Une guinguette sous l'autoroute A10 ! Entre Tours et Saint Pierre des Corps On ne craint plus les inondations, la digue du canal peut être détruite |
lors des journées du bénévolat des 1 et 2 octobre 2016 en l'Hôtel de Ville de Tours, a fait jaser. Ce n'est effectivement pas partout que les décideurs ont une idée aussi brillante ! Les touristes viendront de loin pour apprécier le spectacle. |
Sommaire
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Le 29 juin 2015, de gauche à droite, Frédéric Augis, maire de Joué lès Tours, Serge Babary, maire de Tours, Marie-France Beaufils, sénatrice-maire de Saint Pierre des Corps, l'oeil vif et l'esprit éclairé, choisissent le meilleur projet des 7 équipes sélectionnées. C'est désormais leur projet, celui qu'ils présentent fièrement fin septembre 2016 en une exposition dans les locaux de l'agglomération Tour(s) Plus. Quel fulgurance dans la vision d'avenir !
Là, où le maire précédent, Jean Germain, voulait installer une déchèterie, là où se trouve actuellement un parking-relais que l'on croyait fort utile, voici qu'ils transcendent tous les errements passés. A ces trois têtes pensantes s'ajoutent deux autres décideurs locaux, Laurent Bresson, directeur de la DDT 37, zélé serviteur de l'Etat, lui aussi présent dans le jury, et le célèbre Philippe Briand, député-maire de Saint Cyr sur Loire, président de Tour(s) Plus et président de Citya Immobilier, qui a rédigé la préface du prestigieux catalogue de 40 pages de l'exposition, clamant par trois fois combien ce projet est innovant ! Ah oui, pour être nouveau, c'est nouveau ! |
Le passage de l'autoroute A10 est l'endroit endroit le plus pollué de l'agglomération, provoquant plus de 60 morts par an. Voir la page voisine Un couloir de pollution. |
Le 27 septembre 2016, devant les locaux de Tour(s) Plus par une belle journée ensoleillée : trois vélos (dont le mien) perdus au milieu des véhicules à moteurs. Heureusement, à l'intérieur des locaux, on imagine un autre monde... |
Effectivement, un "Atelier National Territoires en mutation exposés aux risques", composé d'urbanistes, a décidé de son propre chef, sans la moindre assise scientifique (notamment l'Etude de Dangers 2013 dont il a détourné les conclusions) que la digue du Canal, en bordure Est de l'autoroute, sur la commune de Tours, est "inutile et dangereuse". Peu importe que ce soit faux, c'est devenu une priorité des aménageurs. Pour eux cet ouvrage est un obstacle à leurs projets. Il a pourtant fait ses preuves en stoppant l'inondation de 1866 et en 2012 il était encore considéré en bon état et élément essentiel de la protection du val de Tours.
Un projet, tel que celui ici présenté (il y en a d'autres, comme une sortie d'autoroute, des remblais à construire sur Saint Pierre des Corps...), apparaît de façon déconnectée du risque d'inondation, avec des éléments de langage et un baratin avant-gardiste pour embobiner en premier lieu les élus et médias, en second lieu la population. Derrière, l'espoir de gros profits (BTP, Vinci...) apporte une force d'adhésion visiblement très convaincante. Elle est même implacable puisqu'un élément clé du processus, le déclassement de la digue du Canal, a été enclenché en janvier 2016 sans qu'un seul conseil municipal n'ait été consulté, encore moins la population. La prévention contre les inondations, si essentielle pour nos ancêtres, est donc reléguée au second rang (détails sur la page de l'Aquavit dédiée à la la digue du Canal). De La Ville aux Dames à la Riche, 130 000 personnes sont concernées. |
Les consignes pour que le val de Tours soit plus facilement inondé sont donc suivies. Mais à moitié seulement, à peine même, car on est encore loin de respecter l'arrêté du 19 janvier 2016 qui veut la "mise en transparence" de la digue du Canal. On atteint seulement une solution "intermédiaire" comme l'indique le schéma ci-contre du site de l'Aquavit.
"Avant" (encore maintenant), la hauteur de la digue atteint 53 m (au dessus du niveau de la mer), quand on met les batardeaux pour obstruer les percées, comme la rue Zamenhof. Avec ce projet "intermédiaire", on arriverait à la "hauteur hors batardeaux" (ou hauteur de la rue Zamenhof) de 50,50 m. Or la "mise en transparence" "Après" va bien au delà, elle signifie qu'il faut laisser l'eau se diffuser et creuser comme le montre un schéma de l'Atelier National jusqu'à 48 mètres ! L'arrêté de déclassement n'est donc pas respecté, la digue du Canal fait encore barrage à l'écoulement des eaux, elle est encore une digue et devrait être à nouveau considérée comme telle. Il est très surprenant que M. Bresson, DDT 37, membre du jury, qui devrait être au faîte de l'information, ait validé cette acceptation d'un important remblai. Il n'a certes reçu "la feuille de route" que le 3 août 2015, un mois après avoir participé au jury, mais il était encore temps d'arrêter cet emballement. L'a-t-il seulement dit clairement aux autres décideurs ? Ecrêter l'eau à 50,50 m (50 cm plus bas que la crue de référence de 1856) comme le ferait un déversoir, c'est l'empêcher de se répandre de La Ville aux Dames à La Riche en cas de rupture de digue à l'amont ou inversement si rupture à l'aval, c'est complètement contraire aux consignes de l'Atelier National et cela remet en cause l'arrêté de déclassement de la digue du Canal et le PPRI 2016. Tant mieux pour les habitants du val, mais que l'on cesse ces incohérences (voir aussi les réactions des autorités lors des inondations de juin 2016, page Aquavit), que l'on cesse la dangereuse "expérimentation" en cours et que l'on revienne à la stratégie éprouvée de "l'approche défensive du risque d'inondation" ! Toute cette opération ressemble à un leurre, une étape intermédiaire fictive pour introduire progressivement l'application voulue par l'Etat de la dangereuse "feuille de route". Plus qu'à la population, cette mascarade s'adresse aux egos des élus pour qu'ils acceptent ce que leurs habitants ne peuvent que refuser. Le cas le plus flagrant est celui de Mme Beaufils qui, ne comprenant pas que cette digue protège sa commune de St Pierre des Corps d'une inondation aval, veut depuis longtemps sa destruction. Elle en train de se faire berner en acceptant le futur déversoir de Conneuil qu'elle avait de tout temps énergiquement refusé. |
Le projet présenté est divisé en sous-projets, souvent indépendants. Tout n'est pas aussi mauvais que le coeur du sujet qui vient d'être analysé. S'il m'est difficile d'évaluer certaines de ces "interventions" et si je ne veux pas entrer dans leur détail, il en est une qui est particulièrement intéressante (même si elle est traitée de façon assez irréaliste) car elle correspond à un souhait légitime des habitants, tant les lieux ont été mal conçus (la première responsable en est Mme Beaufils). La voici. |
Elargir ce trottoir étriqué est une évidence depuis sa création il y a 24 ans, il suffit simplement que la mairie de Saint Pierre des Corps le veuille et que Carrefour libère le terrain, ne serait-ce qu'un ou deux mètres de largeur supplémentaire.
Cet exemple montre que, plutôt que de nous embarquer dans des histoires prestigieuses à dormir debout (guinguette...), plutôt que de mettre en danger nos maisons (déversoir de Conneuil, mise en transparence de la digue du Canal), plutôt que de gaspiller l'argent public dans de telles opérations d'aménageurs déconnectés des réalités, Mme Beaufils et les autres décideurs feraient mieux d'être à l'écoute des habitants pour améliorer au mieux leur qualité de vie en une suite de petites opérations bien ciblées. |
Alain Beyrand, le 5 octobre 2016
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