savent que ce pont constitue un dangereux verrou pour l’écoulement des crues. La dernière grande crue en décembre 1982 (4,07m au pont du Sanitas) a franchi d'extrême justesse ce goulet d'étranglement. Les études hydrauliques préalables à l’artificialisation du lit du Cher demandaient l’allongement du Pont Saint Sauveur d’au moins une arche afin de supprimer le coude du Cher à ce niveau. Cet allongement qui aurait également permis d’améliorer la débitance au niveau du pont n’a jamais été réalisé. Et le serait-il que cela ne ferait que déplacer les problèmes d’écoulement plus à l’aval, au niveau du brutal resserrement du lit mineur en face de la Z.I du Menneton. Là où s’arrêtent les travaux d’endiguement du Cher, donc où se limitent les modélisations sur maquette. Prévalent ici à nouveau les mécanismes du hasard, de l’aléa, de l’imprévisible.

      4. Tout aussi fondamentalement, la question de Mme MASSOY soulevait le problème de l’exhaussement inquiétant du lit du Cher lié à l’élargissement du chenal artificialisé. Plusieurs géomorphologues s’inquiétaient déjà de l’absence de prise en compte de ce paramètre dans les modélisations (cf. B. BOMER- Cahiers de la Loire Moyenne 1982) préalables à l’artificialisation. Chacun peut aisément constater aujourd’hui la vitesse de l’ensablement et de la végétalisation entre le Pont de Sanitas (Grammont) et le Pont Saint Sauveur. Ceci a pour effet, en période de crue, d’accroître la rugosité du lit, donc de rehausser le niveau de l’écoulement et la probabilité de submersion des digues. La reconstruction du Pont de Vendée ne peut qu’amplifier ce phénomène en favorisant la retenue d'alluvions. Et ce choix est d’autant plus inconséquent que l’ancien Pont de Vendée devait être démantelé dans les années 60 conformément aux impératifs des promoteurs de l’artificialisation du Lit du Cher. Il faut constater que Mr J. ROYER, sans doute mieux informé et plus prudent que son successeur, n’avait jamais osé, lui, jeter un nouveau pont dans le lit du Cher. Ni dans le quartier des Fontaines pourtant aussi « enclavé » que celui des Deux Lions. Quant à désensabler périodiquement le lit du Cher pour maintenir le profil du chenal? Impossible ici puisque les travaux affecteraient le périmètre de protection rapproché du captage d’eau potable de la ville de Joué les Tours. Cela ferait disparaître la capacité de filtrage naturel de la nappe alluviale.

      5. La Commission d’Enquête admet sans rechigner les affirmations péremptoires du M.O. sur la prise en compte des documents réglementaires d’insertion du projet (Loi sur l’Eau) dans la gestion du bassin du Cher concerné. A y regarder de plus près il apparaît évident que là encore la Commission s’est faite enfumer et n’a pas enquêté, ce qui aurait conduit à prendre avis auprès de juristes aptes à prononcer un avis motivé. L’absence de données sur le traitement des surfaces de parking, le manque d’engazonnement de portions de tracé en site propre (Tranchée par exemple ) laissent dubitatifs sur la prise en compte des ruissellements et donc sur la conformité du Dossier d’Utilité Publique au Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) Loire Bretagne.
        Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) du Cher aval est « en cours d’élaboration ». Il a été initié en 2007 et nos élus ne sont vraiment pas pressés de le voir aboutir tant il contrarierait leurs objectifs. On retrouve ici la fâcheuse propension des responsables du SITCAT à asseoir leur projet sur des plans et règlements d’urbanisme périmés (SDAT, POS) en cours de révision (PDU), en cours d’élaboration (PLU prévu pour 2011, SCOT pour 2012, SAGE?…) mais jamais sur des documents validés. Pas gênant : « il conviendra de mettre en conformité le droit et le fait dans le document final de mise en conformité » peut-on lire dans le Rapport d’Enquête Publique. Curieuse interprétation du droit. Le SAGE sera rédigé (droit) quand le pont sera reconstruit (fait) ! Ne serait-on pas là dans l'illustration de la politique du fait accompli ?
        Concernant le Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI) du 29 janvier 2001, comment affirmer que ce pont « en respecte les dispositions » quand on sait que ce document stipule expressément « d’éviter tout endiguement ou remblaiement nouveau qui ne serait pas justifié par la protection de lieux fortement urbanisés dans les secteurs classés en zone d’aléa très fort »? De plus le type d'ouvrage d'art retenu pour franchir la rivière semble contrevenir aux dispositions des circulaires des 24 janvier 1994 et 24 avril 1996 concernant le PPRI Val de Tours-Val de Luynes. Tout ceci serait risible s’il n’en allait de la sécurité des citoyens et de leurs biens. Le jour venu de la catastrophe prévisible que seront devenus nos apprentis- sorciers ? Oseront-ils clamer que « personne n’avait prévu » ?

      6. Comment ne pas s’étonner, enfin, de la précipitation de l’Autorité de tutelle environnementale (Mr le Préfet de Région) à rendre son avis sur une question gravissime puisqu’il en va de la sécurité des citoyens et de leurs biens ? Le dossier technique du demandeur (SITCAT) a été déposé le 17 mai 2010, l’avis du Préfet de Région daté du 10 juin 2010, peut-on vérifier sur les documents officiels. Moins de trois semaines d’instruction alors qu’habituellement un dossier d’une telle complexité requiert au moins une année d’examen et d’analyses préparatoires (et combien de temps pour faire valider par M. le Préfet votre vulgaire permis de construire ?). Qui plus est le dossier « Loi sur l’Eau » fourni à l’autorité de tutelle était savamment « saucissonné » afin d’en rendre l’intelligence difficile. Comment dans un délai aussi court consulter les hydrologues, les écologues, les experts compétents, les universitaires spécialisés…seuls aptes à évaluer des enjeux aussi complexes ? On ne peut se satisfaire des quelques remarques certes pertinentes mais insuffisantes de l’Autorité de tutelle environnementale : « choix du tracé retenu non argumenté », « la justification du choix de localisation du pont n’est pas abordée », « le dossier omet de présenter en quoi cette localisation s’avère la plus pertinente parmi les solutions envisageables au regard des contraintes environnementales ou des fonctionnalités attendues du projet. Cela est d’autant plus regrettable que de légères variantes ont été envisagées et présentées en pièce E3 de l’étude d’impact DUP »… Et surtout il échappe manifestement à l’Autorité environnementale que la modélisation hydraulique des crues du Cher a été réalisée par le maître d’œuvre attributaire de la reconstruction du Pont de Vendée lui-même. Or c’est la composante déterminante du dossier, celle qui valide la reconstruction. Une expertise indépendante sur ce projet de pont, sur ses enjeux hydrologiques et ses implications hydrauliques s’impose avant tout. Pourquoi pas effectuée par le L.N.H. de Chatou , ou le laboratoire d'hydraulique SOGREAH qui bénéficient de l'expérience acquise lors des études préalables aux travaux d'artificialisation récents..?

      Le Pont de Vendée n’est pas un ouvrage anodin. Il se localise au milieu d’un immense chantier expérimental d’hydrologie appliquée, grandeur nature, lancé voilà 40 ans…Ce chantier prométhéen était alors considéré comme le plus important d’Europe, mais aussi des plus risqués : l’artificialisation du lit du Cher sur près de 5 km, dans un secteur névralgique puisque les digues prévues supprimaient sur toute cette longueur les aires naturelles d’expansion des crues du Cher. Mais aussi de celles de la Loire puisque deux déversoirs écréteurs sont implantés un peu en aval. Cette expérience d’hydrodynamique fluviale a impacté de façon considérable l’écoulement et la morphologie des fonds alluviaux du lit artificialisé. A ce jour aucune évaluation scientifique de ce chantier n’a été effectuée et aucun hydrologue sérieux n’est capable d’imaginer comment de grandes crues historiques comme celles du XIXè se comporteraient dans le nouveau chenal, sauf qu'elles provoqueraient une catastrophe d’une violence inouïe. Pas question de laisser reconstruire un Pont de Vendée dont le choix de démolition s’intégrait, dans les années 60, à ce chantier expérimental. Le tramway peut passer ailleurs.

      François LOUAULT,
      Agrégé et Docteur en Géographie,
      Professeur de Chaire Supérieure,
      Spécialiste d’hydrologie,
      Membre du groupe fondateur de « Loire Vivante Touraine ».

      N.B.: L'auteur dispose d'une documentation et d'une bibliographie d'appoints à cette synthèse.

      Le 30 mars 2011, alors que les travaux sont bien entamés, ce sujet, toujours sans réponse satisfaisante, est un des deux points importants présentés au Président de la République dans un "Appel solennel pour que la Charte de l'Environnement soit appliquée dans la ville de Tours". Cet appel est signée par le front de convergence, comportant quatre associations et trois géographes, il est présenté sur la page de convergence.

      Action en Justice

      Tours, le 10 octobre 2011.
      Suite au mutisme des autorités et au rejet en mai du référé-suspension de TCSP 37, François Louault tire à nouveau la sonnette d'alarme et lance une action en Justice pour arrêter la construction de ce pont décidé et bâti à la hâte, sans précautions.

      Objet : mon recours en référé auprès du Tribunal Administratif d’Orléans demandant la suspension des travaux de construction d’un pont sur le Cher sur la commune de Tours par le SITCAT.

      Depuis plus d’un an, avec l’appui des Associations environnementales agréées et des riverains (Collectif « Convergence ») je mets en garde le SITCAT sur les conséquences inacceptables de la reconstruction du Pont de Vendée sur le Cher afin d’assurer la desserte du quartier des Deux Lions par le futur tramway de Tours. Cet ouvrage dangereusement sous dimensionné se localise dans un secteur d’aléa inondation maximum et dans le périmètre d’un chantier d’endiguement et de remblaiement interdit par le Ministre de l’Environnement (M.BARNIER) en janvier 1994 (« Plan Loire Grandeur Nature »). Ce pont fera obstacle à l’écoulement des crues importantes qui submergeront les digues en place, inondant les quartiers Bergeonnerie, Deux Lions, Rives du Cher (P.J.2 : cartographie de la modélisation INGEROP ; P.J.3 : analyse des résultats crues modélisées).

      L’Arrêté préfectoral autorisant la reconstruction de cet ouvrage témoigne d’innombrables négligences coupables, et de dysfonctionnements à tous les étages de la chaîne de contrôle décisionnelle technico-administrative. Averti de ces motifs le Maître d’ouvrage fait le forcing pour achever la construction de ce pont en un temps record, au mépris des règlements : prescriptions du PPRI, du SDAGE, afin de prendre de vitesse les riverains exposés et la justice.

      Devant la gravité des faits nous avons alerté les plus hautes Autorités de l’Etat et demandé l’application du principe de précaution dans l’attente des expertises et « études de danger » sur les digues qu’imposent les Lois de la République. En vain.

      C’est pourquoi j’ai décidé en tant qu’Universitaire (Agrégé, Docteur de l’Université), géographe spécialisé en hydrologie, et pour des motivations citoyennes évidentes, de déposer un recours en référé auprès du T.A. d’Orléans demandant la suspension des travaux de construction de cet ouvrage dans l’attente d’un jugement sur le fond de l’autorisation préfectorale contestée. Cette démarche s’appuie sur la Charte de l’Environnement inscrite dans notre Constitution depuis 2005. Précisément son Article 5 : le pont en construction sur le Cher « pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement » en cas de crues importantes. Les Autorités n’ont pas « mis en œuvre de procédures d’évaluation des risques ni adopté de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage ». Le Président du SITCAT (Maître d’ouvrage) et Monsieur le Préfet, représentant de l’Etat n’ont pas prévenu cette atteinte portée à l’environnement (risques accrus d’inondation) ni essayé d’en limiter les conséquences. Ce recours s’inscrit également en application de l’Article 2 de cette même Charte de l’Environnement : « toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement ».



      Je signale par ailleurs que le dossier "Loi sur l'eau" du tramway n'était pas disponible sur Internet en juillet / août 2010 lors de l'enquête publique et il était le seul à être ainsi, en grande partie, soustrait au public, n'étant consultable que sur place, dans les trois lieux d'enquête. De plus, il y a lieu de se demander si la page ici présente, indiquant que l'eau peut franchir les digues, était bien dans ce dossier. Cette rétention d'informations vient s'ajouter à tous les autres évitements de ce dossier.

      Suite à ce référé-suspension, la Nouvelle République a publié un premier article le 14 octobre (ici), puis un second le 25 octobre (ici) annonçant que le référé-suspension était rejeté, alors que François Louault lui-même ne le savait pas. Celui-ci a alors répondu ceci à la NR :
      J’apprends par voie de presse (NR de ce matin 25 octobre) et avant même d’en avoir été personnellement avisé par le T.A. d’Orléans le rejet de ma requête contestant en urgence la reconstruction du Pont de Vendée sur le Cher afin d’assurer la desserte du quartier des « Deux Lions » par la première ligne de tramway de Tours. Ayant eu tout au long de la procédure souci de discrétion (justice oblige), je trouve la démarche assez cavalière sur le plan déontologique, d’autant plus que le compte-rendu de l’ordonnance du Juge des référés se trouve agrémenté d’amalgames insupportables. Rappelons que je ne suis à ce jour encarté dans aucun parti politique ni aucune association locale.
      • « Un revers pour les anti tram » ? Je défends depuis des mois un mode tram-train beaucoup mieux adapté à la configuration de l’agglomération tourangelle, alors que le SITCAT a opté pour une technologie éculée et incompatible avec le passage ultérieur au tram-train.
      • L’affaire Charvet-Pello ? En quoi suis-je concerné par une procédure pour prise illégale d’intérêt qui échappe totalement à mes préoccupations ?
      Celles-ci sont avant tout citoyennes : il en va de la sécurité des 137 000 Tourangeaux exposés aux risques d’inondations aggravés par la construction d’un pont sous-dimensionné sur un tronçon d’aléa maximum. Mais aussi scientifiques : en tant qu’universitaire, spécialiste d’hydrologie, il est de mon devoir de rappeler à nos décideurs qu’ils se comportent comme des « apprentis-sorciers » en programmant cet ouvrage au mépris des prescriptions du PPRI et du SDAGE.

      Le Juge des référés estime que ma requête demandant la suspension de ce chantier ne démontre pas « la condition d’urgence ». Ce même argument m’avait déjà été opposé en mai sur un recours portant sur la DUP, auquel j’avais tenu à m’associer pour dénoncer ce projet d’ouvrage. J’attends avec impatience le jugement de ces requêtes au fond. Et d’ici là j’envisage avec mes conseils toutes les possibilités de suspendre ce chantier au regard du principe de précaution.

      Pour ma part, je m'étonne qu'après le référé-suspension rejeté pour la même raison en mai, le tribunal ose parler de non-urgence, alors que le pont est en construction et qu'il y a bien sûr urgence à stopper sa construction et la dépense inutile d'argent public pour un ouvrage soumis à de forts risques d'inondation. C'est la politique du fait accompli, qui donne raison à ceux qui enfreignent le principe de précaution.

      Les deux jugements sur le fond doivent être connus pour la fin de l'année.

      Tromperie organisée ?

      Tours, le 4 mai 2012
      Les choses traînent, le jugement est sans cesse reporté, il est maintenant prévu pour début juin 2012. Va-t-on attendre que le pont soit inauguré ?

      En attendant, les deux parties s'échangent de nouveaux documents, l'une (la préfecture) mettant plusieurs mois à répondre, l'autre quelques jours. Et dans ses réponses, François Louault alourdit les charges. Il a maintenant réunit un faisceau de présomptions laissant croire que l'on a essayé de tromper le public et la commission d'enquête. C'est particulièrement net pour une coupe des dossiers, exactement en page 28 du tome 2 piece E4 Effets.

      Mais d'abord, voici très précisément la coupe réalisée par François Louault en prenant en compte les documents les plus précis (concordants, à quelques imprécisions près).


      Voici maintenant le document de la page 28 :


      On voit que la digue sud (à droite) est largement plus haute que la digue nord. C'est manifestement faux.


      J'ai corrigé la coupe. Et j'ai mis le niveau de l'eau là où il devrait être puisque la digue sud ne protège plus grand chose, le quartier des deux Lions (au sud) étant bien plus exposé que le quartier des Rives du Cher (nord) en cas d'inondation.

      Tours, le 15 mai 2012


      Ceci n'est pas une digue.
      A cet endroit, depuis 2009, les documents officiels n'indiquent plus de digue.
      Cela permet de construire sans qu'une étude de danger ne soit préalablement menée.


      Rejet du recours par le Tribunal Administratif d'Orléans

      Tours, le 30 juin 2012
      Le Tribunal Administratif d'Orléans a rejeté le recours engagé par François Louault contre la construction du Pont sur le Cher. Dans cette page voisine, j'explique en quoi ce rejet est similaire aux précédents, ceux de la commission d'enquête et du préfet. Et quand il y aura inondation, qui donc sera responsable du manque de prévention ?

      Par ailleurs, François Louault a envoyé le 25 juin au Préfet de Région une lettre publiée sur cette page du site du collectif "Gare aux Tours". Il étudie l'opportunité de faire appel devant le Tribunal Administratif de Nantes.



      Décembre 2012 : l'Aquavit demande au préfet de différer l'acceptation de permis de construire aux Deux Lions en attendant des résultats d'étude sur les risques d'inondation, voir cette lettre


      Alain Beyrand
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