Héros quotidiens des années 50 et 60
Evolution

De 1946 à 1975, de Lariflette Janique Aimée Evolution du genre

1 - De 1946 à 1950, les essais.
    Lariflette, Subito, Pitche, Oscar, Nimbus sont les premiers personnages à éclore dans une presse complètement renouvelée. Ce n'est encore que le prolongement des bandes dessinées d'avant guerre, dominées par Nimbus et Pitche. Les bandes américaines sont aussi présentes, comme Félix le Chat dans L'Humanité, Super-Femme dans France-Soir.

    Fin 1946 apparaît la première bande dessinée quotidienne française à suivre : Les Misérables de Niezab dans France-Soir. La formule, qui semble assez spécifique à la France, fera un "tabac" : les adaptations de roman avec texte sous chaque case vont connaître un long succès. Opera Mundi généralise le procédé, d'abord avec les adaptations d'Alexandre Dumas réalisées par Josse.

    Ensuite, les bandes à suivre avec bulles font rapidement leur apparition. Au début, elles vivent parfois avec le texte sous l'image. En 1950, France-Soir édite la première bande verticale Le film du demi-siècle de Gordeaux et Bellus. Puis ce sont les premiers Crime ne paie pas et Amours Célèbres. Opera Mundi emboîte le pas.

    La presse nationale s'attache de jeunes auteurs, la presse régionale découvre le matériel des agences S.D.D.F, Paris-Graphic, Presse Service Magazine, Opera Mundi, et s'attachent des illustrateurs ou dessinateurs d'humour pour illustrer l'actualité. Certains (Rab, Bindle, Aldé...) se tourneront vers la BD.

    Le terme "bande dessinée" commence à être utilisé, le premier cas référencé date du 12 novembre 1949, en "une" de La Nouvelle République du Centre-Ouest (pour Capitaine Fracasse de Bressy, texte sous l'image). Il se généralisera dans les années 50 pour désigner les bandes horizontales quotidiennes. Ce n'est que dans le courant des années 60 qu'il prendra une signification plus large.

    Il est tout de même navrant de voir comment le monde de la "BD" d'aujourd'hui a rejeté les bandes quotidiennes des années 50, alors que le terme "Bande Dessinée" en est issu !
2 - De 1951 à 1959, le développement.
    Les journaux et dessinateurs ont pris leurs marques. Les séries se multiplient. Les auteurs créent héros et aventures avec un constant renouvellement. Hormis les bandes muettes, les séries ne dépassent guère les 800 bandes.
La grande créativité des années 50
    Plusieurs quotidiens nationaux cultivent leur spécificité en ayant leurs propres BD. Certains quotidiens régionaux en font autant, allant plus loin, jusqu'à se personnifier en leurs héros : Lariflette, Poustiquet, M. Jujube, M. Mouche... Parfois ils utilisent des héros d'agence, français (Subito, Nimbus...) ou étranger (Ferdinand, M. Bommel...).

    A partir de 1956, la rivalité entre Opera Mundi et Mondial Presse et l'augmentation du nombre de pages des journaux provoquent de nouvelles et nombreuses créations.
3 - De 1960 à 1969, le classicisme.
    Les structures sont en place, Intermonde Presse a rejoint Opera Mundi et Mondial Presse. Qu'ils soient attachés à des agences ou à des journaux, les dessinateurs de la décennie précédente sont au meilleur de leur art.

    Le format se fige (plus court que dans les années50 , 3 cases plutôt que 4). De longues séries se développent. Elles sont belles, mais on ne sent plus le fourmillement d’avant. Les bouleversements sociologiques de la fin de la décennie se répercutent peu sur la nature et le contenu des BD. Les jeunes auteurs se sont fait rares.
4 - De 1969 à 1975, le déclin.
    L'essoufflement devient tangible. La surface de la BD dans les journaux diminue. De nouvelles séries apparaissent, mais elles ne s'imposent pas. Les directeurs de journaux qui croyaient à la BD n'ont plus d'idée ou s'en vont. Les jeunes dessinateurs ne savent pas qu'ils peuvent travailler dans les quotidiens : leur mise à l'écart dans les années 60 était lourd de conséquences.

    Une autre BD adulte voit le jour qui éclipse complètement la première. Après ces années, la presse essaye de s’adapter à la “nouvelle BD”, en publiant les albums qui paraissent. Mais leurs pages ne sont pas créées pour une lecture journalière, elles n'en ont pas le rythme. Logiquement, ces "tranches d'albums" ne retrouvent pas le public perdu.
Qui donc réinventera le rythme quotidien ?

Des chiffres éloquents
    En 1946, le tirage journalier des 28 quotidiens nationaux est de 6 millions d'exemplaires, celui des 175 titres de la presse régionale est de 9 millions. Ces chiffres monteront de façon modérée durant toutes les années 50. France-Soir dépassera longtemps le million d'exemplaires quotidiens. Pour obtenir le nombre de lecteurs, il faut appliquer un coefficient au minimum égal à 2.

    Le déclin s'amorce au milieu des années 60. La presse quotidienne régionale, qui s'en tire mieux que la presse nationale, passe de 86 titres et 11,3 millions d'exemplaires en 1967 à 72 titres et 6,5 millions vers 1985, date ou la presse nationale ne conserve que 10 titres et 2 millions d'exemplaires.

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