Retour à la page PLU
Demande de restriction des conditions de densification le long du tramway

Demande de diminution de la zone de densification le long du tramway

La densification de l'habitat le long du tracé du tramway est sûrement l'élément majeur de ce PLU, et, étant donnée la densification actuelle, le terme "sur-densification" apparaît meilleur.

En ce qui concerne les documents d'urbanisme, le projet de tramway s'est presque imposé ex nihilo, sans SCOT (seulement un SDAU obsolète), sans PLU (seulement un POS obsolète), avec un PDU obsolète (qui rejetait un transport en commun par rail...). Et alors que la révision du PDU de 2003 devait être faite en 2010 (d'après un dossier d'enquête du tramway), voilà qu'elle est reculée après le PLU. C'est donc le projet de tramway qui imposera sa logique au PLU, à la révision du PDU et finalement au SCOT, lequel SCOT aurait dû être la première brique. Tout est donc fait à l'envers. En conséquence, la ville doit s'adapter au tramway alors que le tramway aurait dû s'adapter à la ville. Ce constat est fondamental.

La raison essentielle de cette inversion des priorités me semble être cette densification voulue sur un couloir très large de 500 mètres de part et d'autre de la ligne de tramway, livrant la ville aux promoteurs pour en modifier durablement la structure. Il y a certes une logique derrière tout ça, notamment celle de la spéculation immobilière et d'un apport d'impôts locaux permettant de réduire les dégâts financiers du dispendieux projet de tramway. Mais les Tourangeaux, dans tout ça ? On ne leur a pas demandé leur avis. On peut même estimer qu'on les a grugés, car le programme électoral de l'actuelle municipalité n'envisageait pas une telle densification. La seule consultation, hélas trop peu connue, est celle de la présente enquête. Il y en a certes eu une sur Internet, en 2009, mais c'était pire, j'avais été le seul à m'exprimer. Et plutôt que de prendre en compte mes arguments, la municipalité a préféré maquiller davantage la réalité (les jardins St Lazare ont perdu leur caractère "ouvriers" ou "familiaux", ils sont devenus "spontanés" et sujets à risque en cas d'inondation !).

Il convient d'abord de prendre en compte ce que tous les Tourangeaux savent, c'est que leur ville est malade de la congestion automobile. Il n'y a là rien d'extraordinaire, bien sûr, c'est le lot de toutes les villes fluviales et le coeur de la cité est coincé entre Loire et le Cher, et aussi, dans l'autre sens par une autoroute et des voies de chemin de fer nombreuses. Densifier le centre de Tours ne peut qu'aggraver la situation, cette évidence rend naturellement les Tourangeaux rétifs à la densification envisagée. Mais leur a-t-on demandé leur avis ? Y-a-t-il une volonté de prendre en compte cet avis quand il transparaît clairement, notamment dans les dépositions de la présente enquête ?

Le 18 novembre 2009, lors d'une réunion municipale d'information sur le PADD, j'ai posé la question sur la contradiction qu'il y a à vouloir à la fois "apaiser les axes routiers" et densifier le centre-ville autour du tramway. Il m'a été répondu qu'il s'agissait d'un pari que la population emploierait moins l'automobile en centre-ville. Comment peut-on prendre un tel pari inconsidéré ?

Je rappelle un précédent très révélateur, la restructuration de l'hôpital Bretonneau il y a quelques années. Une place restreinte était laissée à l'automobile avec une meilleure desserte des transports en commun. Les Tourangeaux devaient changer leurs habitudes. Ils ne les ont pas changées. Pire, les nouveaux usages, avec une importance renforcée du Centre Hospitalier au delà même du département, a amené des lointains malades et visiteurs... en voitures. Et la situation des stationnements sur tout le quartier est très critique pour le désagrément de tous, visiteurs et habitants. C'est à un point tel que début mai 2009, le personnel soignant a débrayé pour protester contre le manque de places de stationnement.

On est dans la même fuite en avant. On veut densifier en pariant que le tramway règlera les problèmes de circulation, mais l'accroissement des usages ne fera qu'augmenter les déplacements et une grande partie d'entre eux se feront en automobile. Alors que le tramway aurait permis d'améliorer la congestion du centre-ville, la densification va provoquer l'effet inverse, avec de multiple conséquences, comme la diminution des espaces verts, l'aggravation de la pollution, la dégradation de la qualité de la vie...

Je comprends certes que cette densification a des justifications solides, en lien avec le Grenelle 2. Effectivement, elle permet de diminuer les longueurs déplacements, mais à quoi ça sert si on augmente les temps d'embouteillage ? Ca pourrait certes être un bienfait, mais encore faut-il qu'il ne soit pas contrebalancé par des méfaits tels que ceux que je viens de présenter. Il est nécessaire d'étudier les incidences de la densification de manière globale, en prenant en compte les divers facteurs. J'ai parlé de celui de la congestion automobile, mais il en est un autre très important aussi, c'est celui de la dégradation environnementale. Elle est déjà forte sur le centre-ville, avec des zones importantes sans verdure et avec une réduction régulière des espaces verts, que ce soit par les constructions nouvelles ou par les réaménagements. Certes la municipalité met en avant des nouvelles plantations censées remplacées les anciennes, mais on plante plus jeune, c'est évident, et aussi moins haut et moins large, et le rythme des rénovations ne permet plus guère aux arbres de vieillir. Cette dégradation ne peut être qu'accélérée par le processus de densification.

La tour qui doit être édifiée près de la gare concentre tous ces défauts. Dans les projections réalisées, aucun espace vert n'est mis en place, quelques arbrisseaux présents sont même supprimés. Une telle tour amènera un surplus conséquent d'automobiles alors que la circulation bouchonne fréquemment sur la place de la gare (Gal Leclerc) et que la pollution y est déjà forte.

Par ailleurs, les conditions d'aménagement dans la ville, hors de cette zone, en continuation du précédent POS, permettent déjà une densification, certes moins importante. Cela permet notamment, d'aménager les abords de la place Anatole France, de façon raisonnable, alors que ce qui est prévu apparaît, comme à la gare, démesuré.

Le contexte du centre-ville ne permet donc pas la densification projetée, sur un trajet qui va de la place Pilorget au carrefour de Verdun. Au delà, les conditions d'accès de circulation et les aménagements d'espaces verts m'apparaissent meilleurs pour supporter une densification. Une analyse plus fine pourrait toutefois corriger cette opinion. Je souligne aussi que je me place dans les conditions à court terme où le véhicule automobile personnel est très répandu. Une augmentation très importante du prix des carburants pourrait changer la donne en amenuisant le trafic automobile et en libérant des espaces conséquents permettant de remplacer des places de stationnements par des arbres et espaces verts. Ces conditions rendraient alors possible une densification en douceur acceptée par les habitants. Dans l'actuel PLU, il pourrait être envisagé de lier la densification à de telles conditions, mais d'une part, ce n'est pas facile et d'autre part ça ne peut être que dans un terme moyen à long qui concernera un autre PLU.

En conséquence, je demande à ce que la densification soit supprimée entre la place Pilorget et le carrefour de Verdun pour ne subsister qu'au nord de la place Pilorget et au sud du carrefour de Verdun.

Il s'agit de rétablir les priorités : la ville doit s'adapter à ses habitants et le tramway doit s'adapter à la ville pour être avant tout un moyen de transport efficace, qui réduit les difficultés de déplacement. Le tramway n'a pas à sur-densifier un espace déjà très dense. Au contraire., il devrait permettre de soulager les effets très néfastes de l'actuelle densification pour permettre un mieux vivre.

Cela signifie, notamment que :
  • aucune tour ne soit édifiée sur le bord de la gare, de la place Anatole France et de la place de la Tranchée.
  • la zone UCat redevient UCa
  • la zone UCt redevient UC
  • la zone UNt redevient UN au sud de la place Pilorget
Au sujet de ces tours, il convient de rappeler qu'elles sont très énergivores. A quoi bon prôner écoquartiers et économies d'énergie quand on gaspille cette énergie dans de hautes tours ? Il y a là un grave manque de cohérence.

Alain Beyrand


Ajout du 10 mars

Parmi les effets négatifs de la densification, il y a l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, comme le montre la page 75 du rapport "Etat initial de l'environnement". Diminuer ces émissions n'est pas un soucis du présent PLU (notamment, elles ne sont pas citées dans le rapport "Evaluation environnementale"). Les directives gouvernementales n'iraient-elles pas en ce sens ?

Une autre disposition est contraire à la densification, elle est dans le rapport PPRI, page 5, il y est écrit qu'en zone B, un objectif est "la limitation de la densité de la population". C'est, d'ailleurs une disposition habituelle des PPRI. Mais alors, pourquoi faire le contraire le long du tramway ? Et sans même relever cette contradiction d'envergure… En conséquence, je demande que l'objectif de limiter la densité de la population en zone inondable B soit respecté.

Par ailleurs, je me dois de mettre en parallèle ce chapitre avec celui sur le manque de concertation. Les deux sont évidemment liés quand on sait que la population tourangelle est en grande majorité opposée à la densification que l'on essaye de lui injecter par des voies détournées sans autre consultation démocratique que la présente enquête, heureusement obligatoire. La lecture des dépositions est éloquente quand on constate que seulement quelques unes défendent la densification et que les plus argumentées sont celles de conseillers municipaux de la majorité qui ne signalent pas leur fonction.

Le même phénomène s'était produit, six mois plus tôt dans l'enquête publique sur la première ligne du tramway, lorsque 17 conseillers municipaux devenus de quelconques habitants avaient vanté les mérites du projet. Je ne remets pas en cause leur témoignage mais leur manière d'agir de façon masquée. Le fait qu'ils n'interviennent pratiquement que sur ce thème montre à quel point cette densification, et la spéculation immobilière qui l'accompagnera (et l'accompagne déjà), est précieuse pour la municipalité.

Indication de la légende de la photo ci-dessous.


Cette photo prise d'un grenier du quartier Velpeau présente, sur l'ensemble du bâti le plus haut,
en indication rouge, toutes les constructions récentes de moins de 30 ans.
Cela constitue plus de 50 %. L'horizon bâti qui était très dentelé il y a trente ans s'est égalisé par le haut.
On se rend compte que la densification est déjà forte et continue. En ce qui concerne celle qui est prévue
le long du tramway, le terme de "sur-densification" convient mieux.


Le 21 mai 2011
Dans son rapport, le commissaire-enquêteur donne d'abord une précision : "Le SDAT de 1996 a été abrogé de fait à la date de création du périmètre du SCOT et du SMAT en 2003". Mais c'est tout ce que lui inspire mes propos sur les documents d'urbanisme."

Ce sujet de la densification a été le plus abordé lors de cette enquête publique. Même s'il se montre incapable de "renverser la machine", alors que c'était en son pouvoir, le commissaire-enquêteur a pris en compte et mis en avant cette préoccupation essentielle des habitants. Je comprends donc que dans son rapport, suite à mes seuls propos, il limite sa réponse : "La densification dans le corridor est en cohérence à la fois avec les objectifs du Grenelle 2 et les orientations du PADD. Elle est accompagnée de règles qualitatives dans les articles 11 et 13 du règlement (aspect des constructions et aménagement des abords). Dans ce corridor, pour éviter la "congestion" des quartiers par les voitures, il est fixé des normes-plafond pour restreindre les possibilités de stationnement et inciter le report des déplacements vers les transports en commun performants (tramway, bus à haut niveau de service) ainsi que vers les modes doux. En compensation, le règlement impose l'aménagement d'aires de stationnement pour les vélos".

Je ne peux que sourire à la naïveté du propos qui consiste à croire que la circulation automobile décroîtera parce qu'on aura restreint les possibilités de stationnement parallèlement à la densification et sans prendre de mesures plus drastiques. De plus, c'est méconnaître les problèmes posés par l'insuffisance de stationnement. Ce qui s'est passé autour de l'hôpital Bretonneau n'est vraiment pas pris en compte, on persiste dans l'erreur...

Retour à la page PLU