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Ma conclusion générale

Conclusion de mes dépositions
    Mes dépositions sont orientées vers une meilleure prise en compte de l'environnement arboré en centre ville, entre Loire et Cher. Le "bien vivre en ville" est à la base de mon analyse. Je pense que nature et bâtis peuvent se conjuguer ensemble, et qu'ils le font bien dans certains quartiers (en bonne partie grâce aux "particuliers tourangeaux"). Je pense aussi que dans d'autres quartiers, la nature subit de graves dégradations. Le présent PLU apporte très peu de garde-fous permettant d'enrayer cette minéralisation et cette aseptisation sans cesse croissantes. Une municipalité comme celle actuellement en place pourra donc continuer à écarter la nature du centre-ville, remplaçant arbres par arbustes, remplaçant les repères forts de notre nature citadine par des mobiliers verts interchangeables.

    En définitive, l'actuelle municipalité est à la fois responsable d'étude dans ce PLU qu'elle a élaboré toute seule et maître d'ouvrage dans sa réalisation. La population se trouve bernée après deux mandatures assez neutres en matière urbanistique, avec une densification certes appuyée mais encore raisonnable. En 2007, le programme électoral du maire, reconduit pour une troisième mandature, ne laissait pas du tout présager le changement de cap effectué, avec l'arrivée d'une période noire pour la nature en centre-ville, depuis l'abattage en 2009 des 60 platanes du boulevard Tonnelé jusqu'aux 1000 arbres abattus le long du tramway, avec un bilan particulièrement négatif le long de la moitié centrale du parcours (510 arbres abattus, alors que 374 auraient pu être sauvés, 370 plantés alors que 299 auraient pu être plantés si les 374 avaient été sauvés, d'après mon étude très précise des dossiers d'enquête).

    En 2007, le coût du tramway était encore raisonnable (il a augmenté de 40 % pour le même kilométrage et le même nombre de stations). Le programme électoral du candidat élu ne prévoyait pas du tout une accélération de la densification, il annonçait la reconstruction de la passerelle Fournier. Il montrait des prévisions sur la gare et la place Anatole France sans grandes tours. La présence dans la majorité municipale d'un parti écologiste laissait présager des avancées en matière environnementale, il n'y eut pratiquement que des reculs et tous les conseillers municipaux de la majorité, et en bonne partie au delà, se sont comportés comme des petits soldats disciplinés, même si certains commencent à se rendre compte de la situation.

    Les Tourangeaux sont pris en traître par ce changement de cap inattendu et anti-démocratique (la concertation sur le tramway a été aussi déplorable que celle sur le PLU). La présente enquête publique est le dernier rempart avant les prochaines élections municipales, encore lointaines, pour empêcher que la cité ne soit entièrement livrée à des intérêts plus privés que publics, laissant une large part aux investisseurs immobiliers. Ce programme de 2007 titrait alors tout le contraire : "Un modèle urbain de référence, respectueux des Tourangeaux et de leur environnement". Les Tourangeaux ont été grugés, la politique urbaine et urbanistique qu'on leur avait promise a changé de cap avec le tramway et le PLU.

    C'est le tramway qui a servi de prétexte à ce changement de cap. Le fait qu'il ait été attendu depuis plus de dix ans et qu'il soit auréolé d'un prestige vert environnemental a permis de s'en servir comme un Cheval de Troie pour faire passer avec lui des dispositions inattendues. La plus marquante est la mise en place d'une très large zone de densification poussée de l'habitat, ignorant le bâti existant et ses habitants. Alors que les Tourangeaux pensaient que le tramway permettrait de désengorger le centre ville de la circulation automobile, voilà donc qu'au contraire celle-ci va s'accroître par l'arrivée d'un important habitat en tous genres.

    La plupart de mes demandes vont dans un sens correctif pour enrayer ce phénomène contraire à l'intérêt public des habitants. Je les reprends ici toutes :
    • Je demande à ce que le projet sur l'îlot St Lazare soit rejeté et je demande à ce que cet îlot soit "protégé par une servitude de terrains cultivés en zone urbaine".
    • Je demande que la reconstruction de la Passerelle Fournier soit considérée comme un projet prioritaire.
    • Je demande qu'une zone de 50 mètres de largeur soit créée le long de l'autoroute pour que les constructions d'immeubles d'habitation y soient interdites, pour que certaines autres constructions (bureaux, magasins...) y soient réduites et pour que des plantations de grands arbres y soient jugées prioritaires, avec des règles contraignantes.
    • Je demande que la rue d'Estienne d'Orves soit rétrécie pour y planter des arbres.
    • Je demande à ce que la densification le long de la ligne de tramway soit supprimée entre la place Pilorget et le carrefour de Verdun pour ne subsister qu'au nord de la place Pilorget et au sud du carrefour de Verdun.
    • Je demande que l'objectif de limiter la densité de la population en zone inondable B soit respecté.
    • Je demande que soient mises en place des règles permettant de réellement conforter et développer une trame verte.
    • Je demande à ce que les intentions vertueuses soient prises en compte afin que soient sauvegardés le mail du Sanitas et ses marronniers et érables, le cèdre à l'ouest du carrefour de Verdun, les platanes au bord du tramway entre la place Jean Jaurès et la rue Charles Gille, les 14 tilleuls de la place Choiseul.
    • Je demande que les règlements de constructions fassent la différence entre arbres, arbustes et arbrisseaux.
    • Je demande d'ajouter aux éléments paysagers préservés la liste que j'ai présentée.
    • Je demande que les arbres des casernes Beaumont-Chauveau soient conservés dans les nouveaux projets immobiliers.
    • Je demande que le bâtiment de la mairie annexe de St Symphorien soit sauvegardé.
    • Je demande que toutes les maisons de type "particuliers tourangeaux" soient protégées, en incluant leur jardin ou cour.

    A ces demandes s'ajoute un certain nombre de constats gravement contraires à la tenue d'un bon PLU, je les ai développés précédemment et je les résume maintenant rapidement :
    • un manque presque total de concertation causé par un refus délibéré d'étudier la cité de demain avec les habitants et associations. La municipalité et les services techniques ont mijoté leur PLU seuls dans leurs coins.
    • ce manque de concertation s'avère très handicapant sur les choix retenus. Une véritable concertation n'aurait certainement pas validé les points suivants :
      • une densification reposant sur un "pari" très risqué. Il y a là une fuite en avant qui dégradera la qualité de vie des tourangeaux.
      • les 20 projets retenus ne sont pas tous ceux qui s'imposaient. Avec notamment en trop les jardins St Lazare, les hautes tours en centre-ville, et avec l'absence de la Passerelle Fournier.
      • les éléments paysagers à protéger sont très faibles.
    • les objectifs du PLU exprimés dans le PADD partent dans des directions concurrentes sans que des critères de choix n'aient été signifiés.
    • l'objectif de renforcement et le développement de la trame verte exprimé dans le PADD n'est pas du tout mis en application dans le PLU sur Tours Centre. D'autres objectifs exprimés dans le PADD ne sont pas mis en application, notamment pour la reconstruction de la passerelle Fournier.
    • on rencontre parfois une volonté de falsifier les faits. C'est flagrant pour les jardins ouvriers St Lazare.
    • des objectifs ne sont pas mis en application. En premier lieu, l'objectif de renforcement et de développement de la trame verte exprimé dans le PADD n'est pas du tout mis en application dans le PLU sur Tours Centre. La reconstruction de la passerelle Fournier n'est pas programmée, alors qu'elle est en phase complète avec plusieurs objectifs.
    • on la retrouve aussi sur le fait que la compatibilité avec le SCOT serait acquise alors que celui-ci est en cours d'élaboration et qu'une compatibilité ne peut bien sûr être acquise qu'avec un document finalisé. De plus, aucun "rapport de non-contrariété" n'est fourni par rapport au SDAT de 1997, qui reste la référence tant que le SCOT n'existe pas.
    • Ce PLU aurait dû être traité après le SCOT et après le PDU. Aucun "rapport de non-contrariété" n'est fourni. Aucune explication n'est fournie sur cette inversion, notamment sur le report de la révision du PDU de 2003. Celle-ci aurait du avoir lieu en 2008, puis elle a été prévue avant la fin 2010 et elle est encore reportée.

    A cause du cumul et de la gravité de ces constats négatifs, à cause de l'importance de toutes mes demandes allant jusqu'à une remise en cause profonde, je donne un AVIS DEFAVORABLE au PLU de la ville de Tours tel qu’il a été soumis à la présente enquête publique et j’invite instamment M. le commissaire enquêteur à émettre le même avis.

    Alain Beyrand
    Ancien membre du Conseil de la Vie Locale de Tours Est
    Blogueur, www.pressibus.org/blogcvl
    Auteur des livres "Tours et son tramway rouleau compresseur"
    et "Tours et son tramway tronçonneuse"
    (la présente déposition est disponible sur le blog
    et sera probablement reprise en annexe d'un futur livre)


Chacun peut faire une déposition à la commission d'enquête et exposer ses arguments. C'est à écrire sur un registre situé à l'hôtel de ville (entrer par la grande porte et suivre les flêches PLU) ou écrire à M. Ratinaud, commissaire enquêteur, PLU, mairie de Tours, 37296 Tours Cedex 9.

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